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06/01/2016

Femme au foyer

"Je ne suis rien qu'une série de mauvais choix mal mis en œuvre. C'était une accusation à laquelle elle ne pouvait rien objecter."

Expatriée en Suisse alémanique, "Anna était une bonne épouse, dans l'ensemble." La première phrase du roman  porte déjà cette restriction, cette fêlure et cette opacité qui caractérisent le personnage de cette américaine ayant épousé un Suisse, vivant avec leurs trois  jeunes enfants à l'ombre d'une église qu'elle ne fréquente pas; Femme au foyer , comme un écho "des 3K"( Kinder, Küche und Kirche, que l'on traduit en français par « enfants, cuisine et église », représentation des valeurs traditionnelles dévolues aux femmes durant le IIIème Reich).  jill alexander essbaum
Et pourtant comme le lui fait remarquer le Dr  Messerli :"Un femme moderne n'est pas obligée de mener une vie aussi étriquée.Une femme moderne n'est pas obligée d’être aussi malheureuse.[...] Anna se sentit rabrouée mais ne répliqua pas."
Ayant fait des études d'économie domestique, qu'elle ne semble guère mettre à profit, Anna trompe son ennui et son malaise en consultant une psychiatre, en suivant des cours d'allemand, et en ayant des relations sexuelles extraconjugales non dénuées de plaisir, mais de toute volonté de sa part ,ou presque.
Elle évolue dans un périmètre très limité, tant dans l'espace que dans la langue, que malgré les années, elle ne maîtrise toujours pas. Anna semble subir et s’interdire toute vérité, toute autonomie.
Placé sous les auspices de ses sœurs en littérature, Emma Bovary et Anna Karénine, le personnage central du roman de Jill Alexander Essbaum ne peut aller que vers la tragédie, programmée dès la première page.
Alors oui Anna pourra sembler agaçante à certains, mais tous les thèmes abordés, la langue poétique et évocatrice de l'auteure, l'opacité  des personnages et le malaise diffus qui se dégage de ce texte m'ont séduite au plus haut point !
Et aux pages cornées par Cuné (que je remercie très chaleureusement) s'est ajoutée une flopée de marque-pages (jamais aux mêmes endroits !)

Et zou sur l'étagère des indispensables !  Mais attention c'est le genre de roman qu'on adore ou qu'on déteste !

Femme au foyer, Jill Alexander Essbaum, traduit de l’anglais  (E-U) par Françoise Du Sorbier, je confirme tout le bien que dit d'elle Cuné ! Albin Michel 205, 384 pages fascinantes.

L'avis de Clara.

Commentaires

Quelque chose me dit que je la détesterais !

Écrit par : Aifelle | 06/01/2016

C'est vraiment marrant qu'on souligne (corne, post-it) rarement les mêmes passages :)

Écrit par : cuné | 06/01/2016

J'avais failli ajouter dans mon billet soit on aime soit on déteste...:)!

Écrit par : clara | 06/01/2016

Euh, ça passe ou ça casse, quoi. J'attendrai prudemment la bibli... ou le poche.

Écrit par : keisha | 06/01/2016

Cuné avait parlé d'un roman "hypnotique et dérangeant", ton billet semble le confirmer. Mais comment savoir si je vais adorer ou détester (oui, je sais, en le lisant, mais j'ai déjà trop de tentations, alors...) ?

Écrit par : Melanie B | 06/01/2016

Exactement. Et moi j'ai adoré ! Quelle tristesse que ceux qui se cantonnent à détester la bourgeoise qui n'a pas le droit de se plaindre sous prétexte qu'elle ne manque de rien... Comme si le matériel suffisait au bonheur... Ils manquent assurément un grand premier roman, un vrai bon morceau de cette grande littérature américaine.

Écrit par : adepte du livre | 06/01/2016

Aifelle, la première fois que j'ai lu Mme Bovary, je me suis ennuyée. pas là !:)
Cuén, oui, mais on a aimé tout autant ! :)
Clara, oui c'est un roman clivant.
Keisha, petite joueuse : )
Melanie, tout ce qui concerne ses cours de langue devrait te plaire déjà...
Adepte du livre, oui et sa passivité apparente est aussi dérangeante.

Écrit par : cathulu | 06/01/2016

Une sensation de malaise diffus ? Mouais.....

Écrit par : Alex-Mot-à-Mots | 07/01/2016

Alex, parfois ça fait du bien les romans inconfortables:)

Écrit par : cathulu | 07/01/2016

Noté chez Clara ! Cela fait un moment que je n'ai pas lu ce genre de roman... ;)

Écrit par : antigone | 07/01/2016

Je l'ai acheté ce week-end à cause de/grâce à vos billets tentateurs (Cuné, Clara et toi) et je suis en train de le lire. C'est vrai que ça suinte le malaise. Ça m'a donné envie de relire "Mme Bovary" !

Écrit par : Melanie B | 11/01/2016

J'ai eu des grosses envies de meurtre (littéraire heureusement) à la lecture de Madame Bovary. Bon j'étais autant en colère contre Emma que contre Flaubert ^_^ Bref, du coup j'hésite vraiment pour ce roman, malgré ton très bon billet.

Écrit par : zarline | 11/01/2016

ça ne rigole pas , Zarline ! :) Je ne pense pas qu'il te plaira ce roman : )

Écrit par : cathulu | 12/01/2016

Les commentaires sont fermés.