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Petits crimes contre les humanités
"Trop inutiles, trop trop coûteuses, trop paresseuses, trop mal pensantes...", les humanités sont donc devenues "le parent pauvre du savoir moderne, le quasi délinquant de la grande famille universitaire."Pour preuve le manque de moyens tant au niveau du matériel que des locaux de cette université provinciale où des mails vengeurs vont venir semer la zizanie entre collègues et surtout causer la mort d'un vieux professeur émérite d'histoire de l'art.
L'enquête menée par Simon, jeune agrégé employé sur un demi-poste d'assistant temporaire, n'est bien évidemment qu'un prétexte pour brosser un portrait tout à la fois acide et bon enfant de ce monde universitaire français.
Mais à trop vouloir dézinguer à tout va et ratisser les moindres travers du mond euniversitaire, à trop utiliser le comique de répétition (l'estampillage Camif de chaque meuble ) la charge s'avère un tantinet lourdingue.
Je suis d'autant plus sévère que j'avais beaucoup aimé la suite où là l'auteur semble avoir trouvé sa vitesse de croisière.
13/04/2011 | Lien permanent | Commentaires (4)
Petite bombe noire
Une nouvelle couv' (plutôt moche), mais un texte jubilatoire ! Une réédition pour ceux qui veulent découvrir l'univers déjanté de Brookmyre avec son premier roman, Petite bombe noire.
Son auteur, Christopher Brookmyre, possède un humour vachard, un style vigoureux ("plus serré qu'un cul de dromadaire pendant une tempête de sable") et ses héros roulent souvent à une vitesse "diana-cide" . Ses intrigues sont pleines de rebondissements et se déroulent dans une région pas du tout glamour , l'Ecosse, qu'il connaît comme sa poche et qu'il nous rend attachante avec ses supporters de foot azimutés et ses alcools variés.
Mais surtout Brookmyre, comme les "méchants" de ses livres, est un grand spécialiste de la manipulation jubilatoire. On se laisse mener en bateau avec bonheur aux côtés de l'inspectrice Angélique de Xavia qui , petite, femme et noire , cumule tout ce qui peut déplaire à ses collègues. A défaut de collectionner les amants (elle déplore qu'ils soient moins nombreux que ceux qu'elle a refroidis), elle accumule les ceintures noires dans divers sports de combat mais n'en reste pas moins une femme qu'il faut traiter avec délicatesse même si ,comme dit un de ses collègues admiratifs,elle a des couilles.
Brookmyre pulvérise avec panache tous les poncifs du genre policier (la prise d'otages dans Petit bréviaire du braqueur (indiponible actuellement) est un régal) et nous gratifie au passage d'une analyse politico-économique de la pipe (pas celle de saint Claude, l'autre) ou d'une diatribe contre les Pauves Enculés de Banlieusards...A ne louper sous aucun prétexte !
Petite bombe noire, Christopher Broomyre, Points Seuil.
Découvert grâce à Cuné !
Qui l'avait découvert grâce à Chimère !
16/01/2010 | Lien permanent | Commentaires (18)
”Vous êtes petite mais venimeuse.”
Lemmer a fait 4 ans de prison pour meurtre et exerce maintenant le métier d'"invisible", c'est à dire de garde du corps ,plus efficace que les"gorilles" dissuasifs ,car plus discret. Sa nouvelle mission est de protéger Emma Le Roux, persuadée d'avoir retrouver la trace de son frère censé être mort depuis longtemps. D'abord méfiant et bardé de principes protecteurs,Lemmer va peu à peu accepter de croire les élucubrations de cette femme quand on va tenter de l'assassiner...
Se déroulant sous le soleil d'Afrique du Sud, Lemmer l'invisible joue sur plusieurs tableaux avec habileté. L'histoire apparemment classique s'enrichit du contexte politique de cet Etat en construction où des communautés doivent réapprendre à vivre ensemble maintenant que la donne a changé avec la fin de l'apartheid.Il faut aussi veiller au partage des terres entre réserves destinées à protéger les animaux (et en particulier les vautours, animaux que l'auteur nous présente de manière passionnante)et territoires revenant aux autochtones spoliés.
Les relations entre les personnages principaux sont analysées avec justesse et finesse, Deon Meyer veillant à ne pas se montrer caricatural. Le style est sobre et efficace,les personnages attachants, la narration pleine de rebondissements, que demander de mieux ?
Vient de sortir en poche.
Lemmer l'invisible, Deon Meyer, Points Seuil.
23/01/2010 | Lien permanent | Commentaires (10)
Petits meurtres entre voisins
Bizarrement nulle mention de nos chères Desperate Housewifes, pourtant mises d'habitude à toutes les sauces, à l'instar de notre très chère Jane Austen d'ailleurs.
Pourtant tout y est : une communauté chicos dans un village hollandais où il fait bon vivre entre gens du même monde, des femmes au foyer ou exerçant vaguement des métiers pas trop prenant et prestigieux, des maris débordés de travail, des enfants qui ont la bonne idée d'aller à l'école pour ne pas trop embêter leurs parents, trop occupés à boire et à flirter.Un peu de sexe pour pimenter le tout et quelques cadavres qui viennent jeter le trouble et ternir rapidement ces images trop bien lêchées.
Saskia Noort reine du polar hollandais ? Que nenni, les personnages sont aussi inconsistants que les magazines dont ils semblent sortis et seuls quelques vélos viennent donner un peu de couleur locale. On en vient presque à regretter qu'il y ait aussi peu de cadavres tant l'action est mollassonne.
Tous les ingrédients avaient été réunis mais la sauce-hollandaise- ne prend pas.
Saskia Noort, Petits meurtres entre voisins, déjà paru en 2007 et ressorti cette année.
19/06/2009 | Lien permanent | Commentaires (13)
Trois petits pingouins et Dieu
La métaphysique n'est définitivement pas ma tasse de thé mais avec Ulrich Hub et ses trois pingouins, cela devient un délice !
Imaginez le mythe du déluge (présent dans de nombreuses civilisations) envisagé sous l'angle d'animaux réfugiés sur l'arche, en l'occurrence des pingouins qui s'interrogent sur l'existence de Dieu tout en rêvant de tarte au fromage et en réalisant des prodiges pour préserver leur amitié ... Hé bien , il ya tout cela dans L'arche part à huit heures . Et plus encore car l'humour et la tendresse ont la part belle, sans oublier un brin de poésie qui volète comme un certain papillon jaune sur la banquise...
On frémit, on s'interroge, on sourit , on a envie de serrer dans ses bras les trois pingouins craquants, de poser délicatement un baiser sur le bec de la colombe affairée qui houspille tout le monde, sorte de lapin d'Alice qui s'agite à travers tout le récit et se révèle tout à fait charmante. Dieu, pas Dieu ? A chacun sa réponse, Ulrich Hub nous laisse libre et il n'est pas d'âge pour commencer à se préoccuper de cela.
Un récit plein d'invention (vous y croiserez des serpents qui jouent aux cartes et une valise rebondie qui parle) qui donne le sourire et qui plaira à tous à partir de 9 ans.
L'arche part à Huit heures , Ulrich Hub illustrations pleines de tendresse de Jörg Mülhe, traduit de l'allemand par Emmanuèle Sandron* qui nous livre en post-face dans une superbe lettre tout le plaisir qu'elle a ressenti à incarner chacun des personnages et ce plaisir bien évidemment, nous le ressentons aussi ! Editions Alice jeunesse.
Livre déjà couvert de prix :-prix de la meilleure pièce radiophonique et prix de la meilleure pièce de théâtre 2006 (Allemagne)
- Prix Tam-Tam j'aime lire 2008 (salon de Montreuil)
-prix Sorcières 2009
* que je remercie au passage car c'est elle qui, la première,m'a signalé ce livre !
Ps: ce livre va bientôt voguer vers une petite Clémentine ...
04/04/2009 | Lien permanent | Commentaires (8)
Petit éloge de la rupture
"Coupé, pas dérapé"
Ayant commencé à rédiger pour ce Petit éloge de la rupture un récit de séparation, Brina Svit est victime de la rupture de son disque dur. S'en est dit :la forme du texte sera marquée par les interruptions. Ce qui ne va pas sans mettre parfois le lecteur en peine de s'y retrouver dans ces différents textes qui se brisent sans cesse.
L'existence de Brina Svit semble elle aussi aussi placée sous le signe de la rupture : l'auteure est slovéne , écrit dans cette langue mais aussi en français ; écrivaine, elle est aussi danseuse de tango et semble très liée à l'Argentine. Toutes ces fractures nous valent de très beaux textes juxtaposés sur la langue, l'écriture, sa relation -difficile- avec sa mère mais aussi l'amitié/rivalité entre elle et Elisabeth Barillé, sans compter les textes "bijoux sombres [...] de Gil Courtemanche".Un texte parfois déroutant mais où l'on trouve une réflexion intéressante et pertinente.
Je note particulièrement ce passage : "J'ai pensé (...)à cette journée où j'avais curieusement plein de temps à ma disposition. Je me suis dit que je devrais réapprendre à en perdre intelligemment, m'organiser seule, par-ci par-là , une rupture volontaire avec cette partie de moi qui veut à tout pris être efficace et productive."
Petit éloge de la rupture, Brina Svit, folio 2 euros.111 pages qui donnent envie d'aller plus loin avec cette auteure.
17/09/2009 | Lien permanent | Commentaires (10)
Petits pains au chocolat
Lou, adulescente de dix-huit ans, quitte Toulouse pour aller à Paris ,accessoirement pour suivre des cours de prépa d'été et principalement pour mener à bien son histoire d'amour avec un écrivain rencontré par l'intermédiaire de son blog. Le roman adopte d'ailleurs la forme du blog, nous dispensant au passage les commentaires acerbes de quelques visiteurs...
Premier roman,Petits pains au chocolat, ne nous épargne pas les travers de ce passage obligé : narcissisme exacerbé, complaisance parfois. On pense à Camille de Peretti ou pour les plus anciennes à la Muriel Cerf Des rois et des voleurs et toutes ces références se révèlent fort encombrantes ma foi pour apprécier à sa juste mesure ce roman acidulé et agaçant comme comme une pomme trop verte. De très jolis passages néanmoins, Roxane Duru possède un style imagé qui peut le pire, des passages quasiment incompréhensibles car trop allusifs, et le meilleur, des pages complètes qu'on a envie de noter tant elles sont justes.
Roxane Duru, Petits pains au chocolat. Stéphane Million éditeur.
Je découvre avec effarement que je devais faire suivre ce livre depuis presque un an... Sorry, Cuné !
L'avis d'Erzébeth, à qui j'aurais dû l'envoyer mais qui l'a trouvé ailleurs (ouf!)
13/07/2009 | Lien permanent | Commentaires (15)
Petits rappels en passant...
Est sorti en poche : La maison du retour de Jean-Paul Kauffman. Voici ce que j'écrivais à sa sortie :
Le livre de Jean-Paul Kauffmann ,la maison du retour, s'inscrit dans lasérie de livres consacrés aux maisons à laquelle ont déjà participéCatherine Clément, Philippe Delerm, Didier Decoin.
Il s'agit pas ici d'une maison familiale mais d'une maison "sas dedécompression" entre une captivité de plusieurs années et un retour àune vie "normale " ou du moins pacifiée.
Perdue au milieu des pins,cette maison est abîmée tant par sonabandon de plusieurs années que par son lourd passé: elle a abritédurant la seconde guerre mondiale un bordel destiné aux officiersallemands. C'est pourtant elle qui sera choisie et sa rénovation pardeux artisans quasi muets mais surprenants accompagnera lareconstruction de Kauffmann.
L'auteur évoque très peu sa détention sauf pour soulignerl'importance qu'avait prise là-bas la lecture mais paradoxalement,deretour en France cette boulimie a disparu et dorénavant il semble leurpréférer les arbres, à la fois enracinés et tendus vers le ciel...Desarbres aux livres et réciproquement...
De très belles pages,un récit émouvant mais non dénué d'humour(voir le portrait de ses voisins), un des livres que j'ai préféré cetété.
ci vous trouverez les liens d'autres blogueurs qui en parlent.
En poche aussi : la disparition de Richard Taylor.
13/07/2008 | Lien permanent | Commentaires (14)
Dix petites bombes noires
Consumérisme à tout crin, libéralisation déchaînée, "tourisme féroce" dans les pays les plus pauvres pour se procurer des frissons à bon compte, vieillesse dérangeante, égoïsme forcené, notoriété destructrice, préjugés qui enflent de manière démesurée...C'est notre société toute entière que Colin Thibert passe à la moulinette dans les dix nouvelles composant le recueil Tirez sur l'ambulance .
Les îlots de tendresse sont rares dans ce monde où même le chat a la mauvaise idée de mourir un soir de match de foot...
On rit-mais jaune _ et il faut attendre le dernier texte , "le clou", superbe hommage à Pierre Pelot et Stephen King , pour retrouver la magie de l'enfance. Un style nerveux , précis mais manquant un peu de "chair".
l'avis de Clarabel
26/02/2008 | Lien permanent | Commentaires (8)
Petit bréviaire amoureux
Attention, "...ce bouquin n'est pas à mettre dans toutes les mains",prévient l'auteure."Il sent la vache". Il contient" Unehistoire par jour, pour célébrer la vache. Une histoired'amour.",deshistoires recueillies auprès de gens très différents,parleur milieu social, leur âge mais qui sont tous Fous de vaches.
Mary-GérardVaude a su les écouter et retranscrire avec beaucoup de charmeces témoignages illustrés par de sublimes photos de JérômeChabanne, Frédéric Decante, Philippe Deschamps,Jean-Baptiste Laissard,Jean-Marie Lecomte, Yves Régaldi, Pierre Soissons, MauriceSubervie, Frantisek Zvardon. Je les cite tous car c'estvraiment la première fois que je trouve un livre où TOUTESles photos de mes amies les vaches sont drôles, poétiques, insolites (on y voit un taureau prendre une posture de yoga, si, si ,je vous assure) et où l'on sent vraiment une réelle empathie avec l'animal photographié. Vous avez la chance que jene puisse pas vous enquiquiner en vous tirant par la manche pour vousmontrer celle-ci et puis celle-là et puis regarde celle-ci avec le grosplan sur les poils et le givre ...A force ça lasse, je comprends etj'essaie de me réfréner ou de trouver de nouvelles victimes...
Quantaux textes , savoureux et pas du tout dégoulinants de mièvrerie, ils mettent autant en valeur les animaux que ceux qui en parlent. On ycroise Monique, bibiothécaire, tout droit échappée d'un roman deKatarina Mazetti, qui a rencontré son amoureux au salon del'Agriculture et qui a reçu Jolie, croisée Blonde D'Aquitaine-charolaisen cadeau d'anniversaire ( Non, non,sans façon, merci, en ce quime concerne, j'ai pas la place), Laurent Avon, chargé de la conservation des races et qui est l'auteur , bien involontaire,de la devinette, posée samedi, Marion, lycéenne, qui constate :"Les vaches , c'est comme les filles, ça se promène avecune copine."...et tant d'autres qui tentent de faire survivre ladiversité des races qui tend à disparaître à cause de la Holstein noireet blanche pour qui je n'ai guère de sympathie,je l'avoue, même me s'ilelle n'y est pour rien, la pauvre.
Bref, de quoi faire réapparaître le sourire les jours de morosité pour les amoureux des vaches ...et les autres !
Un livre qui vous fera regarder les vaches d'une autre façon quand vous les croiserez !
14/01/2008 | Lien permanent | Commentaires (16)