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Rechercher : la grace des brigands

Le bruit des autres ...en poche

"Je n'avais pas demandé grand chose à quiconque depuis la mort de mon mari, et maintenant que tout semblait exiger énormément de moi, sans jamais me laisser en paix, je devais me montrer vigilante. Je devais tenir les comptes  plus sérieusement, tracer des lignes invisibles ."

Propriétaire d'un immeuble ancien à Brooklyn, un Brownstone, Celia, jeune veuve, tient le monde à distance et sélectionne soigneusement ses locataires. Elle a ainsi créé un microcosme apparemment harmonieux, empli de discrétion .Amy Grace Loyd
Las ! Une nouvelle venue , Hope,  semble avoir apporté avec elle"un phénomène physique chaotique" qui a pris le pouvoir dans l'immeuble, "encouragé par le printemps, mélangeant les appétits humains avec les taillis." Simultanément , son locataire le plus âgé, un vieux conducteur de ferry ,disparaît. Bref,la belle harmonie a fait long feu et Celia ne peut plus se contenter de créer des scénarios à partir de ce qu'elle entend chez les autres .Elle va devoir renouer avec des désirs qu'elle croyait avoir oubliés et affronter un monde tout sauf aseptisé.
Premier roman, Le bruit des autres fait partie de ces livres aux thèmes subtilement dérangeants,  à l'écriture élégante et puissante tout à la fois, de ces textes qu'on aurait aimés écrire tellement ils sonnent juste.
Les personnages sont à la fois parfaitement cernés tout en gardant une part trouble ,qui les rend encore plus attachants et crédibles. Bref c'est un pur délice et un énorme coup de cœur, constellé de marque-pages !

Un grand bravo à jean Esch pour la traduction !

Le bruit des autres, Amay Grace Loyd, livre de Poche 2015.

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Inside

"Qu'y-a-t-il de pire que de devoir assumer tout ce que l'on fait, tout ce que l'on ressent, tout ce que l'on dit ?  Assumer la manière dont nos actes irradient jusqu'à changer complètement notre vie mais celle des gens autour de nous ? Elle voyait clairement, à présent, comme il était difficile de suivre son propre conseil."

Doit-on se sentir responsable de la personne dont on a sauvé la vie ? Parce qu'elle a emprunté ce chemin plutôt qu'un autre lors d'une promenade à skis sur le mont Royal, Grace a interféré dans l'existence de Tug, l'empêchant de mener son suicide à bien. Commence alors une relation faussée par la mauvaise volonté de l'un et le sentiment de responsabilité de l'autre.alix ohlin
Circulant à la fois dans l'espace et le temps, de Montréal à New-York en passant par Vancouver, de 1996 à  2006 , (un chapitre se consacre à un lieu et à une année donnée), la structure du roman peut s'avérer dans un premier temps déroutante mais ménage bien des surprises et des clins d'oeil au lecteur.
L'évolution des personnages, la manière dont ils se croisent, dont les retours en arrière éclairent leur comportement, la finesse de l'observation psychologique font de ce roman un peu régal dont il serait dommage de trop révéler la teneur. Il faut se laisser embarquer, chahuter par la chronologie pour mieux goûter l'humour pince -sans rire, l'émotion distillée par ces pages parfois cruelles mais emplies d'empathie et d'humanité. Et zou, sur l'étagère des indispensables !....,

Inside, Alix Ohlin, traduit de l'anglais (canada) par Clément Baude, Gallimard 2013, 363 pages addictives et bruissantes de marque-pages (une vraie forêt canadienne !)alix ohlin
 Lu dans le cadre de l'opération On vous lit tout, organisé par Libfly ! Merci !


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”Quelques sourires atroces et la nuit est terminée.”

A la lisière des nouvelles composant le recueil Dead girls rôde un tueur en série de prostituées. Il ne sera jamais le héros mais apparaîtra en "guest star" ou en filigrane et finalement sera le plus dangereux quand il n'apparaîtra pas du tout...Nous ne sommes pourtant pas ici dans une atmosphère policière, les "héroïnes" de ces textes sont en effet bien trop empêtrées dans leur vie pour véritablement prêter attention à ce fait divers  décrit de manière  particulièrement atroce par les media. Des crimes en série noyés dans la masse d'informations qui dégouline des postes de télévision.Adèle, Grace, Jess et les autres prennent tour à tour la parole pour nous confier leur histoire. Certaines sont jeunes, voire très jeunes mais toutes ont basculé , on ne sait pourquoi, du mauvais côté, elles ont fait un mauvais choix, rencontré le mauvais garçon ou n'ont pas vraiment de réponse51m0jz3l4pL._SL500_AA240_.jpg
"Tu n'arrives pas à mettre le doigt sur l'événement qui l'a fait basculer de l'enfance à l'âge adulte.(...)Tu cherches une réponse qui te soulage de ta culpabilité, une preuve que tu as été , sinon innocente, du moins trompée." Ainsi s'exprime la mère d'une jeune fille apparemment sans histoire.
Deux nouvelles sur les huit qui composent le recueil Dead girls utilisent ce pronom "tu" , procédé qui a le don d'habitude ,de m'horripiler . Sans doute un écho du "tututut" cher à Jacques Salomé . Mais bizarrement ici l'usage qu'en fait Nancy Lee ne m'a pas dérangée, au contraire. J'y ai vu une manière à la fois de tenir à distance le lecteur tout en l'impliquant. Difficile en effet de définir le style de ces textes poignants montrant la détresse d'êtres qui souvent ne croient pas avoir droit à une certaine forme sinon de bonheur du moins de réconfort.  Ainsi les histoires drôles mentionnées dans chacun des textes ne seront-elles jamais racontées, leur caractère loufoque  restant de pure forme,de simples formules vidées de sens que l'on connaît déjà et qui agissent comme des mots de passe. Les informations les plus dérangeantes ne sont jamais livrées de manière explicite, au lecteur de décrypter ce qui est livré à demi-mots et sans pathos. De la grisaille sublimée par un style vraiment original! Une expérience à tenter.

Nancy Lee. dead girls. 10/ 18 .293 pages.

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