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12/09/2023

Le plus beau métier du monde

"M'sieur, on a discuté entre nous et on préfère être honnêtes avec vous: on n'aime pas trop les notes que vous nous mettez en ce moment. "

Ils confondent "sextoy" et "sextant", aimeraient pour certains "trop savoir ce que ça fait d'avoir la moyenne", vivent dans un quartier de Marseille où le service d'ordre des trafiquants  de drogue assure la protection du lycée ... Mais ils rêvent aussi d'une carte de séjour , de pouvoir vivre en France . "Ils", ce sont les élèves de Dominique Resch, prof depuis trente ans dans un lycée professionnel des quartiers nord de Marseille et très heureux visiblement de cet état de fait.
Une belle complicité se lit entre lui , ses élèves et leurs parents, puisque certains d'entre eux, au courant de ce projet de BD n’hésitent pas à demander "Sinon, pour votre BD, c'est bien ce qu'on vient de vous dire ? "dominique resch
Les dessins d'Eric Doxat contribuent à distiller une belle énergie , tout en  soulignant de manière discrète mais efficace les moments plus dramatiques.
Voilà qui regonflera peut-être le moral des enseignants qui s reconnaîtront sans doute dans pas mal de situations.

Merci à l’éditeur et à Babelio.

 

Éditions Vuibert 2023.

09/05/2023

Les cerveaux de la ferme: Au coeur des émotions et des perceptions animales

  Il faut savoir passer outre les blagues à deux balles du narrateur (je ne suis visiblement pas le cœur de cible car beaucoup de lecteurs les ont appréciées) pour savourer cette BD de vulgarisation scientifique, par ailleurs  fort bien étayée de références scientifiques, garantissant le sérieux des propos.
  Pour les curieux et curieuses de mon espèce, cet ouvrage est une mine de découvertes concernant aussi bien les poules ( des pros du morpion) , les vaches, les moutons, les cochons ou les chèvres. sébastien moro,layla benabid
Très bien organisée, cette BD envisage leur perception du monde, leur façon de réfléchir, leurs émotions, leur façon de communiquer, leur façon d'apprendre les un.e.s des autres , sans oublier leurs sociétés. Le tout illustré avec tendresse et humour. Un pur régal à découvrir d'urgence.

Merci à Babelio et à l'éditeur , La Plage.

07/06/2022

Soixante printemps en hiver

"- Quand les vieux maris quittent leur femme, on les comprend, on leur trouve toutes sortes d'excuses. Mais quand ce sont les femmes...
- Nous sommes les sorcières qui broient les cœurs et brisent les familles... "

Le jour de son soixantième anniversaire, Josy quitte son mari, devenu juste un compagnon, ses enfants et petits enfants et s'embarque dans son vieux combi VW.Aimée De Jongh, Ingrid Chabbert
Ce n'est pas dans un road-trip qu'elle se lance mais bien dans la reconquête de la sa liberté, nonobstant le harcèlement téléphonique  de ses enfants et leur volonté de la faire culpabiliser. Mais Josy , via des rencontres qu'elle n'aurait jamais pu faire en restant dans le rôle  qui lui était dévolu par les siens, va se tourner vers la sororité avec des femmes qui ont su s'affranchir elles aussi des diktats de la société et/ou rebondir face aux aléas de la vie. Une bande dessinée qui montre aussi avec beaucoup de douceur et de délicatesse le corps vieillissant des femmes et ne fait pas l'économie de leur sexualité et de la tendresse qui peut se vivre entre elles à tout âge.

Ed. Dupuis 2022

 

21/01/2022

#Amalia#NetGalleyFrance !

"Pour que la vie soit meilleure, il suffit parfois de lui laisser le temps. "

Jonglant entre sa petite fille de quatre ans, sa belle-fille de dix-sept (ses humeurs en dents de scie et son addiction aux youtubeuses beauté), son boulot où l'on lui demande d'être agile et élastique (les nouveaux concepts à la mode), Amalia s'épuise. aude picault
Certes, son compagnon met la main à la pâte, mais les nouvelles anxiogènes , la terre qu'on maltraite , sans compter une pandémie qui apparaît en pointillés,  tout cela fait qu'un jour le corps d'Amalia dit : "Stop"
Diagnostic de la médecin consultée en visio : "Vous faites une intolérance au rendement. "
Petit à petit, non seulement l'héroïne, mais tout son entourage vont modifier leur façon de voir, leur façon d'agir, chacun à leur échelle.  La nature, via une fougère ou une variété de blé vont les y aider , sans oublier certains proches.
Tout en douceur, tant au niveau des couleurs que du graphisme, Aude Picault brosse un portrait réaliste de notre société. On pourrait lui reprocher de ne pas montrer avec suffisamment de violence ce que peut être l'épuisement d'Amalia , d'édulcorer la situation, mais pourquoi rajouter de la noirceur là où il y en a déjà assez ?
 Dargaud 2022. aude picault

 

06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : aude picault

28/06/2021

L'oasis

"Un véritable jardin de cocagne ! "

Il n'y connaissait pas grand chose en jardinage , mais Simon Hureau a pris le temps d'expérimenter et de faire la part-belle aux insectes, aux oiseaux et de manière plus générale à la nature pour redonner vie à ce qu'on ne pouvait pas encore appeler un jardin mais au mieux un "extérieur" plutôt tristounet et en friche.simon hureau
Luttant contre ce qu'il appelle le béton vert , comprendre ces haies uniformes et sans vie de thuyas et autres cotonéasters,  il observe, part des plantes qu'il trouve sur place, récupère, échange et peu à peu la vie revient, créant ainsi l'oasis du titre.
J'ai particulièrement apprécie la non-lutte contre les insectes, l'envie de partager les fruits de son labeur avec les oiseaux et autres animaux peuplant ce mini-éden. Pas de lutte acharnée, pas de volonté de maîtriser la nature, juste l'envie de s'y accorder.
Les magnifiques illustrations de papillons, d’insectes et de manière plus générale du jardin sont un enchantement dont on ne se lasse pas . Et zou, sur l’étagère des indispensables.

20/05/2019

J'peux pas j'ai chimio

Bêtisier: les Enfoirés (extrait):"-J't'embrasse pas, mon système immunitaire est en chute libre !

-Non mais vas-y . J'ai pas peur de l'attraper !"

Une BD sur le cancer qu'on termine toute tourneboulée mais néanmoins le sourire aux lèvres ? Oui ! Pari brillamment tenu par les auteures qui ont su trouver le ton juste (ni doloriste, ni optimiste façon forcené) pour évoquer les différentes étapes, de l'angoisse des résultats d'analyse à la rémission, en passant par les phases de "grotte" où la fatigue et la déprime mènent le bal( mais c'est pour mieux remonter ).alexandra brijatoff,camille happenot,cancer,humour
Avec humour, tendresse et bienveillance, elles évoquent aussi les proches, les soignants souvent au bord du burn out, les attentes interminables, mais aussi la solidarité et les remèdes plus ou moins fantaisistes, chacun essayant d'aider comme il peut.
Revitalisant !

Marabulles 2019.

Merci à l'éditeur et à Babelio.alexandra brijatoff,camille happenot,cancer,humour

 

23/04/2019

Le retour à la terre. 6. Les métamorphoses

" "Pinson Larssinet" ça sonne bien je trouve...C'est gai. Mariette aimerait un prénom plus classique. Mais "Moineau" je trouve ça trop banal."

Quel plaisir de retrouver Manu, Mariette, Pupuce et surtout tous les habitants hauts en couleurs de leur voisinage, Madame Mortemort  en tête !jean-yves ferri,manu larcenet
Chacun d'entre eux, à son échelle, va connaître une métamorphose, même si certains, Manu en tête, sont dans le déni. Il faut voir Madame Mortemort s'initier au téléphone portable et à la domotique, détourner d'une manière à la fois naïve et logique les émoticônes.
En arrière-plan, les humeurs de Manu sont traitées de manière beaucoup moins noire que dans la BD sur laquelle il travaille :"Plast". BD qui cause aussi du souci à son éditeur, d'où l'envoi d'un vaillant émissaire qui part, équipé de pied en cap, affronter les "riantes" contrées campagnardes.
Le volume 6 du retour à la terre est irrigué de figures aviaires, Manu devenant lui-même une figure de père oiseau donnant la becquée à sa famille, qui insufflent à la fois légèreté et tendresse aux scènes. Un univers bucolique  à l'humour subtil dans lequel le lecteur se plonge avec délices.

26/11/2018

Les grands espaces

"Le mot le plus souvent prononcé à la maison était probablement le mot "bouture".

 Placé sous les auspices de Pierre Loti, Marcel Proust ou encore George Sand, la BD De Catherine Meurisse qui revisite son enfance à la campagne fleure bon à la fois la littérature et la verdure.catherine meurisse
Tout s'entremêle ici avec grâce et humour. On ne tombe pas dans une nostalgie sirupeuse, mais on se balade entre dénonciation des politiques agricoles erratiques, création de musées en herbe , nain de jardin qui parle et naissance d'une carrière de caricaturiste via le croisement entre une chèvre et Ségolène Royal...
Les dessins sont magnifiques et méritent d'être contemplés en détails. L'auteure s'amuse aussi à réécrire certains poèmes (sources mentionnées à la fin) et on prend un énorme plaisir à cette lecture revigorante.

Indispensable, bien sûr et une très belle idée de cadeau.

 

Dargaud 2018

01/11/2018

Culottées ...en poche

"Accepte le fait que tu es beaucoup plus que tu penses être." Cheryl Bridges (athlète)

 Un énorme merci à Pénélope Bagieu qui avec  ces Culottées nous présente avec humour et délicatesse des femme connues ou pas (j'en ai découvert une flopée),originaires d'Europe, d'Amérique du Nord ou du Sud mais aussi d'Inde, d'Afrique ou d'Afghanistan.pénélope bagieu
Contemporaines ou non, elles ont pour point commun d'avoir dû lutter pour imposer leurs idées dans un monde d'hommes, lutter pour obtenir leur liberté,leur singularité ,lutter pour vivre tout simplement
.Nous en connaissons certaines, mais pas forcément sous tous leurs aspects. Ainsi Hedy Lammar, sex- symbole par excellence (elle a été l'héroïne totalement dénudée du film "Extase" en 1931 à l'âge de 17 ans) a-t-elle été à l'origine de plusieurs inventions, d'abord méprisées par l'armée américaine (une actrice, pfff)!J
J'ai particulièrement été touchée par la très discrète Giorgina Anzulata, (1908-2001) qui, avec très peu de moyens, mais beaucoup de bonnes volontés,  a réussi à sauver un phare de l'ensablement.  Quant au parcours de de la jeune rappeuse afghane Sonita Alizadeh qui a réussi à échapper à plusieurs mariages forcés , il est marqué par la réification du corps des femmes, qui n'est envisagé que comme marchandise.
Pénélope Bagieu ne se gêne pas pour tacler au passage certains hommes célèbres. Ainsi Haroun Tazieff qui , à plusieurs reprises rabaissa le travail des volcanologues Katia et et Maurice Krafft ou de souligner au passage que c'est sous Barack Obama que l'avocate Jesselyn Radack se retrouva au cœur d'un véritable cauchemar car elle avait été une lanceuse d'alerte.
C'est donc tout un panel de femmes courageuses, intelligentes et inventives qui s'offre à nous, de quoi offrir de beaux exemples à nos filles et garçons.pénélope bagieu

  • Pénélope Bagieu a réalisé ici une œuvre d'utilité publique en nous offrant tous ces modèles valorisants de femmes.

Attention mon billet évoque les 2 tomes de la version initiale. Dans la version poche, le tome 1 est en deux volumes.

06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pénélope bagieu

14/05/2018

L'une d'elles

"découvrir que vous n'êtes pas en sécurité jusque dans votre propre corps est profondément traumatisant...hélas"

 

Una, dix ans en 1975, vivait à proximité de la région où a sévi entre 1975 et 1980 celui qui avait été surnommé l’Éventreur du Yorkshire. una
Celle qui a dû se réinventer une identité pour sortir des traumatismes qu'elle a subis à cette époque,suite à différentes agressions sexuelles, met ici en parallèle, sous forme de roman graphique, son propre parcours et la traque longtemps inefficace, car faussée par les a priori de la police, de celui qu'on croyait un monstre et qui n'était qu'un homme ordinaire.
Elle met ainsi à jour les différentes formes de la violence masculine qui peut s'exercer,quasi en toute impunité, sur le corps des femmes.
Pratiquant beaucoup l'ellipse et les envolées oniriques par le biais de dessins très évocateurs, Una dépeint aussi très précisément la sidération face à l'agression sexuelle ,ainsi que l'impossibilité de mettre des mots sur des actes inappropriés quand on ignore tout de la sexualité. Un parcours de résilience profondément émouvant.

 

merci à Babelio et aux Éditions ça et là.

06:05 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : una