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31/03/2014

Bilan printanier

Plein d'envies cinématographiques mais trop peu de temps. Juste quelques séances de rattrapage
 

  dont une seule mérite un coup de cœur :

* Mauvaise fille d'après le roman (non lu) de Justine Lévy, pour la folle énergie d'Izia Higelin (qui a obtenu le très mérité César de meilleur espoir féminin) et sa vraie complicité avec Carole Bouquet. Des liens mère/fille hors du commun.

*La cage dorée , un thème pourtant peu traité au cinéma: les Portugais vivant en France mais mollasson au possible: abandon.

* Et une nouveauté : The Grand Budapest Hôtel de Wes Anderson où un écrivain vieillissant se remémore sa rencontre avec le très romanesque Zero Moustafa propriétaire du Grand Budapest Hôtel quelque peu décati mais qui avait connu des jours meilleurs dans les années 30, sous le "règne "bienveillant  mais exigeant de Monsieur Gustave (incarné par Ralph Fiennes). Mais le héros de ces récits enchâssés  est bien évidemment l'hôtel aux couleurs de pâtisserie, truffé d'escaliers, de couloirs et d'ascenseurs qui permettent au réalisateur des cadrages jouant tour à tour sur la verticalité et l'horizontalité, à voir impérativement sur grand écran. L'atmosphère des années 30 , à la fois confortable et menaçante, dans ce petit pays d'Europe Orientale imaginaire, est parfaitement rendue. Les méchants sont menaçants à souhait mais l'humour est aussi au rendez-vous comme dans cette improbable course -poursuite dans la neige qui n'est pas sans évoquer James Bond ! Un film romanesque et plein de charme, un pur régal !

Pour les séries, la saison deux de House of Cards fait la part belle au personnage interprété par Robin Wright, aussi machiavélique dans un genre différent (tout en douceur) que son mari....Pour l'instant, c'est savoureux de voir certains personnages se jeter tout cru dans la gueule de la belle !

Et enfin :

*20 bonnes raisons de s'arrêter de lire, de Pierre Ménard. Sous les apparences d'un pamphlet, élégant et cultivé, un bel éloge de la lecture !51IY7txsuML._AA160_.jpg

Le Cherche Midi éditeur, 2014.

 

29/03/2014

Mes élèves sont formidables

dominique resch200 perles entendues en classe

 Qu'ils soient prudents comme Hédi , 10 ans s'enquérant : "-M'sieur, si on rigole quand vous vous fâchez, est-ce que vous pouvez avoir le sens de l'humour ? ", pleins de fraîcheur comme Lou, 9 ans "-Ma grand-mère, elle s' habille toujours en noir, mais je ne sais pas si c'est une gothique.", rapporteurs comme Florian , 17 ans "-M'sieur, faites gaffe Lui, c'est un vrai vicieux. Il travaille mais il ne le dit pas.", tous les bons mots recueillis de l'école primaire au lycée nous font bien rigoler !
J'avoue avoir tendance à préférer les réflexions candides des élèves plus jeunes, révélant parfois , involontairement, au passage des indiscrétions sur la vie de leurs parents (ou des difficultés économiques, malheureusement) que celles des lycéens car trop proches sans doute de ce que je peux moi-même entendre : "-M'sieur, vous avez de ces questions !" . Mais je me suis bien amusée et j'ai dévoré d'une traite ce collier de "perles" témoignant aussi d'une belle inventivité langagière et d'un regard souvent aigu sur le monde !

Un petit plaisir à (s')offrir 
 

Mes élèves sont formidables, Dominique Resch, Éditions Autrement 2014  141 pages et des illustrations de Zep. (celle de couverture est particulièrement réussie !)

06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : dominique resch

28/03/2014

Regarde les lumières mon amour

"L'hypermarché est pour tout le monde un espace familier dont la pratique est incorporée à l'existence, mais dont on ne mesure pas l'importance sur notre relation aux autres, notre façon de "faire société" avec nos contemporains au XXIème siècle."

Pendant un an, l’écrivaine Annie Ernaux a "consigné le présent" ,sous la forme d'un journal , de la vie du Auchan de Cergy qu'elle fréquente en tant que cliente régulière. Pourquoi avoir choisi un tel lieu ? Parce qu'il est à la fois tellement familier, révélateur du mode de fonctionnement de notre société. Parce que c'est  aussi un lieu où se croisent des populations qui ne se rencontreraient pas ailleurs et surtout parce que c'est un endroit "qui commence seulement à figurer parmi les lieux dignes de représentation."annie ernaux
Annie Ernaux scrute avec acuité le fonctionnement de la grande distribution qui impose sa propre temporalité, "suscitant les désirs aux moments qu'elle détermine",  souligne "son rôle dans l’accommodation des individus à la faiblesse des revenus, dans le maintien de la résignation sociale."mais croquant aussi avec beaucoup d'empathie tous les comportements des clients. Les tensions, les bribes de dialogues, les comportements auxquels nous ne prêtons même plus attention tellement ils sont devenus automatiques sont ici restitués dans toute leur subtilité.
Une analyse riche de "L’hypermarché comme grand-rendez-vous humain" mais aussi une écriture fine et sensible. à lire absolument.

Regarde les lumières mon amour, Annie Ernaux, Seuil  2014- Collection : Raconter la vie - 2014 - 72 pages hérissées de marque-pages !

le billet de Clara qui m'a sortie de ma léthargie ! :)

 

27/03/2014

Un tout petit rien

"C'est beaucoup plus que sexuel, c'est beaucoup moins qu'amoureux. C'est nos culs entre deux chaises, c'est suffisant pour faire semblant de faire des bébés, pas pour en avoir."

Oui mais voilà la narratrice est enceinte et il lui reste quelques semaine pour prendre sa décision . Fera-t-elle une place dans son corps, dans  sa vie à ce tout petit rien ?
Sous une forme séquencée, mais néanmoins très fluide ,Camille Anseaume raconte de manière délicate, pleine de sensibilité et d'humour ce choix et les implications affectives et matérielles qu'il engendre , les réajustements  et les rêves.camille anseaume
Un petit roman (par la taille , 244 pages) mais vibrant de justesse et de chaleur humaine.

 Le billet tentateur de Cuné, mais c'est Carole Fives (encore !) qui a porté le coup fatal .

Le blog de l'auteure.

Un tout petit rien, Camille Anseaume , Editions Kero ,2014.

25/03/2014

le bruit des autres

"Je n'avais pas demandé grand chose à quiconque depuis la mort de mon mari, et maintenant que tout semblait exiger énormément de moi, sans jamais me laisser en paix, je devais me montrer vigilante. Je devais tenir les comptes  plus sérieusement, tracer des lignes invisibles ."

Propriétaire d'un immeuble ancien à Brooklyn, un  Brownstone, Celia, jeune veuve, tient le monde à distance et sélectionne soigneusement ses locataires. Elle a ainsi créé un microcosme apparemment harmonieux, empli de discrétion .amy grace loyd
Las ! Une nouvelle venue , Hope,  semble avoir apporté avec elle"un phénomène physique chaotique" qui a pris le pouvoir dans l'immeuble, "encouragé par le printemps, mélangeant les appétits humains avec les taillis." Simultanément , son locataire le plus âgé, un vieux conducteur de ferry ,disparaît. Bref,la belle harmonie a fait long feu et Celia ne peut plus se contenter de créer des scénarios à partir de ce qu'elle entend chez les autres .Elle va devoir renouer avec des désirs qu'elle croyait avoir oubliés et affronter un monde tout sauf aseptisé.
Premier roman, Le bruit des autres fait partie de ces livres aux thèmes subtilement dérangeants,  à l'écriture élégante et puissante tout à la fois, de ces textes qu'on aurait aimés écrire tellement ils sonnent juste.
Les personnages sont à la fois parfaitement cernés tout en gardant une part trouble ,qui les rend encore plus attachants et crédibles. Bref c'est un pur délice et un énorme coup de cœur, constellé de marque-pages !

Un grand bravo à jean Esch pour la traduction !

Le bruit des autres, Amy Grace Loyd, Stock 2014, 260 pages troublantes.

 

24/03/2014

Eux

"D'où viens-tu à la fin ? Pourquoi tiens-tu tellement à faire de nous des assassins ? La famille est un clan. La quitter est puni par une loi, celle du sang."

Être enceinte  c'est s'inscrire dans une lignée, faire bouger d'un cran tous les membres de la famille. C'est aussi réveiller ici les voix des héréditaires qui envahissent l'espace sonore de la narratrice. Par leurs commentaires, tantôt ils attisent ses craintes, tantôt se soucient d'elle et de l'enfant à venir, houspillent, tancent, bref incarnent les remous magmatiques de l'inconscient familial.claire castillon
En effet, "Chez mes parents, une naissance est toujours considérée comme le présage d'un décès." Lourd héritage qui explique sans doute que la mère de la narratrice se montre tout sauf encourageante...
 à cela s'ajoute les craintes de la future mère qui envisage toutes les variations concernant la mort de son compagnon ,son "gars".  Chargé ? Peut être.Mais tout cela est doté d'une formidable énergie, ponctuée d'humour " à cause de moi qui me fiche totalement de la baignoire en plastique qu'elle voudrait me transmettre pour mon enfant; si tu le laves, a-t-elle précisé ."et, sur le thème de la transmission et de l'identité familiale,  Claire Castillon  a écrit un roman qui incarne pleinement tout ce qui se joue d'inconscient (ou pas) dans une grossesse.

Eux, Claire Castillon, Éditions de l'Olivier 2014, 145 pages garanties sans niaiseries !

Merci à Carole Fives qui ,en me conseillant cet texte, m'a permis de connaître un grand bonheur de lecture !

21/03/2014

L'atelier des miracles... en poche

Tentez de vous positionner autrement. Pensez qu'ils sont capables de sincérité. Pensez qu'ils sont capables d'amour. "

 Mariette, prof d'histoire géo à bout de nerfs, Millie, jeune femme prête à tout pour échapper à un passé douloureux, Mike, ex-militaire échoué sous un porche croient tous avoir rencontré leur sauveur en la personne de Jean.
Cet homme providentiel les accueille en effet dans son Atelier où, à défaut de montres, il répare les âmes cassées.51u7oIIp0fL._AA160_.jpg
Dès le début, j'ai été gênée par l'aspect trop miraculeux de cet atelier (qui trouvera son explication un peu plus loin dans le roman) et par l'écriture un peu bâclée. On ne s'attarde pas suffisamment sur les personnages, l'intrigue est un peu lâche et ne maîtrise pas suffisamment les changements de ton.
Dommage, il y avait là tous les ingrédients d'un bon roman qui fait du bien !

Plein d'avis, nettement plus positifs, sur Babelio.

celui de AntigoneClara, Un autre endroit

20/03/2014

L'assassin à la pomme verte

"Faute de livres, on mange des hommes."

Une "rencontre assez banale d'une Italienne irréprochable et d'un Anglais sans histoire" dans "la zone franche" que constitue un palace, voilà qui pourrait donner lieu à un marivaudage élégant et léger. Mais l'irruption d'un fâcheux sous la forme d'un italien polygame va bouleverser la donne. En effet, , à peine le gêneur a-t-il eu le temps de sévir, qu'il est retrouvé assassiné.christophe carlier
Récit polyphonique où dominent les voix de trois personnages principaux, notre couple de héros , Elena et Craig, plus Sébastien , le réceptionniste de nuit du palace, l'assassin à la pomme verte est un faux roman policier mais un vrai badinage amoureux intelligent, parfois cruel, et bien mené .
 L'écriture est fluide, élégante, les formules pertinentes abondent et le récit réserve plein de surprises et ce jusqu’à la toute fin. Pas étonnant que ce récit ait obtenu le prix du premier roman 2012 !

L'assassin à la pomme verte, Christophe Carlier.

Déniché à la médiathèque , en édition gros caractères.

 

18/03/2014

Y EN A MARRE D ETRE PAUVRE

"LE CŒUR MET PLUS DE TEMPS

A AVALER QUE L ESTOMAC"

Aucun ponctuation, sauf des guillemets pour les citations. Des mots en majuscules, légèrement bringuebalantes , se jouant des lignes tracées sur ce livre au format de petit carnet, qu'il est recommandé de ne pas voler "dans une petite librairie indépendante."
Des formules courtes, lapidaires, tamponnées en rouge, pour gagner en force et en impact. Pour dire la précarité économique d'une artiste  qui se présente ainsi , sans émotion, " Blanche famille catholique presque 50 ans bac +5 1m70 51kg yeux marron". Pas de misérabilisme mais un constat sobre et efficace d'une liberté revendiquée "J'ai choisi mon métier et je fais ce que je veux" qui entraîne le glissement progressif vers une nouvelle catégorie qui vient d'apparaître aux États-Unis les "presque pauvres "ou les "quasi pauvres".fabienne yvert
Autour, il y la vie, les gens qui sont dans une situation encore pire, un toit qui fuit au dessus d'elle, la débrouille : "je vais me baigner tous les jours c'est moins cher que le yoga ou l’ostéopathe" mais toujours revient le constat : "l’économique  a pris une place prépondérante dans ma vie: la survie". Le combat n'est pourtant pas perdu d'avance...
Un livre sobre et poignant.

Y EN A MARRE D ETRE PAUVRE, Fabienne Yvert, Éditions des petits livres c/o la ville brûle.

 

Merci à Libly et à l'éditeur.

17/03/2014

Pièces importantes et effets personnels de la collection Lenore Doolan...

...et Harold Morris, comprenant livres, prêt -à-porter et bijoux

14 février 2009, New-York

Le nouveau thème de BTS "Objets cultes, culte de l'objet" m'a fourni le prétexte idéal pour me procurer d'occasion le catalogue de la vente des objets  qui ont accompagné  la liaison de Lenore Doolan, journaliste culinaire et Harold Morris, photographe, qui me tentait depuis 2009.
Premier abord décevant: les photographies sont en noir et blanc et pas forcément de bonne qualité.Ensuite, je feuillète et là  la curiosité l'emporte : je note plein de détails touchants ou amusants et je décide d'entamer la lecture chronologique.leanne shapton
Bien m'en a pris car c'est là un dispositif malin et addictif que de présenter de manière factuelle et précise les témoins apparemment muets des différentes étapes de cette histoire d'amour mais néanmoins révélateurs et touchants. S'y ajoutent en outre des bribes de textes : extraits de lettres, fac-similés  (traduits) de listes de courses ou énonçant les qualités et défauts d'un des protagonistes. On prend plaisir à compléter les blancs, à s'identifier, à relever les idiosyncrasies , les rituels de ce couple , les goûts littéraires,  les traits d'humour (le chien décoratif offert par la belle-mère , vendu dans son emballage d'origine).  Mais rapidement on repère des singularités qui détonnent : même si le couple veut faire table rase de cette histoire d'amour, pourquoi vendre pour l'un ses livres de cuisine, pour l'autre ceux consacrés à la photographie ?  Et là, ma naïveté vole en éclats, car là où je voyais un dispositif à la Sophie Calle, c'est en fait à une mise en scène pleine d'humour et à des photographies d'acteurs que nous avons affaire , même si ce n'est indiqué nulle part dans le livre.
On apprécie alors encore plus les natures mortes présentant de part et d'autre le contenu des vanity cases des protagonistes ou la présentation, façon papillons épinglés, des soutien-gorge de Lenore. Le catalogue se clôt d'ailleurs sur deux pages d'herbier qui se répondent: des fleurs séchées cueillies par Morris et de l'autre des trèfles à quatre feuilles (parfois litigieux) conservés par Doolan. Une très intéressante façon de souligner comme l'indique Novalis cité en exergue "Partout nous cherchons l'absolu, et ne trouvons jamais que des objets."

Pièces importantes et effets personnels de la collection Lenore Doolan et Harold Morris, comprenant livres, prêt-à-porter et bijoux, Leanne Shapton, Éditions de l'olivier 2009

à noter que pour conserver la présentation catalogue de vente, la mention de l'éditeur n'apparaît pas en couverture.