Rechercher : la peau de l'ours
Le ciel de Bay City
"Le ciel d'Auschwitz est un enfer. Il est si noir, Nellie, il me cache le sens de nos vies."
La mère et la tante d'Amy font tout pour oublier leur passé de survivantes d'une famille assassinée dans les camps nazis. Mais Amy, par le biais de cauchemars et d'hallucinations, revit continuellement ces horreurs que personne ne lui a racontées.
Elle a également développé une fixation sur Le ciel de Bay City dont le mauve, signe de pollution chimique, ne peut lui cacher "les cendres et les âmes des morts." à la veille de ses dix-huit ans, Amy, tout en révolte et à fleur de peau, décide de mettre un terme à cette malédiction familiale...
Difficile de rendre compte de ce texte obsessionnel qui nous offre des visions faussées d'une réalité multifaces. Amy est à la fois une adolescente fan d'Alice Cooper, qui , dénigrée par sa mère, ne semble pas lui en tenir rigueur, obervant le comportement maternel de manière quasi détachée et développant des stratégies qui lui permettront d'échapper à un destin mortifère. C'est aussi une adulte qui aura un parcours pour le moins surprenant, toujours en équilibre entre la vie et sa fascination pour la mort. Un roman surprenant qui suscitera soit la fascination (mon cas) ou le rejet viscéral.
Le ciel de Bay City, Catherine Mavrikakis, 10/18 2011, 250 pages qui, bizarrement , m'ont revigorée !
Une lecture électrochoc pour Clara !
Papillon n'a pas réussi à l'aimer !
12/12/2011 | Lien permanent | Commentaires (6)
Les secrets de ma mère
"Une sensation électrique sur ma peau, mes mains et mes pieds. Je ne me sentais pas triomphante Mais, d'une manière assez intéressante, je me sentais plus libre. Passer mon temps à attendre et à vouloir, voilà qui avait été mon état naturel. Désirer plutôt que d'avoir les tripes de réaliser mes propres souhaits."
Rose, la trentaine, n'a encore rien fait de sa vie. Elle est engluée dans une relation qui ne la satisfait plus et peine à savoir ce qu'elle veut vraiment. Jusqu'au jour où son père, qui l'a élevée seul, lui remet deux romans d'une autrice qui est la dernière personne à avoir vu la mère de la jeune fille avant que celle-ci ne disparaisse sans donner signe de vie.
Cette romancière avec qui sa mère a vécu une histoire d'amour pourra-t-elle aider Rose à se lancer sur la piste de cette mère insaisissable ?
La quête maternelle va bientôt se muer en quête identitaire et cela ne sera pas sans conséquences sur de nombreuses existences.
Alternant les époques, Les secrets de ma mère est un roman confortable, sans réelle tension, les personnages privilégiés par Jessie Burton n'étant pas à mon avis les plus intéressants. Facile à lire et... à oublier.
Traduit de l'anglais par Laura Derajinski, Gallimard 2020
04/11/2020 | Lien permanent | Commentaires (11)
Délit de gosse
"Bien sûr que Jeanne avait raison. On finirait nécessairement par avoir le même regard ballant entre terre et ciel, la gosse et moi, ça tombait sous le sens."
Réalisatrice en devenir, Jeanne décide de profiter du mariage de son petit frère, Ernest, pour effectuer auprès de son ancien fiancé un braquage de gamètes. Pas question en effet pour elle d'envisager autre chose qu'un rapport sexuel afin de concevoir "la gosse" dont rêvent Jeanne et sa compagne.
Aidées de leur ami gay, Mano, les jeunes femmes mettent alors au point un scénario rocambolesque, extrêmement précis et visuel, qui se déroulera dans le manoir familial du clan de Jeanne, dans le Périgord. Mais gare à ceux qui oseraient se mettre en lumière et franchir la lisière de ce qui reste tolérable aux yeux d'une famille engluée dans ses traditions et ses préjugés.
Isabel Ascencio aurait pu choisir la voie documentaire pour traiter ce thème ,mais elle a préféré une manière à la fois plus poétique, par la langue et plus ancrée dans l'univers de la création artistique, dans lequel ses héroïnes vont parvenir par des chemins très différents.
Ce n'est pas un hasard, si en choisissant de raccourcir ses nom et prénom, la braqueuse de gamètes endosse l'identité de Jeanne Duval , maîtresse mulâtre de Baudelaire qui a été effacée ,ou plutôt juste recouverte de peinture sur un tableau où elle figurait derrière son amant , tant elle inspirait à la fois de fascination mais aussi de honte. Croyant choisir un nom d'artiste, la jeune réalisatrice optait en fait pour un nom "de paria" comme le souligne Marie, qui vient de soutenir une thèse sur cette femme dont elle partage la couleur de peau.
Un roman sensible et lucide sur une société qui peine à évoluer.
Le Rouergue 2019.
15/01/2019 | Lien permanent | Commentaires (5)
De Niro's game
Dix mille bombes
"Les bombes pleuvaient. Les guerriers se battaient, nos ordures s'entassaient au coin des rues. Chats et chiens , gavés, grossissaient de jour en jour. Les riches en partance pour la France lâchaient leurs bêtes dans la jungle urbaine : toutous orphelins, bichons de luxe dressés à être propres, bassets portant prénoms français et noeud papillon rouge, caniches frisés au pedigree impeccable, cabots chinois ou génétiquement modifoés, clébards incestueux agglutinés en bandes qui couraient les rues par dizaines, unis sous le commandement d'un bâtard charismatique à trois pattes. La meute de chiens la plus chère du monde errait dans Beyrouth, courait sur la terre, hurlait à la lune énorme et dévorait des montagne de déchets à tous les coins de rue." Le décor est planté : Beyrouth durant la guerre du Liban, début des années 80, une ville d 'apocalypse où on tire en l'air pour se frayer un passage dans les rues ou se faire une place à la station-service.
Dans cette ville en ruines mais toujours palpitante de vie deux amis, comme deux frères: Bassam qui rêve de partir à l'étranger et Georges qui lui se sent attiré par la milice chrétienne et sa violence.
Une fraude dans un casino aux mains de ce groupe armé va précipiter les événements et décider du destin des deux garçons...
Rawi Hage, avec De Niro's game, titre faisant allusion au jeu de la roulette russe dans Voyage au bout de l'enfer nous livre un premier roman saisissant. Une plongée dans un monde où régne la violence , violence dans laquelle certains se vautrent mais que le narrateur, Bassam, utilise avec un certain détachement, outil nécessaire pour sauver sa peau. Bassam ne pose pas des mots sur ses sentiments juste des actes. Il ne joue pas au héros, il veut juste s'en sortir et ,quand la situation devient insupportable , il se raccroche aux mots et à des visions oniriques et poétiques, de longs flots inspirés qui charrient la boue et les étoiles. Cette opposition donne encore plus de force à des scènes qui sans quoi pourraient être insoutenables, comme la séance de torture qu'il subit. Le récit quant à lui est très structuré et culmine dans une séance d'explication finale qui éclaire d'un jour nouveau tout le roman. Un style inspiré et puissant qui m'a fait apprécier ce qui n'est pas d'ordinaire ma tasse de thé.
Vient de sortir en poche.
19/02/2010 | Lien permanent | Commentaires (17)
Lucie coeur de fraise le chien
Lucie le chien rassemble des billets parus sur un blogue québécois, tenue par une expatriée française.
Se glissant dans la peau de sa chienne,Sophie Bienvenu nous montre son univers à travers les yeux de Lucie ("de descendance russe du côté de la noblesse").Un univers où le jeu,les croquettes, les relations hiérarchiques(description hilarante de Lucie tentant de se glisser dans le lit de ses "parents", So et Dale) mais surtout l'affection tiennent une place prépondérante.
Luie aime tout- en n'aimant pas- mais en aimant quand même -ses rivaux, Nous le gros chien et son Ticha Joséphine. Elle apprécie les petites vieilles car elles "te prennent sur les genoux et te donnent des biscuits qu'elles ont fait elle-mêmes, et elles te caressent jusqu'à ceque tu sois tellement bien que la mort pourrait venir te prendre et que ça ne te ferait ni chaud ni froid". La mort, d'ailleurs, Lucie en a une vision naïve mais pas gnangnan. Lucie cite comme un juke-box des chansons des années 60 et 80 ,mélangeant sans vergogne Stéphane Eicher et Serge lama. Lucie cabotine (je sais elle est facile) et on en redemande. Seul bémol, le dernier billet avec ses relents xénophobes dont on se demande ce qu'il vient faire là ...
Livre voyageur grâce à la gentillesse de Cuné que je remercie au passage ! à qui le tour ?
c'est Frisette qui l'avait envoyé à Cuné !
28/02/2008 | Lien permanent | Commentaires (10)
Croire aux fauves
"J'ai perdu ma place, je cherche un entre-deux. Un lieu où me reconstituer. Ce retrait-là doit aider l'âme à se relever. Parce qu’il faudra bien les construire, ces ponts et portes entre les mondes; parce que renoncer ne fera jamais partie de mon lexique intérieur."
Spécialiste des populations arctiques, l'anthropologue Nastassja Martin est attaquée par un ours le 25 août 2015. Tels sont les faits .
Mais la principale intéressée préfère évoquer l'événement en tant que rencontre et échange, car si l'ours l'a défigurée, emportant en lui une partie du visage de l'humaine , elle-même estime que les frontières entre humain et animal sont poreuses et qu'elle a donc gardé en elle quelque chose de l'ours.
En effet, l'ours n'est pas n'importe quel animal, il faisait partie selon l'auteure de sa destinée, de son rêve et la rencontre était inéluctable.
L'animisme est au cœur de ce récit exigeant et poétique qui raconte tout à la fois une reconstruction mais aussi la nécessité d'instaurer "une négociation au sujet du monde dans lequel nous allons vivre."
Un récit enthousiasmant.
Éditions Verticales 2019, 151 pages troublantes
19/12/2019 | Lien permanent | Commentaires (3)
De l'Algérie à Billancourt
Alors que j'étais restée de marbre avec Le rêve de Jacek, j'ai beaucoup aimé du même auteur, Valentine Goby et dans la même collection ,le cahier de Leïla, de l'Algérie à Billancourt.
Sous forme de journal intime , nous suivons le parcours de cette petite fille qui part, avec sa mère et sa soeur,rejoindre le père ,installé depuis plusieurs années en France.
Par petites touches, se révèlent, les rêves,les difficultés (le racisme, le logement trop petit, la mère qui refuse de s'adapter...)mais aussi et surtout (et c'est peut être ça qui m'a emballée) l'amour de cette petite fille pour les livres. Valentine Goby s'est glissée avec poésie et sensibilité dans la peau de Leïla et nosu la rend très proche.
Le dossier historique est toujours aussi complet et les illustrations , censées parfois être celles de la fillette, sont pleines de charme.
Une manière attractive d'aborder tout un pan de notre Histoire (à partir de 10 ans) .
02/04/2008 | Lien permanent | Commentaires (8)
Les secrets de ma mère...en poche
"Une sensation électrique sur ma peau, mes mains et mes pieds. Je ne me sentais pas triomphante Mais, d'une manière assez intéressante, je me sentais plus libre. Passer mon temps à attendre et à vouloir, voilà qui avait été mon état naturel. Désirer plutôt que d'avoir les tripes de réaliser mes propres souhaits."
Rose, la trentaine, n'a encore rien fait de sa vie. Elle est engluée dans une relation qui ne la satisfait plus et peine à savoir ce qu'elle veut vraiment. Jusqu'au jour où son père, qui l'a élevée seul, lui remet deux romans d'une autrice qui est la dernière personne à avoir vu la mère de la jeune fille avant que celle-ci ne disparaisse sans donner signe de vie.
Cette romancière avec qui sa mère a vécu une histoire d'amour pourra-t-elle aider Rose à se lancer sur la piste de cette mère insaisissable ?
La quête maternelle va bientôt se muer en quête identitaire et cela ne sera pas sans conséquences sur de nombreuses existences.
Alternant les époques, Les secrets de ma mère est un roman confortable, sans réelle tension, les personnages privilégiés par Jessie Burton n'étant pas à mon avis les plus intéressants. Facile à lire et... à oublier.
11/02/2022 | Lien permanent
Allégeons-nous de nos cailloux
Corinne Dollon , dans L'essence des maux ,réussit à nous faire partager sans pathos la souffrance de personnages que la vie a fracassé mais qui réussissent à remonter vers la lumière. On sent beaucoup d'empathie de la part de l'auteure qui sait nous la faire partager.
Secret de famille à double-rebond (j'avoue que j'avais anticipé le deuxième), la trame narrative du roman nous emporte dans une lecture ininterrompue même si un épisode avec le peintre m'a paru un peu trop convenu.
J' ai également été un peu gênée par le style lui aussi un peu trop à fleur de peau de l'auteure et les adjectifs répétés m'ont embarassée comme une nuée de moucherons.
J'aime les images et j'ai regretté de pas en trouver dans ce roman.Néanmoins, Corinne Dollon, par sa sensibilité et sa fraîcheur m'a séduite et j'ai lu d'une traite ce roman touchant et beau.
A la fin du livre, j'ai aussi apprécié la liste des ouvrages lus pendant la rédaction du roman ainsi que celle des disques écoutés.
Quant au rebondissement qui a eu lieu dans sa propre vie et que nous confie l'auteure, il nous montre une fois de plus qu'il n'y a pas de hasard...
L'avis de Flo qui m'a donné envie de la lire.
Le site de l'auteure.
11/10/2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
L'intensité secrète de la vie quotidienne
"L'érudition, l'ironie, le silence: c'est la méthode Nick Crocker."
Au coeur du roman qui se déroule en sept jours au coeur de la campagne anglaise en mai 2000, Laura. Archiviste, la petite quarantaine, elle reçoit un courrier de son amour de jeunesse, le charismatique Nick Crocker. Mariée à Henry, historien et réalisateur qui se partage entre Londres et le Sussex, mère de deux enfants, Laura se laissera-t-elle perturber par cette irruption du passé ?
Je craignais le côté à l'eau de rose de cette hésitation entre mari chéri mais un peu plan-plan et ex-amoureux torturé mais la galerie de personnages qui prennent tour à tour la parole ont des préoccupations si diverses et sont si parfaitement croqués que j'ai passé un bon moment dans ce coin de campagne anglaise.
Le regard de William Nicholson est à la fois bienveillant et acéré (voir son analyse des véhicules adoptés par les bourgeois qui ont envahi ce petit village) mais il se glisse aussi avec une aisance stupéfiante dans la peau d'une femme lors d'une hallucinante séance de shopping. Il s'en est fallu de peu que ce livre soit un coup de coeur mais il y manque un je ne sais quoi (une touche d'acidité pour relever le tout ? ) pour que le plaisir soit total.
L'avis de Cuné, vile tentatrice s'il en est , plus enthousiaste !
L'intensité secrète de la vie quotidienne, Williman Nicholson, traduit de l'anglais par Anne Hervouët, Editions de fallois 2013, 399 pages confortables.
08/04/2013 | Lien permanent | Commentaires (7)