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Rechercher : l'apparence du vivant

”Tous avaient triomphé à leur façon. Simplement en vivant, en parvenant à leur âge.”

Les  héroïnes de Mary Gordon craignent souvent de se  faire rattraper par un passé qu'elles considèrent comme peu  glorieux, vaguement humiliant. Par conséquent , elles ne mentionnent même pas la présence , pourtant évidente,de celles qui  incarnent "Celle que nous craignons de devenir quand nous aurons perdu notre prospérité.
Celle  que nous sommes réellement."
Ce sentiment d'imposture les taraude  , tout comme les erreurs d'interprétation qu'elles commettent ou qu'on commet à leur encontre, même si cela leur serait favorable.51iA2K60hnL._SL500_AA240_.jpg
Elles  cherchent à se "créer un monde exempt de perturbations" mais  évidemment  se prennent la réalité en pleine figure. Il ne leur reste donc plus qu'à  se préserver un semblant de dignité pour continuer à avancer...
Les petites filles  des nouvelles de Mary Gordon débusquent  les intentions  cachées  derrière la bonté apparente des  adultes et ne se veulent  redevables de rien. Elles  observent le monde avec acuité , et leur vision parcellaire n'en est pas moins dérangeante pour  leur entourage.
Tout ceci  pourrait être  sinistre,il n'en est rien car la plume de Mary Gordon est alerte , pleine d'humour  et d'empathie pour  ses personnages.
Kathleen, Nettie,  et tous les autres, sans oublier Le mari  de la Traductrice, apprécient la douceur d'une pluie , s'entendent  comme larrons en foire et savent faire souffrir sans remords ou presque.
Fil rouge entre  tous ces récits,  une narratrice écrivaine , situation qui ne la préserve pas  du sentiment d'imposture  ,  qui donne à voir en action le travail de création littéraire.
Vingt et une nouvelles aux tonalités très différentes mais qui réchauffent le coeur.  Une écrivaine à  découvrir sans tarder, foi  de livre corné !

 

Mary Gordon.  Le  mari  de la  traductrice.  Quai Voltaire.408 pages

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”Que voulez-vous, on s'attache à toute créature vivante au secours de laquelle on s'est portée.”

Parfois déroutantes , souvent pleines d'un humour subtil, les nouvelle  du recueil de Lydia Davis, Kafka aux fourneaux ,analysent en profondeur  des situations du quotidien , apparemment banales. Mais l'oeil exercé que l'auteure porte sur  chacune de ces situations   est si aiguisé qu'il en donne parfois le  tournis.  Ainsi le  narrateur de la nouvelle  qui donne son titre au recueil   se  torture-t-il  mentalement afin de réussir  La soirée  avec une jeune femme   :  "Certains homme s se battent à Marathon, d'autres dans leur cuisine."51zz3d+zdkL._SL500_AA240_.jpg
Des situations embarrassantes sont passées  au crible. Ainsi  dans "Ces vents qui passent suivons-nous le  raisonnement alambiqué d e la narratrice qui  se demande qui a lâché un pet et   cherche le moyen de dissiper la  gêne  si  gêne  il y a, quitte à accuser le chien, qui après tout est peut être le responsable...Beaucoup de narrateurs  s'interrogent ainis scrupuleusement  à propos de situations dérisoires et donc décalées.
Parfois très courtes, j'y ai alors retrouvé l'esprit d'un Jules Renard,  ces  nouvelles  dissèquent avec enthousiasme nos luttes dérisoires pour trouver un certain équilibre sans cesse remis en question par la  vie.Une Vieille dame lutte ainsi contre l'entropie et la destruction progressive de  sa  maison  en un  paragraphe magistral.
Flirtant parfois avec la  fantastique "ces étrangers dans la maison", ces nouvelles  nous montrent ainsi l'envers de nos vies , ce que nous cachons soigneusement  sous une apparence sereine. ça carbure à toute allure, ça gamberge , on adhère totalement  ou on passe à côté.  Je suis entrée avec enthousiasme  dans cet univers décapé et décapant !

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Bonne à (re)marier

"Quand la beauté s'évanouit, on se met à espérer une tête bien faite."

à peine vient-elle d'accoucher de leur second enfant que Sarah apprend que son mari la trompe. "Et me voici frappée d'une crise cardiaque qui laisse mon corps debout."
Divorce, garde alternée , tout ceci la frappe de plein fouet mais il faut faire face, d'autant qu'elle est une femme qui travaille dans un monde où l'apparence est reine: celui de la publicité. à la violence des faits correspond la violence de l'écriture, à la fois cash et plus introspective que dans ses premiers romans. Mais c'est dans la seconde partie du roman, celle où l'héroïne se voit offrir une deuxième chance, que j'ai retrouvé la sensibilité à fleur de peau de l'auteure .sylvie ohayon
Un roman nourri de l'expérience de Sylvie Ohayon, mais pas seulement, qui parle de souffrances exacerbées, d'amour et du bonheur de se relever comme un boxeur sonné.

 

Bonne à (re)marier, Sylvie Ohayon, Robert Laffont 2014, 251 pages.

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J'aimerais tellement que tu sois là

"Devenir le propriétaire de l'exact opposé de cette ferme profondément enracinée."

Jake a troqué la ferme familiale du Devon contre un parc de caravanes sur l'île de Wight, qu'il administre de manière plutôt débonnaire. L'instigatrice de ce changement radical ? Ellie, à qui il était promis depuis l'enfance.graham swift
Pourtant, cette vie en apparence plus douce semble avoir viré à l'aigre : Jake se retrouveseul avec un fusil à attendre l'hypothétique retour de sa femme.
Le roman de Graham Swift possède le rythme placide des vaches et son personnage principal en a l'apparence rustique. Mais s'il mâche et remâche-comme les bovidés- les événements passés, c'est pour les analyser avec une finesse quasi chirurgicale. Les relations familiales, les non-dits, les jalousies tues mais vivaces, tout ceci constitue la matière de cette rumination qu'il faut prendre le temps de savourer.
Un roman qui analyse aussi l'évolution des campagnes anglaises et la disparition de tout un pan de sa population. très subtil et prenant.

L'avis de Clara, la tentatrice (mais j'ai pris le temps de ruminer, moi aussi !:) )

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J'aimerais tellement que tu sois là ...en poche

"Devenir le propriétaire de l'exact opposé de cette ferme profondément enracinée."

Jake a troqué la ferme familiale du Devon contre un parc de caravanes sur l'île de Wight, qu'il administre de manière plutôt débonnaire. L'instigatrice de ce changement radical ? Ellie, à qui il était promis depuis l'enfance.graham swift
Pourtant, cette vie en apparence plus douce semble avoir viré à l'aigre : Jake se retrouve seul avec un fusil à attendre l'hypothétique retour de sa femme.
Le roman de Graham Swift possède le rythme placide des vaches et son personnage principal en a l'apparence rustique. Mais s'il mâche et remâche-comme les bovidés- les événements passés, c'est pour les analyser avec une finesse quasi chirurgicale. Les relations familiales, les non-dits, les jalousies tues mais vivaces, tout ceci constitue la matière de cette rumination qu'il faut prendre le temps de savourer.
Un roman qui analyse aussi l'évolution des campagnes anglaises et la disparition de tout un pan de sa population. très subtil et prenant.

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J'aimerais tant que tu sois là...en poche

"Devenir le propriétaire de l'exact opposé de cette ferme profondément enracinée."

Jake a troqué la ferme familiale du Devon contre un parc de caravanes sur l'île de Wight, qu'il administre de manière plutôt débonnaire. L'instigatrice de ce changement radical ? Ellie, à qui il était promis depuis l'enfance.
Pourtant, cette vie en apparence plus douce semble avoir viré à l'aigre : Jake se retrouve seul avec un fusil à attendre l'hypothétique retour de sa femme.51rLbTTTqrL._AA160_.jpg
Le roman de Graham Swift possède le rythme placide des vaches et son personnage principal en a l'apparence rustique. Mais s'il mâche et remâche-comme les bovidés- les événements passés, c'est pour les analyser avec une finesse quasi chirurgicale. Les relations familiales, les non-dits, les jalousies tues mais vivaces, tout ceci constitue la matière de cette rumination qu'il faut prendre le temps de savourer.
Un roman qui analyse aussi l'évolution des campagnes anglaises et la disparition de tout un pan de sa population. très subtil et prenant.

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cueillettes

"Toutes ces cueillettes composent un alphabet vivant, le vivant me parle et je lui réponds."

Peut être attendais-je trop de ces Cueillettes d'Alina Reyes, peut être que la dimensions mystique qui s'y révèle souvent m'a gênée dans ma lecture comme un caillou dans une chaussure...41yzzp-zx3L._SL500_AA300_.jpg
En tout cas je n'y ai trouvé que de trop brefs éclairs de sensualité car ces textes censés dire la facination des miracles de la nature m'ont paru tomber à plat.

Il ne me reste plus qu'à relire Le boucher...

 

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La saison des feux...en poche

"Elle ne pouvait pas faire  comme si rien n'était arrivé. Mia avait ouvert en elle une porte qui ne pouvait pas être refermée."

A Shaker Heights, banlieue huppée de Cleveland, tout est parfaitement ordonné, harmonieux.Tout doit paraître "beau et parfait de l'extérieur, qu'importe le désordre à l'intérieur."
Évidemment, un élément perturbateur, ou plutôt deux , en la personne de Mia, une artiste photographe, et sa fille , Pearl, vont venir chahuter la vie de la famille Richardson que l'on voit dès le début du roman contempler l'incendie de leur demeure.celeste ng
Pas de mystère ici, on sait d'emblée qui a allumé ces"petits incendies partout"* dans la maison: la fille rebelle de la famille.
Tout l'objectif du roman est donc de revenir en arrière et de scruter tous les éléments qui ont amené à cette conclusion flamboyante.
Basé sur les oppositions, sédentaires  versus nomades, artistes  versus bourgeois, le roman offre son lot de secrets, de rebondissements  et gratte l'apparence parfaite de ces gens qui brident ou ont bridé leurs réelles aspirations. Les relations mères/filles sont  particulièrement analysées, dans leurs non-dits.
Ainsi Mia et ses photographies agissent-elles comme un véritable révélateur des natures profondes des personnages , moins stéréotypés qu'ils n'y paraissent de prime abord.
Un roman de 468 pages  qui se tournent toutes seules, ou presque.

Celeste NG, traduction de l'anglais (E-U) par Fabrice Pointeau. Pocket 2019

*(traduction littérale du titre original Little Fires Everywhere) 

 

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Entendez les femmes rugir !

"Vous n’êtes pas seule responsable. La société vous a aidée. Les coupables, ce sont l’adulation et la sexualisation des jeunes femmes. Ce sont l’intérêt que l’on porte à la beauté et à l’apparence, la pression pour se conformer aux attentes des autres d’une manière qui ne touche absolument pas les hommes."

Le titre et le fait que ces nouvelles ont été adaptées sous forme de série (présentée comme étant "féministe") m'ont décidé à ouvrir ce recueil de Cecelia Ahern.cecelia ahern
Las, j'ai vite déchanté car le fantastique qui consiste principalement à prendre au pied de la lettre des expressions pour dénoncer la situation faite aux femmes devient vite mécanique et prévisible.
Le fait aussi que les héroïnes semblent interchangeables car toutes sont appelées "la femme" n'aide en rien.Rien d'original donc et ces textes ne font que reprendre des situations  rebattues et traitées avec beaucoup plus de vigueur dans d'autres textes. Je garde ainsi dans ma mémoire sélective une nouvelle (titre ? Auteur? ) décrivant le quotidien d'une mère de famille nombreuse, sorte de sainte femme, affrontant sans faillir , et seule, son quotidien et qu'une de ses filles surprenait  se glissant la nuit dans les bois pour hurler sa frustration et son énervement.

 

L'occasion de retrouver cependant Fabienne Vidallet en traductrice, un nom qui dira sans doute quelque choses aux blogueuses d'antan...

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Sainte-Marie-des-Haines-Infinies

"Je l'entends, mais je repense à ces dix-huit mois et à l'absence totale de pitié de ces gens. La charité c'est différent, on la leur apprend, c'est de l'apparence seulement , ici on est fort en hypocrisie, on sait faire semblant. "

Dix-huit mois que la narratrice se fait insulter, harceler, ostraciser dans ce collège privé qu'elle rebaptise tout au long de ce récit des trois derniers lundis où elle se réjouit de voir la fin de son calvaire (elle part de son plein gré dans une filière professionnelle) et surtout où elle peaufine la mise au point de sa vengeance. louise mey
Des phrases amples, coulant comme des flots de lave, nous font prendre conscience de l'intensité de cette colère , face à ce mépris de classe (entre autres) dont elle est victime. Ceux qui portent "des prénoms de saints" sont persuadés de leur totale impunité ,  se permettent des comportements répréhensibles, font preuve de cruauté. Quant aux adultes, même aimants, ils ne prennent pas forcément conscience de la violence des relations entre ados. 
Pour autant, l'autrice montre que des solutions sont possibles, si on fait preuve de solidarité, de sororité (voir , par exemple,  la manière dont les femmes se liguent contre le chauffeur de bis libidineux). Un roman qui coupe parfois le souffle.

 Editions La Ville Brûle 2025. 

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