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”et je t'aime, caresse-moi ...”Véronique Samson
Par la caresse nous définissons la géographie du corps de l'Autre,par le langage nous le faisons entrer dans la communauté de l'humain.
L'humain est pétri de langage et la caresse maternelle lui assure confiance en lui pour le restant de ses jours.
Bébé,adulte ou vieillard, tous apprécient le contact peau à peau, oncommence à le (re) découvrir et qui mieux que Régine Detambel, à lafois écrivaine et kinésithérapeute pour faire ce Petit éloge de la peau ?
Salangue à la fois riche et précise, charnelle et scientifique nousinvite à une étude eccléctique et cultivée où sont convoqués lespersonnages de la Bible, de la mythologie mais aussi de la littérature(de Flaubert à Sylvia Plath, en passant par la littérature japonaise), sans oublier la peinture contemporaine.
Enpetits chapitres, en textes courts, parfois justes quelques notations ,l'auteure nous invite à une promenade sensuelle au pays de[ nos]corpscomme le chantait il y a longtemps Catherine Le Forestier.
Je vous souhaite autant de plaisir que j'en ai eu à piocher dans ces textes beaux et poétiques.
15/01/2007 | Lien permanent | Commentaires (12)
”Moi, c'est mon âme qui ne bat plus.”
Celui qui parle ainsi c'est Slimane. Slimane qui admire et chérit son grand frère Maxence . Avec lui le quotidien est un peu plus doux car "il fait danser la vie. Il l'oblige à voler toujours plus haut, même quand elle n'en peut plus et qu'elle veut se fracasser sur le bitume." Maxence qui lui explique que les adultes "font des erreurs, et après , ils ont plus la force de tout recommencer." Comme leur mère qui les aime mais pas au point de les emmener loin du Démon, leur père qui explose en crises de rage incontrôlable, les roue de coups et fait régner la terreur. Maxence qui va préférer un jour partir au Pays sans adultes ...
En lisant le deuxième roman de Ondine Khayat j'ai plus d'une fois songé à Momo le héros de La vie devant soi d'Emile Ajar alias Romain Gary. Même émotion , même invention langagière mais ici la voix enfantine triture les mots pour mieux faire ployer le réel, pour s'en échapper ne serait-ce qu'un instant.
Partant d'une situation émotionnellement très forte, (j'ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises),l'auteure tempère la violence par l'évocation du monde très imagé de Slimane. On frôle parfois le pathos et peut être aurait-il fallu un tout petit peu raccourcir certains passages afin de donner davantage de densité au récit mais il n'en reste pas moins que j'ai dévoré d'une traite ce roman très émouvant. Une vraie voix, intense et belle.
Merci à Suzanne de Chez les filles et aux Editions Anne Carrière pour ce "pur moment d'émotion."
28/11/2008 | Lien permanent | Commentaires (24)
”Puisque tu poses la question, je crois que la sieste c'est fini pour moi.”
Dans la première nouvelle qui donne son titre au recueil, Le crépuscule des superhéros, Deborah Eisenberg nous peint en une soixantaine de pages le basculement irrémédiable qu'ont constitué les attentats du 11 septembre 2001: "Terminé le festival du gaspillage nonchalant, le coeur sur la main."
Désormais les héros privilégiés de ses nouvelles savent que tous les avantages que leur procuraient leur famille, leurs relations (appartements confortables sous-loués, travail intéressant et bien payé, visite guidée d'un pays idyllique) ne leur sont pas acquis, mais juste prêtés car comme l'indique le titre d'un autre texte "le ver est dans le fruit".
Les superhéros sont en train de se "disloquer,de battre l'air des bras, avec tous les rouages et les leviers qui se brisent et se détachent.". Les amis , la famille, tous peuvent être touchés par la maladie mentale, la violence, la pauvreté, ou rattrapés par un scandale et nous aurons beau tourner la tête , les journaux, la télévision ou les chauffeurs de taxi nous rappelleront toujours ce que nous feignons de ne pas voir , ne pas entendre.
Un seul récit, "la fenêtre" ne se déroule pas dans un milieu favorisé mais là aussi, le rêve le plus humble va rapidement tourner à l'aigre.
Deborah Eisenberg, avec son style très elliptique, nous plonge souvent dans une douce et plaisante confusion . Il faut accepter de remplir les vides,d'établir les liaisons que les esprits sur la même longueur d'ondes n'ont pas besoin d'effectuer ou de se laisser flotter au gré de ses portraits pleins d'acuité .
Un grand merci à Cuné pour l'envoi !
03/02/2009 | Lien permanent | Commentaires (6)
Pourquoi l'esprit de Noël ne passera pas par moi #1
Pourtant, tout avait bien commencé.
Sur un coup de tête, je m'étais inscrite à un atelier couronne de l'avent, que j'avais bien l'intention, en supprimant les bougies, de transformer en couronne d'accueil. Depuis le temps que j'en cherchais une qui me plaise, j'allais enfin pouvoir frimer.
L'esprit embrumé, j'avais oublié quelques points de détails que la réalité s'est chargée de me renvoyer en pleine face.
D'abord, cet atelier avait lieu en fin de semaine dans un village voisin, perdu au milieu des champs. Ce qui m'a valu des sueurs froides car se faire doubler sans visibilité sur une route boueuse qui serpente dans la nuit, c'est moyen.
Deuxio, à la campagne, si tu n'as pas torturé la maîtresse de maternelle avec les autochtones, tu es , au mieux, même après 25 ans dans le sus-dit village, un nouveau, au pire un étranger. Je te laisse imaginer quand tu te pointes dans un village voisin. Tu passes aussi inaperçue que la mouche tombée dans le bol de lait.
Ensuite, tout le monde s'est pointé à la même heure. Il allait donc falloir attendre , debout, dans le froid de l'arrière -boutique de la fleuriste-décoratrice-vendeuse de thé. Ce qui laissait le temps d'observer celles qui étaient déjà au boulot.
Et là, mes deux mains gauches ont commencé à envoyer des signaux de détresse. Du genre de ceux qu'on lance quand on t'a dit "Viens, ce sera sympa, on débute tous et on va bien se marrer" et que tu découvres que tout le monde est au top. Sauf toi. Un pistolet à colle, j'en avais déjà entendu parler mais , pour moi, son existence se situait quelque part, dans les limbes de l'inaccessible.
Ensuite, ce furent mes pieds: "On caille !". Puis mon dos :"Tu dois t'asseoir!". J'ai donc capitulé et apès trois quarts d’heure, j'ai levé le camp.
Qu'on ne me parle plus de couronne de Noël. Merci.
13/12/2014 | Lien permanent | Commentaires (17)
Pourquoi l'esprit de Noël ne passera pas par moi #2
Qui dit repas de Noël (25 décembre , 13 heures) dit invitations, imposées ou pas.
Et là entre
- ceux qui confirment la lecture de votre mail ,mais ne vous répondent pas .
- celle qui vous répond ,mais pour vous demander de confirmer la date et l'heure car elle a effacé par erreur votre mail.(Vous avez juste envie de lui répondre qu'en raison du réchauffement climatique Noël aura lieu cette année le 14 juillet et qu'on fera un barbecue mais bon).
-ceux qui organisent en catimini (mais, chut !, vous avez vos informateurs) une table ronde pour décider s'ils vont venir et envoient un mail lapidaire pour confirmer finalement. (tant d'enthousiasme laisse pantois).
- ceux qui fuient les repas de fêtes depuis toujours (explicitement pour éviter de recevoir chez eux) , mais qui ,au vu de leurs dates de location de gîte, vont venir,parce que hein, on ne va pas rester tout seuls.
-ceux qui cumulent plusieurs items (si, si, c'est possible).
On ne sait que choisir.
Excusez-moi ,
à cause de mon état hystérique
ma grammaire s' est envolée par la fenêtre !
(traduction littérale)
14/12/2014 | Lien permanent | Commentaires (17)
L'empereur, c'est moi...en poche
« Je suis obligé d’accepter ce monde qui n’est pas le mien. »
En 1990 sa mère, Françoise Lefèvre, le décrivait avec beaucoup d’amour comme Le petit prince cannibale et je découvrais tout à la fois la réalité de l’autisme et la superbe écriture d’une écrivaine sensible.
Le petit prince a grandi. Julien s’est renommé Hugo et l’enfant silencieux, au comportement dérangeant, hors-normes, est devenu un adulte qui affirme à son tour : L’empereur c’est moi.
Dans une langue épurée, parfois violente, nous découvrons la réalité de l’autisme de l’intérieur. La volonté de contrôle, l’univers si particulier dont lui seul possédait les clés, nous le découvrons à notre tour.
Cette forteresse, il en est sorti, faisant fi, avec sa mère des discours convenus, des institutions normatives. On sent beaucoup de colère, voire d’arrogance, et la vision de cet adolescent tour à tour émouvant, frondeur et tête à claques ne laissera personne indifférent.
Un texte court de sa mère clôt le récit et la dernière phrase en est particulièrement émouvante : « J’ai adoré être ta mère. »
05/03/2015 | Lien permanent | Commentaires (10)
#MêmePasMoi #NetGalleyFrance
"Je ne veux réfléchir à rien. Je veux foncer, vivre. Y croire. Être une autre ou même moi. Quelque chose, un truc."
Pierre a quitté Elsa. Qui ne s'en remet pas. Alors, elle pense au suicide, tente la psychanalyse, la voyance par téléphone, le voyage au bout du monde, le lifting.
Elle qui s'est toujours sentie décalée repense aussi à son enfance, à son adolescence et à ses soirées au Palace.
Le synopsis est mince, j'ai cherché en vain l'autodérision et l'émotion. Quant à l'écriture, elle est souvent oralisée et se compose principalement de phrases juxtaposées.
Stock 2019.
05/05/2019 | Lien permanent | Commentaires (3)
Moi, j'attends de voir passer un pingouin...en poche
Moi, j'attends de voir passer un pingouin, cette phrase qui m'habite et semble dépourvue de sens est un mantra pour desserrer l'étau. Entendant ou lisant ces syllabes absurdes, les hommes épris de sérieux, les représentants de l'ordre et de la loi, leurs amis, leurs alliés, les rédacteurs en chef, les directeurs financiers, les responsables de tout acabit haussent les épaules et passent leur chemin.
Nous voici tranquilles."
Une narratrice (serait-ce Nouk, une héroïne déjà rencontrée chez Genviève Brisac ?) non identifiée, qui "gagne sa vie en racontant des fariboles de petite ampleur", dans 13 petits textes nous livre des moments de sa vie. Une vie animée par une ribambelle d'animaux, par des dialogues avec son fils, Nelson, ou sa concierge, Céleste. Par des cours d'éducation populaire où elle exprime sa passion pour Rosa Luxembourg, cette révolutionnaire un peu trop oubliée.
Car c'est bien de révolte qu'il s'agit. Geneviève Brisac a choisi en effet d'illustrer ce thème, fondamental pour Pablo Picasso pour la collection Tabloïd de chez Alma éditeur.
Mais pas de révolte flamboyante. non,il faut comme elle l'indique dans son autoportrait "Noter le passage du temps sur les êtres, observer une voile qui se gonfle, décrire les déceptions et les malentendus, la beauté des ciels et des amitiés, l'omniprésente bêtise , les injustices et les insoumissions Rendre réelle cette seconde vie cachée sous la vie officielle."
Il n'en reste pas moins que je suis restée un peu perplexe, accrochant ça et là quelques marque-page, séduite par le style lumineux et enjoué de Geneviève Brisac mais pas tout à fait rassasiée...
10/07/2014 | Lien permanent | Commentaires (2)
”Quand elle buvait, même le silence autour d'elle disait: ”Sauvez-moi”.
La mère des chagrins est un roman composé de dix textes qui parfois se "chevauchent", revenant sur des faits qui ont déjà été évoqués (la mort du père, par exemple), comme si le narrateur, qu'on devine très proche de l'auteur, Richard Mc Cann, ne pouvait revenir sur l'histoire de cette famille à l'aube des année cinquante qu'en reprenant son souffle.
Il tisse patiemment l'évocation de cette vie de famille nucléaire où les rôles semblent fixés de toute éternité : "Je savais déjà , je suppose, que j'étais le fils de ma mère, tout comme Davis était le fils de notre père." mais où , par petites touches, la réalité va déborder du cadre. Figure centrale, la mère, à qui le narrateur tient lieu de miroir mais qui s'aveugle elle même refusant d'admettre ce que le lecteur découvre très tôt...
Roman sur l'identité, La mère des chagrins est aussi chatoyant et insaisissable qu'une bulle de savon. Un beau moment de lecture et d'émotion.
01/07/2008 | Lien permanent | Commentaires (14)
”Epouse-moi, vieille chauve-souris butée et sois mon unique amour, pour toujours”
Même si le volume de la série "Mon écrivain préféré" consacré à Anne Fine privilégie, Ecole des loisirs oblige, ses livres pour la jeunesse, il ne faut pourtant pas oublier que cette écrivaine so british, irrévérencieuse et amoureuse de la vérité, a écrit aussi pour les adultes et ce pour notre plus grand bonheur.
En lisant le texte d'Arnaud Cathrine , ellaboré à la suite d'un échange soutenu de courriels avec l'auteure de "Au secours c'est Noël", on ne peut qu'admirer cette femme qui a su mettre en pratique le conseil que l'on donnait dans sa jeunesse : "Trouvez ce que vous aimez faire le plus au monde, et ensuite trouvez quelqu'un qui soit prêt à payer pour que vous le fassiez".
Evidemment, au passage, je n'ai pu que glaner quelques envies de lecture dont les deux nouveautés d'Anne Fine: La route des ossements et La vengeance du chat assassin.
Pour vous procurer cet exemplaire gratuit de "mon écrivain préféré", rendez-vous chez votre libraire favori ou ici.
28/09/2008 | Lien permanent | Commentaires (11)