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08/08/2010

Désordre et sentiments

"C'était plus qu'un chagrin, c'était un crève-coeur."

Doté de nombreux clins d'oeil  -dont le titre évidemment- à Jane Austen, Désordres et sentiments est une "fantaisie" sororale que l'on pourrait qualifier de pochade si l'on est de mauvais poil ou de , je cite la quatrième de couv' rédigée par Anna Gavalda elle même, "un moment de complicité joyeuse".
Disons que ces 71 pages, format petit carnet ,destinées aux lecteurs d'un club de lecture se situent quelque part entre les deux.

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La langue oralisée et relâchée,  les nombreux borborygmes ne m'ont pas vraiment gênée, non, ce qui m'a le plus agacée c'est cette volonté de différer indéfiniment l'explication de la situation rocambolesque dans laquelle se sont fourrées deux soeurs en goguette.
Les évocations chaleureuses  et pleines de charme de scènes familiales m'ont davantage convaincue que le récit de cette vengeance un peu lourdingue .
Gavalda patauge parfois dans la facilité (voir pour s'en convaincre la description des amoureux de sa soeurette) et on l'a connue plus en forme. A réserver aux afficionados.

Désordre et sentiments, Anna Gavalda , France Loisirs 2010, offert au début de l'été comme cadeau promotionnel.

L'avis de Laure.

07/08/2010

Mon évasion

Une grand dame du féminisme et une grande dame tout court. A découvrir d'urgence si ce n'est déjà fait car son avant dernier opus vient de sortir en poche...51oKhbGC1pL._SL500_AA300_.jpg

Benoîte Groult est un électron libre plein d’humour et c’est pour cela qu’on l’aime, cette charmante vieille dame aux yeux pétillants.

Elle n’a jamais appartenu à un part politique, jamais fait partie d’un groupe féministe, on ne lui a même pas demandé de signer le fameux manifeste des « 143 salopes » , comprendre le manifeste où des femmes reconnaissaient publiquement avoir avorté à une époque où l ‘IVG était interdite, et pourtant elle était concernée !

Non, elle ne rentre pas dans le moule, ses romans font scandale auprès des vieux barbons machistes mais connaissent un succès formidable car les femmes se rectrouvent dans ce qu’elle écrit. Quand j’entends un ministre proposer de revenir aux couches lavables pour bébés, j’ai envie de le renvoyer à le lecture des Vaisseaux du cœur où Benoîte Groult fait une description proprement apocalyptique de la quantité de travail que représentait ces couches aujourd’hui « écologiquement correctes »..

Dans son autobiographie, Mon évasion, elle revient ,sous une forme éclatée (récits mais aussi entretiens avec Josyane Savigneau, où l’on sent que s’établit une réelle complicité entre les deux femmes) sur ce qui l’a amené à prendre conscience de sa réelle personnalité, de ses réels besoins, dans une société encore lourdement misogyne.

Jamais amère, elle revient à la fois sur ses mariages , ses combats (la lutte contre l’excision, le droit à mourir dans la dignité) et nous propose aussi un récit la montrant à la fois en grand-mère indigne et tendre. Elle ne se pose jamais en modèle, mais on a diablement envie de l'imiter,en espérant être comme elle à  son âge !

06/08/2010

Plage de Manaccora, 16 h 30

Le narrateur, Voltaire, écrivain en vacances dans le Sud de l'Italie avec sa femme Oum (pas comme le dauphin mais comme la célèbre chanteuse orientale) et leur fils Géo (en référence à Géo Trouvetout). Une petite famille beaucoup plus pacifiée que celle décrite dans Le cosmonaute et surtout beaucoup plus drôle. Mais avec Philippe Jaenada (moins prodigue ici de parenthèses enchassées) le drame n'est jamais bien loin. Cette fois avec Plage de Manaccora, 16 H 30, il prend une toute autre dimension.
En effet , le narrateur et sa famille vont se trouver cernés par l'un de ces redoutables incendies qui ont ravagé le Sud de l'Italie. La mort est là toute proche, même si totalement incongrue dans cette ambiance estivale, prête à dévorer celui qui fera le mauvais choix.411krpxFCRL._SL500_AA300_.jpg
On sent dans ce roman une grande maturité. Est-ce la paternité, la confrontation avec le caractère éphémère de la vie (qui ne lui vaut pourtant que des pensées banales quant à la nécessité d'apprécier la vie et de relativiser tous nos petits ennuis) ? Ici l'auteur du Chameau sauvage surfe avec bonheur tant sur la vague de l'humour parfois caustique: "La grosse blonde remplie de saucisses zigzaguait en poussant de petitrs gémissements de cochon terrifié (chacun son tour)." que sur celle de l'émotion. On rit à gorge déployée (et tant pis pour les sourcils froncés du voisin) au début du texte et on essuie discrètement quelques larmes à la fin. Chapeau bas Monsieur Jaenada !

Plage de Manaccora, 16 h 30, Philippe Jaenada, Points Seuil, 221 pages tour à tour drôles et poignantes.

Les avis d'Amanda et de Cuné.

L'Ogresse, elle, a été déçue.

04/08/2010

L'épouvantail

"Ce que je savais du monde était bien déprimant."

"Archaïque et obsolète" car non totalement rompu aux techiques modernes, le journaliste Jack Mc Evoy vient de se faire licencier du L.A. Times, économie oblige.
Décidé à frapper fort avant de partir, il se lance dans la rédaction d'un article qui le mènera à débusquer par ricochet un tueur en série féru d'informatique.
C'est avec plaisir que l'on retrouve Jack et sa copine du FBI, Rachel Walling, déjà rencontrés dans Le Poète (le meilleur Connelly à ce jour pour moi).
Si la description du fonctionnement d'un journal est intéressante, jamais on ne s'inquiète vraiment pour Jack car on se doute bien que , telle Zorro, Rachel viendra à son secours et réciproquement.
Un roman un chouïa trop prévisible et un tantinet compliqué pour la quiche en informatique que je suis.En outre la psychologie du serial killer demeure des plus nébuleuses, juste évoquée à la fin du roman comme une obligation qu'il fallait à toutes forces remplir. Pas très convaincant donc.

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L'épouvantail, Michael Connelly, traduit de l'anglais (E-U) par Robert Pépin, 495 pages bien huilées.

Merci Cath et Laurent ! :)

 

08/07/2010

Si Eve Volver apparaît dans une histoire le coup partira avant la fin

"-T'es maboule toi !

-J'suis la boule de personne !"

Un pied dans la réalité, un pied dans l'imaginaire, Eve Volver , six ans, nous raconte  sa vie entre une grande soeur trop sérieuse, Victoria , et une petite, Loula, "capturée" juste après le séjour de maman à l'hôpital." C'est un moulin à paroles, et elle se fatigue elle-même à tant parler mais elle est diablement attachante cette Eve Volver même si on comprend parfois les réactions de son entourage...
Un énième récit à hauteur d'enfant ? Non, car Eve a une personnalité, une manière d'appréhender le monde qui se reflète dans le langage qu'elle emploie. Néologismes, calembours, syntaxe malmenée coulent de manière fluide et réinventent le monde.41SFuM01z6L._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA300_SH20_OU08_.jpg
Pas étonnant que sa famille soupire souvent et ne la comprenne pas toujours ! Le lecteur , lui, se régale car la tendresse, l'inventivité, la poésie et l'humour sont au rendez-vous.
Sans compter que, comme promis dans le titre, presque à la fin du récit, le roman bascule dans l'émotion pure sur un coup de tonnerre...
Glissez-vous avec bonheur dans l'univers d'Eve Volver sans plus attendre !

Si Eve Volver apparaît dans une histoire le coup partira avant la fin, Déborah Reverdy, L'école des Loisirs collection Médium, 238 pages  qui fourmillent d'inventivité.

Un avant-goût : "Je pensais qu'à force de pas ranger mes affaires, au bout d'un moment elles retrouveraient la bonne combinaison de départ, comme le Rubik's Cube, et que je n'aurais pas  à me casser la tête à remettre en ordre quoi que ce soit. Enfin j'y suis arrivée en conjuguant mes efforts au verbe vouloir. Après, comme j'avais les paupières qui s'enclumaient, j'ai rangé mon sac dans la soute pour bagages et je me suis assise au fond vers la fenêtre pour regarder le paysage se défiler."

Esmeraldae l'évoque ici.

Le blog de l'auteure.


05/07/2010

Le club des caméléons

"Mon copain Théodore était noir, mais je ne le savais pas."

Le club des caméléons est un drôle de livre , une galerie de portraits, où se côtoient, en vrac et entre autres, Isidore, André (probablement le seul homme au monde à être allergique au rouleau de papier peint qui se déroule, ce qui est ma foi fort gênant quand on travaille pour une entreprise de "plâtrerie-peinture-décoration"), Parrain, chacun dans leurs genres de drôles de loustics que l'auteur a fréquentés plus ou moins longuement dans sa jeunesse.978-2-84263-185-7.jpg
Le recueil s'ouvre sur un texte intitulé "Youki" et dès la première phrase, j'ai su que j'étais cuite ! Ce chien minuscule qui se prenait pour un molosse et qui "aboyait pour un oui pour un non, le plus souvent en plein milieu de la nuit, afin de nous signifier qu'on pouvait dormir tranquilles car le chien montait la garde, du fond de sa panière." m'a tout de suite fait glousser et ce n'était que le début !
En effet, Milan Dargent nous propose de magnifiques et souvent très drôles "exercices d'admiration" aussi hétéroclites que réussis consacrés à Jean-Paul (Belmondo)-un régal du début à la fin-, Eddy (Merckx), mais surtout Lou ( Reed) , celui qui chamboulera sa vie.
Un seul prénom féminin au milieu de ce monde presque cent pour cent masculin, une histoire d'amour finie avant que de commencer, racontée très pudiquement car on a beau avoir été membre fondateur du Club des caméléons , club qui prônait le désordre , crevait les pneus et versait des sucres dans les réservoirs d'essence , on n'en est pas  moins sensible...
Un livre tendre et drôle qui se lit très vite mais fait beaucoup de bien aux zygomatiques !

Le club des caméléons, Milan Dargent, Le dilettante 2009 , 159 pages qui donnent envie d'en lire plus !

Emprunté à la médiathèque.

02/07/2010

Une parfaite journée parfaite

"Moi j'ai un grand appartement parce que j'aime bien marcher les bras écartés."

Si vous avez aimé le roman (ou le film) Harold et Maude, alors vous devriez apprécier Une parfaite journée parfaite.
En effet, même si l'atmosphère est totalement différente-délicieusement british chez Higgins, à la fois plus clinique et ludique chez Page, on retrouve le même humour noir avec ce personnage qui ne cesse de se suicider de manière complètement abrupte et systématique.
On pense aussi à l'univers de Boris Vian dans L'écume des jours avec ce requin qui vit à l'intérieur du personnage principal, ou comme le souligne lui-même l'auteur dans sas postface au film Un jour sans fin.410D1LWaiKL._SL500_AA300_.jpg
Autant de références pour réaffirmer que" la seule planche de salut du héros consiste à rejoindre la fiction. C'est une source de chaleur et devie sur laquelle on peut compter."
Puisque Martin Page nous donne gentiment les clés de son univers autant ne pas se gêner : "Une parfaite journée parfaite est un roman sur le désespoir mais aussi sur les mécanismes compensatoires à mettre en oeuvre pour ne pas sombrer: la création, l'humour et la musique." De bien séduisants remèdes . A prendre ou à laisser. Je me suis régalée !

Une parfaite journée parfaite, Martin Page, points seuil 2010, 112 pages de jais. (noires et brillantes).

 

Merci Lou (qui elle n'avait pas aimé mais lui avait laissé sa chance , la preuve ! et vous emmènera vers plein d'autres lecteurs séduits .

 

 

 

28/06/2010

68 mon amour/le général et moi *

 

Le 29 mai 1968 le Général de Gaulle s'éclipse à Baden-Baden tandis que les étudiants manifestent dans la rue et que certains se préparent à assumer sa sucession...
Le narrateur, étudiant "méritant" en droit et fervent gaulliste s'obstine à suivre ses cours mais circule aussi -parfois en camion poubelle- dans un Paris en ébullition en compagnie d'allemands-non roux- et d'amis d'enfance qui transportent une grenade.
Ambitions politiques, amours, famille nombreuse, tout ceci donne lieu à une narration alternant différents points  de vue, le tout dans une ambviance bon enfant où l'on retrouve la verve du Champ de personne.51FgQ60GqnL._SL500_AA300_.jpg41xbX6LbeuL._SL500_AA300_.jpg

Daniel Picouly,  deux titres pour un roman  très agréable et enlevé.

Emprunté à la médiathèque.

 

 

 

 

 

 

 

*où comment coller à l'actualité en toutes saisons (68 mon amour paru en 2008 pour le quarantième anniversaire des événements de mai, Le général et moi, titre du poche pour l'anniversaire de l'appel du 18 juin).

 

24/06/2010

Poète et paysan

"Je ne sais même pas me rendre heureux."

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Pour une jolie fille de fermier, le narrateur abandonne ses études de cinéma et s'improvise agriculteur chez ses futurs beaux-parents.
Las ! Si la bonne volonté ne manque pas, la maladresse de l'apprenti paysan et le décalage entre les tableaux champêtres de Rosa Bonheur et le tracteur orange pétaradant  auront tôt fait de le décourager !
L'humour de Jean-Louis Fournier n'arrive pas ici à contrebalancer sa vision très noire de l'existence, qui se teinte ici a posteriori d'amertume.
De jolies pages sur les vaches ou des anecdotes comme celles du "champ frisé" labouré dans tous les sens ne parviennt pas à dissiper une atmosphère parfois teintée de rancoeur...
On attend vite le suivant pour oublier cette semi déception.

16/06/2010

Rien ne va plus

« Ci-gît Aurore, noyée dans le philtre.»

Aurore, maintenant en classe de Seconde, doit jongler entre ses fiches de lecture (hilarantes), sa famille avec , entre autres, une soeur qui rentre dans le rang et une autre qui entend tout régenter, sans oublier son groupe.41K820Xpg7L._SL500_AA300_.jpg
Et l'amuuuuur dans tout ça ? Il est toujours au centre de ses préoccupations mais notre chère Aurore va aussi se lancer dans l'écriture de chansons, voire de chansons « engagées » car un embryon de conscience politique va lui naître...
Aurore s'émancipe aussi : elle sort (un peu), elle boit (trop) mais une seule fois et se frotte même au monde de la télévision, mais là où Marie Desplechin donne toute sa mesure c'est dans la description d'une semaine de vacances chez des gens trop parfaits et proprement atroces.
Je n'ai pas cessé de m'esclaffer et de rire en suivant ce qui est suggéré comme le dernier tome du journal d'Aurore, un final en beauté donc !

Emprunté à la bibliothèque.

Rien ne va plus, Marie Desplechin, Ecole des loisirs 2009 , 326 pages.