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Rechercher : nicolas robin

On fait parfois des vagues

"[..]; si la certitude est un pays, l'esquive est un empire- et mon père maîtrise cet art aussi bien que le badminton."

A dix ans, le narrateur , Nicolas, apprend qu'il est né d'un don de gamètes et que le père qui l'élève n'est donc pas son père biologique. "En grandissant, je prends l'habitude de vivre à côté de mon père sans en ressentir pleinement la présence, comme si ses contours avaient été floutés pour qu'il se fonde dans le décor; comme s'il était devenu presque invisible- une sorte de décalcomanie, à la Magritte, une silhouette à travers laquelle on voit tout mais qui n'est rien." Aucun reproche à faire à ce père mais les deux hommes s'éloignent peu à peu, le silence qui a suivi la révélation a laissé des traces.arnaud dudek
Devenu adulte, Nicolas va à la fois décider de partir à  la recherche du donneur bienveillant, mais aussi d'écrire un récit de filiation car "[...] ouais, la vie est foutrement tordue, mais elle ne peut pas s'échapper quand je l'emprisonne entre mes lignes, alors-là, j'en fais ce que je veux."
Pouvoir des mots, pouvoir du créateur qui peut écrire à sa façon le roman familial, et faire preuve d'empathie envers ce père disqualifié par la nature et par la société aussi d'une certaine façon.
On retrouve ici l'écriture faussement simple d'Arnaud Dudek, son extrême sensibilité, sans jamais tomber pour autant dans la sensiblerie .
Si on dévore d'abord ce roman, avec l'envie de savoir ce qu'il 'il va advenir de ces pères et de ce fils, on prend ensuite le temps de le savourer pour mieux apprécier la délicatesse et la force d'émotion de ce roman. Une grande réussite !

Éditions Anne carrière 2020.

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L'oiseau canadèche...en poche

"-Nous refusons absolument tout ce qui sort de l'ordinaire.
Jake explosa:
- Eh ben, ça doit vous faire une petite vie bien merdeuse et salement étroite , non ? "

Un grand-père qui a collectionné les mariages (foireux), perdu quelque peu le sens des réalités et qui est persuadé d'être immortel grâce à une infâme gnôle dont un vieil Indien lui a transmis la recette , n'écoute que ses tripes et élève à sa façon totalement foutraque un petit fils qui lui est tombé du ciel.
Quant à L'oiseau canadèche qui donne son titre à ce très court texte, il a été trouvé ...dans la terre et a échappé de peu à un sanglier qui deviendra l'obsession de toute la famille, l'équivalent terrestre de la fameuse Moby Dick.jim dodge
Amoureux de l'ordre et de la vraisemblance passez votre chemin ! Pour les autres réjouissez-vous et précipitez-vous pour découvrir ces 106 pages tour à tour hilarantes (mention spéciale à la cane qui sait si bien exprimer ses sentiments !), poétiques, tendres, truculentes, qui parlent de la vie, de la mort, avec une apparente simplicité qui fait toute sa force et décrivent un univers où les gens hors-normes ont encore leur place.
Ne ratez pas non plus la savoureuse et éclairante postface de Nicolas Richard.

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Chez soi, une odyssée de l'espace domestique

"Chacun, en fonction de ses dispositions personnelles et des occasions qui s'offrent à lui, s’enfonce plus ou moins loin sur les routes de papier; mais ces routes mènent au même but."

Casanière, mais aimant les récits de voyage de Nicolas Bouvier, Mona Chollet cultive les ambivalences et les assume. Elle analyse avec acuité notre relation au "chez soi", s'impliquant elle aussi au passage, dénonçant la violence de notre société mais aussi célébrant les charmes du home sweet home dans de très belles pages.mona chollet
Ce que j’aime chez cette journaliste c'est le regard critique, la variété des angles, la manière dont elle n'hésite pas à se mettre aussi en scène et la variété des références aussi bien architecturales que littéraires.
Plein de  découvertes, de marque-pages et d'envies de lectures !

Chez soi, Mona Chollet, Zones 2015.

Une réalisation de Terunobu Fujimori , architecte japonais à laquelle Mona Chollet consacre de très belles pages.mona chollet

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Idiopathie

"Meilleure elle était dans l'exercice de son travail, plus les gens la détestaient. De l'avis général, elle excellait dans son travail."

Séparés après une liaison tortueuse, Katherine et Daniel vont devoir se rapprocher pour faire face au retour d'un fantôme de leur passé: leur ami commun Nathan.sam byers,comédie à l'anglaise
Daniel a retrouvé l'amour mais il n' a jamais  été et ne sera jamais de taille à affronter son ex , reine du cynisme et de la mauvaise foi. Les retrouvailles s'annoncent donc plutôt compliquées...
Trentenaires narcissiques et par certains côtés encore puérils, Daniel , Katherine et Nathan prennent tour à tour la parole dans ce roman présenté comme une comédie à l'anglaise .
Si Sam Byers manie les mots avec une profonde jubilation et atteint souvent son objectif,nous faire sourire, voire pouffer, (j'ai adoré en vilaine que je suis l'exploitation de Nathan par sa mère)  il ne parvient pas toujours à donner de la densité à ses second rôles (j'aurais aimé que soient développés par exemple les personnages de la mère et de la sœur de Katherine). Il aurait sans doute fallu aussi tailler dans les discussions et les prises de tête intérieures entre les anciens amoureux (si je lui dis ça, elle va réagir comme ça mais...). Trop longues, elle ont failli m'occasionner un mal de tête et j'avais juste envie de dire à Daniel : Fais-toi une raison et tais-toi. Quant aux vaches, atteinte du syndrome du désœuvrement, elles sont le symbole d'une société en perte de sens. Elles n'en demandaient pas tant, les pauvres.
Bref, un premier roman presque réussi. ...,

Traduit de l’anglais par Nicolas Richard.

Le billet tentateur de Cuné, qui a bu du petit lait !

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Le linguiste était presque parfait

"Hoosier: subst, étymologie obscure et ennuyeuse. Crétin de Blanc assorti d'une grasse épouse blanche qui mange des légumes verts, accroche un silencieux à son pot d'échappement à l'aide d'un cintre, et laisse traîner des réfrigérateurs dans son jardin pour que des enfants s'étouffent à l'intérieur."

Quoi de plus calme en apparence qu'un institut de linguistique étudiant le langage des nourrissons ? Et pourtant, outre leurs inimitiés, l'intérêt maniaque porté aux mots prononcés , ces charmants linguistes doivent aussi penser à l'avancement  de leurs carrières professionnelles , de leurs projets amoureux, veiller au maintien des subventions qui leur sont accordées , voire même sauver leur peau. En effet, l'un d'entre eux vient d'être assassiné.david carkeet,linguistiqueJeremy Cook va mener sa propre enquête sur le meurtre de son collègue de manière bien peu orthodoxe, utilisant ce qu'il connaît le mieux : la linguistique !
Le microcosme évoqué  dans  ce nouveau roman de David Carkeet n'est pas sans rappeler celui de David Lodge mais avec des personnages encore plus farfelus et  déjantés qui parviennent à rendre la linguistique follement attrayante (ce qui n'est pas une mince affaire, vous l'avouerez !). L'auteur joue à merveille des oppositions entre ses personnages et nous entraine avec un sérieux imperturbable dans un monde où les énigmes dignes de Gaston Leroux sont résolues grâce à des signaux linguistiques ! Un monde fou fou fou qui nous distrait avec intelligence et bonne humeur !

Le billet tentateur de Clara.

Le linguiste était presque parfait, David Carkeet, traduit de l'anglais (E-U) par Nicolas Richard, Monsieur Toussaint  Louverture 2013, 287 pages .


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Héritage

"Le bonheur que l'on n'a pas gagné n'est pas le bonheur."

Apprenti éditeur, Andy Larkman, parce qu'il s'est trompé de salon funéraire, hérite de 17 millions de livres sterling de la part du défunt, Christopher Madigan, dont il ignore tout.
L'argent va évidemment modifier son rapport aux autres  mais simultanément le rendre débiteur , comme il mettra du temps à s'en rendre compte.41cXWtrVj0L._SL500_AA300_.jpg
Il lui faut en effet comprendre qui était cet homme, comment ce réfugié arménien est devenu un nabab du minerai de fer en Australie avant de devenir un parfait Anglais et de déshériter sa fille.
Andy deviendra ainsi le dépositaire de récits qu'il lui faudra agencer pour profiter pleinement de son Héritage.
Mêlant récit d'apprentissage, d'aventures et ne négligeant pas le poids de l'Histoire, le roman de Nicholas Shakespeare est un pur plaisir. On ne le lâche pas une seconde, savourant les pointes d'humour : "Il la soupçonnait d'être la réincarnation d'un guerrier barbare. Une grimace pareille , ça ne s'apprenait pas en une seule vie." , retrouvant avec plaisir les figures imposées du récit à rebondissements. Un roman confortable, comme on les aime et qu'il m'a absolument fallu finir hier soir, d'où mes yeux de panda !

Héritage, (Inheritance) Nicolas Shakespeare, traduit de l'anglais par Karine Lalechère, Grasset 2012, 421 pages à dévorer.

Déniché à la médiathèque.

L'avis de Clara !

Celui de Gwenaëlle

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18/06/2012 | Lien permanent

Nage libre

"Tu ne connais rien au monde, suppôt de Dieu."

L'eau est son élément. Et ce depuis l'enfance. Rien d'étonnant alors à ce que Philomena, nonobstant (ou à cause d') une série de catastrophes familiales devienne une championne ployant sous les médailles. Las, son quart d'heure de gloire se terminera plus tôt que prévu et la jeune femme devra se réadapter à la terre ferme, non sans difficultés.51GiZoqOEIL._SL500_AA300_.jpg
Des personnages hauts en couleurs auxquels on s'attache immédiatement, une narration tout en ellipses, qui glisse, presque par inadvertance, des informations cruciales pour désamorcer tout pathos, un style à la fois poétique et bourré d'humour (il faut voir comment Philomena s'adresse aux garçons !), comment ne pas craquer pour Nage libre ?
Eprouvant une féroce aversion pour les piscines en général et la natation en particulier, j'ai pourtant adoré chaque ligne de ce roman. La description des compétitions que j'appréhendais un peu est totalement déroutante et splendide. On se prend des coups à l'estomac et au coeur, on a les larmes aux yeux et la seconde d'après on sourit largement, on est happé dans un maëlstrom de sensations et d'émotions et à peine a-t-on fini ce roman qu'on y replonge à nouveau pour y piocher au hasard de petites pépites. Un grand grand coup de coeur !

Nage libre, Nicola Keegan, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Madeleine Nasalik, L'olivier 2010, 424 pages qui ne sentent même pas le chlore.

Merci Cuné !

Amanda, elle aussi séduite !

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Ma mère en vacances

Gwendoline Raisson , au texte, et Magali Bardos , aux illustrations , empruntent la voix d'un petit garçon pour nous raconter les aventures de Ma mère en vacances.
(On est bien loin des Ta mère elle est ...qui ponctuaient les propos des cours de récréation il y a quelques temps !)512v5uIdVkL._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA300_SH20_OU08_.jpg
Non ici, que ce soit à la montagne (aux sports d'hiver) ou à la campagne (en été) nous suivons les tribulations d'une mère finement observée par son fils.
Plein de malice, le loupiot attend d'être saucissonné dans son anorak trop petit pour déclarer qu'il a envie de faire pipi . Un classique ! mais un classique revisité et le texte qui joue sur les rimes et la technique de l'énumération qui revient comme un refrain, prend aussi en compte l'exaspération (contenue) de la mère qui en est réduite à faire le yogi écharpe au cou et bonnet sur la tête !
Quant à la campagne ce n'est guère mieux ! En effet, un mère qui passe l'aspirateur jusque dans les pots de fleurs peut difficilement être confrontée à la réalité des insectes !
Évidemment le petit garçon se donne le beau rôle et tout se termine bien.
Deux histoires espiègles à lire ensemble !

Ma mère en vacances, Gwendoline Raisson & Magali Bardos, OFF-Pastel 2010

J'en profite pour souhaiter une bonne fête de Saint Nicolas à tous les enfants !

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L'oiseau canadèche

"-Nous refusons absolument tout ce qui sort de l'ordinaire.
Jake explosa:
- Eh ben, ça doit vous faire une petite vie bien merdeuse et salement étroite , non ? "

Un grand-père qui a collectionné les mariages (foireux), perdu quelque peu le sens des réalités et qui est persuadé d'être immortel grâce à une infâme gnôle dont un vieil Indien lui a transmis la recette , n'écoute que ses tripes et élève à sa façon totalement foutraque un petit fils qui lui est tombé du ciel.
Quant à L'oiseau canadèche qui donne son titre à ce très court texte, il a été trouvé ...dans la terre et a échappé de peu à un sanglier qui deviendra l'obsession de toute la famille, l'équivalent terrestre de la fameuse Moby Dick.31ozM8-attL._SL500_AA300_.jpg
Amoureux de l'ordre et de la vraisemblance passez votre chemin ! Pour les autres réjouissez-vous et précipitez-vous pour découvrir ces 106 pages tour à tour hilarantes (mention spéciale à la cane qui sait si bien exprimer ses sentiments !), poétiques, tendres, truculentes, qui parlent de la vie, de la mort, avec une apparente simplicité qui fait toute sa force et décrivent un univers où les gens hors-normes ont encore leur place.
Ne ratez pas non plus la savoureuse et éclairante postface de Nicolas Richard.

L'oiseau Canadèche, Jim Dodge, Traduit de l'américain par Jean-Pierer Carasso, Editions Cambourakis 2010.

Merci à Dominique qui nous a signalé cet oiseau canadèche ! (qui est allé se nicher directement sur l'étagère des indispensables !)

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Paroles de marche

"Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait c'est le voyage qui vous fait ou vous défait." Nicolas Bouvier

 C'est à Denis Boulbès, psychopédagogue retraité et "infatigable marcheur" que reviennent le choix et présentation de ce recueil de la collection "Carnets de sagesse" consacré à la marche.Il la replace dans son contexte historique, soulignant au passage que celle-ci est encore une nécessité pour les sept dixièmes de l'humanité  et que ce n'est qu'au XVIIIème siècle, avec Rousseau , que lui sera adjointe la notion de plaisir. Auparavant primait celle d'exercice salutaire , tant pour le corps que pour l'esprit.51riIOw7UdL._SL500_AA300_.jpg
L'éventail des écrivains, pas forcément voyageurs , ayant célébré la marche est très vaste. Qui s'attendrait à trouver  ici un texte, très beau d'ailleurs , de Jean Jaurès ou de Julien Gracq ?
Les photos de Joseph Rottner accompagnent notre parcours parmi ces extraits qui, bien évidemment nous donnent non seulement des envies de balades mais aussi de lectures ! La source des textes  ainsi qu'une bibliographie des "classiques" à même de proposer une sagesse de la marche complètent idéalement ce carnet de route.

à offrir et à s'offrir sans plus tarder (10 euros)

Paroles de marche, Albin Michel 2011, collection Carnets de sagesse, 50 pages où piocher pour commencer un voyage immobile.

 

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