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Rechercher : la maladroite

#ProsperàLoeuvre #NetGalleyFrance

"Sa narine droite s'ornait d'un piercing (ce petit anneau ou bijou dont les adolescents s'hameçonnent l'épiderme comme des pêcheurs de rivière maladroits) et elle avait gratifié d'un autre son arcade sourcilière gauche tant et si bien qu'on aurait dit que, mal réveillée, elle avait crocheté n'importe où ses boucles d'oreilles."

Prosper Brouillon, écrivain à succès, est torturé au début du récit par une phrase qui le laisse insatisfait. Véritable torture physique pour celui qui n'aime rien tant le "triomphe sur le marché de masse" mais va se résoudre à donner une trame policière à son nouveau roman , car "cette forme de mépris du client ne lui ressemble pas."éric chevillard
Le ton ironique est donné et nous suivons le bienheureux Prosper Brouillon dans les affres de la création, ce qui nous vaudra,  de découvrir les ficelles du métier, faute de pouvoir suivre la master classe donnée par le maître (trop onéreuse à notre goût, hélas). Nous glanerons aussi au passage quelques citations extraites de son fameux ouvrage Écrire et tricoter, c'est pareil ,le suivrons lors de salons littéraires, ou d'un passage à la télévision. Bref, nous explorerons à sa suite l’univers des écrivains à succès dont se moque ici de manière caustique et hilarante, Eric Chevillard.
Placé sous l'égide de Katherine Pancol, David Foenkinos, Alexandre Jardin, Christine Angot, Eric-Emmanuel Schmitt et Yasmina Khadra, excusez du peu, Prosper Brouillon nous gratifie de phrases ampoulées, de comparaison hasardeuse "reprise trois fois par l'auteur, celui-ci estimant sans doute que le lecteur mithridatisé en apprécierait moins douloureusement la saveur la troisième fois", de truismes claironnés avec panache et j'en oublie.
Un festival de phrases hilarantes qui n'en oublie pas pour autant de pointer du doigt le principal objectif du bien nommé Prosper: "Il ne pense qu'à son lecteur, il pense à lui obsessionnellement, avec passion, à chaque nouveau livre inventer la torture nouvelle qui obligera ce rat cupide à cracher ses vingt euros."
Décapant et jouissif.
Les illustrations sobres de Jean-François Martin ajoutent au plaisir de la lecture.

Éditions Notabilia 2019.

Du même auteur, pouvant être lu indépendamment : Défense de Prosper Brouillonclic.

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Chère Madame ...ou le salon du Livre 2011

En vrac et en vitesse, avant que les souvenirs ne s'estompent quelques instantanés du Salon du Livre où j'ai flané quelques heures dimanche (j'aurais dû m'équiper d'un podomètre, tiens !)

*Rencontre au débotté avec Jean-Marie Chevrier qui dépérissait à vue d'oeil sur une banquette orange et qui s'est animé en quelques secondes quand j'ai pris langue avec lui pour évoquer son dernier roman, Une lointaine Arcadie (dont je parlerai bientôt). Comme c'est un homme charmant, il ne s'est même pas offusqué de mes réserves (souriantes) quant à la fin de son roman.

* J'ai croisé dans un tout autre genre, un auteur aux yeux d'un bleu hypnotique qui "confessait" une lectrice visiblement en transe , c'était Nicolas Fargue. Vision étrange...

*J'ai rencontré Angélique Villeneuve (ça c'était prévu) et comme elle est très sympathique et pleine d'humour elle a su venir à bout de ma maudite timidité et ne pas se vexer d'une quinte de toux inextinguible qui m'a valu une disparition momentanée. Merci Angélique !

*J'ai frôlé Katherine Pancol qui se rendait en toute discrétion , lunettes noires sur le nez, à sa séance de dédicace. Je suis repassée plusieurs fois devant son stand et imperturbablement Katherine signait mais il faut bien avouer qu' à la fin du marathon, le sourire était plutôt en berne.

*Grâce à Hélène, j'avais noté l'heure de la séance de dédicace d'Audur Ava Olafsdottir, préparant dans mon anglais plus que rouillé des phrases maladroites pour lui dire le plaisir de lecture que m'avait procuré son roman magique, Rosa candida. Et là , autre miracle, Audur Ava parle un excellent français. J'avais un peu honte de mon bouquin tout corné et abîmé mais elle a été ravie. Cette femme est aussi lumineuse que son roman ! Bonne nouvelle, un autre roman est en train d'être tapé , yessss !

* Croisé par hasard Leslie Bedos qui est pleine de charme, de gentillesse et à qui on a tout de suite envie de faire la bise !

*Dans le coin beaucoup plus tranquille où étaient relégués les plus petits éditeurs, j'ai déniché un livre de poésie Chez Soc et Foc.

A part ça, j'ai croisé Corto Maltese qui déambulait lentement pour que chacun puisse bien l'admirer, des jumeaux venus de l'espace qui provoquaient des regards tantôt amusés, tantôt  effrayés, des auteurs qui ignoraient ostensiblement leurs voisins plus malchanceux,le stylo au repos, des auteures qui se rengorgaient et gonflaient le jabot dès que pointait une caméra, des écrivains déguisés en notaire, le poil bien lisse et la cravate austère, un trio improbable sur une même podium: un écrivain hagard entre un linguiste chouchou et un journaliste rapido, même pas capable d'aller dire un mot à Rufo ou à Cyrulnik, la honte !
Sans oublier des rencontres très sympathiques avec des attachées de presse, se rendant disponibles malgré la foule, des kilomètres légers, même pas mal aux pieds, et le plein de souvenirs fugaces et colorés, un régal !

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La première fois

"Est-ce que ton petit copain est un Danny ou un Eddie ?"

 Même s'ils sont parfaitement informés de l'aspect technique de la relation sexuelle , les ados, garçons et filles, des nouvelles de ce recueil La première fois , sont néanmoins fort embarrassés quand il s'agit de franchir le pas.
"Mais ce que je ne parvenais pas à déterminer, c'était le moment où c'était devenu une compétition. le sexe et tout. Quelques années plus tôt , on évitait joyeusement les filles.", constate le footballeur héros de "But", la nouvelle de Keith Gray, qui sera confronté à un choix cornélien...burgess,fine,gray,hooper,mc kenzie,ness,rai,valentine
Trouver des conseils auprès des adultes ? Pas question ! Car même s'ils sont plein de bonne volonté, comme le père du héros de Sophie McKenzie, les parents sont souvent maladroits, voire ridicules . Sauf quand une vieille dame, affranchie de toute contrainte par son âge même ,décide de parler de sexe en plein milieu du repas dominical, au grand dam des parents et au grand plaisir des ados  dans" La majorité sexuelle" de Jenny Valentine. On retrouve dans ce texte toute l'empathie et la malice de l'auteure de La fourmilière , qui a le chic pour peindre des personnages attachants qui établissent des liens par delà les générations.
Mais il y a des choses qui ne changent pas. ainsi le pouvoir de la poésie que va redécouvrir le héros de Melvin Burgess dans "Entrée en matière", pouvoir qui ira au delà de ses espérances...Beaucoup d'humour dans ce texte qui aborde le "problème" de la différence d'âge, quelques années qui représentent un gouffre quand on est ado.
Autre question, bien plus complexe, celle du choix sexuel car "ça se passe autrement pour les garçons" vont devoir accepter les héros de Patrick Ness, dans un texte où tous les mots crus ont été volontairement caviardés, sans pour autant ôter efficacité et sensibilité à ce texte.
Plus classique "Charlotte " de Mary Hooper nous rappelle qu'au XIXème siècel, en Europe, la virginité d'une jeune fille pauvre pouvait être une simple monnaie d'échange.
Tonalité plus grave également chez Bali Rai qui nous rapelle qu'une "serviette blanche" peut avoir de dramatiques conséquences pour une jeune mariée en Inde, même de nos jours.
Le dernier mot revient à Anne Fine qui résume la situation avec son "Faire l'amour ou le trouver" mettant en scène un cours d'éducation sexuelle plus vrai que nature, qui rappelle bien des souvenirs à une enseignante chevronnée , qui ne l'a pas toujours été dans certains domaines...
Les grandes plumes de la littérature britannique pour adolescents nous offrent ainsi un panorama complet d'une question qui nous a tarabustés et tarabuste nos ados, alternant les tonalités et les points de vue (j'ai particulièrement apprécié les nouvelles mettant en scène le point de vue des garçons) et dédramatisant la situation, sans pour autant tomber dans l'angélisme. Une réussite !burgess,fine,gray,hooper,mc kenzie,ness,rai,valentine

La première fois, Scripto, Gallimard 2011, traduit de l'anglais par Laetitia Devaux et Emmanuelle Casse-Castric , 245 pages à offrir ou à laisser traîner, mine de rien, dans des endroits stratégiques...

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Chant des âmes sans repos

"Peut-on vivre sans avoir de nom, pensa-t-elle. Et, si c'est le cas, est-on encore un être humain ? "

Eva, divorcée depuis plusieurs années de Svante, est accusée du meurtre de ce dernier. Difficile pour elle, d'expliquer à la police que, ce n'était pas vraiment par hasard si  elle se trouvait dans la quartier chic , aménagé au sein de ce qui fut autrefois les plus grand  hôpital psychiatrique d’Europe, Beckomberga, là où son ex-mai venait d'emménager avec sa nouvelle (et très jeune) compagne.tove alsterdal
La seule personne qui pourrait innocenter Eva est une jeune femme Rom, témoin de l'agression dont ont été victimes Svante et son ex-épouse. Mais impossible de la retrouver, selon les dires de la police.
 Des cadavres sont bientôt exhumés dans le parc de l'ancien hôpital psychiatrique, découvertes macabres semant le trouble au sein de la communauté privilégiée des nouveaux habitants.
Situant son personnage principal à l'intersection de différentes communautés, celle des Roms, celle des soignants et soignés de Beckomberga, celle des privilégiés suédois, sans compter celle des jeunes européens , avides de nouveaux fonctionnements de société, Tove Alsterdal  'en oublie pas pour autant son suspense et résout son énigme d'une manière intéressante. Dommage qu'elle n'ait pas soigné autant la psychologie de ses personnages, et en particulier celle d'Eva. Instructif et prenant néanmoins.

Traduit du suédois par Johanna Brock et Erwan Le Bihan. le Rouergue 2019, 452 pages.

De la même autrice sort aujourd’hui en poche Tango fantôme.

"L'histoire se répétait : encore une fois, elle se retrouvait dans l’ombre de sa sœur, qui prenait toute la place."

Helene Bergman croyait avoir coupé tout lien avec sa famille dysfonctionnelle: une mère disparue en Argentine lors de la "Guerre sale", un père irresponsable et alcoolique. A peine entretenait-elle quelques liens distants avec sa sœur Camilla, dite Charlie.
Mais quand cette dernière tombe d'un balcon, du onzième étage, même si la police conclut rapidement à un suicide, Helene va mener sa propre enquête, partant sur les traces de sa sœur dont elle découvre rapidement qu'elle avait effectué  récemment un voyage en Argentine.
Alternant les époques, le roman de Tove Alderstal rafraîchit nos connaissances sur la situation politique en Amérique du Sud dans les années 70 et brosse le portrait de femmes qui, maladroitement, tentent de se construire un destin.tove alsterdal
L'héroïne  n'est en rien attachante, la description des personnages secondaires est un peu superficielle mais,
en dépit de longueurs dans le début du roman, je me suis laissée prendre par l'intrigue, faisant fi de quelques invraisemblances.

Pas encore un coup de cœur pour ce roman policier lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de ELLE.

 

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