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25/03/2019

Les mafieuses

"Elle en avait marre que les hommes s’accaparent le pouvoir alors qu'ils étaient moins compétents qu'elle. Puisqu'on ne la laissait pas monter en grade, elle allait faire le ménage."

Leone Acampora , vieux mafioso grenoblois, est sur le point de mourir. Ce que sa famille ignore encore c'est qu'il a lancé un contrat sur la tête de sa femme infidèle, car on ne rigole pas avec l'honneur dans la mafia.
Ses deux filles , Dina et Alessia ,vont tout faire pour sauver leur mère et , par la même occasion, Alessia entend bien prendre la tête de la mafia locale car il est grand temps que les hommes et leurs valeurs rétrogrades cèdent le pouvoir aux femmes qui l'exercent en sous-main depuis des années.CVT_Les-mafieuses_6573.jpg
C'est bien la première fois que je me lance dans un roman ayant pour thème la mafia (même pas vu ou lu "Le Parrain", c'est dire...) mais j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman qui fait la part belle aux femmes, et égratigne au passage les organisations humanitaires : "Au fond les organisations humanitaires et la mafia constituaient deux réponses opposées à un même problème: ces organisations se développaient quand c'était le chaos et que L’État ne faisait pas son boulot. La mafia offrait un statut et des ressources à ceux qui ne trouvaient pas de place dans l'économie légale. Quant aux ONG, elles aidaient à peu près les mêmes à survivre sans jamais inquiéter les gouvernements véreux ni s'attaquer aux véritables injustices. Pire, elles rattrapaient les dégâts et permettaient au système de perdurer."
Les personnages sont bien croqués, l'écriture est pleine d'humour et les 151 pages se tournent toutes seules ou presque.

Editions Liana Lévi 2019

15/03/2019

Juste quelqu'un de bien...enpoche

"J'ai enchaîné les mecs sans réfléchir, j'ai gagné pas mal d'argent sans avoir l'impression de me fatiguer...Et puis soudain, la machine s'est grippée."

Bérénice, trente-quatre ans, a mis fin à une liaison sans saveur, mais ne tombe pas amoureuse pour autant. Elle  ne parvient plus à écrire une ligne de romance historique, ce qui est pourtant sa raison d'être , bref rien ne va plus.
Aidée par une mère et une grand-mère hautes en couleurs, ainsi que par une amie très chère, elle va enfin poser les questions nécessaire concernant son père et se décider à apprivoiser Aurélien, un homme dont elle est tombée amoureuse ado mais qui s'obstine à ne pas la reconnaître...510n6tdA4NL._AC_US218_.jpg
 S'inspirant d'une nouvelle de Stefan Zweig, "Lettre d'une inconnue", Angéla Morelli tire parti à merveille de l'idée de cet homme qui ne reconnaît pas celle qui l'aime. Ses personnages principaux ou secondaires sont croqués à ravi ,plein de petits détails les rendant immédiatement vivants et attachants. On est loin de l'hystérie qui règne parfois dans les romances survoltées qui croient ainsi se donner du rythme.Ici les personnages sont plus posés, parfois empreints de gravité, sans pour autant plomber le roman car l'humour est toujours présent.
On se glisse avec plaisir dans ce cocon douillet de l'impasse pavée et fleurie où vivent des artistes, on pousse le sourire aux lèvre la porte du Va comme j'te pousse, bar qu'on rêverait de fréquenter, bref on passe un délicieux moment, plein d'émotions et de fantaisie.
Ce nouveau roman d’Angéla Morelli est une petite merveille !

06/03/2019

#LesGratitudes #NetGalleyFrance

"Je chéris le tremblement de leurs voix. Cette fragilité. Cette douceur. Je chéris leurs mots travestis, approximatifs, égarés , et leurs silences."

Même s'il y a bien eu des signes avant coureurs, c'est venu d'un coup:  Michka la vieille dame chérie par Marie, ne peut plus rester seule. Les mots lui échappent de plus en plus et elle est tombée dans son salon.
Placée en Ehpad , la vieille dame reçoit régulièrement la visite de Marie,ainsi que celle d'un orthophoniste, Jérôme.delphine de vigan
Leurs points de vue , ainsi que celui, biaisé de Michka, qui raconte de manière cauchemardesque des événements dont on ne sait s'ils sont réels ou rêvés, alternent pour brosser de manière sensible et tendre le portrait de cette femme qui s'éloigne de plus en plus de celle qu'elle a été.
Tourmentée par une gratitude qu'elle n'a pu exprimer, Michka sera aidée par ses deux amis pour mener à bien cette mission.
On ne peut qu'être séduit par la délicatesse dont fait preuve à son habitude Delphine de Vigan.
Seul bémol : la volonté de vouloir à tout prix terminer sur une note trop optimiste, ce qui gâche un peu le plaisir du lecteur.

delphine de vigan

 

 

25/02/2019

S'inventer une île

"Le fossoyeur avait raison, on avait besoin de repères, mais chacun devait trouver les siens."

alain gillot

Quand il apprend le décès accidentel de son fils , Tom, 7 ans, Dani est sur un chantier, en Chine. S'il rentre précipitamment pour affronter  avec son épouse toutes les formalités du deuil, le père trop souvent absent refuse d'accepter la situation .
Alors que son épouse choisit de faire table rase du passé et de s'inventer une nouvelle vie, Dani voit apparaître son fils, non sous une forme évanescente , mais bien en chair et en os, discute avec lui . Finalement tous deux partent  S'inventer une île et vivre d'une certaine façon tout ce qu'ils avaient raté, en raison de l'éloignement du père, tant géographique que mental.
On pourrait se sentir pris en otage par ce roman, d'autant qu'il est basé sur des faits réels, mais Alain Gillot évite tous les écueils du genre lacrymal et propose via des personnages secondaires ou non, différentes manières de vivre au quotidien avec les morts, voire de s’engueuler avec eux. Chacun fait comme il peut pour affronter l’insupportable , semble-t-il suggérer. Ces 208 pages disent l’essentiel, de manière délicate.

Éditions Flammarion 2019.

18/02/2019

Les désaccordés

"Quoi qu'il en soit, il serait faux de dire que je me suis évanoui. J'ai simplement décidé de me rafraîchir la joue contre le sol en plastique et, ce faisant, j'ai entendu un petit ci d'animal venant au monde. Plus tard, j'ai été très déçu d'apprendre qu'il était sorti de ma propre bouche."

Ray Morris et sa femme (très enceinte) Garthene sont des londoniens tout à fait ordinaires. Il est journaliste free-lance, elle est infirmière et ils cherchent, vainement ,à acheter une maison correspondant sinon à leurs goûts, du moins à leurs moyens.joe dunthorne
Rien que de très banal donc,jusqu'à ce que toute une série de petits désaccordements dans sa vie sociale, puis familiale, n'entraîne Ray à voir sa vie s'effondrer sur fond d'émeutes londoniennes.
Sur le schéma classique de la boule de neige d'ennuis qui grossit exponentiellement , Joe Dunthorne réussit à maîtriser toujours le rythme de son récit, la véracité des situations, en observant avec finesse son héros dans ses relations avec les autres.
Ray a souvent des réactions inappropriées mais son sens de l'humour fait mouche et il m'est souvent arrivé de rire ou de sourire en dévorant ces 229 pages dans lesquelles cet homme de trente-trois ans se débat pour devenir un peu plus adulte (il serait grand temps).

Gallimard 2019, traduit de l’anglais par Simon Baril.

Un autre roman de Joe Dunthorne, non traduit en français, a été adapté au cinéma , "Submarine" et comme j'avais aimé le film ...

 

17/02/2019

Personne n'a peur des gens qui sourient

"Qui ne s'est jamais faite belle pour déjeuner avec une amie, ou même pour elle-même, afin de ne pas naufrager ? "

ça commence un peu comme dans le court-métrage de Xavier Legrand avec Léa Drucker "Avant que de tout perdre" : Gloria embarque précipitamment ses enfants (ici deux filles, dont une ado en pleine rébellion) et se réfugie dans sa maison d'enfance en Alsace, près d'un lac.véronique ovaldé
D'emblée, la tension est là. D'emblée, le lecteur échafaude des hypothèses que le récit se chargera de réfuter. De la même manière, le personnage central de Gloria gagnera en épaisseur et en amoralité jubilatoire.
Véronique Ovaldé signe ici un roman dont l'écriture est piquetée de remarques souvent très justes, un roman dense sous une apparence de légèreté, dont l'épilogue est un peu précipité car on serait bien resté encore un peu (beaucoup) en compagnie de Gloria et ses filles.
Un roman qui fait oublier l'échec de ma lecture précédente :Soyez imprudents les enfants, que je n'avais pas réussi à finir.

Merci à Clara !

Le billet de Cuné.

15/02/2019

La Meute

"- Ce n'est pas parce que j'ai une vision plus distendue des rapports entre les êtres humains que je ne suis pas une bonne amie."

Meute de louves ou de hyènes ? En tout cas six meufs que rien ne devrait relier et qui, par delà les années, les emmerdes, gardent toujours le cap de leur amitié.
Cent pour cent parisiennes (ou presque), plus acerbes que tendres, leur vie nous est donnée façon puzzle chronologique via la narratrice, Olivia.sarah koskievic
Si dans le premier tiers du roman, j'ai été séduite par l'énergie brute qui se dégage du texte, tout sauf joli, je me suis vite lassée de cette mécanique qui tourne trop souvent à vide (on se fiche un peu, beaucoup de leurs ennuis) et se termine de manière abrupte, mais sans réelle émotion. Oui, voilà bien le problème, je suis restée totalement extérieure à ce roman.


Plon 2019.

 

12/02/2019

Ce matin, maman a été téléchargée

Nous sommes en 2048. Demain, donc. Nous portons des lunettes qui "enregistrent les images et les sons, mais pas notre ressenti, encore moins notre souvenir. En cela, elles mentent. Elles ne sont qu'un reflet, elles ne stockent qu'une illusion" Telle est du moins l'opinion du narrateur , Raphaël, qui a bien d'autre soucis en tête que de convaincre sa nouvelle petite amie des défauts de ce qu'elle estime plus fiable que sa mémoire.
Jugez un peu : sa mère est morte, comme l'annoncent le titre et la première phrase du roman, calque de L'étranger. Mais, en fait, de manière quelque peu illégale, l'esprit de cette femme a été transféré dans un andréide, ce qui lui permettre de continuer à se montrer extrêmement intrusive dans la vie sentimentale de son fils. Elle peut donc continuer en toute impunité à lui pourrir la vie, utilisant toutes les ressources d'un monde où les humains laissent de multiples traces informatiques.gabriel naëj
Farci de termes techniques, ce premier roman , écrit par un professeur à la faculté des sciences de Sorbonne Université et président du comité d’éthique du CNRS, hésite trop entre l'anticipation à visée dénonciatrice, le roman de procès et l'ébauche d'une trame sentimentale. Les personnages sont tracés à gros traits et la société dans laquelle ils évoluent trop peu ébauchée pour être  totalement convaincante. Quant aux tentatives d'humour , elles tombent souvent à plat.

Merci à Buchet-Chastel et à Babelio pour cette expérience.

07/02/2019

#QuiATuéLhommehomard #NetGalleyFrance

"On a ouvert avec un meurtre bien sordide, un homme-homard découpé en morceaux, c'est original, c'est visuel, c'est gourmand. A mon avis, on a marqué des points."

Enfin un peu d'animation à Margoujols, petit village reculé de Lozère ! Un rescapé d'un cirque itinérant composé de monstres de foire et installé depuis 70 ans dans ce coin paumé a été assassiné.
Voilà qui réjouit fortement Lucie, jeune fille lourdement handicapée mais dotée d'un fauteuil surpuissant, tout autant que son cerveau  qui  s'instaure narratrice de ce récit et assistante des forces de l'ordre. Attention aux yeux et aux oreilles car  si seul le majeur droit de Lucie bouge c'est autant pour faire des doigts d'honneur à la compassion que pour communiquer par un ordinateur, à l'instar de S Hawking.jm erre
Ouvrir un roman de J.M Erre c'est embarquer dans un récit à cent à l’heure où on prend juste le temps de respirer après avoir hoqueté de rire entre deux remarques vachardes , teintées d'humour noir ( fan du politiquement correct s'abstenir). ça dégomme à tout va sur les handicapés, les sacro- saintes règles du polar, les critiques littéraires, les réseaux sociaux et j'en passe, sans pour autant perdre de vue la résolution de l'énigme. De quoi muscler nos zygomatiques avec cet excellent cru !

 

Buchet-Chastel 2019

05/02/2019

Alto Braco

"On ne voulait pas vivre à Lacalm mais on voulait y mourir."

Deux sœurs dures au travail , Douce et Granita, ont élevé leur petite fille, maintenant trentenaire, Brune, tout en tenant de main de maître, leur café parisien.
Originaires de l'Aubrac, ces trois femmes sont très fortement marquées par ce territoire si particulier, même si la plus jeune s'en défend. La mort de Douce et son enterrement dans le pays de sa jeunesse vont faire ressurgir tous les secrets du passé.vanessa bamberger
Sur un schéma classique de retour au pays, Vanessa Bamberger multiplie les révélations en cascade (pas moins de trois révélations), tout en décrivant à merveille les paysages de cette région âpre et sauvage où les paysans et leurs bêtes ont bien du mal à survivre.
Si l'auteure s'est visiblement bien documentée (en particulier sur les vaches) et réussit à introduire de manière fluide ces informations dans le récit, ce dernier manque en revanche de densité et connaît quelques baisses de régime.
Un roman que j'ai néanmoins pris plaisir à lire.

 

Liana Lévi 2019.

L'avis d'Hélène