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20/05/2017

Puissions-nous être pardonnés

"Mais à présent tout se passe comme si  j'étais en chute libre, indéfiniment, la dégringolade n'étant interrompue et ralentie que lorsque je suis sommé de faire quelque chose pour quelqu'un d'autre. Sans les enfants, le chien, le chat, les chatons, les plantes, je me déliterais complètement."

Deux tragédies successives et familiales vont totalement bouleverser la vie de deux frères,opposés, "les deux faces d'une même pièce."
Si George a longtemps volé à Harold sa place d'aîné ,accaparant l'attention par son caractère explosif et violent, ce dernier se contentant d'une vie sclérosée et d'un rôle plus passif, les rôles vont changer. Harold, investissant la maison de son cadet, va prendre sa place de père de famille et, par là même s'autoriser à devenir enfin adulte.41sBwzMYhOL._AC_US218_.jpg
Familles dysfonctionnelles et hautes en couleurs, personnages principaux attachants, personnages secondaires farfelus et joyeusement hors-normes , tout m'a enthousiasmé !
Les épisodes drolatiques (j'ai éclaté de rire à plusieurs reprises) et émouvants alternent dans ce roman de 500 pages qu'on quitte à regrets. A.M. Homes revient avec jubilation et profondeur sur ce thème de la famille et on la suit avec tout autant de bonheur dans cette Amérique qu'elle égratigne au passage . Un coup de cœur !

Puissions-nous être pardonnés, A.H. Holmes, traduit de l'américain par Yoann Gentric, Actes Sud 2015. Babel 2017

Ps: la quatrième de couv' en dit beaucoup trop !

15/05/2017

L'invité sans visage

Antoinette Convay est en butte au harcèlement de la brigade du poste de police où elle travaille.Pourtant,elle tient bon et serre les dents pour venir à bout d'une enquête de meurtre que sa hiérarchie voudrait voir bouclée au plus vite, tant le coupable semble évident.tana french
En effet, qui d'autre que son petit ami pourrait avoir assassiné la jolie victime ?
Ayant lu avec beaucoup de plaisir tous les précédents romans de Tana french, c'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai entamé la lecture de L'invité sans visage.
Hélas, je n'ai rien retrouvé de ce qui faisait le charme de ses romans se déroulant en Irlande. Aucune empathie pour les personnages, je me suis ennuyée tout au long de ces 560 pages où l'intrigue semblait piétiner à loisir.

Dommage !

tana french

14/05/2017

Avenue des mystères...en poche

"Le jour où les femmes cesseront de lire, alors, oui, ce sera la mort du roman !"

john irving

 


Voilà longtemps que j'avais réussi à terminer un roman de John Irving. Après l’émerveillement, l'enthousiasme suscité par ses premiers romans, je l'avais un peu perdu de vue, échaudée par les tentatives, avortées, de pavés indigestes.
Pourtant, les thèmes évoqués, les prises de position de l'auteur dans ses textes, ses propos, lors des interviews, son bureau même entrevu lors d'un reportage télévisé, tout cela me plaisait mais rien n'y faisait.Quand ça veut pas , ça veut pas.
J'aimerais écrire que ça y est, j'ai renoué avec Irving , mais non. Si j'ai réussi à lire en entier ce pavé, c'est de manière fractionnée, en alternant avec d'autres romans  (mauvais signe) car tout au long des pages , je me disais : "Mais pourquoi s'est-il trompé de narrateur ?" Ce n'est pas le gamin estropié qui survivait sur une décharge publique mexicaine qui est devenu romancier après une série de rebondissements dont Irving a le secret, le personnage intéressant, c'est sa sœur !
On se fiche pas mal que Juan Diego Guerrero, au fil de rêveries, revive son passé, tout en jonglant dangereusement entre  bêtabloquants et petites pilules bleues (qui lui permettent d'assurer auprès d'une mère et sa fille) , c'est Lupe qui éclaire véritablement ce roman ! Lupe qui parle une langue incompréhensible à tous (sauf à son frère qui lui sert ainsi de traducteur, édulcorant souvent  ses propos car Lupe lit dans les pensées) , Lupe qui lit dans le passé, moins bien dans le futur dont la mort est annoncée très rapidement.
Alors oui, il y a quelques scènes réussies (je pense ainsi au repas final troublé par un gros lézard, ou à la scène dans laquelle Juan Diego retrouve un de ses anciens harceleurs) mais au final on se demande bien quel était l'objectif de ce roman et on reste sur sa faim. Ce qui est quand même paradoxal quand on a "avalé" 528 pages.

13/05/2017

Une putain de catastrophe...en poche

"Les Wilson sont dans une impasse linguistique.Vous, Jeremy, investirez leur mariage. Vous allez, pour ainsi dire, bivouaquer sur leur champ de bataille conjugal.
-Seigneur ! s'exclama Cook. je préfèrerais conduire un camion charge de nitroglycérine."

Au chômage, le linguiste Jeremy Cook est embauché par L'Agence Pillow, cabinet de conseil conjugal,dont la particularité est d'envoyer à demeure un spécialiste du langage pour régler les conflits entre époux.
Au bord de la rupture, les Wilson voient donc débarquer celui qui, à première vue, paraît à mille lieues de comprendre la situation, étant lui-même un célibataire endurci .David Carkeet
Malentendus sur des pronoms, attentes totalement opposées, Jeremy observe, interroge et, tout en suivant la plus bizarre des méthodes, met à jour  les mines anti-mariages susceptibles d'exploser à la plus petite occasion.  C'est drôle, acéré, souvent pertinent et chacun se reconnaîtra dans l'un des motifs de dispute ou d’insatisfaction évoqués dans ce roman.

Une putain de catastrophe, David Carkeet

11/05/2017

Mrs Hemingway

"Quel charme ! Quel magnétisme ! les femmes se jettent des balcons, le suivent à la guerre et détournent le regard le temps d'une liaison parce qu'un mariage à trois vaut mieux que d'être seule."

Il n'y aura pas eu une mais quatre Mrs Hemingway, l'auteur du Vieil homme et la mer * ayant enchaîné les mariages, comme si lui non plus ne supportait pas d'être seul. Fait qui mérite d'être noté d'ailleurs, il était  systématiquement encore marié quand il envisageait d'en épouser une autre, dans une transition sans faille.
Même si nous le suivons des années 20 aux années 60, Naomi Wood a choisi de la faire en donnant la parole successivement à Hadley,la tendre, Fife,la déterminée, Martha ,l'indépendante et enfin à celle qui le découvrira suicidé, Mary.naomi wood
La première partie du roman est peut être la plus intense, qui voit Hadley, au cours d'un été caniculaire à Antibes, choisir délibérément d'inviter son amie Fife, qu’elle soupçonne d'avoir des vues sur Hemingway. Stratégie qui s'avérera perdante mais que Naomi Wood décrit avec délectation, inversant parfois les rôles et donnant ensuite le point de vue de la rivale.
Le risque était double : se répéter et alourdir le récit des informations glanées au cours des recherches effectuées. Le défi a été remporté haut la main car Naomi Wood possède une écriture précise, imagée et analyse la psychologie de ses personnages avec empathie. Ce n'est ni un portrait à charge, ni à décharge mais un kaléidoscope où se révèle la complexité du romancier  américain à travers le regard de ses épouses. Un  grand coup de cœur et un roman que j'avais hâte de retrouver!


Mrs Hemingway, Naomi Wood, traduis de l’anglais par Karine Deglimae- O'Keeffe, Éditions Quai Voltaire 2017, 280 pages piquetées de marque-pages.

 *  qui vient d'être retraduit.

10/05/2017

Aujourd'hui tout va changer

"Elle m'a demandé: Quel est le secret d'un mariage qui dure ? " J'ai réfléchi une seconde, et puis j'ai répondu :"Rester mariés."

Eleanor Flood ne s'en rend sans doute pas compte mais bien des gens pourraient envier sa vie .Pourtant, elle ne s'en satisfait pas et, entre cours de poésie  (pour éviter la solitude) et cours de yoga, elle a décidé ce matin qu 'Aujourd’hui tout va changer. Rien que ça. Fini les grossièretés, le programme d'une journée parfaite en tête, elle conduit son fils Timby à l'école.maria semple
Mais un grain de sable va se mettre dans les rouages de ce rêve de changement radical et va s'enclencher une véritable journée catastrophe pour la jeune femme, qui va commencer à douter de la fidélité de son époux. De surcroit , la découverte d'une veille bande dessinée va faire ressurgir son histoire familiale, histoire qu'elle a tout fait pour oublier.
Avec un sens magistral de la composition, Maria Semple malmène son héroïne ,qui parvient malgré tout à préserver son sens de l'autodérision . On suit ses tribulations ,entre comédie et émotion, avec un plaisir fou, un tout petit cran en dessous cependant de Bernadette a disparu. (clic)

Aujourd'hui tout va changer, Maria Semple, traduit de l'anglais  (E-U) par Carien Chichereau, Plon 2017, 240 pages  qui se tournent toutes seules.

06/05/2017

Les nuits de laitue...en poche

"Désormais, Otto souffrait d'une insomnie sans fin. Ses mauvaises pensées dureraient pour toujours puisqu'il n'y aurait plus jamais de matin-désormais toutes ses nuits avaient un arrière- goût de laitue. Et Otto détestait les légumes-feuilles."

Otto et Ada "avaient passé un demi-siècle ensemble à cuisiner, à faire des puzzles géants de châteaux  européens et à jouer au ping-pong le week-end (du moins jusqu'à l'arrivée de l'arthrite) dans un quartier dont les habitants sont aussi haut en couleur que leur maison jaune.51WhO1nIuQL._SX318_BO1,204,203,200_.jpg
Au début du roman, Ada vient de mourir. Otto tente donc  tout à la fois de lutter contre ses insomnies, tout en remettant de l'ordre dans ses pensées. En effet, selon lui,  quelque chose" cloche "dans son univers peuplé de personnages fantasques et souvent "perchés", mais il n'arrive pas à élucider l'affaire...
L'aspect policier n'est ici qu'un prétexte dans ce roman enjoué et chaleureux, peignant un microcosme grouillant d'originaux  en tous genres, ayant parfois des rêves plus grands qu'eux mais parvenant à enchanter leur quotidien, de manière simple et cocasse.
Un très bon moment de lecture.

Les nuits de laitue, Vanessa Barbara, traduit  du portugais (brésil) par Domnique Nédellec, Zulma 2015, poche 2017 223 pages toniques !

05/05/2017

Vie et moeurs des familles d'Amérique du Nord

Sous forme d'abécédaire, richement illustré par des photographies d'auteurs divers, l'objectif de cet ouvrage, qu'on peut lire de façon linéaire ou pas, est de dépeindre "l'âme de cette espèce étrange mais tellement universelle : les habitants de banlieues américaines.garth risk hallberg"
Las, je suis restée de marbre devant ces personnages qui ont l'air d’être observés à distance, comme des insectes vaguement répugnants , sans aucune empathie ni originalité.

28/04/2017

Je suis si bien ici sans toi...en poche

"On aime les gens. Et ils nous déçoivent. Mais pas toujours. Parfois ils continuent à nous aimer indéfectiblement , dans l'attente qu'on ouvre les yeux et qu'on réponde à leur affection.C'est comme un "je t'aime. je t'ai toujours aimé."

Richard, artiste anglais a épousé une française très belle et très intelligente, Anne-Laure. Ils ont une petite Camille de  cinq ans et vivent à Paris. Le paradis donc. sauf que Richard ne se remet pas du départ de sa maîtresse (hou, le vilain) et qu'évidemment sa femme a découvert le pot aux roses. Pour tout gâcher, Richard a vendu un tableau "L’ours bleu" un symbole important pour son couple.
Dans l'espoir de reconquérir sa belle, le voilà donc parti en Grande-Bretagne à la recherche du tableau, mais peut être aussi des secrets de l’amour qui durent.courtney maum
Courtney Maum, qui fait de Paris un personnage à part entière et sait exploiter le caractère romantique de cette ville, parvient même à ne pas rendre Richard totalement antipathique. En dépit de quelques longueurs, cette comédie romantique est attachante,par ses personnages principaux ou secondaires. Mention particulière pour ces vieux couples à qui l'artiste tente d'extorquer les secrets de durée de leur couple. Une bonne idée de lecture pour les vacances.

25/04/2017

Avalanche/Une histoire d'amour

"Toute à la FIV, j'ai laissé le monde rétrécir autour de moi."

à trente-huit ans, après avoir renoué avec l'homme dont elle était amoureuse étudiante, la romancière australienne Julia Leigh se lance dans un processus devant aboutir ,en principe, à une grossesse.
D'emblée, elle prévient qu'il ne s'agit pas d'une œuvre de fiction et que "sa propre interprétation de l'histoire peut différer de celles d'autres personnes dépeintes dans le livre." julia leigh
Elle n'omet rien des dimensions éthiques, corporelles et financières d'un projet qu'elle sera finalement amenée à porter seule, projet sur lequel ne se porte pas que des regards bienveillants : "Dans l'imaginaire public-tel que je le perçois-les femmes qui font des FIV  n'ont droit qu'à une sympathie mitigée, pas si différente de celle qu'on montre aux fumeurs à qui l'on diagnostique un cancer du poumon. Implicitement: "vous l'avez bien cherché, alors qu'est-ce que vous espériez ? "
En 132 pages, denses et lumineuses, Julia Leigh parvient à donner à cette expérience forcément intime une dimension riche d'humanité qui intéressera même ceux et celles qui n'ont pas été confrontés à cette problématique.

Avalanche/Une histoire d'amour, Julia Leigh, traduit de l'anglais (Australie) par Laurence Kiefé, Christian Bourgois 2017.

 

 

 

 

De la même autrice: clic (il est depuis sorti en poche).