Rechercher : la petite cloche au son grele
”Petite habitation grossièrement construite”
Il a fallu le temps que tout se mette en place : la rencontreentre un livre d'architecture destiné aux enfants (mais que les parentsdoivent absolument leur chiper) : Promenade en architecture (deVéronique Antoine-Andersen, chez Actes Sud Junior) qui lui consacre unedouble page; le livre prêté par Bellesahi où Michèle Petit évoque lacabane, car c'est d'elle qu'il s'agit, "La lecture étaitpour moi très proche de l'art des cabanes. Souvent, de jeunes enfantsse saisissent d'un album et le posent sur la tête, comme iles feraient d'un toit. Quand je voyage dansdes pays inconnus et que tombe la nuit sur l'hôtel, il mesuffit d'un livre ouvert pour que je sois chez moi" (p96).
Ceréconfort des "cabanon, cahutes, appentis, hutte, case, gourbi,bicoque [qui] sont ses autres surnoms" comme le rappelle VéroniqueAntoine -Andersen, je l'ai retouvé dans le voyage d'Alphonse Cagibi,qui voyage à travers le mondes , carte à l'appui, pour trouverdes Graines de cabanes.Unvoyage en poésie, tant par les images que par les textes, (auxmanettes, Philippe Lechermeier et Eric Puybaret) qui fourmilled'inventions(j'ai une tendresse particulière pour "le coupeurde travers" parmi les métiers indispensables à laconstruction d'une cabane) et nous transmet la nostalgie de cetespace fait de bric et de broc où nous nous réfugiionsenfants pour rêver à loisir , loin du regard "des grands".
La mienneétait sous la table de la salle à manger. Quatre colonnes, puissantescomme des pattes d'éléphant en déterminaient les limites, fermementplantées dans un tapis plein de dessins évoquant le cashemere,quidevenaient lacs ou chemins, au gré de mon imagination.
Virginia Woolf parlait de la nécessité de posséder "Une chambre à soi","Certains écrivains célèbres comme Le Clézio ou Thoreau onttrouvé l'inspiration dans ses murs", nous rappelle Véronique AntoineAndersen, la cabane serait-elle à l'origine de l'écriture comme elleétait pour Vitruve, architecte romain du Ier siècle avantjésus-Christ, "à l'origine de l'architecture" ?
Le billet de Vanessa sur les passeurs d'imaginaires et les cabanes est ici
PS: une petite citation de Graines de cabanes:
"Trouvillage et Berck-Plage, mer du Nord.
Gris et pluie mais très joli."
05/12/2007 | Lien permanent | Commentaires (22)
Un tout petit peu trop long ?
De ce livre, j'apprécie énormémént le style,vif et rempli d'images pertinentes et originales, ses personnages proches de ceux du premier roman de Donna Tartt, les rebondissements, même la couverture pleine de vivacité...
Ses citations vraies ou fausses, les titres de ses chapitres qui sont autant de références à des romans,tout me plaît.
Et pourtant, je reste obstinément coincée à la page 350 de La physique des catastrophes de Marisha Pessl, ayant perdu mon bel enthousiasme du début....
La critique de Cuné
04/10/2007 | Lien permanent | Commentaires (17)
Un tout petit monde
Gunder Joman , célibataire norvégien placide mais romantique chanceux ,a trouvé en Inde une histoire d'amour et une épouse.
Malheureusement le jour où l'épouse indienne pose le pied sur le sol norvégien, elle est sauvagement assassinée.Le coupable ne peut être qu'un membre de la petite communauté rurale et chacun se taît car "S'ils ont vu quelque chose qu'ils ne comprennent pas, ils n'osent pas le raconter. Ils partent du principe que ce doit être faux, parce que j'ai grandi avec ce type...". Heureusement,L'inspecteur Konrad Sejer, plein d'empathie et de détermination va mener l'enquête...
C'était mon premier contact avec l'oeuvre de Karin Fossum et son inspecteur récurrent. J'ai beaucoup aimé les personnages de La mort indienne , dont les sentiments sont peints avec une grande justesse psychologique.J'ai juste été énervée un peu au début par le fait que trop d'indices étaient donnés au lecteur sans que les gens se décident à parler à la police mais la mentalité villageoise justifie ce fait. quant à la fin, elle m'a laissée un peu sur ma faim car elle lel n'obéit pas vraiment au schéma classique attendu mais pourquoi pas après tout ? En tout cas, j'ai bien l'intention de passer d'autres bons moment en Norvège avec l'inspecteur et son chien !
27/09/2007 | Lien permanent | Commentaires (15)
11 petits Indiens
Comme dans le classique d'Agatha Christie 10 petits nègres, les héros de Saveurs assassines vont se retouver coupés du monde pendant quelques jours et...les meurtres vont pouvoir commencer !
Ajoutez à cela un problème de chambre close comme celui du Mystère de la chambre jaune, relevez d'une kyrielle de plats indiens fortement épicés qui font saliver, de personnages variés et hauts en couleurs réunis pour passer un week-end de rêve (qui va bien évidemment tourner au cauchemar), une retraitée de la police flanquée d'une nièce apprentie écrivaine et vous obtiendrez un savoureux roman dont l'intrigue n'est pas forcément l'élément le plus intéressant .
Kalpana Swaminathan prend le temps de mettre en place ses personnages, les croquant avec jubilation, le rythme d'abord un peu lent au départ s'accélère ensuite et l'on se confronte avec bonheur à une civilisation riche et variée.La cuisine étant un des éléments les plus importants, nous apprenons même à confectionner une mayonnaise en utilisant de la glace, nécessaire, vu le climat !
Des problèmes,ceux des femmes mariéesou non, des réfugiés des Pakistans, sont effleurés,l'heure n'étant pas à la gravité mais libre à nous de les approfondir...
"Ce soir,je voulais qu'on mange avec ses doigts, comme des gens civilisés,mais Hilla tenait à l'argenterie. [...].Moi aussi je déteste quand la table ressemble à un chariot de salle d'opération"
Humour et émotion,le cocktail est réussi et on attend avec impatience la suite des aventures de miss Lalli !
De quoi se détendre agréablement entre deux "pavés".
13/09/2007 | Lien permanent | Commentaires (21)
La drôle de petite sirène
L'évocation d'Hiroshima ici m'a donné envie de poursuivre mon exploration du monde juste après la seconde Guerre mondiale avec Le grand incendie de l'australienne Shirley Hazzard que je ne connaissais absolument pas auparavant.
Bienm'en a pris car j'ai découvert un style époustouflant à la foispoétique, précis et basé sur l'ellipse et le non dit. Déroutantaussi car il faut parfois tourner la page pour comprendre cequi n'a été que suggéré la page précédente. Une fois ceprincipe admis, j'ai suivi avec passion les aventures et les rencontres d'Aldred (pas de faute de frappe !), fils d'écrivain,il parcourt le monde (et parcuticulièrement l'Asie ) ravagé en cetteannée 1947, en électron libre.
L'utilisation del'arme atomique achoqué mais déjà les affaires et la politique reprennent le dessus, lespetites intrigues aussi.
Aldred fait un epu figure d'exception,hérospresque malgré lui, il veut se détacher du monde de l'armée et varencontrer la drôle de petite sirène , que desparents tour à tournégligents et cruels vont tenter d'éloigner de lui...
D'ordinaire jeme m'intéresse guère aux histoires d'amour mais là, emportée par le style de l'auteure et l'atmosphère siparticulière , je me suis laissée aller et je ne l'ai pas regretté.
12/06/2007 | Lien permanent | Commentaires (12)
Le vaillant petit élève
Luigi s'est imposé une diète drastique pendant trois mois: pas plus de 8 heures de cours par semaine et surtout pas de cours de Mâme Cathulu: les allergies ça ne se commande pas.
De retour parmi nous, il s'avance vers moi et me glisse en confidence: "J'étais absent car on m'a enlevé une dent de sagesse." Je note mentalement de penser à renouveler mon stock de mouchoirs en papier.
Luigi pour fêter son retour arbore un jogging dont le bas est rentré dans les chaussettes elles-mêmes glissées dans des baskets. Le tout impeccablement blanc. D'ordinaire, les vêtements de mes élèves ont été blancs dans une vie antérieure et tirent plutôt sur le gris moyen.
Dans quelques années, Luigi se fera greffer de la moquette sur le torse et achètera une chaîne en or. Il roulera en voiture décapotée et son klaxon chantera "La cucaracha" pour saluer Mâme Cathulu quand il la croisera sans l'écraser. Luigi n'est pas rancunier.
Pour bien plomber l'ambiance , je fais étudier à la classe un texte sur les causes de la vitesse au volant. Luigi relève le défi et s'exclame tout à trac: "Oh, Madame, y a une mouche". Je rappelle à ceux qui auraient un doute que nous sommes en cours d'une matière qui deviendra bientôt une langue morte ou agonisante :le français, et qu'il ne sagit pas d'entomologie.
Je soupire intérieurement et attend tranquillement la suite qui ne manque pas d'arriver."J'aime bien les mouches . (avec un grand sourire) Je leur arrache les ailes et..."
"Tu te prépares un lourd karma", Dis-je l'air sinistre et d'un ton pénétré.
Il n'a pas dû comprendre mais au moins ça lui a coupé le sifflet.
Une règle plate apparaît miraculeusement dans la main droite de celui qui n'a en général qu'un crayon gris qu'il vient soigneusement tailler au-dessus de la poubelle. Quelques gesticulations et la mouche est bientôt estourbie.
Triomphalement, il vient déposer son trophée sur le bord du bureau, je lui montre la poubelle, puis souriant Luigi retourne à sa place. Le cours peut continuer.
17/03/2007 | Lien permanent | Commentaires (34)
Un si joli petit livre...
Les nouvelles du recueil de Claire Castillon, Insecte, sont à couper le souffle et c'est pourquoi j'ai dû m'y reprendre à deux reprises avant de les terminer.
Eneffet, les relations mère/fille qui y sont disséquées sont loin de l'image édulcorée ou idyllique qu'on nous en donne trop souvent.
Inceste, abandon, trahison...sont traités avec unecruauté jubilatoire. On se dit qu'elle n'ira pas jusque là, hébien, elle y va et avec le sourire encore! Pas de répit pour lelecteur qui encaisse autant que les personnages et ne sort pas indemnede cette lecture qui fouette les sangs comme une brassée d'orties !
Ce livre est sorti chez France Loisirs et devrait donc bientôt sortir en poche.
La critique de Cuné.
27/02/2007 | Lien permanent | Commentaires (17)
Petits bouquins mais grands effets
Chimère, puis Cuné en ont parlé , c'est à mon tour d'essayer de vous faire partager mon enthousiasme pour Petite bombe noire et Petit bréviaire du braqueur,tous deux parus au format poche aux éditions de l'aube noire (tout un programme !).
Leur auteur, Christopher Brookmyre, possède un humour vachard, un style vigoureux ("plus serré qu'un cul de dromadaire pendant une tempête de sable") et ses héros roulent souvent à une vitesse "diana-cide". Ses intrigues sont pleines de rebondissements et se déroulent dansune région pas du tout glamour , l'Ecosse, qu'il connaît comme sa poche et qu'il nous rend attachante avec ses supporters de footazimutés et ses alcools variés.
Mais surtout Brookmyre, comme les"méchants" de ses livres, est un grand spécialiste de lamanipulation jubilatoire. On se laisse mener en bateau avec bonheur auxcôtés de l'inspectrice Angélique de Xavia qui , petite, femme et noire, cumule tout ce qui peut déplaire à ses collègues. A défaut decollectionner les amants (elle déplore qu'ils soient moinsnombreux que ceux qu'elle a refroidis), elle accumule les ceinturesnoires dans divers sports de combat mais n'en reste pas moins une femmequ'il faut traiter avec délicatesse même si ,comme dit un de sescollègues admiratifs,elle a des couilles.
Brookmyre pulvérise avec panache tous les poncifs du genre policier (la prise d'otages dans Bréviaire...est un régal) et nous gratifie au passage d'une analysepolitico-économique de la pipe (pas celle de saint Claude, l'autre) oud'une diatribe contre les Pauves Enculés de Banlieusards...Un régal !
PS: Cathy, je te les mets de côté !
19/09/2006 | Lien permanent | Commentaires (10)
Petit exercice zen
Invitez vingt-cinq personnes (non, ce n'est ni une communion, ni un mariage mais un anniversaire, quota d'invités normal chez nous, trois générations de 3 à 70 ans ).
Envoyez l'Homme faire les courses.
Restez calme quand vous verrez les 3 kilos de haricots verts et frais qu'il a achetés.
Installez-vous confortablement et commencez à équeuter les dits légumes en vous disant: "Je fais un exercice de zen, je profite de chaque instant".
Soyez satisfaite quand vous arrivez au bout de votre tâche.
Souriez quand on complimentera l'Homme pour sa salade de haricots (L'assaisonnement, voilà le secret).
Ne renversez pas le saladier sur la tête du premier qui dira: "J'en aurai bien repris un p'tit peu".
Voilà, c'est tout, c'est la fin des haricots (pas encore dans mon potager, hélas pour certains), j'arrête de vous courir sur le haricot avec ces légumes.
Bonne fin de semaine.
29/07/2006 | Lien permanent | Commentaires (7)
petit rituel estival
L'été commence vraiment quand Elle nous fait "cadeau" de nouvelles d'écrivains. je n'achète pas tous les numéros , seulement ceux dont je connais ou ai envie de connaître les auteurs.
La nouvelle de la semaine dernière était intitulée Meurtre à Blanckness Road, son auteur: Minette Walters. L'histoire était basée sur un fait divers du début du XXème siècle. Et se basant sur la psychologie des "héros " réels, l'auteur nous propose une explication de ce meurtre campagnard.
L'atmosphère est bien rendue, mais Minette Walters me semble plus à l'aise dans ses romans; Elle a besoin de plus d'espace et de personnages moins falots que ce couple bancal auquel on ne s'attache pas.
A l'inverse, Sylvie Granotier excelle dans le format court. En témoigne fenêtre sur rue, une nouvelle extraite de son dernier recueil qui vient de sortir en poche. On arrive à peine à tourner les pages tant le climat est ici oppressant et l'horizon bouché. Un couple tout aussi falot que celui de Walters mais une situation contemporaine et un "accident" insupportable: un bébé qui passe par la fenêtre. Des policiers un rien désabusés enquêtent: "Daphné et Tonio étaient partis sur les lieux pour une intervention de routine, cellule de dégrisement à la clé et refus de porter plainte à l'arrivée, en dépit des sages conseils des policiers qui en avient assez de retrouver des cadavres de femmes définitivement muettes pour l'avoir trop été de leur vivant." Avec ce presque rien, Sylvie Granotier construit une mécanique précise et angoissante, efficace et ciselée.
17/07/2006 | Lien permanent