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12/03/2016

Un éléphant dans ma salle d'attente

Comme beaucoup d'entre nous qui avons suivi les aventures de Daktari à la télévision, Florence Ollivet-Courtois a voulu devenir vétérinaire d'animaux sauvages.
Dès l'âge de six ans, elle tenait une perfusion pour aider son père,lui même véto, puis son diplôme en poche a suivi des formations qualifiantes aux États-Unis, pour atteindre son rêve.florence ollivet-courtois,sylvie overnois
Seule libérale à exercer cette spécialité en France, Florence Ollivet-Courtois soigne les animaux sauvages et ceux de parcs zoologiques, faisant preuve tout à ll fois d'astuce et de robustesse face à ses patients pas toujours commodes et souvent plus fragiles qu'il n'y paraît.
On sent au fil de la lecture  son profond amour des animaux et l'on suit avec bonheur ce récit qui ne se contente pas d’aligner les anecdotes, drôles ou émouvantes mais nous fait plonger au cœur des relations hommes/animaux. Un pur régal !

Un éléphant dans ma salle d'attente, Florence Ollivet-Courtois  avec Sylvie Overnoy, Alpha éditions.

 

11/03/2016

Chiens perdus et coeurs solitaires...en poche

Rachel perd simultanément son amoureux, son boulot, son appart. De surcroit, cette quasi quadragénaire hérite de sa marraine, un refuge pour chiens à la campagne. Pour elle qui n'est pas cynophile, il semblerait que le sort s’acharne . lucy dillon
Avec le thème classique de l'héroïne détonnant dans un nouvel environnement, Lucy Dillon joue sur du velours. Il n'en reste pas moins que ses personnages sont pleins de vie, variés et avec des problématiques qui changent de la chick litt habituelle.Un soupçon de pédagogie concernant les rapports humains/chiens ne gâte rien et on prend beaucoup de plaisir à cette lecture qui vide aussi bien la tête qu’une balade avec son chien !
Vous avez envie de lire un bon gros roman romantique, sans prise de tête, pas trop sucré et donnant souvent le sourire ?
Si vous aimez les chiens , la campagne anglaise et ses pittoresques habitants, ce bon gros roman de 498 pages (qui se tournent toutes seules)  est fait pour vous !

Chiens perdus et cœurs solitaires, Lucy Dillon, Éditions archipoche 2016.

10/03/2016

La blancheur qu'on croyait éternelle...en poche

« Chez lui, l’affectif l’emportait souvent sur le pratique. »

Mathilde n’ose pas devenir chocolatière car elle  est  trop diplômée et décevrait son exigeante et envahissante mère.
Lucien, pédiatre, vit dans le même immeuble que Mathilde mais il va lui falloir des mois pour rencontrer sa jolie voisine à deux cents kilomètres de chez lui, tant le monde des sextos et autre facebook lui est étranger.
Joliment scandé par des citations de chansons et de films, La blancheur qu’on croyait éternelle crée un univers douillet où les personnages principaux évoluent à leur aise, en total décalage avec leur époque. En effet,  ces trentenaires célibataires se sont donné comme figures tutélaires pour lui Jean-Louis Trintignant et pour elle Romy Schneider (celle des « Choses de la vie », pas Sissi !) Maladroits et touchants, malmenés par leurs 9782253182665-001-T.jpegprétendus amis, ils peinent à trouver place dans les années 2000 qui leur demeurent totalement étrangères.
 Virginie Carton instaure une complicité immédiate et durable avec son lecteur qui se régale à voir les occasions manquées, à repérer les clins d’œil musicaux et cinématographiques (Bande originale pour ne rien manquer à la fin), nous gratifie même de bonus très drôles et d’une guest star surprise. Seul petit bémol : ses personnages principaux semblent parfois un peu trop candides. Une comédie romantique qui remplit parfaitement son contrat, nous divertir avec élégance et finesse.

05/03/2016

Une famille délicieuse...en poche

"Oh, comme les cachotteries et notre volonté de préserver l'image que nous avons de nous-mêmes peuvent faire de nous des prisonniers !"

Leur sœur Georgie, atteinte de démence sénile, va venir faire un court séjour chez Mina et Nest qui vivent dans une apparente quiétude au milieu de la lande, à deux pas de la mer.  L'occasion d'évoquer pour les trois sœurs leur enfance idyllique dans cette demeure familiale en compagnie d'une mère aimante et d'un père nettement plus distant , sans oublier une sœur et d'un frère aujourd'hui disparus ,mais aussi la crainte que Georgie ne révèle des secrets douloureux... 419Ol1q8FzL._AA160_.jpg
En contrepoint de cette tension , les relations avec leurs neveux et nièces apportent un ancrage plus contemporain et souvent plein d'humour. Les personnages de Lyddie, qui travaille dans l'édition et vit une relation amoureuse compliquée avec Liam, ou celui de Jack qui tente de tenir tête à son adorable tyran de petite fille : "-Merci. Il n'y a rien que j'aime davantage  que de me faire tordre violemment les deux oreilles pendant qu'un paire de petits talons d'acier me pulvérise la clavicule.", sans oublier quatre chiens, croqués de manière très vivante, sont des personnages qu'on n'oubliera pas de sitôt !
Un style enlevé, un brin d'excentricité , un soupçon d'ironie et beaucoup d'empathie, tous les ingrédients sont réunis pour nous régaler !

Une famille délicieuse, Willa Marsh, traduit de l'anglais par  Eric Mc Comber, autrement 2014 , 477 pages savoureuses ! J'ai lu 2016

 

03/03/2016

Le génie des coïncidences..en poche

"Il semblerait que je sois accablée par les coïncidences, Professeur Post."

Quand un spécialiste des coïncidences- qui prend un malin plaisir à les démonter et à les expliquer de manière rationnelle-rencontre fortuitement une jeune femme dont la vie semble marquée par un "enchaînement cruel d’événements" que se passe-t-il ? Hé bien cela engendre une série de joutes verbales, un maelstrom d'émotions et une flopée de rebondissements entre l'île de Man, l’Ouganda où sévit encore "un homme qui s'est bricolé une foi, un mélimélo de croyances, a décidé que Dieu lui avait parlé, et que tous ceux qui n'étaient pas d'accord pouvaient être abattus, ou amputés."et Londres. 51rYqadl4eL._AA160_.jpg
Usant -mais n'abusant jamais -des analepses* et des prolepses**, J.W Ironmonger joue en virtuose avec nos nerfs (deux scènes sont particulièrement éprouvantes),  fait monter l'émotion (j'ai plusieurs fois eu les larmes au yeux) avec beaucoup d'empathie et de sobriété. Il ne faut surtout pas  en dévoiler plus de ce roman  qui joue sur plusieurs registres  (romance, thriller, quête d'identité, réflexion philosophique) et nous offre des descriptions plus vraies que nature d'un continent qu'il connaît et aime profondément: l'Afrique. Pour ceux qui n'ont pas peur des montagnes russes émotionnelles. Et zou sur l'étagère des indispensables !

* correspond à un retour en arrière, au récit d'une action qui appartient au passé Il consiste à raconter après-coup un événement. On peut également parler de  flasback pour exprimer cette idée, mais ce terme ne s'utilise qu'à propos de cinéma ou de bande dessinée.

* *Clin d’œil à Cuné.

Le génie des coïncidences, J.W Ironmonger, traduit de l’anglais par Christine Barbaste, Stock 2014, 343 pages que j'ai fait durer le plus longtemps possible, gage de réussite s'il en est, et tout piqueté de marque pages bien sûr ! 10/18 ,2016.

 

 

25/02/2016

Mon âge...en poche

"Ce qu'on pouvait raisonnablement espérer avoir en commun avec les enfants d'ingénieurs , c'étaient leurs polos. Il nous suffisait d'acheter les mêmes  et nous avions les moyens , notre infériorité ne se mesurait pas à l'argent. Pas sûr que nos corps les aient portés avec  la même superbe. Ce qu'il y a à l'intérieur des têtes  porte les polos bien plus que les épaules et les torses."

Dans la lignée de Corps, ce nouveau roman de Fabienne Jacob  se penche avec acuité et bienveillance sur notre relation au corps et au temps. Commençant par la description d'une femme qui se démaquille le soir, femme  dont l'âge n'est pas précisé "Voilà mes yeux, voilà ma bouche, voilà mon âge, vingt-sept ans, trente-neuf ans, soixante et un ans". Else,   il se clôt par une très jolie vision: celle de trois femmes âgées se baignant,nues, au clair de lune, car elles ont atteint La vie intérieure. Entre-temps, sera venu le temps du Détachement : "à présent que je ne veux plus  séduire ni posséder, seule une chose m'importe encore, c'est vivre des moments sans temporalité. La question du temps ou plutôt du non-temps  est la seule qui compte. Les autres questions ne sont plus des questions pour moi." Et de relater des moments où le temps n'entre pas , moments fugaces ou non, dans des endroits parfois inattendus, comme le supermarché, qui , décidément fait son entrée en littérature en cette année 2014.*
Si, dans un premier temps, j'ai été un peu déroutée par l'absence de précision chronologique, les âges ne sont jamais volontairement précisés mais on peut aisément les situer, j'ai été séduite par l'écriture de Fabienne Jacob, sa vision à la fois acérée, rien ne lui échappe, et tendre de la relation des femmes aux différents âges de leur vie. on n'oubliera pas de sitôt, entre autres,  cette petite fille qui déchire la robe trop aimée, tant désirée !fabienne jacob
J'ai aussi beaucoup apprécié la relation sensuelle, physique aux langues de la narratrice: "Dans ma langue maternelle, il y a un mot pour dire Se faufiler, Se glisser, mais un mot qui le dit beaucoup mieux. C'est le mot Schluffen. Il a quelque chose d'utérin que l'équivalent français n'a pas. Aucun mot français ne pourra jamais autant se faufiler ni autant glisser que dans le mot de  la langue maternelle. Celui qui en français se blottit le plus est le verbe Se lover."

Mon âge, Fabienne Jacob. Folio 2016

20/02/2016

Enfant terrible...en poche

"L'art était une réponse possible aux hurlements, mais la vie se contentait de hausser les épaules et de suivre son cours."

"Cigarettes ,whisky et p'tites pépées" chantait Eddie Constantine (et Annie Cordy !) dans les années soixante. Un programme que pourrait reprendre à son compte en 2013 Kennedy Marr ex-romancier irlandais à succès, devenu spin doctor pour scénarios à Los Angeles.john niven
Entre principe de plaisir et principe de réalité, il a résolument opté pour le premier mais la vie va conspirer pour le ramener à son point de départ , ou presque, car il va devoir enseigner durant une année dans l'université anglaise où travaille son ex-femme. L'occasion de renouer avec sa fille et d'aller enfin voir sa mère, très malade.
Quel régal que ce livre ! Je craignais les pages fleurant bon, au mieux la testostérone, au pire la misogynie la plus crasse,mais j'ai découvert un personnage attachant en diable, ayant le chic pour se compliquer la vie et se fourrer avec un bel entrain dans les ennuis. Certains épisodes sont hilarants (la lecture poétique dans une librairie indépendante, entre autres), d'autres nettement plus émouvants.
Entre considérations sur l'écriture et description au vitriol du microcosme cinématographique , on passe un excellent moment de lecture !

De John Niven vient de sortir un roman qui a l'air tout aussi décapant !

19/02/2016

Une éducation catholique...en poche

"Je ne pouvais pas aimer un homme qui ne communiait pas avec moi dans la parole et les larmes."

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Élevée dans une famille où le père est catholique pratiquant et la mère juive , baptisée en 1943 pour échapper à un sort funeste, la narratrice, Marie se détourne "classiquement "de la religion catholique à l'adolescence.Par le biais de son parrain, elle tourne alors vers "l'imaginaire et l'écrit" et va, au fil du temps donner d'autres identités à ce qu’elle appelle Dieu: "On ne pouvait vivre, et aimer, qu'en étant débarrassé de la peur -la peur d'être seul, la peur de vivre, la peur de faire du mal à l'autre, la culpabilité. cette peur que j'appelle Dieu."
Roman d'apprentissage, Une éducation catholique convoque les figures habituelles d'un parcours de vie, de la meilleure amie à la valse-hésitation entre deux amoureux sans vraiment convaincre . Tant d’auto dépréciation de la part de la narratrice en devient quelque peu suspect à la fin et je n'ai pas retiré grand chose de ce roman que j'ai lu avec aisance mais avec l'impression désagréable d'attendre , en vain, que "ça commence vraiment".

 

18/02/2016

La peau de l'ours...en poche

"-laisser les hommes croire en leur puissance pour avoir la paix-"

"Métisse" issu du viol d'une femme par un ours, le narrateur, ni homme ni ours, mais considéré comme un plantigrade par les humains, va connaître mille aventures , par de là le temps et l'espace, car ce récit emprunte la forme du conte.
D'ours exhibé sur les marchés, affronté à des sangliers dans une arène, il traversera un océan pour patiner dans un cirque avant de finir, exilé, dans un endroit stérile: "Au zoo, le temps s'étire morne et répétitif, c'est une rouille acide."joy sorman
Dans ce récit qui file à toute allure ,où l'on pourra reconnaître au passage quelques époques et lieux emblématiques (moyen-âge européen, cirques américains et leurs troupe de phénomènes de foires), l'auteure se penche sur les relations complexes qui unissent l'ours et l'homme.
Dans une langue riche et sensible, elle peint aussi la misère des animaux, la folie à laquelle ils sont acculés, sous prétexte d'être préservés. Mais pas de pamphlet accusateur et corseté, Joy Sorman laisse le discours de l'ours se dérouler, ample et lucide. De magnifiques passages,  tour à tour hallucinés,sensuels et poétiques  montrent la souffrance animale et disent le regret du narrateur ne n'avoir pu garder sa place:"-du côté des femmes et des monstres." Magistral.

La peau de l'ours, Joy Sorman, Folio.

14/02/2016

L'exception...en poche

"-La vie bifurque constamment. Il n'est pas de personne plus mûre que celle qui change sept fois par semaine sa façon de penser."

La nuit du réveillon, son mari annonce à Maria qu'il la quitte pour un mathématicien, spécialiste comme lui de la théorie du chaos. Pour le coup, c'est bien la vie de la jeune femme qui devient chaotique ! Aidée par sa voisine Perla, haute d'un mètre vingt, conseillère conjugale et familiale (et nègre d'un auteur policier à ses heures), la jeune femme aura fort à faire pour se reconstruire psychiquement face aux événements bouleversants qui s'enchaînent. index.jpg
Truffé de réflexions sur l'écriture , les liens entre la fiction et la réalité, L'exception  possède un rythme enjoué , un ton qui ne sombre ni dans le pessimisme ni dans l’optimisme à tout crin. "-Si ta vie était un roman, dit-elle depuis la cuisine, une telle saturation d'événements semblerait peu vraisemblable." Et pourtant nous savons bien que la vie est souvent bien plus surprenante que la réalité.
Pas de solution miracle, pas d'analyse sauvage, juste du bon sens et de la bienveillance, de l'empathie pour des personnages nuancés et pleins de vie. Un roman alerte et revigorant , plein d'humour, bref une réussite ! Et zou, sur l'étagère des indispensables !

L'exception, Adur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais par la talentueuse Catherine Eyjolfsson, Zulma 2014, Points Seuil 2016, 338 pages riches d'humanité.