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11/04/2008

Où rôde le fantôme de Perec

Attirée par le titre de ce roman,, derniers vers du poème  de Perec, Déménager, j'ai entamé avec enthousiasme la lecture du texte de Lise Beninca, Balayer fermer partir.31DfReycEcL
Si le  début et la fin (vraiment originale) m'ont intéressée, je me suis peu à peu perdue dans les méandres des  réflexions de la narratrice sur ce que signifie l'occupation de l'espace.
Beaucoup  de références à Perec  qui le premier s'était penché sur la question, mais bizarrement ni le titre ni l'extrait du poème mentionné plus haut ne lui sont attribués.
je suis restée totalement extérieure à ce texte aride et sans chair.
Un grand merci à Guillaume Teisseire de Babelio qui  a tenu , très gentiment, à se substituer aux éditions du Seuil dans le cadre de l'opération Masse critique.

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10/04/2008

La fille transparente

Bon, allez, je peux le dire maintenant, puisqu' il y a prescription: la seule chose que j'avais aimée dans Elle fait des galettes, c'est toute sa vie était ...la  couverture rayée !9782915779080
Même si celle  de Ker Violette est très réussie aussi (dans un autre genre)( n'oublions pas que Karine Fougeray a été graphiste dans une autre vie) son héroïne restera longtemps dans ma mémoire.
Excessive, cette fille qui cherche son cheval, l'est jusqu'à l'outrance.Cette sirène "qui a des écailles en elle" navigue entre terre et mer(e). Au fil de ses rencontres, les fils du passé se dénouent et le portrait se précise peu à peu. L'enfant blessée réapparaît dans Clara qui se jette avec avidité parfois sur les hommes ou les bolées de champagne...
Dans une langue très imagée, où surnagent parfois quelques clichés, scories qui auraient facilement pu être gommées, Karine Fougeray nous propose une histoire attachante dont les personnages sonnent juste. Un roman que j'ai lu d'une traite même si je n'ai pas de sympathie particulière pour les chevaux !

Le blog de l'auteure

Elles ont été emballées et ont su vaincre mes réticences : 

Clarabel

Laure

03/04/2008

Le téméraire

Le narrateur, venu, comme d'habitude passer ses vacances en famille dans  sa maison de  la côte normande, va peu à peu délaisser sa femme et ses deux filles au profit  d'une vieille dame qui le rudoie mais le fascine.51DfZ3MbPqL
Nouée incidemment, cette relation toute platonique, sera l'occasion d'un dialogue haché concernant la culture Hopi et le  voyage d'André Breton aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale. Choc de cultures, transformation du sacré en oeuvre d'art. cette partie "historique" aura des  retentissements dans le présent du narrateur qui risque gros en  se laissant entraîner...
La chaleur et la poussière du désert évoqués s'opposent à la réalité du climat humide de la Normandie. Passé et présent se rejoignent dans un rythme lent qui diffère sans cesse la révélation de secrets...
Ce très beau texte de Claudie Gallay,  Dans l'or du temps m'a fait penser au film de Josée Dayan "Cet amour-là"traitant de la  relation entre Marguerite Duras et Yann Andréa. Même attraction des jeunes hommes. Mêmes rudoiements de la part des femmes âgées. Même décor.Mais bien évidemment,le thème en est tout différent.
Un texte insaisissable comme le sable du désert.

L'avis de  Clarabel

Katell

Lily


 

31/03/2008

"Le corps cassé/toujours vivant/ je traverse l'été."

Deux femmes issues de milieux sociaux tout à fait opposés.  L'une très jeune, mère involontaire, qui s'apprête à  accoucher sous X, Emilie. Judith, quant à elle, espère avec ferveur la naissance de son enfant,  enfant qui ne survivra pas.  Une  logique folle se met alors en marche...A ce moment là du récit (nous ne sommes qu'au tout début de l 'action) j'ai failli lâcher le roman de  Karine Reysset, Comme  une mère.
Envisager quasi simultanément les deux faits que redoute le plus une mère me semblait de l'ordre de l'insoutenable.41qFm7cTFLL
Il faut savoir passer outre et découvrir les merveilles que recèle ce roman. L'auteure, en effet, fore avec obstination ce thème de la maternité, traque les ressemblances entre ces deux femmes dans leur rapport à la  maternité. Toutes deux , pour des raisons  totalement opposées auraient pu prononcer ces  paroles : "Ma bouche lavée à grande eau de tous ces mots liés, ces mots tordus et râpeux comme  de la laine de fer."  le  récit rebondit sans cesse, même si le rythme semble volontairement ralenti, comme  si  nous évoluions dans un cauchemar ...
Le séjour dans la thalasso nous montre également une lutte des classes en sourdine, feutrée...Sous des dehors bien lisses, la réalité est plus râpeuse...
La langue de Karine Reysset, toute en retenue, sauf  quand explose la violence des mots enfouis depuis trop longtemps, nous fascine et nous entraîne dans sa poésie âpre et tendre.  A tenter absolument.

Un grand merci à Amanda qui a  fait voyager ce livre et a su me  donner envie de le découvrir.

Pour retrouver un autre titre de cette auteure en poche, c'est ici.

28/03/2008

"Elle pourrait marcher sur les nuages, s'endormir parmi les étoiles et croquer un bout de lune brune"

Si vous avez parfois rêvé d'être une petite souris pour savoir comment vivent, rêvent, espèrent,s'ennuient les  ados d'aujourd'hui, alors ce livre est pour vous ! 51JEkM_858L
Dans La vie rêvée de Mademoiselle S., Samira El  Ayachi, dans un style très imagé (juste un cliché ou deux qui auraient pu passer à la trappe) , nous relate la vie d'une héroïne avec qui elle a du avoir quelques points communs dans un passé pas si lointain car l'auteure est toute jeune.
Salima est bonne élève mais voudrait avoir de l'argent dans ses poches et se présente pour un poste de femme de ménage...Salima nous raconte ses amis de tous âges et de toutes origines  dans cette banlieue lilloisse  ni pire ni meilleure qu'une autre, les profs, les fêlés du quartier, esquivant avec tendresse et humour tous les clichés que l'on craignait de rencontrer.. On la suit aussi au Maroc pendant son séjour estival, fidèle à ses racines, mais bien contente de rentrer en France car "Ici, je ne suis qu'une Française aux mains et aux pieds de verre." Le roman vaut surtout pas le ton et le style de l'auteur, on sent un souffle, une inspiration, un amour des mots. Samira El Ayachi file les métaphores  avec brio, enchaîne les périphrases, les métaphores poétiques (un bus devient une roulotte où  une femme se métamorphose sous nos yeux) et nous embarque dans les visions et les rêves de son héroïne."Tu délires. Oui, c'est vrai. mais je ne trouve pas le  sommeil. ça fatigue de vivre.  Il en faut del 'énergie , pour  se couper de ses rêves, courir après le métro, le  bus,  aller en cours, manger,  rire, faire bien ses devoirs,  embrasser le front ridé  de sa mère,  celui  de son père (enfin,  quand il n'est pas sur les  routes). et encore  faire  ses devoirs, ceux de  la petite soeur, et aider les  voisines.  Repasser ses fringues pour le lendemain.  Rêver les  yeux ouverts d'un prince  imbécile  aux yeux verts et vivre pleinement le  présent de ses  dix-huit ans."
Manque juste une véritable tension dramatique...Un bon moment néanmoins. une découverte à poursuivre

21/03/2008

Charlémoi , émois émois émois ...

Charlémoi est un récit à plusieurs voix. Celle d'Edouard d'abord, auteur de jeunesse pour enfants qui part faire le point dans la riante région des Vosges . Celle de Gloria, qui travaille en usine et qui pense beaucoup trop aux autres et pas suffisamment à elle même ...Celles d'autres personnages ( y compris une lampe  chez un artiste !) encore viendront se mêler et petit à petit vont se renouer les fils du passé d' Edouard, ce passé qu'il traîne comme un sac trop lourd...
D'emblée le lecteur est séduit par le style de Christine Jeanney et si Edouard se désespère que ses livres ne soient pas  "recyclabe[s] en cotations", tel  n'est pas le cas ici, mon exemplaire de Charlémoi étant tout hérissé de bouts de papiers ! Mais attention pas de citations pontifiantes à coller comme autant de fleurs séchées dans un herbier ! Non! des citations comme  autant de diablotins sautillants qui viennent vous faire sourire ou vous émouvoir car Christine Jeanney aime les mots* et les manipule avec fluidité et dextérité.
Si j'ai d'abord marqué une nette préférence pour le  personnage de Gloria, Edouard me  semblant risquer un peu la nombrilite aiguë,je me suis petit à petit attachée aussi à ce personnage changeant et plus sombre qu'il n'y paraît de prime abord. 51zDz7FY1RL
Avoir du style, c'est bien mais savoir raconter une histoire c'est encore mieux et l'auteure s'y entend parfaitement aussi. je me suis laissée chahuter par la  construction éclatée (j'adore ça) et c'est un peu sonnée mais souriante que j'ai terminée la lecture de Charlémoi. Un pur moment de plaisir ! à quand le  suivant, Christine ?

Ps:  ne comptez  pas sur moi pour en faire un livre voyageur, je me  le garde jalousement tout hérissé qu'il est car il faut faire vivre  les petites maisons d'édition courageuses !

*  Et les livres aussi! D'où une description de librairie aussi jouissive que celle de Jean-Marie Gourio dans Chut !
-L'avis plus qu' enthousiaste de Cuné

le  blog de l'auteure .

Le site de la maison d'édition

13/03/2008

Pourquoi je réessaie quand même ....

D'abord, je me laisse tenter par les titres à la fois poétiques et diablement efficaces: Cet effrayant besoin de famille, le privilège des rêveurs...510GE2z8RPL
Ensuite, ces familles improbables, souvent au coeur de ces romans m'intéressent beaucoup...L'écriture de Stéphanie Janicot, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est agréable et je lis ses textes jusqu'au bout mais avec toujours un sentiment d'insatisfaction.
La lecture du Privilège des rêveurs m' a permis de mettre le doigt sur ce qui me chiffonne: les sentiments sont bel et bien présents mais exprimés de manière trop feutrée, pas assez heurtée. Les conflits restent larvés et j'ai trouvé que la relation entre cette fille abandonnée par sa mère et cette dernière étaient trop rapidement pacifiée. Les problèmes se résolvent bien trop harmonieusement, les aspérités de la vie étant trop vite rabotées. J'ai néanmoins apprécié la description de la relation trouble qui s'établit entre l'écrivaine héroïne du privilège des rêveurs et le modèle réel dont elle s'est inspirée pour un de ses personnages.

les  avis plus enthousiastes de

Gachucha

Clarabel

Laurence

07/03/2008

"What a glorious day!"

41ylClKuHALD'abord un peu d'appréhension : vais-je retrouver le charme  des  yeux jaunes des crocodiles ? Les suites sont si souvent décevantes, davantage dictées par l'économie que par l'envie réelle...
Mais très rapidement la magie opère, grâce aux rappels savamment instillés  par Katherine Pancol, on se réinstalle très vite parmi  les nombreux personnages de cette Valse lente des tortues , qui nous redeviennent très vite familiers, comme de vieux amis perdus de vue avec qui la conversation reprend comme si nous nous étions quittés la veille. Nous retrouvons avec plaisir Jo(séphine) qui se juge elle même "femme de peu d'éclat"et  a bien du mal à s'habituer à la  richesse et à la notoriété que lui a apporté son livre, ses filles, la plus jeune découvrant les joies  de l'amour,l'aînée celle de la réussite dans son école de mode londonnienne...Quant à Iris,dont le "coeur est un cactus hérissé de sourires", la soeur dominatrice de Jo , elle a bien du mal à encaisser le succès de  cette dernière mais n'a pas dit son dernier mot.
Si les sentiments et les relations familiales priment toujours, la tonalité devient parfois plus sombre avec des incursions dans le monde du polar et Katherine Pancol nous fait passer en un clin d'oeil du sourire à l'angoisse. Son roman, comme la vie  fourmille d'histoires, on se cultive au passage en apprenant (entre autre)d'où  vient l'expression "travailler au noir"*, on croise un chien noir si moche qu'il sera appelé Duguesclin, (je vous laisse  deviner pourquoi), chien qui adore le jazz, quelques tortues qui passent mine de rien,à deux ou quatre pattes, des tas de personnages parmi lesquels on évolue sans aucun souci de se perdre, et l'on valse lentement de page en page pour faire durer le plaisir ...

Cuné m'a fait découvrir le  terme "page turner", livre qui donne envie de tourner les pages, il faudrait en inventer un autre pour correspondre au roman de  katherine Pancol, livre qui donne  envie de tourner les pages mais pour lequel  on se rationne volontairement pour que le plaisir dure un peu plus longtemps...

le site de l'auteure


*"La chartre des artisans [...]exigeait que le travail ne s'effectue qu'à la lumière du jour.certains maîtres , pour augmenter le  rendement de leurs ouvriers, les  faisaient travailler à la  chandelle, une fois la nuit tombée, ce qui était interdit." (p.531)

05/03/2008

Un enfant qui a perdu sa mère, une mère qui a perdu son enfant

Plus que la thématique "penchons-nous sur le sort des jeunes SDf ", c'est davantage l'histoire croisée  d'une enfant sans mère et d'une mère qui a perdu un enfant que j'ai perçue dans le roman  de Delphine de Vigan,No et moi.
Franchement, je m'attendais au pire avec la rencontre de cette surdouée de 13 ans et de cette jeune Nolwenn,jeune SDF qui va entrer dans la vie de Lou, à l'occasion d'un exposé. Mais finalement,j'ai  trouvé beaucoup de délicatesse dans la manière d'aborder la  problématique par l'intermédiaire de  Lou qui aime la grammaire car elle structure la langue, elle qui voudrait tant que la vie  soit cadrée ...: "Dans les livres,  il  y a des chapitres pour bien séparer les moments, pour montrer que le  temps passe ou que la situation évolue, et même  parfois des parties avec des titres chargés de promesses, la  rencontre, l'espoir,  la chute, comme els tableaux. mais dans le vie, il n'y a rien, pas de titre, pas de panneau, rien qui indique attention danger, éboulements fréquents ou désillusions imminentes. Dans la vie on est tout seul avec son costume , et tant pis  s'il est tout déchiré."41DothrH_WL
En aidant, No, c'est finalement eux que les  parents de Lou aident ,thème déjà abordé par exemple par Marie Desplechin dans son roman Sans moi.
Finalement  ce que j'ai préféré, c'est le portrait de ces deux jeunes filles que tout semble opposer mais qui,  chacune à sa façon, sont en décalage par rapport au monde dans lequel elles évoluent.

L'avis de Laure

qui vous enverra chez plein d'autres lecteurs,(désolée,je  suis à la bourre !)

04/03/2008

Roméo et Marilyn

Roméo, tel est le vrai prénom  du docteur Greenson, le dernier psychanalyste de Marilyn ,Monroe, bien sûr.  Michel Schneider explore dans Marilyn dernières séances, les liens pour le moins bizarres qui s'étaient établis entre la psychanlyster et sa  célèbre patiente. ce faisant, il envisage églement les liens qui se sont tisssés  dans les  années 60 aux Etats-Unis entre cinéma  et la science mise au point par Freud,( Freud dont la fille ,Anna aura comme patiente épisodiquement la star hollywoodienne): "Chacun avait partagé la folie de l'autre"...41gkNBofWEL
Mêlant dialogues réels et inventés, chahutant la chronologie , c'est un portrait sensible et d'une intelligence  aiguë qui se donne à lire ici.
Même si comme moi on n'est pas spécialement fan de l'actrice, on ne peut qu'être touché par l'intelligence et la fragilité de la  femme : "Je vous dirais ce que je peux. Comment répondre à ce qui vous engloutit.",  "vous savez, dit-elle à Greenson venu le soir chez elle, j'ai trouvé ma  définition de la mort. Un corps dont il  faut de  débarrasser." ou bien encore:  "Quand on se dit qu'on est soi même une erreur, on n'a pas  envie de  s'entendre dire qu'on fait des fautes."
Avoir une patiente aussi célèbre ne pouvait que flatter le narcissisme de Greenson, qui lui  intima : "Laissez-moi faire et décider ce  dont vous avez besoin.", essaya de lui donner une place au sein d'une  ambiance familiale mais échoua dans son traitement et ne s'en remit pas. Les dernières pages du roman , consacrées à la manière dont Grennson vécut cet échec après la mort de Marilyn m'ont paru un peu longuettes mais je n'ai pour autant pas  boudé mon plaisir tant est passionnante cette vision fouillée et  attachante.

L'avis de  Clarabel .