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Rechercher : l%27apparence du vivant

Une sorte de boîte à souvenirs en mots et en phrases

Stuart Terence  Oliver, dit Stol ou Stolly ,collectionne les accidents à une cadence impressionnante.Mais là il a dépassé la mesure  et se retrouve à l'hôpital avec pas mal d'abbattis cassés.  Sonné mais vivant. Son meilleur ami, Ian, décide de rédiger la biographie de Stol pour lui prouver que "c'est important que tu existes."41AKAZF5HYL._SL500_AA240_.jpg
Stol  est un personnage follement attachant, plein d'invention ,"spécialiste des histoires abracadabrantes",que les profs estiment "juste un  peu fantasque"et dont tous disaient"qu"il avait de l'avenir,  à condition  de rester en vie et qu'il apprenne un jour à lacer ses chaussures." Vous l'aurez compris  le ton est plein d'humour , le mot "suicide"  ne sera  jamais prononcé , pour ne pas dramatiser et aussi pour échapper à tout cette menace de prise en charge socio-psychologique dont Ian se méfie au plus haut point. Les parents de  Stol,  trop pris par leur travail ne sont jamais stigmatisés. D'ailleurs Stol  s'est quasiment  fait adopter par les  parents de  son "ange-gardien" autoproclamé. Au passage, remarquons aussi que Ian est un enfant trouvé dans une boîte à chaussures et que "pour l'instant, j'avoue que  ça m'est complètement égal. Parfois, je me sens coupable : je me dis  que  c'est dommage que quelqu'un comme moi ait bénéficié d'une adoption.  Il auarit mieux valu que ça tombe sur un enfant comme Stolly, quelqu'un qui  a assez d'imagination pour en profiter  pleinement."
Même s'il évoque  des  thèmes graves,La tête à l'envers  in'est jamais "plombant". Tout est traité de manière intelligent et optimiste, sans  jamais verser dans la mièvrerie. Anne Fine fait confiance à ses  personnages-aux ados parfois pluq qu'aux adultes  !- pour faire  face avec efficacité et humour aux problèmes qui les touchent parfois de plein fouet. Un roman revigorant !

A partir de 13 ans

 

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Saison de lumière...en poche

"Aussi froide que le verglas qui l'avait naguère couverte, la terre gelait le coeur de Jennet, mais lui donnait de l'espace pour respirer."

Itinéraire d'une artiste, Jennet, qui dès l'enfance manifeste un don certain pour le dessin, Saison de lumière retrace aussi l'histoire d'une femme qui dut tout à la fois concilier sa vie amoureuse avec un peintre assuré de son talent, voire de son génie, avec sa vie de mère et la pratique exigeante de son art.
La cohabitation entre les deux peintres ne sera pas de tout repos car David, son époux malgré lui, gaspille son talent et sa vie en une quête éperdue de plaisirs, tandis que Jennet, à force de compromis et de réflexion parvient , mue par une énergie inébranlable à contourner les obstacles et à affirmer sa puissance créatrice, même si cela doit lui demander du temps. Mais comme l'écrit Francesca kay : "Ses sentiments pour David, comme pour à peu près tout , étaient aussi changeants que l'eau , ils confluaient constamment , tel un estuaire à marée basse sans barrage pour séparer l'eau douce de l'eau de mer."Pas de manichéisme donc et Jenett n'est pas la sainte et martyr qu'on pourrait croire.  C'est une femme qui souffre, qui aime et qui avance, irriguée par le désir, tendue vers l'épure et la lumière.francesca kay
Son héroïne ayant 40 ans dans les années 60 , l'auteure en profite pour évoquer de manière très vivante ces années novatrices jusqu'à l'excès.
Mais plus que tout c'est le style à la fois précis , lumineux et poétique qui fait l'enchantement de ce roman. Rien de plus difficile en effet que d'évoquer des tableaux que le lecteur ne verra jamais mais ici le miracle opère et je peux assurer que je les ais vus les tableaux de David et Jenett, tout comme j'ai souffert avec eux, (ah le coup bas de l'artiste teutonne !) partagé leurs élans et leurs frustrations,voire atteint une forme de sérénité à la fin du roman. Un livre bien évidemment tout hérissé de marque -pages et qui vibrera longtemps en moi. Et zou sur l'étagère des indispensables !

Un premier roman époustouflant par sa maîtrise.

Une mentions particulière à la traductrice , Laurence Viallet  .

Mon premier coup de coeur de 2011.

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Ceux du Nord-Ouest

""On ne s'intéresse pas aux arbres, Leah, proclama-t-il. Toi, tu as le luxe de le faire. Nous, on n'a pas le temps.""

Le Nord-Ouest de Londres, "un coin un peu minable dont vous n'avez probablement jamais entendu parler, et qui s'appelle Willesden, mais je vous préviens, vous auriez tort d'en dire du mal en fait, parce qu'en fait c'est un quartier très intéressant, très diversifié". Seigneur quel mot."
Diversifié, oui autant par l'origine sociale que raciale des ses habitants. Les quatre protagonistes principaux, Leah, Keisha (qui s'est rebaptisée Natalie), Felix et Nathan, se connaissent plus ou moins selon les cas depuis l'enfance, mais ont emprunté des chemins très différents. à quoi cela est-il dû ? Sont-ils vraiment entrés dans l'âge adulte ? Celles ou ceux qui semblent le mieux s'en être sortis sont-ils pour autant heureux ? Voici quelques unes des nombreuses interrogations auxquelles répond ce roman de Zadie Smith.zadie smith
Pas de linéarité dans ce texte à la construction très travaillée, se jouant de la chronologie et des formes littéraires. Entre des récits plutôt longs s'intercalent ainsi des fragments plus courts, bribes de conversations, souvenirs, que le lecteur ne peine pourtant pas à resituer.L'auteure, sans pour autant nuire à l'intérêt de son récit annonce aussi d’emblée le destin tragique d'un des ses personnages, mais parvient néanmoins à maintenir le suspense jusqu'au bout, un véritable tour de force.
En dépit de coquilles pénibles "fétus" à la place de fœtus" par exemple, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman dont je me réjouissais de retrouver ces personnages si vivants ,attachants et complexes. Une œuvre qui fait réfléchir aussi sur les différences existant entre la Grande -Bretagne et la France en ce qui concerne le racisme et les opportunités offertes aux personnes d'origine étrangère. Un coup de cœur !

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Grosses joies

"Vous préférez croire en une manifestation surnaturelle, vous préférez croire que les choses peuvent être différentes de ce qu'elles sont habituellement; qu'elles peuvent se dilater de façon assez irraisonnée pour que la réalité se modifie..."

"Flaque de beurre, rabot électrique" (titre d'une nouvelle du recueil), une juxtaposition étrange, tout à la fois quotidienne et décalée à l'image de l'univers si particulier et réjouissant de Jean Cagnard.
Nous sommes dans un monde en apparence banal, le nôtre, mais où la poésie parvient à se nicher au détour d'une phrase, à moins que ce ne soit une touche d'humour noir. Là, le temps peut s'étirer, une chute durer plusieurs jours, pour mieux observer tout ce qui se joue dans cet événement. On prête attention à l'infime :"Dans la rue, on entend une mouche uriner contre la patte d'un berger allemand.",aux sentiments fugaces, "Et puis la femme se resservit un verre pour fracasser la mollesse qui s'installait."jean cagnard
Il règne dans ces nouvelles une atmosphère étrange, "L'acte de vente des parcelles  devait contenir une clause qui interdisait  aux acquéreurs  d'habiter leurs habitations , à moins d'y vivre de façon égyptienne (momifiés).",et un héros doit  s'enfoncer dans la forêt  pour se trouver "un visage d'homme terriblement vivant, un visage qu'il était allé chercher dans la matière du monde.", une héroïne troquer ses yeux contre des huîtres pour préserver son amour. Comme si la nature pouvait seule nous aider à vivre intensément, loin d'un univers étriqué..
Vous connaissez mon amour des métaphores et de la poésie qui se glisse au cœur de la prose : ici je me suis régalée ! Et tant pis pour ceux qui n’aiment pas les nouvelles, car ils perdent une belle occasion de découvrir un auteur hors-normes qui clôt son recueil en rendant un bel hommage à "la passion des truites pour la littérature." !

Grosses joies, jean Cagnard, Gaïa 2014, 155 pages piquetées de marque-pages !

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Murmures dans un mégaphone

"Un homme levant une tasse devant lui et servant un deuxième thé à une femme qu'il vient tout juste de rencontrer. Une femme qui s'est aventurée à l'extérieur après trois ans d'emprisonnement volontaire. Un homme dont les pensées rationnelles ont été suspendues tels des draps lavés de frais, gonflés par le vent, rien que cela, gonflés par le vent."

Cela pourrait être une accumulation de personnages plus ou moins gentiment dysfonctionnels.Jugez un peu: Myriam , trente-cinq ans ,vient juste de décider de quitter la maison où elle a vécu volontairement recluse. Ralph, le jour se son anniversaire, quitte sa femme car "S'il existait un Oscar du déni, Sadie l'emporterait chaque année.Une experte, une professionnelle." De plus, cette dernière étale en direct sur les réseaux sociaux le naufrage de leur mariage...Exit donc Sandy et direction les bois où, bien évidemment, Ralph rencontre Myriam. Sortez les violons, préparez la guimauve ? Que nenni !rachel elliott
Rachel Elliott, dont c'est ici le premier roman, est aussi psychothérapeute (comme Ralph, tiens...) et son empathie pour ses personnages ne l'empêche pas d'éviter les clichés du genre. Avec délicatesse, finesse et précision, elle peint les errements de ces personnages avec beaucoup d'humour. Elle ne juge jamais leur léger décalage , les accompagne dans leur quête d'une vie meilleure avec empathie et  nous fait entendre leur Murmures dans un mégaphone ,les rendant sacrément vivants aux yeux du lecteur.
La fin, apaisée, évite cependant le happy end à tout prix  et c'est avec un sourire aux lèvres que l'on referme ce formidable roman. Un grand coup de cœur !

Comme l'écrit Véronique Ovaldé sur le bandeau de ce roman : "Ne sous-estimez pas le mystérieux pouvoir de ce livre."

Murmures dans un mégaphone, Rachel Elliott, magnifiquement traduit de l’anglais par Mathilde Bach, Rivages 2016,444 pages qui réenchantent le quotidien !

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Le dimanche des mères

"...en ce jour unique entre tous, où c'était le monde à l'envers, se placer, lui seigneur des seigneurs qu'il était, dans le rôle du serviteur."

Angleterre, printemps 1924. C'est Le dimanche des mères (rien à voir avec ce qui sera instauré plus tard),le jour où les aristocrates donnent congé à leurs domestiques pour qu'elles puissent visiter leurs mères. Un jour où il fait exceptionnellement beau, de quoi donner à Jane, la femme de chambre orpheline,envie de lire au soleil un des romans d'aventure que lui prête son employeur, ou de parcourir la campagne à bicyclette. Elle rejoindra plutôt le fils des aristocrates voisins, dernier survivant d'une fratrie fauchée par la guerre 14.51i+9zs6RyL._SL500_SS160_.jpg
Arrivés là, vous vous dites qu'on peut déjà dérouler à l'avance  le fil de l'histoire et, comme moi, vous aurez tort. D'abord, parce que la relation qui s'établit ce jour-là entre les deux amants est très particulière, emplie de sensualité , de liberté, de renversement de situation comme annoncé dans la citation de ce billet. Ensuite parce qu'au milieu du roman, un événement surgit, qui va totalement changer la donne et sera même l'occasion à la fin du roman d'une nouvelle interprétation. Enfin, parce que Graham Swift titille notre curiosité  en parsemant son texte d'indices qui donnent à penser que la destinée de Jane va prendre une toute autre direction.
De magnifiques images,celle d' une femme nue s'appropriant une demeure où elle n'a pas sa place, la peinture d'un monde déliquescent, où les seuls véritables vivants sont les domestiques, une domestique intelligente et primesautière qui saura prendre son destin en main, font de ce roman un indispensable !

 Le dimanche des mères, un roman de 144 pages lumineuses, commencé sur la seule foi du nom de l'auteur, traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek, Gallimard 2017.

Du même auteur  clic.

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Hyperbole

"Je ne suis que le vaisseau impuissant d'une identité moindre, que je dois supporter malgré moi. J'ai constamment peur d'elle, et prie pour qu'elle ne m'attaque ni ne m'oblige à commettre des actions dont j'aurais honte."

Quand Cuné m'envoie un mail me recommandant un livre, je fonce ! (surtout quand elle sait trouver les arguments comme celui-ci, imparable: il y a des chiens... :))

Roman  autobio et graphique, Hyperbole, explore de manière imagée, (ah le générateur d'amour propre ! ) à la fois précise et pleine d'humour, les tours et  détours de la personnalité en devenir de son auteure. à noter que le seul personnage dessiné de manière  non totalement figurative est l'auteure elle-même (l'espèce de poisson /grenouille ? cornu dessiné sur la couv' , c'est elle). Et ce choix est volontaire, car elle sait croquer à merveille les attitudes et comportements des chiens, tant par ses dessins que par ses textes (les résultats du test d'intelligence de son premier chien sont à mourir de rire et l'adoption du second chien est encore plus gratinée ! ).allie brosh,roman graphique
Ce n'est pas juste un "ego trip" de plus, c'est une analyse vivante, pleine d 'humour à laquelle on peut pleinement s'identifier. Les mensonges qu'on se fait à soi même, nos tergiversation, notre tendance à procrastiner (remette toujours au lendemain ), tout ceci nous est familier, mais , éclairé par l'auteure, prend une coloration nettement plus sympathique.
Un livre qui m'a fait glousser toute seule à de nombreuses reprises (bon, j'avoue avoir dévoré en premier les chapitres consacrés aux chiens, facile à repérer les chapitres car tous sont colorés jusque sur la tranche d'une couleur différente). Je l'ai dévoré d'une traite et il est constellé de marque-pages !

Un livre tonique et hautement réjouissant ! merci Cuné !

Pour celui ou celle qui aime "fouiner dans les circonvolutions  profondes de [son] cerveau comme un intrépide idiot"

Hyperbole, Allie Brosh, les Arènes 2014.

Jérôme a aussi aimé !

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Debout-payé

"...Ossiri se disait qu'on ne pouvait pas fa51tXEHtUEsL._.jpgire confiance à un chien que son maître avait baptisé Joseph en l'honneur de Staline, Mobutu et Kabila, trois dictateurs partageant le même prénom et un certain sens de la cruauté."


Ossiri, étudiant ivoirien, devient vigile après avoir atterri sans papiers à Paris en 1990.Il retrace pour nous les trois époques mythiques de ce métier , correspondant aussi aux relation franco-africaines (1960-1980, les années 90, l'après onze septembre qui vient tout chambouler), entrecoupées de notations sociologiques très personnelles sur les clients et le fonctionnement de deux boutiques, Camaïeu, Sephora, clairement identifiées. Il revient aussi sur la manière de vivre des Ivoiriens en France, leurs palabres politiques, leur solidarité, leur intégration progressive à la société française.
Rien de tel qu'un regard étranger pour revisiter notre société française de manière particulièrement caustique ,acérée et hautement réjouissante. Celui qui s'y colle, on le remarque à peine, sauf si on a une idée en tête: c'est le vigile.
Gardien de temples de la consommation ou de minoteries devenues fantômes, il est Debout-payé pour préserver des richesses qui ne lui appartiendront jamais et ne se prive pas d’observer le monde qui l'entoure. Il catégorise sans relâche d'une manière très personnelle et haute en couleurs. ça pulse, ça grince, ça rigole aussi et ça donne un formidable mélange énergique et vivant . à découvrir de toute urgence ! Un grand coup de cœur !

à noter le travail particulièrement soigné de l'éditeur !

Debout-payé, Gauz, le nouvel Attila 2014, 173 pages à dévorer d'une traite !

Petits extraits pour donner envie:

"DILUTION PIGMENTAIRE: Plus on s'éloigne de Paris, plus la peau des vigiles s'éclaircit vers le beurre.En province, loin, loin dans la France profonde, il paraît qu'il y a même des endroits où il y a des vigiles blancs."

évoquant les femmes qui "oublient" de régler leur épilation il note : "Chez la rombière du XVIème arrondissement, l'épilation des sourcils génère des troubles passagers de la mémoire."

 

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Chemins de croix

"J'étais tellement soulagé de le savoir vivant que 'javais envie de le tuer. Peut-on trouver plus irlandais que ça ? "

Jack Taylor ne boit plus, avale encore quelques pilules au passage mais juste pour  se sentir "détendu, un concept qui [lui ] était aussi étranger que la gentillesse".ken bruen
Taraudé par la culpabilité, il veille au chevet de son fils spirituel , entre la vie et la mort. Trop de deuils ont assombri l'ancien garda et pour le détourner de ses démons, son amie Ridge lui demande d'enquêter sur un crime horrible commis à Galway : la crucifixion d'une jeune homme.
Même si les ans se font de plus en plus sentir sur le détective déjà passablement amoché, son auteur est en pleine forme et nous régale d'une festival de remarques acerbes et incisives. Jack déambule dans une ville de moins en moins irlandaise et de plus en plus touchée par la mondialisation, vitupère contre les prêtres actuels , conduit son enquête à son rythme (très lent d'abord, accéléré ensuite) et à sa sa manière si particulière.
Il nous régale d'emblée avec une liste haute en couleurs : "Beaucoup de crimes figurent dans le lexique des actes étranges qui, au Royaume Uni, ne mériteraient même pas une mention, mais qui , ici, frôlent l'impardonnable",liste qui débute par "Le silence ou la réserve. Il faut être capable de parler de tout et de rien, de préférence sans désemparer. Que le discours  se tienne n'entre même pas en ligne de compte."
 Sa bibliothèque s'épure et, par la force des choses,  il nous gratifie d'une seule référence d'auteur : Craig Mc Donald, dont il affirme " Il a écrit sur la souffrance un roman à vous arracher les dents de la mâchoire" mais sans le titre du livre en question  ! Même Pierre Bondil, le traducteur, pourtant prodigue en notes éclairantes n'a pu assouvir la frustration du lecteur. Mais bon, pas grave, l'écriture est splendide et le livre se dévore à belles dents ! Un régal ! Ken Bruen  parvient toujours à me remettre en selle quand tout me tombe des mains !

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Malins en diable /Les méchants en littérature

"[...] le méchant atterre, le méchant terrorise, le méchant scandalise, le méchant dégoûte, le méchant obsède, le méchant fascine, le méchant séduit. En un mot, le méchant ne laisse pas indifférent.à bon méchant gros public donc."

C'est avec une profonde jubilation, on le sent à la lecture de ce "catalogue" des méchants en littérature, qu'Isabelle Mimouni s'est penché sur le cas de 40 "pervers, peste, poison, psychopathe, putain, racaille, rosse, sadique, salaud, " j'en passe et des pires.isabelle mimouni,olivier tallec
De la Sophie de la Comtesse de Ségur qui découpe et sale des poissons vivants à  Hannibal Lecter,le cannibale, le fossé est immense, mais le plaisir demeure. Ne se contentant pas de présenter pour chaque personnage "sa vie, ses crimes", ainsi que ses différentes incarnations romanesques ou cinématographiques, l'auteure analyse de manière subtile et enjouée le comportement de ces méchants dont on sent bien , au fond, qu’ils lui sont sympathiques.
En effet, sans ces êtres négatifs de papier, les héros valeureux auraient bien moins de mérite et ne seraient pas mis en valeur.
Isabelle Mimouni débusque celui qui, à ses yeux, est le pire salaud dans Vipère au poing-hé non, ce n'est pas Folcoche...- et souligne le point commun à toutes ces figures du mal en analysant le cas de Lafcadio de, héros gidien : "Ce dernier n'est donc qu'une entéléchie: une figure  chargée par l'écrivain d'incarner une philosophie, un discours, une pensée. Il n'existe pas . Exactement comme tous les filous dont nous dressons ici les méchants portraits, et qui nous aident à concevoir, analyser, fantasmer, désirer, repousser, condamner, comprendre, ne pas comprendre et souvent simplement jouer, sans aucun danger. sans même penser à mal."
L'auteure a pioché dans un corpus très varié d’œuvres classiques ou contemporaines, de nationalités diverses et nous donne bien évidemment envie de les (re) lire, ce qui est malin en diable.Un grand plaisir de lecture à découvrir en Folio.

Malins en diable, Isabelle Mimouni, Folio 2015 , 220 pages accompagnées par des illustrations épurées et réjouissantes d'Olivier Tallec

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