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27/11/2018

Le discours

 "Pour ma mère, le monde se divise en trois catégories: ceux qui ont un cancer, ceux qui font construire et ceux qui n'ont pas d'actualité particulière."

"Un type désœuvré, dévasté par le chagrin d'amour et le manque, bloqué dans un repas où tout semble dénué de sens." Quand l'auteur nous propose très gentiment , via son narrateur principal, Adrien, quadragénaire névrosé et torturé, un résumé de la situation pour quoi se gêner ?
Il faut dire qu'on la comprend un peu, Sonia, de vouloir faire une pause: être régulièrement réveillée par un gars persuadé de faire une crise cardiaque, ça fatigue !fabcaro
Mais bon il est attachant aussi et c'est sans doute pourquoi son futur beau-frère vient de lui demander lors d'un dîner en famille de rédiger Le discours de son prochain mariage.
Belle occasion pour Adrien de se torturer les méninges et de scanner le fonctionnement des relation familiales , où chacun est tenu de jouer sa partition, sans déroger aux règles implicites. A moins que...
Du début à la fin de ce roman, j'ai eu le sourire devant les membres de cette famille, croqués à la fois avec tendresse, pertinence  et loufoquerie. On a vraiment l'impression d'y être et de reconnaître , poussés à l'extrême, jusqu'à l'absurde certains comportements de nos contemporains
A noter qu'on peut aussi glaner plein d'infos, à la fois drôles et surprenantes, histoire de briller dans notre prochain dîner de famille !

Gallimard 2018. Et zou, sur l'étagère des indispensables !

Un grand merci à Clara à qui je dois cette découverte !

The Autist Reading m'avait donné envie et indique plein de liens ! Merci à lui !

 

26/11/2018

Les grands espaces

"Le mot le plus souvent prononcé à la maison était probablement le mot "bouture".

 Placé sous les auspices de Pierre Loti, Marcel Proust ou encore George Sand, la BD De Catherine Meurisse qui revisite son enfance à la campagne fleure bon à la fois la littérature et la verdure.catherine meurisse
Tout s'entremêle ici avec grâce et humour. On ne tombe pas dans une nostalgie sirupeuse, mais on se balade entre dénonciation des politiques agricoles erratiques, création de musées en herbe , nain de jardin qui parle et naissance d'une carrière de caricaturiste via le croisement entre une chèvre et Ségolène Royal...
Les dessins sont magnifiques et méritent d'être contemplés en détails. L'auteure s'amuse aussi à réécrire certains poèmes (sources mentionnées à la fin) et on prend un énorme plaisir à cette lecture revigorante.

Indispensable, bien sûr et une très belle idée de cadeau.

 

Dargaud 2018

20/11/2018

Débâcle

"C'est peut être à ça qu'on les reconnaît, les familles où ce qui est le plus essentiel va de travers: pour compenser, elles inventent un tas de petites règles et de principes ridicules."

Eva est invitée à la fois pour commémorer le trentième anniversaire que ne fêtera jamais Jan, le frère d'un de ses amis, et pour l'inauguration d'un "site de production laitière ,presque entièrement automatisé." Doublon bizarre qui donne d'emblée le ton de ce roman où les sentiments s'expriment de manière quasi souterraine, dans un microcosme, celui d'un village flamand ,où elle a passé toute son enfance.
L'occasion pour la jeune femme de revivre deux été qui auront décidé de son existence et du fait qu'elle se rende à cette invitation munie d'un gros bloc de glace...lize spit
Eva, Pim et Laurens, une fille deux garçons, les seuls enfants nés en 1988, coïncidence qui les unira façon trois mousquetaires, même si leurs origines sociales sont bien différentes.Un triangle dont les relations s'effilocheront et deviendront de plus en plus troubles.
La tension ne cesse de monter, et même si parfois, on se perd un peu dans ces retours en arrière, rien de grave : on est tenu en haleine par ces familles dysfonctionnelles chacune à leur manière , où le drame se cache dans les détails qu'Eva scrute avec une acuité sans pareille et sème comme autant de petits cailloux blancs qui, rétrospectivement prennent toute leur valeur.
J'ai été bluffée par ce premier roman qui distille une atmosphère à la fois lumineuse et trouble, qu'on ne lâche pas et qu'on termine  quasi exsangue.

Traduit du néerlandais (Belgique) par Emmanuelle tardif.421 pages foisonnantes de marque-pages ! Actes Sud 2018.

 

 

Warning, déclenchez les larmes,  ce roman- là c'est de la bombe ! Impossible de le dévorer : il faut le siroter, le lire attentivement, comme on savoure un alcool fort !

Et zou, sur l'étagère des indispensables! Il va essorer vos petits cœurs tout mous.

 

Merci à Autist Reading qui m'a donné envie de le lire !

19/11/2018

Sous les branches de l'udala #Rentreelitteraire2018 #NetGalleyFrance

Fin des années 60, le Biafra et le Nigeria se déchirent dans une guerre interethnique. La jeune Ijeoma envoyée loin de sa mère (qui se remet du deuil de son mari ) tombe amoureuse d'Amina.
Amours doublement interdites du fait de l'origine de ces très jeunes filles, dont les chemins se sépareront très vite.chinelo okparanta
Ijeoma devra faire face au poids de la religion (sa mère veut la "soigner" à coups de passages de la Bible), de la société ,mais finira par devoir emprunter des chemins de traverse pour pouvoir vivre pleinement.
Roman très didactique, ce texten'a suscité chez moi aucune empathie, par ses longueurs et par sa volonté trop affirmée de dénoncer une situation bien évidemment inadmissible. Dommage.

15/11/2018

Devine qui vient pour Noël ?

"La normalité, c'est surfait, soyons bizarres ensemble pour aussi longtemps que tu le souhaiteras."Alix Marin

 Envie de vous plonger dans l'esprit de Noël ? Alors foncez vous procurer ce délicieux recueil de nouvelles écrites par six grands noms de la romance française.
Chacune de ces auteures revisite, à sa façon, les incontournables de Noël : retrouvailles à la neige d'anciens élèves façon règlement de comptes amoureux  pour Mily Black dans "Un secret sinon rien" et redécouverte d'un  amour de jeunesse lors d'un noël en famille pour un  "Homecoming flirt "chez Angéla Morelli.mily black (auteur) emily blaine (auteur) eve borelli (aumily black,emily blaine,eve borelli alfreda enwy,alix marin,angéla morelli
Pour Emily Blaine, l'amour aura un parfum de vanille et de sapin car, c'est elle qui l'affirme "l'amour est très gourmand". Ce que confirmera l'héroïne d'Eve Borelli dans "Rien ne va plus" où il sera à la fois question de bûche géante et d'huitres.Une héroïne qui n'est pas sans évoquer Stéphanie Plum car elle enchaîne les catastrophes dans le cadre de son travail de policière !
De travail, il en sera d’ailleurs beaucoup question dans "Secret Santa" où Alix Marin nous montre les pièges de l'amour au bureau.
Quant à Alfreda Enwy, son héroïne se montre beaucoup plus délurée que Mary Poppins à qui on la compare souvent ! "Et s'il suffisait d'une fois ?" se demande -telle. En tout cas, avec elle Noël sera chaud chaud chaud !
Vous le voyez,tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment de lecture, chants de Noël en fond sonore ou pas !

13/11/2018

Au grand lavoir

 Alors j'irai au grand lavoir là-bas, où la mémoire se récure contre le granit rugueux, où la langue se rince au torrent qui mousse comme un savon d'encre, où la fiction fait Javel. Je regarderai l'eau crasseuse s'écouler dans une grande synovie de mots et je laisserai sécher les éclaboussures au soleil de leur consolation. Grande lessive.

Il a assassiné la mère de celle qu'il voit un jour à la télé, par hasard.
L'étudiante d'alors est devenue  une écrivaine qui va venir pour une signature à Nogent-le-Rotrou Rotrou.
L'assassin a changé d'identité, a été réinséré. Il travaille aux espaces verts de cette commune et mène une vie routinière, totalement perturbée par cette nouvelle. Tous les stratagèmes mis en place vont montrer leurs faiblesses même si, paradoxalement, un point commun unit en pointillés ces deux personnages antagonistes: les plantes.sophie daul
Utilisant un montage en parallèle qui alterne les points de vue, Sophie Daul met ici en scène un parcours à la fois imaginaire même si inspiré de sa propre histoire. Elle a en effet découvert le corps de sa mère assassinée. Face à un tel drame comment réagir ? Vengeance ? Pardon ? Dans une mise en scène troublante où se dit aussi un corps figé à l'instar de celui de la mère dans une taille 34, Sophie Daul définit ici une troisième voie.
A dire vrai, je craignais la lecture de ce texte qui aurait pu être lacrymal, usant de grosses ficelles, mais l'autrice est à la fois cérébrale et sensible et j'ai dévoré ce roman d'une traite.

Philippe Rey 2018

12/11/2018

13 à table ! 2019

"Il parle d'une certaine organisation du temps, d'une certaine portion de temps laissé à autre chose que le travail ou le repas. Il parle des heures  passées à cuire de  la viande, à s'affaler dans l'herbe et à trinquer. Il parle d'une propension à rassembler des chaises autour d'une table en lançant aux amis de passage: "Serrez-vous de ce côté -là, ça fera de la place à Michel." Alice Zeniter

Il y a les fêtes auxquelles on voudrait assister pour se sentir enfin acceptée ou juste vivante. Quand on est une ado et qu'on se prénomme Perpétua, c'est pas gagné d'avance, comme nous le montre Véronique Ovaldé dans sa nouvelle "Je suis longtemps restée une clématite", nouvelle où elle analyse avec sa finesse habituelle les relations entre un père et sa fille vivant dans un environnement très particulier.
Quand on est une femme sous emprise cloitrée chez elle par un mari sans amour, La fête des voisins de Leila Slimani peut déboucher sur une folle envie de libération à tout prix.
Il y a aussi les fêtes l'on donne pour se convaincre qu'on est une famille joyeuse , même si amputée, pour retrouver "Le goût des fraises sauvages" chez Alice Zeniter.index.jpg
Celles qui tournent mal, par exemple quand l'obsession de la perfection risque de gâcher tout plaisir ou quand le passé rattrape les pestes chez Tatiana de Rosnay . Y aurait-il une justice ? Philippe Jaenada semble montrer que non, revisitant , non sans humour,  l'histoire d'une femme demeurée dans les mémoires  comme étant la Pompe funèbre...
Il y a enfin les fêtes que  l'on donne avec un objectif clairement assumé: se trouver un amoureux chez Françoise Bourdin, nouvelle où j'ai appris le nom des figures du rock, ou un financier comme chez Romain Puertolas  . Objectifs atteints ou non ? à vous de le découvrir en dévorant cet excellent cru, couverture illustrée par Plantu.

 

Philippe BESSON • Françoise BOURDIN • Maxime CHATTAM • François d'EPENOUX • Éric GIACOMETTI • Karine GIEBEL • Philippe JAENADA • Alexandra LAPIERRE • Agnès MARTIN-LUGAND • Véronique OVALDÉ • Romain PUÉRTOLAS • Jacques RAVENNE • Tatiana de ROSNAY • Leïla SLIMANI • Alice ZENITER

09/11/2018

La femme brouillon ...en poche

"Le bébé siphonne notre tendresse. On s'adresse l 'un à l’autre comme deux vieux collègues exaspérés."

Entre bonheurs et inquiétudes, "Le père du bébé aurait fait une bien meilleure mère. Son instinct de sacrifice est plus développé, et c'est toujours lui qui fait les crêpes.", mais toujours avec beaucoup d'humour et d'énergie, la narratrice nous raconte les étapes obligées de sa grossesse, de l'annonce  à une conclusion qui évoque très joliment la transmission.amandine dhée
Celle qui se définit successivement ou simultanément comme "la gosse qui n'a pas les mots, l'ado blessée, la femme-lézard, la féministe, l'écrivaine et la demi-mère", une femme brouillon donc, dont on devine que le rapport à sa propre mère est plutôt douloureux, pose des mots très justes sur cette grossesse.
Si elle souligne l'attendrissement de certains devant son gros ventre, elle n'en oublie pas néanmoins que, bizarrement, ce dernier semble  devenir invisible dans les files d'attente ou les transports en commun...Avec lucidité, elle décrit ses propres contradictions de féministe et de mère en devenir, tiraillée entre le fait qu'on veuille la limiter à ce rôle et l'acceptation de ce rôle, trop normatif à son goût.
Ne perdant jamais son regard critique, dénichant la violence sous la guimauve, la narratrice s'en tire haut la main, ne reniant jamais son aspect  revendiqué de Femme brouillon, bien loin des mères parfaites qui nous sont imposées comme modèles. 
Un livre qui pose un regard décapant, drôle et intelligent sur la grossesse, voilà qui ne se refuse pas, quel que soit son âge !

Un grand coup de cœur, constellé de marque-pages !

08/11/2018

Le jardin arc-en-ciel ...en poche

"Mais peut être certaines choses s'offraient-elles à notre regard justement parce que nous étions en marge."

Izumi, jeune mère célibataire, rencontre une lycéenne en classe de Terminale au moment où celle-ci se prépare à se jeter sous un train. Les deux jeunes femmes vont tomber amoureuses et se réfugier dans un village de montagnes retiré.ogawa ito
Là, elles ouvriront une maison d'hôtes qui accueillera tout le monde, mais  particulièrement ceux qui souffrent ou se sentent rejetés.
La famille créée par ces deux femmes et leurs enfants ne sera pas toujours bien accueillie mais saura faire face aux préjugés, tout en préservant sa bienveillance.
Les différents narrateurs, dont les enfants de cette famille, offrent chacun leur ressenti face aux événements parfois dramatiques, mais toujours présentés de manière un peu ouatée. Une lecture où l'on retrouve toute la délicatesse de Ito Ogawa.

07/11/2018

Le 12ème chapitre

Un auteur à succès et son éditeur , amis d'enfance, reçoivent simultanément un manuscrit évoquant une tragédie ayant marqué leur jeunesse , rappel dont ils auraient bien aimé faire l’économie. Les envois se succèdent, seul le 12 ème chapitre diffèrera.jerome loubry, schtroumpf grognon le retour
La culpabilité est au cœur de ce roman qui n' a pas su me captiver tant l'écriture est dissonante, l'auteur se permettant tantôt des facilités, tantôt  faisant preuve de davantage de rigueur.
Quant à l'intrigue, elle m'a aussitôt évoqué d'autres textes, et pourtant je ne suis pas férue de polars.

Merci à l'éditeur et à Babelio.jerome loubry, schtroumpf grognon le retour