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Dis-moi un poème qui espère
Bon sang, encore un recueil de chez Rue du Monde qui me plaît !
J'adore leur format à l'italienne, la richesse et la variété des auteurs rassemblés, sans compter ici une mise en page et une illustration qui renforcent le thème abordé : l'espoir .
En effet,à de magnfiques photos en noir et blanc qui insistent sur le côté parfois grisaille de la vie , répondent en vis à vis des illustrations pleines de vie et de couleurs tranchées de Laurent Corvaisier.
Certaines pages se déplient même, révélant ainsi des textes et illustrations "cachés" formant un panorama surprenant . Une totale réussite à lire et relire quand
"ll faut s'asseoir sur la margelle
du puits de l'ombre
pour y pêcher avec patience
la lumière qui s'y perdit."
Pablo Neruda
Emprunté à la médiathèque.
20/12/2010 | Lien permanent | Commentaires (5)
68 mon amour/le général et moi *
Le 29 mai 1968 le Général de Gaulle s'éclipse à Baden-Baden tandis que les étudiants manifestent dans la rue et que certains se préparent à assumer sa sucession...
Le narrateur, étudiant "méritant" en droit et fervent gaulliste s'obstine à suivre ses cours mais circule aussi -parfois en camion poubelle- dans un Paris en ébullition en compagnie d'allemands-non roux- et d'amis d'enfance qui transportent une grenade.
Ambitions politiques, amours, famille nombreuse, tout ceci donne lieu à une narration alternant différents points de vue, le tout dans une ambviance bon enfant où l'on retrouve la verve du Champ de personne.
Daniel Picouly, deux titres pour un roman très agréable et enlevé.
Emprunté à la médiathèque.
*où comment coller à l'actualité en toutes saisons (68 mon amour paru en 2008 pour le quarantième anniversaire des événements de mai, Le général et moi, titre du poche pour l'anniversaire de l'appel du 18 juin).
28/06/2010 | Lien permanent | Commentaires (2)
”Son image s'est pyrogravée en moi.”
Un roman sur l'enfance, quoi de plus banal? Et pourtant Dominique Resch, avec Les poules, réussit le tour de force de nous embarquer dans le récit de ses vertes années avec une fraîcheur et une drôlerie revigorantes.
On commence le roman et immédiatement on est embarqué dans cette description drôle et poétique du monde familial SANS les lunettes de l'enfant et nous voilà accrochés à l'hameçon de Dominique Resch! On se laisse balader avec bonheur dans ces années soixante où la télé commence juste à faire irruption dans les foyers : Alors, le soir, ma mère hésitait à se déshabiller devant l'écran et quand ma grand-mère venait chez nous, elle s'habillait en dimanche pour se présenter devant Catherine Langeais et l'armée française. C'était comme ça. Il fallait le temps de s'habituer à ces choses nouvelles : les vedettes de la chanson, les speakerines et les chars d'assaut dans le salon." Vous l'aurez compris, il y a un ton Dominique Resch et parfois en le lisant ce premier roman, j'ai pensé aux premiers textes de Jaenada (les parenthèses en moins !), la tendresse en plus car c'est bien aussi de cela qu'il s'agit, la tendresse envers ses deux grands-mères si différentes et la tendresse pour le petit garçon qu'il était ... Un vrai bon moment et une bonne nouvelle: ce roman n'était plus donné comme disponible mais l'est de nouveau et c'est ici !
Les poules, Dominqiue Resch, éditions Anota.
Et plein de surpises en rapport avec le livre : ICI
15/04/2009 | Lien permanent | Commentaires (6)
”Parnoir,enjambe ta culotte et suis-moi !”
Vous qui aimez les mots, les mots anciens, les mots qui roulent comme des cailloux, précipitez-vous sur Le jour des corneilles , de Jean-François Beauchemin !
Le père Souche et son fils (qui n'a pas d'autre identité) vivent à l'écart d'un village, en autarcie.
Le père, sorte de Géant rabelaisien, la bonhommie en moins, lit dans les étoiles, tandis que le fils voit sans souci particulier les trépassés évoluer autour de lui. Parmi ces derniers, sa mère, morte lors de sa mise au monde.
Le père rudoie le fils qui supporte sans broncher les crises de folie paternelles, espérant toujours recevoir une preuve d'amour, cet amour dont il est assoiffé.
En 150 pages, Beauchemin crée des personnages inoubliables,un univers dense et rude où la vie et la mort se mélangent sans cesse. En effet, pour le premier repas de son fils, le père lui donne du lait provenant d'un cadavre de hérisson femelle."ce fut ma première pitance sur le domaine de la Terre : le lait d'une b^te morte achevée par Père. Ce fut par même occasion ma première rencontre véritable avec la mort, véritable en ce que j'en fus pénétré, puis nourri. Toute ma vie , cela devait me rester inscrit au ventre: par là le trépas avait tracé sa sente en ma personne; comme mots se formant et s'alignant sur la page." Surprenant et fort.
Un grand merci à Val qui me l'a fait découvrir et me l'a gentiment prêté !
L'avis de Malice
06/05/2008 | Lien permanent | Commentaires (8)
Y a une fille qui habite chez moi .
Vous connaissez tous la chanson de Bénabar où le narrateur se rend compte progressivement qu'une fille habite chez lui à travers différents indices. Hé bien le début du roman d'Erlend Loe Autant en emporte la femme ressemble un peu à ça mais en plus radical. Marianne "débarquait le soir même. pour emménager. avec douze cartons de taille moyenne et une commode ocre." Bon, nous les filles savons qu'il faut parfois forcer un peu le destin mais là, elle y va fort, Marianne ! Nous entrons alors dans un univers à la logique folle où le narrateur nous explique calmement : "Je me décidai à tomber raide dingue amoureux d'elle. Voilà."
De discussions absurdes en voyage impromptu, leur relation cahote de l'exaltation à la déception : "Le voile d'éternité qui enveloppait notre relation se ratatine.Je reconnais que nous sommes éphémères tous les deux."Avec un flegme très britannique norvégien, le narrateur subit sans broncher les décisions illogiques de sa dulcinée jusqu'au jour où ...
Lu d'une traite ce roman m'a permis d'entrer avec bonheur dans l'univers si particulier d'Erlend Loe (j'avais connu un échec avec Naïf. Super.) .Les phrases juxtaposées donne un style faussement naïf justement et très décalé à cette histoire d'amour mais une poésie très gaie se dégage de ces pages .
25/03/2008 | Lien permanent | Commentaires (17)
Dis-moi comment tu donnes , je te dirai qui tu es...
"Tout don engendre une dette, et toute dette doit être apurée." telle est la conclusion de Gabrielle Rubin dans
Pourquoi on en veut aux gens qui nous font du bien.
Lapsychanalyste s'intéresse aux problèmes qu'entraînent aussi bienles dons personnels, qu'ils soient matériels ou psychiquessi le principe énoncé plus haut n'est pas respecté.
S'appuyant aussibien sur des cas cliniques que sur des personnages de la littérature ,ce que j'ai particulièrement apprécié, Gabrielle Rubin décortique lesmécanismes des dettes intarissables, des dettes niées et desdettes négatives , illustrant ce dernier propos par l'exemple du tueuren série Guy Georges.
Son analyse du Voyage de M. Perrichon, pièce de Labiche m'a donné envie de découvrir cette oeuvre. Je suis néanmoins restée plus sceptique sur celle de Marsde Fritz Zorn (il est vrai que j'ai lu ce roman il y a plus de 20 anset que le souvenir que j'en ai gardé a dû fortement s'altérer).
Lechapitre d'introduction et celui de conclusion m'ont semblé un peurépétitifs, l'écriture est classique et parfois un peu tropmoralisatrice à mon goût. Ce texte se lit cependant sans déplaisir etavec intérêt.
15/02/2008 | Lien permanent | Commentaires (12)
Comment concilier érudition et gourmandise, goûtez-moi ça !
Au menu, 16 recettes (2 de plus que dans l'édition originale,veinardes que nous sommes!) écrites chacune à la manière d'un(e)grand(e) écrivain'e) de la littérature mondiale.
Nous pourrons ainsi déguster la soupe de Kafka quidonne son titre au recueil, enchaîner avec l'agneau à la sauce àl'aneth de Raymond Chandler et terminer par le clafoutis grand-mère àla Virginia Woolf.
Chacunde ses pastiches se tient à la limite de l'exercice d'admiration mais netourne jamais au jeu de massacre. L'auteur, Marck Crick, avec un humourtout britannique, a su se glisser dans la peau de chacun de cesécrivains et nous en donne ainsi un aperçu plus apéritif qu'indigeste.
Pointn'est besoin de connaître chacun des auteurs présentés, au contraire,comme dans un mezze, libre à nous d'aller ensuite découvrir plus à fondl'auteur "picoré".
Il faut noter que chacun des texte a été traduiten français par des spécialistes français des auteurs imités (Genevièvebrisac a ainsi traduit le texte "de" Jane Austen), ce qui garantit lafidélité à l'esprit et au style.
J'ai eu le sourire au lèvres enpiochant dans ce recueil par ailleurs illustré par Marck Crick, auteurmultitalentueux quui n'hésite pas à citer les auteurs imités donnantsur leur avis en 4 ème de couv' sur La soupe de Kafka : "Qu'il pourrisse en enfer !" Graham Greene.
Nousavons même droit à la photo d'un Marck Crick, qui sans doute pouraccentuer la ressemblance avec les tops modéles dont il a le physique,fait la tronche.
Dernière précision, les recettes sont tout à faitréalisables, si l'on se donne la peine de les "dégraisser" de leurlittérature...
13/11/2006 | Lien permanent | Commentaires (8)
Tiens, y a une tranchée devant chez moi...
Je devrais être habituée, depuis le début de l'extension,régulièrement, en rentrant chez moi, j'avais des surprises: tiens, j'aiplus de grange, tiens, j'ai plus de muret ni de portail d'ailleurs...En plus, comme les travaux ont commencé l'hiver dernier, quand jerentrais , je ne voyais pas grand chose, il me fallait attendre jeudimatin pour voir l'évolution.
Aujourd'hui, je rentrais de Lille où jesuis allée inscrire mon bachelier , je suis passée par la Belgique oùj'ai trouvé mes sabots roses kitchissimes (repérés au printempsdernier) soldés (bonne journée donc) et at home -surprise,cette tranchée, destinée à amener l'électricité jusqu'à la nouvellecuisine, qui filait au ras de mes rosiers anciens...
Promis juré, ily aura une photo de mes trop beaux sabots mais la tranchée sera-j'espère- rebouchée quand ma photographe attitrée et habilleuse deblog préférée sera rentrée de vacances.
Edition: La photo tant attendue !
12/07/2006 | Lien permanent | Commentaires (2)
Et devant moi, le monde...en poche
"à ses yeux, je suis quelqu'un à qui on a montré le chemin et qui s'en est délibérément détourné."
A dix-huit ans, Joyce Mainard écrit un long article qui fait d'elle la porte-parole de la jeunesse des années 70 aux Etats-Unis. Ce texte, et la photo qui l'accompagne, lui vaudront une lettre d'un certain J.D. Salinger. S'engage alors une correspondance qui débouchera bien évidemment sur une histoire de fascination et d'emprise entre la très jeune fille et cet écrivain charismatique de trente -cinq ans son aîné.
Quoi qu'en dise le bandeau accrocheur de l'éditeur "Dans l'intimité de Salinger", ce récit ne tourne pas seulement autour de cet épisode de la vie de Joyce Mainard.
C'est bien plutôt le récit d'une très jeune femme qui mettra énormément de temps à accorder sa vie (marquée par la honte et l'imperfection ) avec le récit édulcoré qu'elle en fait, en brave petit soldat désireux de plaire non seulement à ses parents mais aussi à tous ceux qui la liront. Mainard le reconnaît avec franchise, oui elle a été avide de reconnaissance et de succès, toutes choses qui ne pouvaient que déplaire à l'ascétique Salinger qu'elle a connu. S'il a été le premier à reconnaître en elle un écrivain, la leçon a été plutôt âpre à digérer car, placée sur un piédestal dans un premier temps, la chute n'en a été que plus rude pour Joyce.
Récit pudique mais sincère, Et devant moi, le monde, fait entendre la voix de celle qui s'est échinée pendant des années à écrire comme si quelqu'un regardait par dessus son épaule mais a enfin trouvé le courage d'admettre que non sa vie n'était pas parfaite et que oui elle avait le droit de mettre à mal le mythe Salinger. On pourra la trouver parfois naïve cette très jeune femme , mais jamais elle ne nous agacera et son histoire trouvera forcément de nombreux échos en nous.
22/01/2012 | Lien permanent | Commentaires (5)
L'ombre de moi-même
"...il y a quelque chose chez toi, Mona Gray , qui fait déborder mon coeur."
Depuis dix ans, le père de Mona est atteint d'une terrible maladie, dont personne ne parle en famille. La petite fille ( pour se préparer à la perte de son père ?) est devenue "amoureuse de l'abandon". Elle conserve pourtant une relation compulsive avec les chiffres.Exilée de chez ses parents, un univers qui semble déserté par les couleurs, Mona, à l'âge de vingt ans, va enseigner, un peu par hasard, les mathématiques dans une école primaire, une expérience diont les conséquences seront imprévisibles...
Il me restait de ma première lecture en 2001 de L'ombre de moi-même quelques images fortes: celle de cette quincaillerie abandonnée à son sort, celle d'une classe primaire avec des méthode d'enseignement fort singulières et surtout l'atmosphère si particulière aux romans d'Aimee Bender. Nous sommes en effet à la fois ancrés dans la réalité mais une réalité qui glisse souvent de côté, où les personnages dévoilent peu à peu des comportements légèrement anormaux dont chacun semble s'accommoder. J'avais pourtant oublié cette alliance dérangeante de l'enfance et de la morbidité, dont en fait les enfants s'arrangent bien plus facilement que les adultes. Un roman moins abouti que La singulière tristesse du gâteau au citron (clic) mais une bien belle introduction au style d'Aimee Bender.
L'ombre de moi-même, Aimee Bender,Traduit de l'anglais par Agnès Desarthe, points seuil 2013, 305 pages lumineuses.
15/04/2013 | Lien permanent | Commentaires (6)