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19/12/2014

La loi sauvage

"Sa mémoire était ailleurs et vous n'avez pas voulu forcer son paysage"

 

"Votre fille, c'est une catastrophe". Tell est l'apostrophe lancée par une institutrice chevronnée à la narratrice, mère de Camille, neuf ans.nathalie kuperman
Cette phrase assassine va d'insinuer dans le corps de la mère, prendre une dimension disproportionnée jusqu'à ce que sr révèle une scène fondatrice, d'une violence inouïe,  de sa propre enfance.
Rédigeant des modes d'emploi où elle transforme "l’information brute en invitation à s'approprier l'objet de manière humaine", la narratrice doit pour son travail se montrer "claire, concentrée, efficace", c'est à dire exactement l'inverse de ce qu'elle est dans la vie quotidienne. Elle est ainsi totalement incapable de se servir d'un four, dont elle a pourtant rédigé la notice. Elle en fait une affaire d'honneur, histoire de se prouver à elle-même et à d'autres, éventuellement, qu'elle est devenue une adulte, se jugeant telle si elle parvient à cuisiner.
Dans une narration parfois hallucinée, alternant des chapitres systématiquement intitulés , "La maitresse", "Mode d'emploi" ,jusquà ce que "Sauvagerie" se révèle enfin, La loi sauvage est un roman qui ressasse (parfois un peu trop) , fore le passé, se venge par le pouvoir des mots, féroce et drôle, qui ose beaucoup , jusqu’à créer parfois, le malaise.
Quelques baisses de rythme qui affaiblissent un peu l'ensemble mais j'ai retrouvé, avec plaisir,  la belle énergie, la langue drue,  de Nathalie Kuperman et c'est déjà beaucoup.