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28/02/2009

"La vie n'était-elle pas plus facile sans cette femme si difficile ? "

Une exposition rassemblant tableaux mais aussi  vêtements emblématiques de la célèbre Rachel Kelly, qui vient  de décéder brutalement, voilà le point de départ de  chacun des chapitres  du roman de Patrick Gale, Tableaux d'une exposition.
A  la présentation parcellaire ,et forcément lacunaire , de chacun des  éléments de  cette rétrospective,  répond le texte du roman qui explore au plus près l'univers d'une femme  fascinante, à la fois mère et épouse prédatrice , mais aussi passionnée, excentrique et  si vivante quand la  dépression la laissait tranquille. Une femme brûlée par son art et qui, bien involontairement , laissa derrière elle une famille déchirée . Cette famille possède  cependant un centre de gravité , un homme exceptionnel lui aussi : Anthony, le père et l'époux, sorte de roc inamovible, quaker qui sut aimer et protéger tous les siens .51Y6Ls5ZKWL._SL500_AA240_.jpg
Pas de portrait à charge cependant, Patrick Gale avec la sensibilté qu'on lui connaît  brosse ici le tableau d'une famille  dont les  enfants, très jeunes ,ont appris à composer avec la maladie de leur mère, et plus âgés ont eu du mal  à se confronter à son talent... Nous découvrons petit à petit les différentes facettes de  cette  femme qui refusait de parler de son passé.
Les rebondissements et les changements de point de vue rendent le récit si vivant et rapide qu'on ralentit le rythme  de lecture pour savourer un peu plus longtemps ce roman  qui vibrera longtemps en nous. A noter que l'auteur  réussit le pari ,si souvent raté, de nous faire voir les  tableaux de Rachel. Une réussite !

Un livre tout corné, évidemment.

 

Tableaux d'une exposition. Patrick Gale.  Belfond.360 pages fulgurantes.

27/02/2009

"Les enfants devraient se méfier beaucoup plus des adultes."

En bonne fille d'écrivaine, Léa, douze ans veut devenir...une star et pour ce faire, elle profite des vacances pour développer ses compétences. Finalement, aidée par les  conseils de sa mère, elle se met à  écrire un roman.Nous suivons donc  ce work  in progress qui tire partie du quotidien  de ce quartier chaleureux d'une ville belge où vivent une flopée  de femmes élevant seules leurs enfants.
Léa est une" petite sorcière qui voit  tout", la première à remarquer qui est amoureux de qui, car l'amour est un des grands sujest de préoccupation des femmes et de leurs enfants et il ne possède pas de date de péremption, ce qui va quelque perturber la  pré-adolescente : "Tous mes  repères semblaient s'effriter comme la pâte d'un crumble  sous les doigts d'une Hollandaise  sans scrupules." Toutes cette joyeuse tribu fait la fête pour un oui, pour un non, la solidarité se  joue du manque d'argent et les enfants regardent avec acuité , mais  non  sans humour, le monde  des adultes : "S'il  restait encore une  femme dans le  quartier à espérer que Thierry se  soit trompé sur son identité sexuelle, elle pouvait désormais ranger ses préservatifs."41K4XcnpriL._SL500_AA240_.jpg
On sent aussi une réelle complicité entre la mère et la fille, complicité qui ne tombe pas dans son aspect dévoyé, mère-copine,et qui éclaire ce roman d'une flamme joyeuse et optimiste. Un bon moment de lecture.
Ce roman se révèle être la suite du Rôle de Bart (lu en 2006 , pas de billet) mais  il n'est pas nécessaire d'avoir lu le premier pour apprécier le second.

 

Le square des héros, Eva Kavian, Le castor astral, 165 pages.

26/02/2009

"Dans ma cabane, j'étais une princesse.Sur le goudron, je suis une souillon."

Mi Zazie, mi Fifi, Ninon la débrouillarde  fréquente l'école en pointillés,  mais c'est la reine des fromages de chèvres qu'elle vend  sur  les marchés en compagnie de son père. La vie n'est pas toujours facile quand on met en pratique ses principes et la campagne n'est pas toujours très confortable quand l'argent manque. La séparation des parents de Ninon ne va pas arranger les choses mais la petite fille saura faire plier la réalité devant ses rêves...
Un roman de plus sur l'enfance ? Que nenni ! Maud  Lethielleux a su trouver un vrai ton, pétri d'humour et d'amour pour ses personnages, doux rêveurs qui savent retrousser leurs manches pour donner de la réalité à leurs songes. Les soucis,les tracas ne sont pourtant pas occultés (ah cette dangereuse Madame Kaffe !) mais sublimés par la vision résolument optimiste de  Ninon, petit brin de femme courageuse et tendre qui avance dans la vie le sourire aux lèvres, portée par l'amour indéfectible qu'elle porte à son père.
Alors, vite, dites-lui oui car la tendresse et l'humour sont au rendez-vous !maquetteninon_(Small).jpg

Quelques  citations au passage pour vous donner envie de découvrir le petit monde de Ninon :

"Raymond *préfère dormir  avec mon père parce que c'est lui qui a le permis, et Raymond veut être prévenu si on s'en va en voiture."

*Raymond, c'est le  chien !

"(un cadeau, c'est quelque  chose de rare qu'on te  donne  comme ça  sans raison parce que tu le mérites sans le savoir)"

"Ce jour-là, je  narguerai mes cauchemars de nuit à coup de balai et à grande eau et basta."

"Le vrai bonheur, ça  n'a  rien à  voir avec une  robe cerise.Le vrai bonheur, , il se compte dans la  tête, il est invisible, il est dans l'instant du présent, c'est comme une conjugaison qu'on n' a rien compris, il ne se conjugue pas au futur imparfait, il est parfait d'ailleurs, il est toujours là où  on s'y attend pas, il faut juste ouvrir ses yeux."

 

Dis oui, Ninon.Maud Lethielleux. Stock.245 pages qui fleurent  bon le bonheur ! A paraître le 4 mars. L'AVIS DE MARIE

Le blog de l'auteure

 

L'avis de LilY


25/02/2009

"La violence réprimée s'est transformée en guerre contre les femmes. Une guerre qui ne connaît ni règle ni limite."

Clare Hart, à la fois journaliste et profileuse ,enquête sur le trafic des femmes en Afrique. Parallèlement, elle va collaborer avec la police pour découvrir l'identité d'un tueur en série qui s'en prend à de très jeunes femmes de Cape Town.
Plongée dans le monde de l'industrie du sexe sud-africaine Les captives de l'aube est un roman n même s'il souffre de quelques défauts mineurs. On se demande  par exemple comment l'héroïne est devenue profileuse (mais peut être allons-nous l'apprendre dans un prochain volume). En outre la résolution de l'enquête doit autant aux informateurs arrivant fort à propos qu'aux talents conjugués des policiers et de la journaliste.41vmi0mVcwL._SL500_AA240_.jpg
Abstraction faite de cela, Margie Orford sait habilement tisser les liens  entre le passé et le présent, donner de la chair à ses personnages tout en glissant au passage quelques unes de ses convictions concernant la violence faite aux femmes, en bonne journaliste d'investigation qu'elle est, sans pour autant alourdir le récit.
Loin de la profileuse à l'intelligence aiguë et quasi désincarnée que l'on rencontre chez Andrea Japp (et dont j'avoue m' être lassée), Clare Hart se montre beaucoup plus humaine et donc forcément plus touchante. J'attends déjà avec impatience la suite de ses aventures qui savent montrer la violence sans voyeurisme complaisant.

24/02/2009

Sans doute n'ai-je pas le pied marin...

En 1761, L'Utile, qui transportait une cargaison clandestine  d'esclaves,  fait naufrage sur une île inhospitalière . La cohabitation s'organise jusqu'à  ce qu'un  bateau soit construit. Faute de place ,on laisse les esclaves . On ne reviendra les chercher que quinze ans plus tard...51SKTGemUBL._SL500_AA240_.jpg

Parce que lire doit être un plaisir , parce que je ne supporte pas  d'être freinée, frustrée  dans mon élan de lectrice, j'abandonne au tiers la lecture  des  Naufragés de l'île Tromelin.
N'est pas en cause ici le style d'Irène Frain , tour à tour poétique et précis, même si j'avoue avoir été gênée par la cohabitation de mots désuets et de tournures plus modernes (voire familières) , "dégoisant" voisine ainsi sur la même page avec "un petit coup de pompe". Non ce qui a vraiment cassé mon élan , après une début très lent mais  nécessaire pour bien mettre  en place le décor  de cette île si particulière , marquée par la cruauté et l'acharnement, est cette irruption du réel et des documents historiques auxquels l'auteure  se réfère. Que ce texte soit basé sur une enquête minutieuse, je l'ai admis une fois pour  toute et je n'ai pas envie qu'on vienne me mettre les preuves sous le nez; le travail de déduction , savoir quels indices mènent à  découvrir l'identité de  l'auteur anonyme d'un des rares documents concernant ce naufrage, ne m'intéresse pas outre mesure , j'ai plutôt envie de découvrir le récit de cette incroyable aventure, sans cesse différé.

Irène Frain. les naufragés de l'île Tromelin. Michel  Lafon.372 pages.

Merci à Suzanne de Chez les filles pour  cet envoi.

"Elle se fait des coiffures de rien, des chignons de vent..."

"Dans ce  bureau, ils sont chez eux, les mots.". Ce bureau ? Celui du psychanalyste. Là où se vivent de drôles de saynètes ,oscillant entre drame et comédie, là où certains mots sont inaugurés, "des nuées de mots nichés dans les tentures et qui disent la tristesse, l'effroi...Qui disent  des  choses qu'on ne s'imaginait  pas capable de penser." des mots resurgis du passé et avec lesquels  on se débat, des mots qui griffent ,des mots qui tuent.couv-un-dimanche-au-bord-de-lautre-fraancoise-guerin-1.1235070345.jpg
Passant avec virtuosité de la comédie, avec des échos de Raymond Devos, au roman noir (on retrouve souvent la  "patte" de l'auteur de roman policier qui vous expédie un personnage ad patres sans barguigner ), Françoise Guérin explore avec aisance toutes les facettes de l'âme humaine. On pourrait lui reprocher parfois un peu de facilité dans les thèmes abordés: "Jolis soucis" passé la première surprise de l'interlocuteur de la narratrice s'avère plutôt convenu, mais à côté de cela nous trouvons de véritables moments d'émotion qui tordent le coeur . Ainsi "Ça va bien se passer...", ma nouvelle préférée ,qui ,tant par le style que par la conclusion, réconfortante et chaleureuse, nous emmène au coeur d'un drame trop longtemps étouffé.
L'écrivain donne aussi la parole aux soignants, ces "Garde-fous" harassés qui explosent parfois :  "Mes peurs, mes colères,  la violence de la maladie et celle d'une société qui nous confie les plus fragiles d'entre les siens sans nous donner  les  moyens de les soigner.(...) Pourquoi faudrait-il que la santé soit  rentable ? Est-ce que la schizophrénie est rentable? Est-ce qu'un tremblement  de terre est rentable ? " .Les mots s'avèrent parfois insuffisants et laissent alors la place aux larmes ...

12 nouvelles indépendantes et ,en fil rouge, un personnage, Mireille,qui ,avec verve et sensibilité ,revient entre chaque faire le lien et terminer le recueil sur une pirouette ironique...Un  recueil  où se donne à voir toute la virtuosité de Françoise Guérin.

 

Un dimanche au bord de l'autre. Francçoise Guérin. Atelier du gué. 126pages.

le site de l'auteur.

l'avis de Cuné.

23/02/2009

Un compagnon de cheminée

"Nous ne pouvons rendre heureux quelqu'un qui ne nous rend pas heureux."Telle est l'une des réflexions que se fait le Dr David Mc Bride lors d'un de ses entretiens avec l'une de ses patientes, admise dans son service après une tentative de suicide,Elizabeth Cruikshank. Cette dernière n'acceptera de lui livrer sa Part obscure qu'après une allusion à un tableau du Caravage. Commence alors une relation, où Elizabeth, jouant le rôle de catalyseur, va totalement bouleverser la vie du Dr Mc Bride.51Dx1fTTPgL._SL500_AA240_.jpg
Le roman de Salley Vickers, professeur de littérature et psychanalyste, est centré sur les entretiens entre le psychiatre et sa patiente, comme un foyer ardent autour duquel gravitent des personnages à la fois drôles et attachants, qu'ils soient patients eux aussi ou collègues. Les entretiens sont passionnants car ils abordent des thématiques qui nous parlent forcément : la difficulté que nous avons à changer de vie ,  à accepter la vérité de nos rapports avec les autres, la nécessité d'un regard extérieur pour comprendre ce qui nous unit aux autres... Il est plaisant de voir que le Dr Mc Bride, dans son désir de sauver les autres ,n'est pas capable de voir ce qui se passe sous son nez,mais la manière magistrale dont il réagira le fait encore grandir dans notre estime. Il ne se montre jamais borné mais profondément humain, jusque dans ses erreurs,et sait même reconnaître la supériorité d'un petit déjeuner roboratif sur n'importe quel traitement ou utiliser des maximes de la tante d'un de ses patients !
Alternant humour et émotion, La part obscure mène également une réflexion sur les rapports entre l'art et la vie, jamais de manière pédante ,mais toujours passionnante  et l'on se prend à envier aussi bien les élèves que les patients de cette auteure.
Mon exemplaire a battu le record de pages cornées et ce depuis les deux ans et demi d'existence de ce blog ! Un livre intelligent et qui résonnera longtemps en moi.

22/02/2009

Taguée ! Et je deviens verte, blanche...

Parce que je ne prends jamais de photos et que je ne sais pas ce que contiennent  mes dossiers , la surprise sera donc totale...Antigone !

Le principe ? aller chercher la sixième photo de notre dossier images sur notre PC, ou la sixième photo du sixième fichier - puis taguer six autres personnes.

Amadou & Mariam.jpgLe festival des nuits secrètes 2007 ! Sur scène  : Amadou et Mariam ! Si vous les aviez reconnus, vous êtes trop forts !

Allez je tague : Cuné, Bellesahi (dont c'est la fête aujourd'hui !), Laure (qui va avoir plein de belles photos à nous montrer, j'en suis sûre),Val, Marguerite et Ptitlapin !

21/02/2009

Petits miracles littéraires en une semaine

1/Repérer un livre qui vient juste de sortir  et ...le  trouver dans sa boîte à lettres au retour d'une journée de  travail...coïncidence-étincelle...

2/Proposer à un élève qui a  terminé son examen "blanc" un magazine , faire d'une pierre deux coups et réussir  à prêter "Vigule" consacré au roman et Enfants perdus, d'Arnaud Rykner. Et deux élèves absorbés par leur lecture, deux ! Bon, le lecteur du roman n'a  rien compris au texte et me l'a rendu, mais au moins il a réussi l'exploit de lire une dizaine de pages, d'un livre pas facile d'accès,  qui fait tout pour tenir le lecteur à distance....ça met du baume sur mon égo tout desséché  de prof...41yF3IwkR+L._SL500_AA240_.jpg

3/ Tirer de son mutisme ma libraire "préférée" en lui demandant un livre (dont je vous parlerai bientôt), dont le titre l'intrigue et du coup je découvre qu'elle est bien un être humain qui sait poser des questions, manifester de l'intérêt et non pas juste débiter quelques formules toutes faites...

4/ Gagner un livre grâce à un questionnaire dont j'avais perdu tout souvenir...Poser  le livre dans un endroit stratégique (les toilettes pour être claire), genre" si ça continue,je  vais m'y mettre" et attendre que la menace  sous-entendue fasse effet...

Jusqu'à  présent ça ne41Wys2JpfuL._SL500_AA240_.jpg fonctionne pas : la salle de bains n'est toujours pas finie, pas plus que...mais la liste serait trop longue ! De toutes façons, on parlait de miracles  littéraires pas de miracles tout courts!
Je vais quand même m'acheter un marteau comme conseillé... pour casser  les vitres  de ma voiture en cas d'accident  et de coinçage à l'intérieur...Un peu claustro la fille...Mais  comme j'en veux un fleuri, ça va pas être de la tarte!  Je sais  ça n'a  aucun intérêt mais de  temps en temps, j'aime bien me lancer dans une quête  impossible...

 

Et vous, avez-vous le souvenir de petits miracles liés aux livres ?

20/02/2009

"Une inversion de la vie en plein milieu, comme une conclusion prématurée..."

Récit d'une histoire familiale marquée par une  forme précoce de la maladie  d'Alzheimer, L'histoire de l'oubli alterne les points de vue d'un grand-père et de son petit-fils qui ignorent tout l'un de l'autre.51VsK1--IjL._SL500_AA240_.jpg

N'ayant aucun goût pour les récits allégoriques, j'ai  allègrement passé  l'histoire  d'Isidora, lieu mythique,  légende familiale qui  va rétablir le lien entre les membres de cette famille que la maladie et les secrets ont fait éclater.

Bardé de commentaires  dithyrambiques, ce premier roman est certes un bon roman mais il ne confine pas au génie. J'y ai retrouvé une atmosphère déjà rencontrée dans d'autres romans américains et seul le thème de l'oubli m'a paru original. Le style est agréable  et fluide.

Merci à Laure , qui elle a beaucoup aimé et me l'a gentiment prêté, et à  Cuné qui me l'a transmis.