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Rechercher : l%27apparence du vivant

13 à table ! 2019

"Il parle d'une certaine organisation du temps, d'une certaine portion de temps laissé à autre chose que le travail ou le repas. Il parle des heures  passées à cuire de  la viande, à s'affaler dans l'herbe et à trinquer. Il parle d'une propension à rassembler des chaises autour d'une table en lançant aux amis de passage: "Serrez-vous de ce côté -là, ça fera de la place à Michel." Alice Zeniter

Il y a les fêtes auxquelles on voudrait assister pour se sentir enfin acceptée ou juste vivante. Quand on est une ado et qu'on se prénomme Perpétua, c'est pas gagné d'avance, comme nous le montre Véronique Ovaldé dans sa nouvelle "Je suis longtemps restée une clématite", nouvelle où elle analyse avec sa finesse habituelle les relations entre un père et sa fille vivant dans un environnement très particulier.
Quand on est une femme sous emprise cloitrée chez elle par un mari sans amour, La fête des voisins de Leila Slimani peut déboucher sur une folle envie de libération à tout prix.
Il y a aussi les fêtes l'on donne pour se convaincre qu'on est une famille joyeuse , même si amputée, pour retrouver "Le goût des fraises sauvages" chez Alice Zeniter.index.jpg
Celles qui tournent mal, par exemple quand l'obsession de la perfection risque de gâcher tout plaisir ou quand le passé rattrape les pestes chez Tatiana de Rosnay . Y aurait-il une justice ? Philippe Jaenada semble montrer que non, revisitant , non sans humour,  l'histoire d'une femme demeurée dans les mémoires  comme étant la Pompe funèbre...
Il y a enfin les fêtes que  l'on donne avec un objectif clairement assumé: se trouver un amoureux chez Françoise Bourdin, nouvelle où j'ai appris le nom des figures du rock, ou un financier comme chez Romain Puertolas  . Objectifs atteints ou non ? à vous de le découvrir en dévorant cet excellent cru, couverture illustrée par Plantu.

 

Philippe BESSON • Françoise BOURDIN • Maxime CHATTAM • François d'EPENOUX • Éric GIACOMETTI • Karine GIEBEL • Philippe JAENADA • Alexandra LAPIERRE • Agnès MARTIN-LUGAND • Véronique OVALDÉ • Romain PUÉRTOLAS • Jacques RAVENNE • Tatiana de ROSNAY • Leïla SLIMANI • Alice ZENITER

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Les faux plis de l'amour

 "Il traversa l'esprit de Graham qu'il venait enfin de trouver le point commun entre les deux femmes qu'il avait choisi d'épouser: toutes deux étaient également imperturbables, l'une par froideur extrême, l'autre par inconscience totale."

Sans l’appréciation hyperbolique de Kate Atkinson "Une pure merveille", figurant sur la couverture nul doute que je n'aurais jamais ouvert ce roman. En effet, les pires clichés semblent y figurer.
Jugez un peu: le narrateur, Graham ,a divorcé il y a des années de cela d'une femme quasi parfaite, Elspeth, pour en épouser une plus jeune et plus belle, Audra. Ensemble, ils ont un fils, Matthew, une dizaine d'années maintenant, enfant dont ils préfèrent dire pudiquement qu'il a besoin d'attentions particulières. Mais Graham, qui flirte avec la soixantaine, commence à se demander parfois si la vie trépidante et souvent chaotique que lui fait mener Audra en vaut vraiment la peine. katherine heiny
Là, vous vous dites que cette histoire mollassonne on l'a déjà lu cent fois , qu'on passe à autre chose et on aurait vraiment tort car Katherine Heiny possède le don de nuancer ses personnages et de nous les rendre follement attachants. Audra n'est pas une écervelée qui balance tout ce qui lui passe par la tête sans filtre, loin s'en faut. Ses défauts sont autant de qualités et à l'inverse, Elspeth est loin d'être le parangon de vertu qu'elle prétend être.
Il y a beaucoup d'humour dans ce roman, grâce en particulier au personnage d'Audra, toujours surprenant, mais aussi d'émotions quand, par exemple, Graham, décrit a posteriori l'enfance de Matthew, quand ce dernier a été diagnostiqué Asperger. Un bon gros  roman confortable  avec qui l'on passe un excellent moment.

Jean-Claude Lattès 2018

Une petite citation pour la route : Voici ce que déclare Audra à haute voix, bien sûr, dans une file d'attente lors d’une convention d'origami:

"- Ce qui m'échappe dans l'origami, dit-elle à Graham de sa voix normale, c'est pourquoi il déclenche une telle passion ? Pourquoi n’existe-t’il pas de gens  sympas vivant dans l'harmonie qui apprécient l'origami avec  modération, comme il y a des gens sympas  vivant dans l’harmonie qui apprécient le bondage avec modération ? "

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Une famille délicieuse

"Oh, comme les cachotteries et notre volonté de préserver l'image que nous avons de nous-mêmes peuvent faire de nous des prisonniers !"

Leurs sœur Georgie, atteinte de démence sénile, va venir faire un court séjour chez Mina et Nest qui vivent dans une apparente quiétude au milieu de la lande, à deux pas de la mer.  L'occasion d'évoquer pour les trois sœurs leur enfance idyllique dans cette demeure familiale en compagnie d'une mère aimante et d'un père nettement plus distant , sans oublier une sœur et d'un frère aujourd'hui disparus ,mais aussi la crainte que Georgie ne révèle des secrets douloureux...willa marsh
En contrepoint de cette tension , les relations avec leurs neveux et nièces apportent un ancrage plus contemporain et souvent plein d'humour. Les personnages de Lyddie, qui travaille dans l'édition et vit une relation amoureuse compliquée avec Liam, ou celui de Jack qui tente de tenir tête à son adorable tyran de petite fille : "-Merci. Il n'y a rien que j'aime davantage  que de me faire tordre violemment les deux oreilles pendant qu'un paire de petits talons d'acier me pulvérise la clavicule.", sans oublier quatre chiens, croqués de manière très vivante, sont des personnages qu'on n'oubliera pas de sitôt !
Un style enlevé, un brin d'excentricité , un soupçon d'ironie et beaucoup d'empathie, tous les ingrédients sont réunis pour nous régaler !

Une famille délicieuse, Willa Mars, traduit de l'anglais par  Eric Mc Comber, autrement 2014 , 477 pages savoureuses !

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Sanglier noir pivoines roses

"-J'irai cracher sur tes timbres, Annick ! Cette nuit ! Sur tes plus beaux. Cuba ! San Marino !"

Les ICT (Impasses Conjugales Totales), comprendre les sujets de discorde, ne les excitent plus, mais ces vieux couples interchangeables conservent leurs manies, leurs vies bien réglées où les habitudes tiennent lieu de repères. Les célibataires ne sont pas mieux lotis d'ailleurs...
Parfois un incident, sanglier empaillé, chat qu'on s'obstine à acquérir, fait déraper le cours des choses mais "Ma vie, c'est du papier sulfurisé. Rien n'accroche". Alors, entre piscine et mercerie, entre statue de la Semeuse et square Doctavy apparaissent des visions sanguinolentes qui parfois glissent d'une nouvelle à l'autre.gaëlle heureux
Se crée ainsi un territoire où la réalité, qui pourrait être la notre, fait un pas de côté, où la vision d'un chat donne lieu à une logorrhée hallucinante , où passent des potamochères, équipés ou non de rétroviseurs électriques, où les fleurs en disent long sur la souffrance. L'humour vire souvent au noir,mais le regard est toujours aigu et sensible , prompt à repérer le regard dont on a "extrait l'intérieur, le vivant, l'irrigué, le sensible", "La peau sous ses yeux [...]si fine, de la pâte humaine, translucide, ratatinée, dénutrie"et les mains qu'on aurait pu joindre "Comme un pont entre nous".
Un recueil dévoré d'une traite, un grand coup de cœur pour une écriture à la fois sensible et qui se laisse aller à une douce folie pour mieux dynamiter le réel ! 146 pages enthousiasmantes !

Sanglier noir pivoines roses, Gaëlle Heureux, La Table Ronde 2014.

Merci à l'éditeur et à Babelio !

Lu dans le cadre de Masse critique.gaëlle heureux

 

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Lola Bensky

"Pour sa part, Lola avait macéré dans le passé de ses parents , depuis toute petite."

De Londres à New-York en passant par Monterrey, Lola Bensky, 19 ans, interviewe les stars en devenir dans l'effervescence des sixties pour le journal australien Rock-Out. Mais, loin d'être un catalogue plus ou moins nostalgique de portraits sur le vif, c'est surtout à une quête identitaire particulièrement intéressante  que nous assistons.
En effet, Lola est la fille de deux rescapés d'Auschwitz et  interroger Mick Jagger ou Jimi Hendrix lui donne l'occasion de revenir sur son enfance si particulière, de poser en quelque sorte les questions qu'elle n'osera jamais poser à ses parents. lily brett
Se trouvant régulièrement trop grosse (elle est toujours en train de se programmer des régimes plus bizarres les une que les autres), Lola, cahin-caha, finira par trouver un certain équilibre et bouclera la boucle en retrouvant plus de quarante ans plus tard le chanteur des Rolling Stones à un dîner très chic.
Les portraits des rock stars sont extrêmement vivants, sensibles et sonnent très justes. On se prend aussi de sacrés chocs en découvrant les informations distillées plus ou moins clairement par les parents de Lola et la manière dont les enfants des rescapés développent des comportements psychologiques semblables. Mais Lola , vaille que vaille, conserve toujours l'équilibre et ne plonge jamais son lecteur dans la dépression. Un roman troublant.

Lola Bensky, Lily Brett, traduit de l'anglais par Bernard Cohen, la grande Ourse 2014, 271 pages marquantes.

Merci à l 'éditeur et à Babelio !lily brett

 

 

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De tout, un peu, en vrac et pas rangé, ça sent la fin d'année tout ça.

Des livres que j'ai aimés, voire beaucoup aimés 41td6d+2jyL._.jpgmais que j'arrive pas à présenter de manière satisfaisante :

*Comment j'ai appris à Lire d'Agnès Desarthe, où plutôt comment j'ai appris à aimer les livres en éclaircissant mes liens à mon héritage familial. Un parcours singulier. Passionnant. De très belles pages en particulier sur la traduction. Le billet de Cuné la tentatrice.

 

 

 

 

 

 

51lzAUCi8JL._AA160_.jpg*Modèle vivant de Carole Fives. Une adolescente qui exprime par ses dessins tout ce qu'elle n'ose pas dire à ses parents divorcé, lors d'un périple estival rencontre un garçon qui va changer sa vie. Poignant, sensible et lumineux.

 

 

 

 

Des films, pour une atmosphère, des paysages, des seconds rôles  charmants, voire un chat rageur ...

Les beaux jours, de Marion Vernoux pour Marie Rivière, Marc Chapiteau, Fanny Cottençon et les plages du Nord.51l3FEmSQ0L.jpg

Quartet, si délicieusement british, une maison de retraites pour musiciens comme on en rêve tous.

Joséphine, pour Marilou Berry et pour le chat Brad Pitt, tour à tour câlin ou éructant, toutes griffes dehors .Un sérieux manque de rythme pourtant.

 Une chanson pour ma mère. l'autodérision de Dave ne suffit pas à insuffler de la folie dans cet enlèvement à vocation sentimentale.


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Un an dans la vie d'une forêt

"Une expérience directe de la forêt nous donne l'humilité nécessaire pour replacer nos vies et nos désirs dans le contexte plus large qui inspire toutes les grandes traditions morales."

Pendant un an, le scientifique David G . Haskell a étudié "un espace d'un mètre de diamètre, équivalant en taille aux mandalas des moins tibétains"sur une pente boisée dans le sud-est du Tennessee.david g. h"askell
Ce pourrait être ennuyeux à mourir mais observer ce microcosme, en privilégiant  pour chaque journée relatée (i n'y en a pas 365 !) un de ses aspects permet d'étudier "la communauté écologique", d'établir les liens qui unissent de manière souterraine ou pas les différents éléments naturels, et de replacer l'homme dans une perspective différente. C'est passionnant, on apprend plein d'informations, l'auteur est un excellent vulgarisateur et , ayant fréquenté les ateliers d'écriture américains, il est doté d'un très joli brin de plume. On frémit quand on apprend qu'un petit mammifère est capable de maintenir ses victimes vivantes mais "droguées", on se passionne pour la lutte des arbustes pour grandir et on colle des marque-pages à tour de bras devant de telles notations: "Jeter un coup d’œil sous la surface du mandala, c'est comme se poser légèrement sur la peau et sentir la vie palpiter."
Un énorme coup de cœur dont j'ai fait durer la lecture pour mieux le savourer !

Un an dans la vie d'une forêt, David G  Haskell, traduit de l'anglais (E-U) par Thierry Pélat, Flammarion 2014,334 pages enthousiasmantes !

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Les fleurs d'hiver

"Elle se demande si toutes les femmes de combattants en sont là aujourd’hui. à respirer leurs peau  en guettant un mari remplacé par un inconnu."

Jeanne, ouvrière fleuriste, en ce mois d'octobre 1918 sait que son mari, Toussaint est vivant. Pourtant, alors qu'il est depuis de longs mois hospitalisé au Val de Grâce, son époux a toujours refusé sa venue. Jeanne ,qui a travaillé d’arrache-pied pour assurer sa survie et celle de sa fille, Léonie, qui ne connaît de son père qu'une photographie, va devoir faire face au retour de celui qui se dissimule sous un pansement blanc. En effet, Toussaint fait partie de ce contingent de blessés qu'on appelle "les gueules cassées".angélique villeneuve
Comment renouer avec un être qui est devenu un étranger ? Comment réinstaurer le dialogue des peaux, des corps, trouver une place dans une famille qu'il a fallu si longtemps tenir à bout de bras, seule ?
En choisissant le point de vue féminin ,si rare dans les romans traitant de la première guerre mondiale, Angélique Villeneuve nous montre les émotions,  de celles qui, bien qu'exploitées économiquement, ont su tout à la fois faire preuve de solidarité et de courage.
Son écriture est de plus en plus charnelle, poétique et pourtant le réel se donne à lire de manière précise, jusque dans les plus petits détails (je pense par exemple aux bandes de papier supposées protéger les vitres ), sans que pour autant cela sonne comme une reconstitution appliquée. Tout sonne juste et les retrouvailles de ce couple confèrent une très grande humanité à cette boucherie. Un coup de cœur !

Les fleurs d'hiver, Angélique Villeneuve, Phébus 2014, 150 pages fleuries de marque-pages.

Du même auteur : clic , clic, clic et reclic

Le billet d'Aifelle,  Clara,  Gwenaëlle

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La véritable vie amoureuse de mes amies ne ce moment précis

"Cette femme vous pinçait le coeur comme on vous pince le bras et vous saviez que vous étiez vivant."

Au centre de ce roman, une  vieille maison où se réunissent hebdomadairement des amis férus de cinéma. Mais attention, pas n'importe quel cinéma, celui qui rend plus léger le cours des jours !
Formé par cooptation ce petit groupe gravite autour de Max, l'hôte de ces lieux, ancien thérapeute , auprès de qui chacun vient se confier par petites touches, mais qui mettra du temps (les six mois relatés dans le roman) à s'avouer que "c'était une drôle d'idée de vouloir aider les gens à être heureux  sans vraiment songer à l'être soi-même."francis dannemark
Truffé de références cinématographiques, jamais indigestes, La véritable vie amoureuse de mes amies est un roman délicieux ( sans véritable tension narrative, mais peu importe). C'est frais , léger et réconfortant tout à la fois. Le style est élégant, les personnages sont croqués à merveille et on a juste envie de  s'introduire dans ce groupe ! Un livre qui fait du bien de manière intelligente et pétillante !

La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis, francis dannemark, Robert Lafoont 2012, 451 pages bruissantes de marque-pages et plein de références pour aller plus loin dans la (re) découverte des films mentionnés !

Cuné, la tentatrice, vous mènera vers plein d'autres billets !

Du même auteur, clic !

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Petit éloge des vacances /Dimanche chez les Minton

"L'écrivain est un dompteur de silence; le vacancier prend le risque du vide."

*Avec cet opuscule de 116 pages , parfois teinté de nostalgie,  je découvre le style poétique, élégant et précis de Frédéric Martinez. Un thème accrocheur et des pages souvent cornées, voilà qui atteste d'un bon moment passé en compagnie de cet écrivain.frédéric martinez,sylvia plath
Si je n'ai pas toujours été convaincue par les portraits que lui inspirent des passantes estivales, j'ai été tout à fait séduite par des passages évoquant à la fois l'écriture et les vacances. Un extrait juste pour vous mettre l'eau à la bouche :

" J'aimerais pouvoir chaque jour me réjouir que le soleil se lève, scruter la nuit cousue d'étoiles et, pétri de gratitude, prendre place parmi les vivants; passer ma vie comme en vacances. Il m'arrive d'y parvenir. Je m'entiche alors du moindre détail. Je suis des yeux la course d'un nuage; regarde pendant de longues minutes les branches d'un arbre qu'éploie le vent, les motifs que trace au sol l'ombre de la feuillée. Je fais des festins de lumière. Quand adviennent ces jours fastes, je demeure sans impatience. Des heures durant, je frotte au silence un adjectif, le remonte doucement des limbes jusqu'à ce qu'il affleure la trame du papier où se fige l'encre de mes phrases."

* Dans la même collection Folio à deux euros, Dimanche chez les Minton .Cinq nouvelles pour retrouver l'univers de Sylvia Plath, tout en subtilité , disséquant tantôt avec une frédéric martinez,sylvia plathférocité réjouissante tantôt avec ce sourd désespoir inéluctable les relations de couple , les conventions sociales. Et toujours ce sentiment de malaise des personnages féminins d'inadéquation au monde, et ce parfois, dès l'enfance : "Je restai allongée, seule dans mon lit, avec le sentiment que l'ombre noire rampait sous le monde comme une marée. Rien ne tenait, rien n'y échappait."

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