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Rechercher : l'invention des corps

Mon âge...en poche

"Ce qu'on pouvait raisonnablement espérer avoir en commun avec les enfants d'ingénieurs , c'étaient leurs polos. Il nous suffisait d'acheter les mêmes  et nous avions les moyens , notre infériorité ne se mesurait pas à l'argent. Pas sûr que nos corps les aient portés avec  la même superbe. Ce qu'il y a à l'intérieur des têtes  porte les polos bien plus que les épaules et les torses."

Dans la lignée de Corps, ce nouveau roman de Fabienne Jacob  se penche avec acuité et bienveillance sur notre relation au corps et au temps. Commençant par la description d'une femme qui se démaquille le soir, femme  dont l'âge n'est pas précisé "Voilà mes yeux, voilà ma bouche, voilà mon âge, vingt-sept ans, trente-neuf ans, soixante et un ans". Else,   il se clôt par une très jolie vision: celle de trois femmes âgées se baignant,nues, au clair de lune, car elles ont atteint La vie intérieure. Entre-temps, sera venu le temps du Détachement : "à présent que je ne veux plus  séduire ni posséder, seule une chose m'importe encore, c'est vivre des moments sans temporalité. La question du temps ou plutôt du non-temps  est la seule qui compte. Les autres questions ne sont plus des questions pour moi." Et de relater des moments où le temps n'entre pas , moments fugaces ou non, dans des endroits parfois inattendus, comme le supermarché, qui , décidément fait son entrée en littérature en cette année 2014.*
Si, dans un premier temps, j'ai été un peu déroutée par l'absence de précision chronologique, les âges ne sont jamais volontairement précisés mais on peut aisément les situer, j'ai été séduite par l'écriture de Fabienne Jacob, sa vision à la fois acérée, rien ne lui échappe, et tendre de la relation des femmes aux différents âges de leur vie. on n'oubliera pas de sitôt, entre autres,  cette petite fille qui déchire la robe trop aimée, tant désirée !fabienne jacob
J'ai aussi beaucoup apprécié la relation sensuelle, physique aux langues de la narratrice: "Dans ma langue maternelle, il y a un mot pour dire Se faufiler, Se glisser, mais un mot qui le dit beaucoup mieux. C'est le mot Schluffen. Il a quelque chose d'utérin que l'équivalent français n'a pas. Aucun mot français ne pourra jamais autant se faufiler ni autant glisser que dans le mot de  la langue maternelle. Celui qui en français se blottit le plus est le verbe Se lover."

Mon âge, Fabienne Jacob. Folio 2016

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Mon âge

"Ce qu'on pouvait raisonnablement espérer avoir en commun avec les enfants d'ingénieurs , c'étaient leurs polos. Il nous suffisait d'acheter les mêmes  et nous avions les moyens , notre infériorité ne se mesurait pas à l'argent. Pas sûr que nos corps les aient portés avec  la même superbe. Ce qu'il y a à l'intérieur des têtes  porte les polos bien plus que les épaules et les torses."

Dans la lignée de Corps, ce nouveau roman de Fabienne Jacob  se penche avec acuité et bienveillance sur notre relation au corps et au temps. Commençant par la description d'une femme qui se démaquille le soir, femme  dont l'âge n'est pas précisé "Voilà mes yeux, voilà ma bouche, voilà mon âge, vingt-sept ans, trente-neuf ans, soixante et un ans". Else,   il se clôt par une très jolie vision: celle de trois femmes âgées se baignant,nues, au clair de lune, car elles ont atteint La vie intérieure. Entre-temps, sera venu le temps du Détachement : "à présent que je ne veux plus  séduire ni posséder, seule une chose m'importe encore, c'est vivre des moments sans temporalité. La question du temps ou plutôt du non-temps  est la seule qui compte. Les autres questions ne sont plus des questions pour moi." Et de relater des moments où le temps n'entre pas , moments fugaces ou non, dans des endroits parfois inattendus, comme le supermarché, qui , décidément fait son entrée en littérature en cette année 2014.*fabienne jacob
Si, dans un premier temps, j'ai été un peu déroutée par l'absence de précision chronologique, les âges ne sont jamais volontairement précisés mais on peut aisément les situer, j'ai été séduite par l'écriture de Fabienne Jacob, sa vision à la fois acérée, rien ne lui échappe, et tendre de la relation des femmes aux différents âges de leur vie. on n'oubliera pas de sitôt, entre autres,  cette petite fille qui déchire la robe trop aimée, tant désirée !
J'ai aussi beaucoup apprécié la relation sensuelle, physique aux langues de la narratrice: "Dans ma langue maternelle, il y a un mot pour dire Se faufiler, Se glisser, mais un mot qui le dit beaucoup mieux. C'est le mot Schluffen. Il a quelque chose d'utérin que l'équivalent français n'a pas. Aucun mot français ne pourra jamais autant se faufiler ni autant glisser que dans le mot de  la langue maternelle. Celui qui en français se blottit le plus est le verbe Se lover."

Un livre qui a rejoint ma réflexion personnelle sur l'âge, que je me suis approprié avec bonheur, un parfait cadeau d'anniversaire ! Merci Cuné !

Mon âge, Fabienne Jacob, Gallimard 2014, 165 pages hérissées de marque-pages !

Et zou, sur l'étagère des indispensables !

 

 

* Annie Ernaux, Regarde les lumières , mon amour

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Tenir jusqu'à l'aube

"Elle ne pouvait se permettre aucune erreur, aucun écart. L'enfant et elle devaient filer doux, afficher zéro défaut, ne laisser aucune prise à la société. A tout instant, ils risquaient d'être étiquetés "famille à problèmes". Ils étaient hors-normes, ils étaient fragiles, ils étaient suspects."

Dans l'espoir de maintenir un lien ténu avec le père de son enfant de deux ans, la narratrice, graphiste free-lance, continue à vivre dans une ville où elle n'a ni amis, ni famille qui pourraient la sortir de ce huis-clos parfois étouffant avec son fils.
Les difficultés matérielles s'accumulent et la jeune femme commence à fuguer hors de l'appartement pour échapper à "cette créature qu'elle avait créée de toutes pièces: la bonne mère ".
Ces fugues "comme une respiration" un entêtement" créent une tension dans le roman car elles deviennent de plus en plus une nécessité et la narratrice ne peut s'en empêcher, même si elle a bien conscience de "Tirer sur la corde", titre de la deuxième partie du roman.
Cette tension est d'autant plus grande qu'elle est mise en parallèle avec le récit dont le petit ne se lasse pas: "La chèvre de Monsieur Seguin", cette chèvre ,qui, par amour de la liberté est prête à affronter le pire. Scandant le roman, les extraits de la nouvelle d'Alphonse Daudet seront aussi l'occasion d'un clin d’œil final à la fois jubilatoire et  violent.carole fives
Car oui, de la violence il y en a dans ce roman. Celle des internautes intervenant sur les forums de mamans solos, sortes de harpies vengeresses prêtes à lapider toutes celles qui osent se plaindre de leur fatigue,de leurs galères, de leur solitude... Celle des institutions (crèches, personnel de santé...), des propriétaires de logements, celle d'une société où les violences physiques faites aux femmes sont banalisées et niées, ne serait-ce que par les mots...
Mais Carole Fives sait aussi se faire intimiste en décrivant le quotidien de ce couple fusionnel mère-enfant, en soulignant la nécessité de "Réintégrer son corps." ,"Un corps sans enfant qui s'y cramponne. Un corps sans poussette qui le prolonge". Là, l'écriture colle au plus près des sensations et fait partager au lecteur ce sentiment de grande respiration nécessaire.
Un roman dévoré d'une traite puis relu dans la foulée, plus lentement cette fois pour mieux le savourer. Et zou sur l’étagère des indispensables !

 

 Tenir jusqu'à l'aube, Carole Fives, Gallimard 2018.177 pages intenses.

Merci à l'éditeur et à Babelio.

Hélène a elle aussi beaucoup aimé : clic., Delphine également : clic

Un coup de cœur pour Joëlle :clic

carole fives

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Bonne à (re)marier

"Quand la beauté s'évanouit, on se met à espérer une tête bien faite."

à peine vient-elle d'accoucher de leur second enfant que Sarah apprend que son mari la trompe. "Et me voici frappée d'une crise cardiaque qui laisse mon corps debout."
Divorce, garde alternée , tout ceci la frappe de plein fouet mais il faut faire face, d'autant qu'elle est une femme qui travaille dans un monde où l'apparence est reine: celui de la publicité. à la violence des faits correspond la violence de l'écriture, à la fois cash et plus introspective que dans ses premiers romans. Mais c'est dans la seconde partie du roman, celle où l'héroïne se voit offrir une deuxième chance, que j'ai retrouvé la sensibilité à fleur de peau de l'auteure .sylvie ohayon
Un roman nourri de l'expérience de Sylvie Ohayon, mais pas seulement, qui parle de souffrances exacerbées, d'amour et du bonheur de se relever comme un boxeur sonné.

 

Bonne à (re)marier, Sylvie Ohayon, Robert Laffont 2014, 251 pages.

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Le tueur hypocondriaque...en poche

"Je suis une espèce de miracle de la médecine comme l'autopsie de mon corps le montrera  aux yeux stupéfaits du public dans un futur proche."

Affligé des maux les plus improbables, Le tueur hypocondriaque rate systématiquement sa cible. Il est vrai que loucher ne lui facilite pas la tâche. Pas plus d'ailleurs que d'autres infirmités qui se révèlent à l'improviste dans les circonstances les plus fâcheuses.51AplpLIjdL._.jpg
En effet, à ces divers maux s'ajoute une poisse tenace qui n'entraîne que de cuisants échecs. à deux doigts de mourir notre héros parviendra-t-il à accomplir sa dernière mission ?
J'avoue, si j'ai commencé cette lecture avec le sourire, je craignais un peu le comique de répétition, dont je ne suis pas friande. Mais l'auteur a su se jouer de cet obstacle en réservant bien des surprises à son lecteur . On passe donc un excellent moment, à la fois touchant et plein d'humour avec ce tueur dont nous partageons, il faut bien l'avouer quelques travers.
Un roman, qui, une fois commencé, ne peut être que dévoré !

L'avis enthousiaste de Clara !

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07/03/2014 | Lien permanent

Boy

"Elle ne s'était pas trompée en essayant de donner du corps et de la vie aux textes inaboutis du père. Ses héros sont venus le chercher."

Boy, appellation trompeuse pour une jeune femme qui refuse sa féminité et incarne dans le monde réel les personnages inventés par son père.  Boy tombe amoureuse. Un homme, une femme l'aiment aussi et un tueur en série vient brouiller les pistes et faire basculer le récit dans la violence et la mort.richard morgieve
Roman noircissime Boy interroge les rapports entre fiction et réalité .Le style, volontairement saccadé, répétitif, scande cette quête éperdue d'amour où les fantasmes viennent bousculer le lecteur, le poussant dans ses retranchements. On a parfois envie d'arrêter sa lecture tant la violence qui se donne à lire est  crue mais l'humanité de Boy l'emporte toujours. On sort de là un peu sonné par une telle intensité !

Boy, Richard Morgiève, carnets Nord, éditions Montparnasse, 280 pages intenses.

 

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11/02/2014 | Lien permanent

Un tout petit rien

"C'est beaucoup plus que sexuel, c'est beaucoup moins qu'amoureux. C'est nos culs entre deux chaises, c'est suffisant pour faire semblant de faire des bébés, pas pour en avoir."

Oui mais voilà la narratrice est enceinte et il lui reste quelques semaine pour prendre sa décision . Fera-t-elle une place dans son corps, dans  sa vie à ce tout petit rien ?
Sous une forme séquencée, mais néanmoins très fluide ,Camille Anseaume raconte de manière délicate, pleine de sensibilité et d'humour ce choix et les implications affectives et matérielles qu'il engendre , les réajustements  et les rêves.camille anseaume
Un petit roman (par la taille , 244 pages) mais vibrant de justesse et de chaleur humaine.

 Le billet tentateur de Cuné, mais c'est Carole Fives (encore !) qui a porté le coup fatal .

Le blog de l'auteure.

Un tout petit rien, Camille Anseaume , Editions Kero ,2014.

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Sondage au pif

" Je devine juste que je suis étrange."

Quelle drôle de bonne femme cette Irma! Se faisant passer pour une enquêtrice, elle s'introduit dans des foyers de la grande banlieue  de Helsinki . Sans doute juste pour tromper sa solitude. mais très vite, afin de se dépêtrer de ses mensonges, elle va s'enfoncer dans des situations de plus en plus compliquées et absurdes qui culmineront dans une épique course poursuite à 50 kilomètres par heure sur l'autoroute , en plein hiver finlandais !mikko rimminen,roman finlandais,déjantée
Jonglant avec des mots d'argot, créant des mots-valises et/ou des néologismes (bravo au traducteur!)) Mikko Rimminen éprouve semble-t-il beaucoup de sympathie pour son héroïne. Cette dernière accumule les bourde, malgré sa bonne volonté, manque de confiance en elle, ne maîtrise ni son corps ni le tacot qu'elle tente de conduire.
Mais la conclusion est des plus chaleureuse et optimiste alors, préparez vite du café, laissez Irma entrer chez vous et préparez-vous à beaucoup sourire !

Sondage au pif, Mikko Rimminen, traduit brillamment du finnois par Sébastien Cagnoli, Actes Sud 2013, 327 pages farfelues...,

 

Le billet tentateur de Clara !

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Automne...en poche

"J'ai commencé à lire assez tard. J'ai commencé quand j'ai eu besoin de croire en quelque chose."

Pluie, pluie, pluie.Téquila, bière ,téquila.L'Automne est chez Mons Kallentoft placé sous le signe du liquide. Tiens d'ailleurs le corps d'un riche avocat parvenu a été retrouvé dans les douves du château qu'il venait d'acheter. Son cadavre va , comme dans les précédents romans de la série, commenter les événements mais cette fois Malin ne se contentera pas d'entendre les voix de son intuition. En effet, son addiction à l'alcool est devenue encore plus importante. De plus,  la policière supporte mal l'éloignement de sa fille.Un intermède à Ténérife ne relance même pas l'intérêt.mons kallentoft,policierL'enquête est mollement menée,les errements de Malin ne convainquent pas vraiment et on se laisse porter jusqu'à la fin du récit plus par routine qu'autre chose...Un petit coup de mou donc.

Mon calendrier dit que l'automne c'est aujourd'hui...

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C'est qui Catherine Deneuve ?

"...mais je n'ai pas le goût des situations normales. Aussi , je n'échangerais pour rien au monde ma place de guerrier sioux  au pays des bisons fous..."

Ils ont" l'avis tranché facile" les élèves de Dominique Resch, ils manquent de références culturelles (voir le titre), prennent la vie à bras le corps,  et elle ne leur fait toujours de cadeaux la vie, en ont une vision très particulière et c'est ce qui fait tout leur charme. Ils ont aussi la chance d'avoir un prof qui aime les mots et qui sait le leur transmettre, vaille que vaille, avec beaucoup d'humour et de saveur. 41nDHF8KtAL._SL500_AA300_.jpg
On retrouve avec un plaisir jubilatoire les séquences croquées sur le vif d'un prof de lycée professionnel des quartiers Nord de Marseille qui arrivent juste à la fin de l'été pour nous dire que finalement la rentrée ça peut être formidable !

C'est qui Catherine Deneuve ?, Dominique Resch, Autrement 2012, 185 pages pleines d'énergie !

Du même auteur : ici.

...,

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28/08/2012 | Lien permanent

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