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Permettre aux étoiles
Puisant dans la vie quotidienne, une rencontre, un séjour à l’hôpital, des mots entendus à la télévision ou dans la rue, Stéphane Bataillon en tire des poèmes en prose qui en expriment tout le suc.
Il est parfois discrètement politique, mais tranchant quand même . Ainsi dans le texte intitulé "Essayer autre chose", dans un contexte d'élection, il évoque la tentation de beaucoup et conclut ironiquement "[...] essayer autre chose/ comme/ se trancher les doigts/ avec la lame du boucher. "
Le Covid traverse aussi ces poèmes , ainsi que la nature, l'occasion de s'étonner ,d'ouvrir les yeux sur ce qui paraissait acquis, évident. Et c'est bien là la tâche du poète: nous donner à lire d'un œil neuf ce qui semble aller de soin. On prend beaucoup de plaisir à la lecture de ces poèmes , jamais mièvres, mais d'une intensité sourde.
Merci à l'éditeur et à Babelio.
Éditions Bruno Doucey 2024.
15/02/2024 | Lien permanent | Commentaires (4)
Voyages en Absurdie
"Vous ne le savez sûrement pas et même si vous le savez , de quoi je me mêle, mais mercredi prochain sortira le prochain Astérix et périls."
Dans une autre vie, Stéphane Degroodt était pilote de course. Même qu'il avait commencé son entraînement en achetant une combinaison et en s'installant dans sa baignoire. Pas étonnant donc si maintenant il feint de nous piloter en Absurdie, pays dont il est le roi, mais c'est pour mieux nous y perdre.
En effet , entre deux calembours, une fausse chute , un ou deux néologismes, il nous balade, nous éblouit et du coup nous ne pouvons tout repérer. Il en profite, mine de rien, pour balancer un ou deux tacles, nous étourdit , nous fait sourire pour mieux nous égarer dans ce pays dont il a seul les clés :
"Arrivé sur le pas de ma porte, je sonne. J'attends...personne ne vient, je me dis que je sois être parti. je fais alors le tour pour aller m'ouvrir mais, surprise, je ne suis plus là ! Ben oui, à me faire attendre, j'ai fini par me poser un lapin. Heureusement, comme je ne suis pas rancunier, je me convaincs de revenir et m'installe dans le canapé en tête à tête avec, euh, rien."
Pour être sûr de rien avoir loupé, rien ne vaut une séance de rattrapage, histoire de mieux profiter de celui sur le berceau duquel Devos et Desproges ont dû se pencher...
Plon 2013.
Et tous les dimanches, sur canal plus dans l'émission de Maïtena Biraben.
02/12/2013 | Lien permanent | Commentaires (13)
Jeu de pistes
"La maison était un traquenard."
La vie de Damien March , passablement ennuyeuse, va basculer quand il apprend la mort de son oncle, Patrick, dont il avait quasiment oublié l'existence.Abandonnant Londres et son travail à la BBC, Damien va s'installer dans la maison dont il vient d'hériter, sur une île au large de Cape Cod. Lui reviennent alors en mémoire toute une flopée de souvenirs de cet oncle , ancien écrivain à succès qui vivait au milieu de tout un bric à brac, au sein duquel Damien va dénicher un manuscrit inachvé , mettant en scène Mycroft Holmes, le frères aîné du célèvre détective. Ce texte le mènera par bien des chemins détournés à la découverte d'un secret de famille.
Le jeu de pistes dont il est question est extrêment plus subtil que ce à quoi on pourrait s'attendre. Il s'agit en fait plutôt d'une évolution du narrateur qui explore sa propre personnalité à travers celle de son oncle. Les rencontres, les souvenirs, les découvertes, en apparence anodines ,les péripéties forment un ensemble fort plaisant car le style est fluide, plein d'humour (et de métaphores comme je les aime!). Qaunt aux ellipses, elles surprennent agréablement le lecteur.
Un livre enthousiasmant à plus d'un titre et par dessus le marché, un séjour fort agréable par personnage interposé dans une maison en bord de mer, que demander de plus ?!
Marcel Theroux, Jeu de pistes, traduit de l'anglais par Stéphane Roques, Plon 2011, 238 pages addictives.
Cuné a aimé aussi !
03/11/2011 | Lien permanent | Commentaires (14)
Si peu d'endroits confortables
"-Oui, j'aime bien l'hiver. C'est une saison où on peut se blottir contre les gens sans qu'ils te demandent pourquoi. Tu te blottis parce que tu as froid et les gens n'ont pas besoin de savoir que le courant d'air est à l'intérieur."
Si peu d'endroits confortables, et tellement de manques, de douleurs, de tristesses. Paris n'est pas la Ville-Lumière où Joss espérait peindre, s'exilant loin de chez lui. Paris n'est que la ville triste et grise où Hannah erre en écrivant à la fille qu'elle aime et qui est partie, dans un carnet bleu qui déborde parfois sur les tables mais aussi sur tous les endroits où Hannah va laisser ce leit-motiv donnant son titre au roman , leit-motiv qu'elle ne va bientôt plus maîtriser.
Quand Hannah et Joss se rencontrent , chacun va essayer de réenchanter le monde pour l'autre mais leurs deux solitudes sauront-elles annuler l'absence de celle dont nous ne connaîtrons jamais le prénom ?
Alternant les points de vue, sécrétant une poésie à la fois douce et mélancolique, Si peu d'endroits confortables est un de ces textes un peu magique, qu'il faut prendre le temps de savourer pour se glisser dans son atmosphère si particulière. Une écriture qui prend le temps de réinventer le monde .
Si peu d'endroits confortables, Fanny Salmeron, Stéphane Million Editeur, juin 2010,146 pages mélancoliques et tendres.
21/09/2010 | Lien permanent | Commentaires (14)
Taguée je fus...
...par Dame Juliette qui l'a été par Lo qui a créé un tag Armande si j'ai bien tout compris (la neige a flingué les deux neurones qui me restaient).
Il faut donc choisir cinq livres à offrir à cinq personnes. Je vous préviens en ce moment je ressemble plutôt au croisement d'un bouledogue anglais et du Professeur Rogue, ça risque donc d'être des cadeaux empoisonnés...
1/Pour tous : : Indignez-vous ! de Stéphane Hessel, Une injonction salutaire.
2/ Pour les accros aux dîners presque parfaits (j'en suis surtout pour l'ambiance entre les candidats) Petits dîners pour les bluffer de Martine Camillieri et Angélique Villeneuve. Plein de belles photos et d'idées originales pour pimenter les repas : je suis fan du dîner palindrome qiui commence par la fin et accueille les invités avec une table donnant à entendre que la fête est finie (pas encore osé le mettre en pratique...).
3/Pour une grand-mère indigne (et celles qui rêvent de l'être): tous les Mary Wesley, en particulier Souffler n'est pas jouer, où un ingrédient très particulier donne une saveur inoubliable à une salade...
4/ Pour les hommes qui se piquent de poésie : Baltiques de Tomas Tranströmer. trois vers de lui et ils iront se coucher .
"Un renne en plein soleil
Les mouches cousent et cousent encore
son ombre sur le sol."
5/ Pour celles dont la perspective de supporter leur famille ravive l'insécurité: Hymnes à la haine de Dorothy Parker.
" Je hais les fêtes :
Elles réveillent en moi ce que j'ai de pire..."
Je te claque la bise, Dorothy , où que tu sois !
La suite à qui voudra ! je ne ferai pas de jaloux !
03/12/2010 | Lien permanent | Commentaires (14)
Opale
"J'encaissais la gnôle aussi bien que Fantômette."
Parce qu'il aime photographier la pluie, l'orage, Robin Mésange, va soudain se retrouver à enquêter sur le suicide-ou présumé tel - d'un homme qui vient de se jeter du cap Blanc-Nez sous ses yeux.
Journaliste dans une feuille de chou locale dotée de plus d'ambition que de lecteurs, le jeune homme va s'improviser détective. Un détective qui carbure au Yop et aux pépitos et qui vit dans le même immeuble que sa nourrice, pour élucider une affaire qui va très vite se révéler plus sordide que ne le laissait présumer cette atmosphère bon enfant.
Le récit file à toute allure, plein d'humour et de métaphores-pas toujours de très bon goût- mais il sera beaucoup pardonné-y compris les fautes de français et les approximations animalières-à ce premier roman qui a su décrire avec acuité les ciels changeants du Pas -de -Calais et possède un vrai ton. Des personnages attachants qu'on a déjà envie de retrouver ,des rebondissements en cascade, mais un dénouement qui pêche un peu en crédibilité. D'aucunes ont évoqué le Pennac de Mallaussène, je n'irai pas jusque là mais Opale constitue un excellent moment de détente , y compris pour ceux qui ne sont pas férus de polars.
Opale, Stéphane Lefebvre, Editions Les nouveaux auteurs, 629 pages qui ont la pêche !
A obtenu le prix VSD du polar en 2009.
Emprunté à la médiathèque.
Sandrine l'a aimé aussi.
30/12/2009 | Lien permanent | Commentaires (8)
Petits pains au chocolat
Lou, adulescente de dix-huit ans, quitte Toulouse pour aller à Paris ,accessoirement pour suivre des cours de prépa d'été et principalement pour mener à bien son histoire d'amour avec un écrivain rencontré par l'intermédiaire de son blog. Le roman adopte d'ailleurs la forme du blog, nous dispensant au passage les commentaires acerbes de quelques visiteurs...
Premier roman,Petits pains au chocolat, ne nous épargne pas les travers de ce passage obligé : narcissisme exacerbé, complaisance parfois. On pense à Camille de Peretti ou pour les plus anciennes à la Muriel Cerf Des rois et des voleurs et toutes ces références se révèlent fort encombrantes ma foi pour apprécier à sa juste mesure ce roman acidulé et agaçant comme comme une pomme trop verte. De très jolis passages néanmoins, Roxane Duru possède un style imagé qui peut le pire, des passages quasiment incompréhensibles car trop allusifs, et le meilleur, des pages complètes qu'on a envie de noter tant elles sont justes.
Roxane Duru, Petits pains au chocolat. Stéphane Million éditeur.
Je découvre avec effarement que je devais faire suivre ce livre depuis presque un an... Sorry, Cuné !
L'avis d'Erzébeth, à qui j'aurais dû l'envoyer mais qui l'a trouvé ailleurs (ouf!)
13/07/2009 | Lien permanent | Commentaires (15)
Lucie coeur de fraise le chien
Lucie le chien rassemble des billets parus sur un blogue québécois, tenue par une expatriée française.
Se glissant dans la peau de sa chienne,Sophie Bienvenu nous montre son univers à travers les yeux de Lucie ("de descendance russe du côté de la noblesse").Un univers où le jeu,les croquettes, les relations hiérarchiques(description hilarante de Lucie tentant de se glisser dans le lit de ses "parents", So et Dale) mais surtout l'affection tiennent une place prépondérante.
Luie aime tout- en n'aimant pas- mais en aimant quand même -ses rivaux, Nous le gros chien et son Ticha Joséphine. Elle apprécie les petites vieilles car elles "te prennent sur les genoux et te donnent des biscuits qu'elles ont fait elle-mêmes, et elles te caressent jusqu'à ceque tu sois tellement bien que la mort pourrait venir te prendre et que ça ne te ferait ni chaud ni froid". La mort, d'ailleurs, Lucie en a une vision naïve mais pas gnangnan. Lucie cite comme un juke-box des chansons des années 60 et 80 ,mélangeant sans vergogne Stéphane Eicher et Serge lama. Lucie cabotine (je sais elle est facile) et on en redemande. Seul bémol, le dernier billet avec ses relents xénophobes dont on se demande ce qu'il vient faire là ...
Livre voyageur grâce à la gentillesse de Cuné que je remercie au passage ! à qui le tour ?
c'est Frisette qui l'avait envoyé à Cuné !
28/02/2008 | Lien permanent | Commentaires (10)
Pour nous remettre de nos émotions
Légère déception à la lecture de Petit éloge de la douceur de Stéphane Audeguy, dont j'avais adoré La théorie des nuages.
L'auteur utilise la forme de l'abécédaire car "il fallait bien qu'un livre consacré à la douceur présentât quelques courbes; et,comme disent les mécaniciens, du jeu" alors piochons au hasard dans ce joyeux bazar où il fustige au passage, sans jamais les nommer, des "pornographes de la douceur" ou au contraire valorise les SMS qu'il traduit joliment ainsi : "Service des messages succints" en qui il voit les successeurs des mots doux. Il nous parle d'architecture, de Michel Drucker, d'habitudes , de gendarmes couchés, à chacun de trouver son plaisir dans ces textes courts.
Pour ma part, je ne résiste pas au plaisir de citer ce qu'il écrit de la poésie : "N'importe quel individu qui, chaque jour de sa vie , consacrerait ne serait-ce que vingt minutes à lire de la poésie, c'est à dire à la pratiquer, s'en trouverait profondément changé, et libéré. d'où l'intérêt de notre société à détourner qui que ce soit de cette activité".
24/10/2007 | Lien permanent | Commentaires (19)
Nuages, merveilleux nuages
Un couturier japonais , au soir de sa vie, embauche unejeune bibliothécaire, Virginie pour mettre en ordre sa collection delivres consacrés à la météorologie et en particulier aux nuages.
C'estl'occasion pour Akiro de nous faire partager sa passion pour lepremiers scientifiques à avoir voulu établir la taxinomie desnuages.Apparaissent alors des personnages pottoresques qu XIX èmesiècles plus attachants les uns que les autres.
C'est aussil'occasion pour le couturier de découvrir que cette passion pour lesnuages n'est pas fortuite mais qu'elle a rapport avec tout un pande son passé qu'il avait volontairement occulté...
Quand on médite, il est souvent conseillé de laisser passer lespensées parasites comme passent les nuages dans le ciel...
Ainsi en est-il d'une certaine façon dans le roman de Stéphane Audeguy, La théorie des nuages, où les personnages semblent glisser sans heurts d'un état à un autre.
Lesruptures, les séparations, les deuils ne semblent guère les affecternon par insensibilité, indifférence ou résignation mais par uncertain détachement. Cependant une très grande sensibilté se lit dansce premier roman au style très particulier et j'ai hâte dedécouvrir le deuxième roman de cet auteur.
Merci à Moustafette de me l'avoir fait découvrir !
La critique de Chiffonnette.
08/06/2007 | Lien permanent | Commentaires (18)