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18/05/2022

Un colosse...en poche

"Jean-Pierre sera glorieux, mais il continuera à travailler la terre."

Jean-Pierre Mazas naît dans le sud-ouest de la France en 1847 et ne commence à grandir de manière démesurée qu'à partir de 16 ans . Ce gigantisme facilité sa tâche de laboureur mais bientôt il deviendra aussi lutteur et sa notoriété dépasseras frontières.pascal dessaint
Pascal Dessaint, délaissant le roman noir, se penche ici sur une destinée hors-normes, celle d'un homme qui finira phénomène de foire  et curiosité scientifique dans un monde qui évolue très rapidement par certains côtés, mais conserve aussi certains vestiges du passé.
Le romancier mène l’enquête, rétablit quelques vérités et/ou approximations et peint un tableau plein de vie d'une société qui exhibe sans honte ceux qu’elle considère comme des monstres. C'est donc l'histoire d'un corps, mais aussi d'un paysan, tous deux voués à un destin tragique que nous propose Pascal Dessaint.Un récit court, un peu plus de 120 pages, mais dense.

10/05/2021

Un colosse

"Jean-Pierre sera glorieux, mais il continuera à travailler la terre."

Jean-Pierre Mazas naît dans le sud-ouest de la France en 1847 et ne commence à grandir de manière démesurée qu'à partir de 16 ans . Ce gigantisme facilité sa tâche de laboureur mais bientôt il deviendra aussi lutteur et sa notoriété dépasseras frontières.pascal dessaint
Pascal Dessaint, délaissant le roman noir, se penche ici sur une destinée hors-normes, celle d'un homme qui finira phénomène de foire  et curiosité scientifique dans un monde qui évolue très rapidement par certains côtés, mais conserve aussi certains vestiges du passé.
Le romancier mène l’enquête, rétablit quelques vérités et/ou approximations et peint un tableau plein de vie d'une société qui exhibe sans honte ceux qu’elle considère comme des monstres. C'est donc l'histoire d'un corps, mais aussi d'un paysan, tous deux voués à un destin tragique que nous propose Pascal Dessaint.Un récit court, un peu plus de 120 pages, mais dense.

 

Rivages 2021.

05/05/2021

L'horizon qui nous manque...en poche

"Chacun connaît de ces moments maladifs, comme à battre des bras et des jambes dans la semoule, comme à essayer de s'accrocher aux lambeaux de son existence, et les paroles perdent en logique et en sens, et les gestes semblent indépendants de toute conscience."

Dans un espace naturel , miraculeusement préservé, entre Dunkerque et Gravelines, trois marginaux tentent de cohabiter. Le premier installé, Anatole, retraité, fabrique des oiseaux de bois flotté, supposés être des leurres destinés à la chasse.La deuxième, Lucille, institutrice en rupture avec l’Éducation Nationale, est désabusée depuis le démantèlement de la jungle de Calais où elle s'était investie auprès des migrants. Quant au dernier, Loïk, il est bien trop imprévisible pour ne pas retomber dans ses anciens travers qui l'ont déjà mené derrière les barreaux.pascal dessaint
Même si la fraternité existe entre ces personnages qui partagent un goût certain pour Jean Gabin, on est bien loin  de l'esprit d'Ensemble c'est tout . Ici, la tension est quasi permanente et l'on sent bien, entre une tournée de moules-frites ou un concours improvisé de décorticage de crevettes, que tout peut basculer sur un malentendu car "Quand il n'y a plus rien à gagner, on peut continuer à tout perdre...".
Un roman noir, ponctué de chansons des  Rubettes et autres Mike Brant, où l'on arpente les plages du Nord, où l'on suit une chouette, où l'on découvre ce qui fait la culture populaire d'un territoire marqué par l'Histoire , l’industrialisation et la crise économique. Du grand Dessaint.

03/06/2020

Vers la beauté, toujours !

"Je marche parce que j'ai de l'espoir. Je marche avec espoir plutôt. Je marche parce que ça me semble encore un motif d'espérer. Je marche parce que ça me permet de côtoyer une nature qui est encore sauvage. A certains endroits, ainsi, je ne peux céder au complet désespoir, penser que tout est en grande part fichu. Je chasse de mon esprit les océans de plastique, les forêts incendiées, les catastrophes industrielles, les espèces qui s'éteignent."

Avec un tel cri de ralliement comment ne pas emboîter le pas de Pascal Dessaint, auteur de romans noirs mais  aussi naturaliste passionné ?
Nous l’avons connu plus sombre , nous le retrouvons avec bonheur, lucide mais exaltant la beauté de la nature, le plaisir de la marche, seul , en famille ou avec des amis ,écrivains souvent. Mais s''il nous fait partager un peu de son intimité, il conserve jalousement , et c'est bien compréhensibles les localisations précises de ses balades.pascal dessaint,marche,nature
Trimballant son carnet car "Le carnet a ses avantages, en dehors du souci maniaque de noter tout ce qu'on a vu et de croire que c'est utile, voire scientifique de s'en souvenir. Le carnet permet de mieux supporter les hivers rigoureux, les nuits interminables et les loups qui hurlent autour de soi.On feuillette le carnet. Oh! La feuille séchée d'un hêtre glisse des pages ou la facture froissée d'un fameux gîte où l'on a fait bombance. Le gîte de Lesclun, dis donc, il faudra y revenir ! On tourne ces pages fort instructives et tout remonte, la musique des sources, les belles images et les parfums subtils. et on se remet à marcher dans sa tête. C'est fantastique ! ", il s’inscrit ainsi dans la belle lignée des écrivains-marcheurs qui partagent avec générosité leurs plaisirs mais aussi leur consternation face aux comportements aberrants de gens supposés être sensibles à la beauté du monde mais qui y laissent leurs cochonneries.
 Pourtant, oiseaux, vaches, plantes, effort physique, bon repas, tout fait sens, tout engendre du bonheur, revigore le corps et l'âme.
Pascal Dessaint distingue aussi les différentes sortes de marche et analyse avec précision les rapports entre l'écriture et sa pratique de la randonnée, la nécessité de "ressentir un lieu".
L'humour est aussi au rendez-vous, le marcheur un peu fatigué n'hésitant à pas invoquer le passage d'un oiseau pour provoquer une petite pause bienvenue...
Bref, vous l'aurez compris, Vers la beauté, toujours ! est un livre riche, généreux, piqueté de marque-pages qui nous rappelle au passage que s'il pleut on peut toujours marcher dans son lit,  j'ajouterai :avec en mains un bon bouquin de Pascal Dessaint , par exemple ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !

 

Vers la beauté, toujours ! Un grand coup de cœur et une maison d'édition à découvrir : La Salamandre: clic

et reclic

 

30/09/2019

L'horizon qui nous manque

"Chacun connaît de ces moments maladifs, comme à battre des bras et des jambes dans la semoule, comme à essayer de s'accrocher aux lambeaux de son existence, et les paroles perdent en logique et en sens, et les gestes semblent indépendants de toute conscience."

Dans un espace naturel , miraculeusement préservé, entre Dunkerque et Gravelines, trois marginaux tentent de cohabiter. Le premier installé, Anatole, retraité, fabrique des oiseaux de bois flotté, supposés être des leurres destinés à la chasse.La deuxième, Lucille, institutrice en rupture avec l’Éducation Nationale, est désabusée depuis le démantèlement de la jungle de Calais où elle s'était investie auprès des migrants. Quant au dernier, Loïk, il est bien trop imprévisible pour ne pas retomber dans ses anciens travers qui l'ont déjà mené derrière les barreaux.pascal dessaint
Même si la fraternité existe entre ces personnages qui partagent un goût certain pour Jean Gabin, on est bien loin  de l'esprit d'Ensemble c'est tout . Ici, la tension est quasi permanente et l'on sent bien, entre une tournée de moules-frites ou un concours improvisé de décorticage de crevettes, que tout peut basculer sur un malentendu car "Quand il n'y a plus rien à gagner, on peut continuer à tout perdre...".
Un roman noir, ponctué de chansons des  Rubettes et autres Mike Brant, où l'on arpente les plages du Nord, où l'on suit une chouette, où l'on découvre ce qui fait la culture populaire d'un territoire marqué par l'Histoire , l’industrialisation et la crise économique. Du grand Dessaint.

Rivages 2019, 218 pages iodées.

 

20/09/2018

Un homme doit mourir ...en poche

"- Il y a des gens et des idées qui sont comme des larves dans l'écorce des beaux arbres."

Boris, naturaliste, rédige des rapports de contre-expertise destinés à favoriser les projets industriels controversés . Le dernier en date ? Celui d'une installation d'unité de stockage de matières dangereuses dans une les Landes, là où vit une espèce rare de libellule.S'il a vendu son âme au diable, Boris entretient paradoxalement de bonnes relations avec Pépé, odonatologue passionné, opposant bien décidé à faire de cet endroit une Zone A Défendre.pascal dessaint
Un peu plus loin, une villa cossue défie la Nature et les lois littorales. Son propriétaire, homme d'argent et de pouvoir, y a convoqué deux de ses amis , tout aussi peu scrupuleux que lui.
Entrelaçant avec virtuosité les intrigues, Pascal Dessaint  fait la part belle à la Nature, sans pour autant négliger le côté noir de son roman. La tension monte au fur et à mesure que s'annonce une tempête et que se révèlent les enjeux.
Les personnages ne sont ici en rien caricaturaux. Complexes et riches d'humanité, ils s'interrogent sur les liens qu'entretiennent les hommes , les végétaux et les animaux, sur la nécessité  qui peut paraître dérisoire de préserver certaines espèces, constatent les vertus de la nature sur les tourments humains.
Un peu plus apaisé, l'auteur n'en perd pas pour autant son regard acéré, aussi prompt à identifier un oiseau qu'à dénoncer les hypocrisies de nos sociétés. Du grand Dessaint , tant par le style que par les réflexions qui émaillent le roman, sans jamais l'alourdir.

27/09/2017

Un homme doit mourir

"- Il y a des gens et des idées qui sont comme des larves dans l'écorce des beaux arbres."

Boris, naturaliste, rédige des rapports de contre-expertise destinés à favoriser les projets industriels controversés . Le dernier en date ? Celui d'une installation d'unité de stockage de matières dangereuses dans une les Landes, là où vit une espèce rare de libellule.S'il a vendu son âme au diable, Boris entretient paradoxalement de bonnes relations avec Pépé, odonatologue passionné, opposant bien décidé à faire de cet endroit une Zone A Défendre.pascal dessaint
Un peu plus loin, une villa cossue défie la Nature et les lois littorales. Son propriétaire, homme d'argent et de pouvoir, y a convoqué deux de ses amis , tout aussi peu scrupuleux que lui.
Entrelaçant avec virtuosité les intrigues, Pascal Dessaint  fait la part belle à la Nature, sans pour autant négliger le côté noir de son roman. La tension monte au fur et à mesure que s'annonce une tempête et que se révèlent les enjeux.
Les personnages ne sont ici en rien caricaturaux. Complexes et riches d'humanité, ils s'interrogent sur les liens qu'entretiennent les hommes , les végétaux et les animaux, sur la nécessité  qui peut paraître dérisoire de préserver certaines espèces, constatent les vertus de la nature sur les tourments humains.
Un peu plus apaisé, l'auteur n'en perd pas pour autant son regard acéré, aussi prompt à identifier un oiseau qu'à dénoncer les hypocrisies de nos sociétés. Du grand Dessaint , tant par le style que par les réflexions qui émaillent le roman, sans jamais l'alourdir.

31/03/2016

Le chemin s'arrêtera là...en poche

"Parfois,  c'est à se forger la certitude que quelqu’un en coulisse complote contre vous, s'obstine à faire de votre vie une comédie absurde."

Il n'y a pas que l'air qui soit vicié dans ce microcosme, cinglé par le sable, où le vent "mugit dans l'acier", paysage post-industriel traversé par d’énormes minéraliers.
"Condamnés à survivre" dans ce lieu mortifère, des êtres ,dont les destins sont liés sans qu'ils le sachent toujours, vivent loin des regards qui pourraient les contraindre à "contrôler [leurs] humeurs." Ils ne peuvent que constater : "Nous nous faisons du mal . Nous ne savons pas nous faire du bien . Nous n'y avons pas été habitués.  Et puis l’ambiance n'est pas favorable."pascal dessaint
Certains vont même plus loin et,particulièrement monstrueux, pratiquent une fausse logique pour justifier leurs débordements. L'humour noir vient  ainsi alléger quelque peu l'atmosphère plombante . Ainsi, un personnage se creuse la tête pour identifier, parmi la longue liste de ses méfaits, celui qui pourrait être connu et , bien évidemment, "oublie" celui qui lui paraît le plus normal. Ou bien encore quand il se compare à un autre qu'il détecte aussitôt comme étant : "Un vicelard, j'ai tout de suite compris parce que j'en suis un moi même . Je les flaire de loin et ça aiguise une sorte d'envie de compétition. Je ne crois pas aux signes que la Nature  pourrait nous envoyer mais ça devait être un vicelard doublé d'un malfaisant."
La Nature est elle -même bien malmenée dans cet univers saturé à la fois par la pollution et la cruauté des hommes. Seul un faucon parvient encore à faire rêver un adolescent, symbole d'un ailleurs auquel il pourrait, peut être, encore aspirer.
Atmosphère lourde, quasi asphyxiante, voire de fin du monde, personnages monstrueux ,on pense à Goya, au film Delivrance, mais bien vite ces références s'estompent car si Pascal Dessaint fore encore plus loin dans la noirceur, ce n'est jamais de manière complaisante mais avec une grande maîtrise dans la narration (chorale) et le style. Il peint un paysage et ses habitants "coincés de ce côté du vilain monde", broyés par la crise, mais chez qui subsiste néanmoins , pour certains d'entre eux, une vraie humanité. De quoi retrouver un peu d'air in extremis ! Du grand art !

11/02/2015

Le chemin s'arrêtera là

"Parfois,  c'est à se forger la certitude que quelqu’un en coulisse complote contre vous, s'obstine à faire de votre vie une comédie absurde."

Il n'y a pas que l'air qui soit vicié dans ce microcosme, cinglé par le sable, où le vent "mugit dans l'acier", paysage post-industriel traversé par d’énormes minéraliers.pascal dessaint
"Condamnés à survivre" dans ce lieu mortifère, des êtres ,dont les destins sont liés sans qu'ils le sachent toujours, vivent loin des regards qui pourraient les contraindre à "contrôler [leurs] humeurs." Ils ne peuvent que constater : "Nous nous faisons du mal . Nous ne savons pas nous faire du bien . Nous n'y avons pas été habitués.  Et puis l’ambiance n'est pas favorable."
Certains vont même plus loin et,particulièrement monstrueux, pratiquent une fausse logique pour justifier leurs débordements. L'humour noir vient  ainsi alléger quelque peu l'atmosphère plombante . Ainsi, un personnage se creuse la tête pour identifier, parmi la longue liste de ses méfaits, celui qui pourrait être connu et , bien évidemment, "oublie" celui qui lui paraît le plus normal. Ou bien encore quand il se compare à un autre qu'il détecte aussitôt comme étant : "Un vicelard, j'ai tout de suite compris parce que j'en suis un moi même . Je les flaire de loin et ça aiguise une sorte d'envie de compétition. Je ne crois pas aux signes que la Nature  pourrait nous envoyer mais ça devait être un vicelard doublé d'un malfaisant."
La Nature est elle -même bien malmenée dans cet univers saturé à la fois par la pollution et la cruauté des hommes. Seul un faucon parvient encore à faire rêver un adolescent, symbole d'un ailleurs auquel il pourrait, peut être, encore aspirer.
Atmosphère lourde, quasi asphyxiante, voire de fin du monde, personnages monstrueux ,on pense à Goya, au film Delivrance, mais bien vite ces références s'estompent car si Pascal Dessaint fore encore plus loin dans la noirceur, ce n'est jamais de manière complaisante mais avec une grande maîtrise dans la narration (chorale) et le style. Il peint un paysage et ses habitants "coincés de ce côté du vilain monde", broyés par la crise, mais chez qui subsiste néanmoins , pour certains d'entre eux, une vraie humanité. De quoi retrouver un peu d'air in extremis ! Du grand art !

Le chemin s’arrêtera là, Pascal Dessaint, Rivages 2015, 222 pages très sombresmais piquetées de marque-pages !

13/11/2014

Le bal des frelons...en poche !

"Il y a toujours un truc, un ours ou autre chose, à cause de quoi ça foire ."

Quelle mouche a piqué ces paisibles villageois d'Ariège ? Les voilà pris d'une frénésie de sexe ou d'argent, s'agitant et vrombissant comme des frelons en furie. Chantage, menaces voire meurtres vont s'enchaîner dans une folle sarabande qui ne ménage pas le lecteur ! C'est à peine si entre deux courts chapitres ou alternent les points de vue des personnages ,on trouve encore le temps de faire une petite place à l'animal, frelon, ours ou hérisson qui chacun à leur façon traversent cette farce où les humains de tout poil en prennent pour leur grade. Le rythme est soutenu et ne faiblit jamais, les épisodes s'enchaînent avec une perfection remarquable, conférant ainsi une ossature solide à un propos nettement plus libre !9782743629373.jpg
On est bien loin de l'écriture tenue et maîtrisée des derniers jours d'un homme. Pascal Dessaint se lâche et , sans oublier la noirceur, fait ici la part belle à la truculence et à la farce. Un récit qui file à toute allure, réservant de nombreux coups de théâtre au lecteur et peignant, parfois à grands traits, de savoureux portraits . L'excès est ici la norme , c'est le jeu, même si quelques bouffées de tendresse tentent de contrebalancer les turpitudes exposées.