Rechercher : poésie du gerondif
Y a une fille qui habite chez moi .
Vous connaissez tous la chanson de Bénabar où le narrateur se rend compte progressivement qu'une fille habite chez lui à travers différents indices. Hé bien le début du roman d'Erlend Loe Autant en emporte la femme ressemble un peu à ça mais en plus radical. Marianne "débarquait le soir même. pour emménager. avec douze cartons de taille moyenne et une commode ocre." Bon, nous les filles savons qu'il faut parfois forcer un peu le destin mais là, elle y va fort, Marianne ! Nous entrons alors dans un univers à la logique folle où le narrateur nous explique calmement : "Je me décidai à tomber raide dingue amoureux d'elle. Voilà."
De discussions absurdes en voyage impromptu, leur relation cahote de l'exaltation à la déception : "Le voile d'éternité qui enveloppait notre relation se ratatine.Je reconnais que nous sommes éphémères tous les deux."Avec un flegme très britannique norvégien, le narrateur subit sans broncher les décisions illogiques de sa dulcinée jusqu'au jour où ...
Lu d'une traite ce roman m'a permis d'entrer avec bonheur dans l'univers si particulier d'Erlend Loe (j'avais connu un échec avec Naïf. Super.) .Les phrases juxtaposées donne un style faussement naïf justement et très décalé à cette histoire d'amour mais une poésie très gaie se dégage de ces pages .
25/03/2008 | Lien permanent | Commentaires (17)
Un drôle de p'tit bonhomme
Herman a 10 ans.Herman est entouré d'une familleaimante, un père grutier qui lui fait croire qu'il peut voirl'Amérique,une mère affectueuse qui lui tricote des bonnets delaine, un grand-père malicieux qui ne quitte plus son lit mais écouteattentivement et conseille son petit-fils. Herman vit dans un monde oùl'imaginaire et la poésie sont très présents mais la réalité vale frapper de plein fouet car ce p'tit bonhomme va perdre tousses cheveux.
Etre chauve à 10 ans et devoir affronter les regardsdes autres voilà qui n'est pas facile. Les rapports s'en trouventfaussés et souvent le gamin réagit avec agressivité ou prend de ladistance parlant de lui en utilisant le pronom "on" ce qui créedes dissonances dans le texte.
Dansun premier temps,histoire personnelle oblige, je suis restée en retraitpar rapport à ce roman de Lars Saabye Christensen, dont j'avais adoré Le demi-frère.Puis le texte a infusé en moi et je me retrouve la gorge serrée entrain d'écrire sur ce texte sans sensiblerie qui montre aussi desparents désorientés par rapport à la souffrance psychique de leurfils et je me dis que je me suis bien faite avoir une nouvellefois par cet auteur !
En prime, vous saurez tout sur les différentsestomacs de la vache, sujet que j'avais appris il y a bienlongtemps et qu'Herman révise pour l'école.
Pour voir la photo de l'auteur c'est chez Gachucha
19/11/2007 | Lien permanent | Commentaires (14)
Des ”autres filles” au ”prince charmant”
Grâce à Joëlle, est arrivé dans ma boîte aux lettres Je veux toujours le prince charmant.
D'Hélène Bruller (et non Kramer), grâce à Cathie (coucou, ma grande !), je connaissais déjà Les autres filles, un livre drôle avec un drôle de format, tout en longueur, oùl'auteure se comparait "aux autres filles " ,à son désavantage, biensûr. Cela donnait des formules du style: " Sur elle, les multiplesbracelets en or font bourgeoise...sur moi, ça fait vendeur clandestin".Identification garantie sauf pour les plus-que-parfaites qui ne sesentiront pas concernées...
J'étais donc curieuse de voir cequ'était devenue celle qu'on ne présente plus que comme la femme de...(un dessinateur dont le héros a une mèche rebelle,( non c'est pas Hergé!)), ce qui doit être horriblement passablement énervant.
Lanotion de "prince charmant" me faisait un peu peur, je me disais que lalecrice allait encore avoir droit au récit d'une trentenaire en mal demâle mais pas du tout. Hélène Bruller attaque tous azimuts le couple,le politiquement correct, la "copine " de bureau, les petits, lesphrases des vieux, elle même et nous par la même occasion ! ça dégomme, parfois agressivement, aussi bien dans le trait que dans les mots, onse dit qu' elle y va fort mais on rigole quand même !
Sur la 4ème decouv', un des souhaits exprimés dans "Il me dira..." : "...je t'offriraides perles de pluie et aussi des trucs qui existent...". On peut aimerla poésie et les cadeaux, non ? !
Ps: Fille Cadette vient de me le piquer et pouffe déjà !
31/10/2006 | Lien permanent | Commentaires (5)
Le Nord encore...
Le très beau film de Bertrand Tavernier "ça commence aujourdhui"repasse demain soir sur France 3. Son scénario , écrit entre autrespar Dominique Sampierro, a donné aussi naissance à un livre pourenfants.
Dans le film, un instituteur , incarné avec passion par Philippe Torreton, essaie de colmater les voies d'eau ouvertes dansle "bateau "de son école maternelle, située dans le Valenciennois,région sinistrée par le chômage.
L'institse révolte contre les injustices et essaie tant bien que mal, de donnerun peu d'espoir et de joie aux enfants dont il a la charge.
DominiqueSampierro, qui a enseigné dans le Valenciennois, sait de quoi il parleet, avec délicatesse et poésie, il a choisi de privilégier dansP'tite mère. l'histoire de Laetitia .Il lui donne une fin plusoptimiste que sur l'écran et l'on suit avec émotion l'histoire de cettepetite fille qui, trop occupée par de multiples fonctions qui ne sontpas de son âge, ne sait plus sourire...
Les dessins particulièrementémouvants de Monike Czarnecki, elle aussi originaire du Nord, sontpleins de luminosité et accompagnent le texte de Sampierro sansredondances.
Ce livre a été plusieurs fois récompensé et ce n'est que justice.
Ps: Monike, si tu me lis, je t'envoie plein de pensées amicales et de tendresse.
25/10/2006 | Lien permanent | Commentaires (2)
Un libraire selon mon coeur
J'avoue, le titre(Le libraire de Régis de sà Moreira) et la couverture du livre de poche m'ont incitée àfaire un achat d'impulsion que je ne regrette pas ! Suis obligée dedécrire la couverture, faute de photo disponible : un mug blanc danslequel trempent différents sachets de tisanes (ou de thés)étiquettés au noms de bons bouquins de Harper Lee, Pouchkine, Tc Boyleou Rostand...
Le prologue est un peu déroutant mais le contenu dulivre est à savourer à petites gorgées...On entre en effetprogressivement dans un univers qui de "normal" bascule progressivementdans la poésie, l'humour, un univers suspendu entre rêve et réalitéoù l'on croise des clients bizarres (Dieu, une femme nue, Jacques leFataliste...) et surtout un libraire qui vit de lectures et de tisanes(d'où la couverture) et qui ne dort jamais...
Ungrand amour des livres se dégage de cet "olni"(objet littéraire nonidentifié), qui peut dérouter les amateurs de littérature "classique"mais séduira les esprits fantasques...
"Certains livres sont à retardement "
Cunéavait déjà parlé de ce livre bien avant que je sévisse sur ce blog etje la rejoins sur l'envoi des pages arrachées même si l'idée de mutilerdes livres me chagrine un peu...
20/09/2006 | Lien permanent | Commentaires (8)
balade islandaise
Un chasseur poursuit une renarde très très futée dans un tourbillon de neige.La scène se déroule en Islande, nous sommes en 1883.
De même que "la renarde consignait son journal de voyage sur l'étendue enneigée, au fur et à mesure qu'il se déroulait", 'l'auteur, nous fait remonter le temps pour nous relater les différents événements, en apparence fort disparates, qui ont abouti à cette traque qui prendra bientôt une dimension fantastique.
Croisant avec habileté les fils de son récit, Sjon* nous entraîne à sa suite dans Le moindre des mondes, conte cruel où se croisent un botaniste humaniste,une handicapée mentale et un révérend furieux qui civilise ses ouailles à grands coups de gifles. Un monde rude mais où l'humanisme saura trouver sa place en faisant appel au merveilleux.
D'abord un peu interloquée par ce récit, je me suis laissée enchanter par ce très court texte où poésie et humour font bon ménage, contrebalançant ainsi une réalité souvent rude. Un conte malicieux plein d'humanisme ,à lire bien au chaud sous la couette.
*romancier, poète et parolier des Sugarcubes (groupe dont est issue Björk).
Le moindre des mondes, Sjon, rivages poche. 123 pages
07/11/2008 | Lien permanent | Commentaires (10)
J'ai descendu dans mon jardin ...
Martine Camilleri et Angélique Villeneuve aiment les herbes des bords de chemins, les fleurs- sauvages ou pas- les racines qui évoluent gracieusement dans des bocaux transparents, les vases, petits ou grands, improvisés avec deux trois bricoles qui traînent dans la cuisine, et arrangés avec une fausse nonchalance pleine de poésie.
Elles s'avouent volontiers crâneuses mais attention "pas besoin d'avoir la voiture rouge qui rase le sol ou le sac machintruc avec des logos qui vous rentrent dans l'oeil." Non ! Elle aiment dire : "Oh ça, c'est juste mon petit carpaccio à la primprenelle" Tu aimes le thé au géranium des bois ? J'en ai cueilli ce matin" Ramasser des asperges sauvages, ça me détend" et tout de suite on a envie de devenir leur copine .
En plus de savoir marier les saveurs et les couleurs , Martine et Angélique nous régalent de magnifiques photos et de textes tout aussi savoureux car elle jouent autant avec les mots qu'avec les orties ou les oeillets d'Inde.
Je ne pense pas tester toutes les recettes mais ouvrir Petits bouquets de cuisine et le feuilleter quand le temps est à la bourrasque est déjà un vrai bonheur !
Merci à Alma qui m'a signalé cet ouvrage !
(94 pages)
25/10/2008 | Lien permanent | Commentaires (7)
”C'est une maison dont l'aspect change selon nos besoins.”
Cette maison, c'est La maison des temps rompus. Une maison comme un havre . Pour s'y blottir, s'y reconstruire. Voici ce que nous découvrons dans la première partie du roman de Pascale Quiviger. Puis, alors que nous étions confortablement lovés dans cette villa de bord de mer, nous embarquons brusquement dans d'autres récits qui vont patiemment tisser des liens entre passé et présent, réel et imaginaire. La maison va se peupler de voix féminines. Des femmes qui s'aiment d'amour ou d'amitié , qui sont traversées par le flux de la vie et celui de la mort.
"J'écris pour mes femmes aimées, celles qui participent sans bruit à la transmission de menus savoirs à propos du courage et de la lenteur des nuits, de l'étroitesse des jours, de leur lumière. Elles sont présentes ou absentes de la même manière, celle de l'eau, du lait ou de la chouette, celle des horloges. Chacune existe dans un corps temporel où peut se glisser la naissance ou la mort qu'elle contient."
Une écriture au plus près des sensations, qui parfois m'a rappelée celle de Chantal Chawaf par sa poésie et sa densité. Un livre qui reste longtemps en mémoire.
Merci à Cuné pour l'envoi.
L'avis de Clarabel , celui de Joëlle.
Pas de photo de la couv' ,vraiment trop moche, ce qui est un scandale !
02/09/2008 | Lien permanent | Commentaires (8)
un livre qui ne sent pas la naphtaline...
Dans sa préface, l'écrivaine Régine Deforges souligne avec force la part congrue que les anthologies ont toujours réservé aux femmes.*
Ces Poèmes de femmes qu'elle a rassemblés ne visent pas l'exaustivité mais veulent "donner à aimer des poètes qu'[elle] apprécie" et dont beaucoup nous sont totalement inconnues , victimes d'un double ostracisme : ce sont des poètes et en plus des femmes.
Oui, Régine Deforges est féministe et se revendique comme telle, même si cela est passé de mode aux yeux de certains. Pour autant les textes qu'elle offre à notre lecture ne sont pas forcément militants, ils se révèlent éclectiques, tant par leurs thèmes que par leur écriture.
Ainsi s'ouvre à nos yeux tout un pan de la poésie ancienne mais surtout contemporaine . J'ai pu y faire de très belles rencontres : Louise Herlin, Odile Caradec,ou Claire Boitel, pour n'en citer que quelques-unes.
Pour célébrer tout à la fois la journée internationale de la femme et le printemps des poètes.
Régine Deforges, Poèmes de femmes, le cherche midi éditeur.
* On peut en dire tout autant des émissions littéraires à la télévision, enchaînant sans relâche des plateaux entièrement masculins,et, de loin en loin, un plateau totalement féminisé. Exception notable : Michel Field, dont l'émisson tardive hélas, s'avère un peu plus équilibrée...
08/03/2009 | Lien permanent | Commentaires (17)
Un texte incandescent
En quarante quatre chapitres, parfois très courts, qui vont de "Naître" à "Vivre" en passant par "eczéma", "littérature," féminité" ou "Himalaya", Lorette Nobécourt nous donne à voir son parcours. Un parcours exigeant, marqué par la souffrance, mais aussi par de très grandes joies. Tour à tour exaltée ou maîtrisée, l'écriture rend compte du travail de l'auteure sur elle même, sa réflexion inlassable, puisant aussi bien dans la psychanalyse que dans des traditions mystiques éclectiques, l'acculant parfois aux bords de la folie.
Passant d'un style limpide à des passages plus obscurs, d'une poésie charnelle aux réflexions philosophiques, Lorette Nobécourt sculpte à même la chair, sans pathos, sa douleur , parfois inextinguible.
Alors, bien sûr, on pense à Marie Cardinal, à Marguerite Duras, mais jamais encore je n'avais ressenti une telle force, une telle pugnacité ,dans un texte aussi ramassé , traversé d'envolées et de brûlures intenses : "Car nous sommes habités par des forces qui nous dépassent et nos comportements, apparemment extravagants, le sont si peu en comparaison des immensités que nous abritons."
A la sortie de ce livre, je suis restée un moment immobile, comme frappée de stupeur devant une telle énergie rageuse.
Il ne me reste plus qu'à relire ce texte et à découvrir d'urgence le reste de l'oeuvre de Lorette Nobécourt.
A éviter si l'on a envie de tiédeur ou de confort.
L'usure des jours. Lorette Nobécourt. 133 pages. Editions Grasset.2009
15/02/2009 | Lien permanent | Commentaires (15)