Rechercher : Bernadette a disparu
Lettres à mon libraire
"sanctuaires irremplaçables où s'achète le savoir universel",
A l'initiative de ce joli recueil, Lettres à mon libraire, Jean Morzadec, un fondu de littérature qui oeuvre sur France Inter. Des écrivains ont donc été sollicités pour "raconter, en mots simples, quelle place tiennent les librairies dans leur vie."
Les réponses sont éclectiques, et dans la forme et dans le fond ,mais toutes donnent à voir un véritable amour de ces endroits mi-capharnaüm, mi-caverne d'Ali baba, peuplés d'improbables libraires, capables pour certains d'indiquer de manière précise où se niche tel ouvrage sans même bouger un cil, leur mémoire vive battant à plates coutures celle d'un ordinateur !
Certains auteurs, comme Claudie Gallay remercient au passage les libraires qui les ont soutenus, tandis que d'autres en profitent pour assurer un peu de pub à leur dernier ouvrage en date, oubliant parfois au passage le thème imposé...
Véronique Ovaldé , égale à elle même , arrive à insuffler une étrangeté poétique à un souvenir d'enfance, tandis que Patrick Modiano envisage le recensement de toutes les librairies qu'il a connues dans Paris et qui ont disparu...Didier Daeninckx, quant à lui, se fend d'une bafouille hilarante là où on se serait attendu à plus de gravité...
Ce recueil est aussi l'occasion de découvrir certains auteurs , ainsi pour moi, Benoît Hopkin qui nous décrit un comportement typique de lecteur compulsif dans lequel chacun pourra se reconnaître, avec entre autres une "tête d'équerre" particulièrement bien trouvée. Bref, de quoi assurer pour six euros le bonheur de tous ceux ceux qui fréquentent ce "temple aux murs de papier" (et de glaner au passage quelques bonnes adresses) ! Un livre qui donne aussi envie d'écrire sa propre lettre...
Lettres à mon libraire, préface de François Busnel, Editions du Rouergue, 6 euros.
12/10/2009 | Lien permanent | Commentaires (11)
L'inattendue
L'inattendue, carnet de bord d'une grossesse tant désirée, remue-ménage intérieur, dans le corps et dans le coeur d'une jeune femme qui garde dans un coin de sa tête le décès d'un jeune frère disparu depuis longtemps.
Comment faire cohabiter tant d'émotions contradictoires , comment ajuster sa vie de femme amoureuse et celle de future mère? C'est à ce cheminement que nous convie Karine Reysset, qui nous montre également à l'oeuvre son travail d'écrivain. Beaucoup de phrases non terminées, au rythme de la pensée de l'auteure qui ne noircit pas ses carnets mais choisit des encres colorées pour avancer entre inquiétude et sérénité, au gré aussi des hauts et des bas avec celui qu'elle appelle "mon amour" souvent et "Olivier" rarement
.Alors oui, parfois ça dérange, cette intrusion forcée du lecteur dans l'intimité d'un couple sur qui on peut mettre des visages mais la force de l'écriture à la fois rude et tendre, non dénuée d'humour, emporte les hésitations et on se laisse flotter au gré des fluctuations des humeurs dans lesquelles ce carnet nous entraîne.
Karine Reysset, l'inattendue, Pocket 2009, 175 pages remuantes.
Le très joli billet de Laure qui vous donnera aussi de belles citations.
10/09/2009 | Lien permanent | Commentaires (8)
Petits rappels en passant...
Est sorti en poche : La maison du retour de Jean-Paul Kauffman. Voici ce que j'écrivais à sa sortie :
Le livre de Jean-Paul Kauffmann ,la maison du retour, s'inscrit dans lasérie de livres consacrés aux maisons à laquelle ont déjà participéCatherine Clément, Philippe Delerm, Didier Decoin.
Il s'agit pas ici d'une maison familiale mais d'une maison "sas dedécompression" entre une captivité de plusieurs années et un retour àune vie "normale " ou du moins pacifiée.
Perdue au milieu des pins,cette maison est abîmée tant par sonabandon de plusieurs années que par son lourd passé: elle a abritédurant la seconde guerre mondiale un bordel destiné aux officiersallemands. C'est pourtant elle qui sera choisie et sa rénovation pardeux artisans quasi muets mais surprenants accompagnera lareconstruction de Kauffmann.
L'auteur évoque très peu sa détention sauf pour soulignerl'importance qu'avait prise là-bas la lecture mais paradoxalement,deretour en France cette boulimie a disparu et dorénavant il semble leurpréférer les arbres, à la fois enracinés et tendus vers le ciel...Desarbres aux livres et réciproquement...
De très belles pages,un récit émouvant mais non dénué d'humour(voir le portrait de ses voisins), un des livres que j'ai préféré cetété.
ci vous trouverez les liens d'autres blogueurs qui en parlent.
En poche aussi : la disparition de Richard Taylor.
13/07/2008 | Lien permanent | Commentaires (14)
Recyclage ?
Delirium Tremens inaugure la série de Ken Bruen consacrée à JackTaylor, irlandais spécialisé dans la recherche de personnes ou de choses disparues, car pas question de parler de détective privé en Irlande...
J'y ai trouvé beaucoup de points communs avec le roman évoqué précédemment : une intrigue nonchalante avec ici des ellipses encore plus grandes car le héros se retrouve dans le coma plusieurs jours et l'énigme est résolue presque sans lui. une même tendance à l'autodestruction, de l'humour bien sûr, "Fragile? Cet arnaqueur? Il serait capable de construire un nid dans ton oreille et de te faire payer le loyer !" mais j'ai franchement été déçue quand j'ai retrouvé la même histoire concernant la mort d'un père , celui du héros dans Hackman Blues, celui de l'associée de Jack dans ce roman...Sans compter d'autres troublantes similitudes (attention si un simili détective irlandais vous offre des chaussettes roses ou rouges, votre vie est en danger...).
Ici va donc s'achever ma découverte de cet auteur. Dommage !
08/05/2008 | Lien permanent | Commentaires (11)
”Etre comme tout le monde est tellement chiant. Voilà le piège dans toute sa séduisante folie”
Trouvé à la médiathèque mais annoncé comme devant sortir bientôt en poche, Hackman Blues est mon premier contact avec Ken Bruen, auteur dont Cuné avait parlé avec tant d'enthousiasme.
Brady cumule: Irlandais, souffrant de troubles bi-polaires (sa vie est une succession de montagnes russes entre périodes d'exaltation intense et dépressions profondes), il jongle entre alcool et lithium et, bien qu'âgé de 50 ans , se conduit souvent comme un ado attardé et lit énormément. A défaut d'être joyeux, il est gay , fait preuve de beaucoup d'agressivité mais aussi d'humour et de lucidité.Bref, on n'a pas le temps de s'ennuyer une minute avec lui !
Ce n'est pas pour autant qu'il manifeste beaucoup d'enthousiasme pour retrouver Rozaleen, la fille d'un promoteur immobilier, fan de l'acteur Gene Hackman. On le serait à moins car voici ce qu'il pense en découvrant la photo de la disparue : "Merde un chien ! Et comme c'était une photo, avec tout le talent du photographe professionnel, Dieu seul savait à quel point elle pouvait être moche."
Bruen s'avère le roi de l'ellipse, passant sous silence les explosions de violence qui parsèment le récit , mais les rendant en cela encore plus efficaces. L'histoire, qui s'emballe soudain, n'est pas vraiment la priorité de l'auteur, qui préfère et de loin s'attarder sur ses personnages, ciselant ses dialogues,bourrés d'humour.
A savourer sans modération !
05/05/2008 | Lien permanent | Commentaires (10)
”...une occasion se présente toujours d'obtenir ce que l'on mérite.”
Les histoires de soeurs, moi qui n'en ait pas, forcément j'adore .Quand en plus il s 'y greffe une histoire de disparition qui va plomber le quotidien d'une famille déjà perturbée par la faiblesse de la mère et l'alocoolisme du père ,je crains le pire...
Enfer et damnation, il aura fallu qu'Amanda, Cuné enfoncent le clou pour que je me décide à lire A perte de vue d'Amanda Eyre Ward !
Bien leur en a pris car j'ai été captivée par cette histoire qui aurait pu sombrer dans le mélo le plus larmoyant mais qui ô miracle a un ton JUSTE, sans pathos mais avec des pointes d'humour, qui s'arrête là juste où il faut qui nous donne le loisir de reconstituer l'histoire sans nous prendre par la main comme si nous étions des demeurés.
L'héroïne qui part à la recherche de sa soeur disparue est particulièrement attachante: "Je me suis rendue compte que moi, Caroline Winters, serveuse de bar sans travail, sans parents, avec une soeur assassinée et de la cellulite, je partais pour le Montana à la recherche de ma nouvelle histoire." Le Montana, terre d'écrivains (Harrison and Co), Amanda Eyre Ward ne nous en donne pas une vision idyllique, c'est le moins qu'on puisse dire , mais pas grave on enfile une parka et on file acheter ce livre !
Ps : désolée Cuné, mais j'ai un coeur de pierre car je n'ai pas pleuré ! par contre, j'ai retardé le moment de lire la fin ! :)
17/03/2008 | Lien permanent | Commentaires (19)
Fantômes
En attendant de recevoir le roman de Maïté Bernard que j'ai commandé,j'ai patienté en empruntant à la médiathèque sonpremier roman, Fantômes.
Après avoir vécu six ans avec Benoît avant de l'épouser, Lisa se retrouve seule le lendemain de ses noces. Aidée par un frère et un ex opportunément dans la police, ainsi que par une fenêtre, opportunément laissée ouverte, elle va remonter la piste de son époux disparu et se rendre compte que le passé, en l'occurence ce qu'on appelait à l'époque "les événements d'Algérie" continuent à avoir des répercussions sur son présent.
Cette quête m' a laissé des sentiments mitigés. Autant j'ai aimé le style de l'auteure et sa manière de revisiter l'histoire de la décolonisation algérienne ,autant j'ai été sérieusement agacée par son héroïne.
Qu'elle soit narcissique , d'accord ,mais qu'elle soit sans cesse en train d'espérer le regard des autres devient à la longue exaspérant. Elle a fortement conscience d'incarner des stéréotypes et d'en jouer pour mieux manipuler ceux qu'elle croise mais cela ne s'arrête jamais. A la fin ,j'en arrivais à croire que Benoît, ce n'était pas le fait que son père soit lié aux troubles algériens des années 60 qui l'avait fait fuir mais l'attitude de son épouse !
Il n'en reste pas moins que l'héroîne a de l'énergie a revendre et que le style pêchu de Maïté Bernard m 'a totalement conquise.
14/09/2007 | Lien permanent | Commentaires (18)
Reconstruction
Le livre de Jean-Paul Kauffmann ,la maison du retour,s'inscrit dans la série de livres consacrés aux maisons àlaquelle ont déjà participé Catherine Clément, Philippe Delerm, Didier Decoin.
Il s'agit pas ici d'une maison familiale mais d'unemaison "sas de décompression" entre une captivité de plusieurs annéeset un retour à une vie "normale " ou du moins pacifiée.
Perdueau milieu des pins,cette maison est abîmée tant par son abandon deplusieurs années que par son lourd passé: elle a abrité durant laseconde guerre mondiale un bordel destiné aux officiers allemands.C'est pourtant elle qui sera choisie et sa rénovation par deuxartisans quasi muets mais surprenants accompagnera la reconstruction de Kauffmann.
L'auteur évoque très peu sa détentionsauf pour souligner l'importance qu'avait prise là-bas la lecture maisparadoxalement,de retour en France cette boulimie a disparu etdorénavant il semble leur préférer les arbres, à la fois enracinés ettendus vers le ciel...Des arbres aux livres et réciproquement...
Detrès belles pages,un récit émouvant mais non dénué d'humour (voir leportrait de ses voisins), un deslivres que j'ai préféré cet été.
L'avis d'Anne
Celui de Caroline
d'inColdblog
et de Cathe
17/08/2007 | Lien permanent | Commentaires (32)
La saga Mendelson, tome 2 ,les insoumis
"Autant apprendre à dompter le vent."
Allez, j'avoue : j'appréhendais un peu de lire le deuxième volume des Insoumis. Peur de ne plus me retrouver parmi les membres de cette famille juive dont le destin est lié aux grands événements de l'Histoire. Peur de de ne pas éprouver le même plaisir qu'au premier tome, l'effet de surprise ayant disparu.
D'emblée Fabrice Colin pare au premier souci en rafraîchissant notre mémoire par un résumé d'une page et par un arbre généalogique très clair.Ouf, nous voilà remis le pied à l'étrier et, muni de ce précieux viatique ,nous entamons le sourire aux lèvres notre lecture de ce tome qui court à toute allure de 1930 à 1965.
On retrouve avec plaisir les personnages familiers, on s'attache à ceux qui ont grandi. Le mystère et l'émotion sont au rendez-vous, l'auteur jouant avec nos nerfs, nous alléchant avec des révélations qui ne deviendront effectives que dans le troisième volume. De l'art de ferrer ses lecteurs !
La tonalité est peut être plus sombre que dans le premier volume , voire plus dérangeante. Ainsi cette visite du ghetto de Theresien dont l'atmophère trouble ne peut que mettre mal à l'aise le lecteur, surtout s'il est jeune, mais incite à la reflexion , voire à l'approfondissement.
Fabrice Colin est un conteur émérite, variant les types d'écrits (journal intime, entretiens, fac similés de documents...) et la lecture des Insoumis se fait d'une traite, on se retrouve à la fin un peu groggy mais content !
L'avis de Lily.
02/12/2009 | Lien permanent | Commentaires (16)
La relieuse du gué
Mathilde a abandonné une carrière diplomatique pour mettre ses pas dans ceux de son grand-père ,récemment disparu ,en devenant relieuse. Installée dans une ruelle aux habitants hauts en couleurs, elle reçoit un jour en dépôt un livre particulier qui va l'entraîner à la recherche d'une famille et d'un temple de culte gallo-romain.
Anne Delaflotte Mehdevi dont c'est ici le premier roman, nous entraîne dans un univers plein de charme et de lenteur sans que jamais on ne s'ennuie. La description du quotidien de son héroîne, pleine de saveur, est rehaussée par l'utilisation que Mathilde fait de ses différents exemplaires de Cyrano de Bergerac. Ainsi pour elle:
"On peut lire Bergerac de Rostand comme on le fait d'une carte postale d'été, ou le dire haut, juste pour le rythme facile de la rime. On peut le lire pour rire, pour s'émouvoir, pour s'attarder sur le panache de son héros. Pour bien dormir, on peut prendre le soir un dialogue au hasard, et faire une toilette de chat de l'esprit, juste avant de sombrer. On peut le prendre au petit-déjeuner, pour se donner du coeur et une âme claire, juste une lampée avec son café."
Les dialogues sont parfois maladroits, l'intrigue cousue de fil blanc, on a parfois envie de secouer l'héroïne en lui disant d'ouvrir les yeux et de se secouer un peu mais la magie de La relieuse du gué opère et on savoure pleinement cet univers douillet dans lequel on se love avec bonheur.
Merci à Aifelle pour le prêt.
les avis de Cuné, Cathe, Erzébeth, Clarabel
22/10/2009 | Lien permanent | Commentaires (16)