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Rechercher : poésie du gerondif

Une sarabande de questions

La neige, la  forêt, mes cailloux, l'école, les murs, la corde, la lucarne, un nuage, à quoi servent-ils ?  C'est à ces questions et à bien d'autres que répond  poétiquement Vénus Khoury-Gahata,  dont le nom est à lui seul déjà un régal.
Ouvrir son recueil  c'est entrer dans un monde à la Chagall, un monde  de fablesoù  l'âne peut avoir des ailes , un monde tout bruissant d'insectes et frémissant d'oiseaux, où le linge claque au vent et où les arbres sont migrateurs.
Un univers douillet, dominé par des figures maternelles et grand-maternelles qui prodiguent de savoureux conseils:511JtktkcrL._SL500_AA240_.jpg

"Ne tournez pas les  pages à l'envers criait la mère

Les mots inversés ont le  vertige

L'encre tourne comme du mauvais lait"

Une  poésie où le quotidien décolle soudain dans la fantaisie la plus folle et la plus tendre où  "la cuisson d'une étoile est affaire de  jardinier", un univers qui réchauffe le coeur et donne envie  de se plonger tout à trac  dans l'oeuvre de Vénus Khoury-Ghata.

 

A quoi sert la neige ? Vénus Khoury-Ghata. Le  cherche midi.56 pages à savourer.

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Les pensées/ Jules Renard de l'Académie Goncourt

Cher Jules,

Ce n'est sûrement pas pour tes pensées sur les femmes que je t'aime mais bon, à ton époque demander à un homme d'être féministe c'est un peu comme demander à un footballeur contemporain d'avoir un avis intelligent sur un match, mission impossible. En plus, vu ta mère, les circonstances atténuantes te sont acquises d'office.5192HQY95AL._SL500_AA240_.jpg
Non, Jules, si je t'aime c'est pour ta lucidité vacharde, tant sur les autres que sur toi même, tes coups de griffe sur le papier qui en quelques traits esquissent un portrait, épuré et juste. Oui, je porte ma décoration, il faut avoir le courage de ses faiblesses.
Je t'aime aussi pour ta vision de la nature et des animaux, jamais mièvre, la mélancolie qui en sourd,et surtout la poésie car mine de rien des haïkus pourraient bien se dissimuler dans tes écrits...Tout le jour, le bois retient un peu de nuit avec ses branches
Alors , même si tu es plus connu pour ton double littéraire , Poil de Carotte, le mal-aimé( tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin),il nous reste encore à (re) découvrir ton journal et comme introduction, comme mise en bouche, à lire ces Pensées que Jean Orizet en a extraites...
Je viens de découvrir, cher Jules, que ton journal, tout comme ces Pensées étaient à la médiathèque, j'ai déjà emprunté les unes, il me reste à dévorer l'autre...

A bientôt donc !

Quelques autres extraits, pour la route : J'ai une idée de roman en forme de hérisson car je n'ose pas y toucher.

Des mots durs, à triple détente ,et qui font mal avant de partir.

Ma tête est peuplée de mots, comme une forêt d'oiseaux. Quand il se mettent tous à chanter, c'est un vacarme !...

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Fugues

"Ma vie était soudain traduite, plus facile à comprendre."

Tout le charme (au sens fort du terme) de ces neuf histoires composant le recueil Fugues repose sur l'atmosphère particulière qu'excelle à créer Lauren Groff.
Qu'elle situe son action en 1918 à New-York, de nos jours dans la petite ville de Templeton* ou durant la seconde guerre mondiale en France, qu'elle évoque une vie entière ou un instant fort, Lauren Groff fascine toujours le lecteur par sa capacité à le troubler.Peut être est-ce dû à son style imagé , alternant poésie et rudesse mais aussi à sa capacité à souligner à la fois la force et la vulnérabilité de ces héroïnes. Ces dernières assument leur sensualité tant bien que mal dans une société où la découverte d'un bordel va jeter le discrédit sur toute la population masculine d'une petite ville provinciale...41pz9Hg22cL._SL500_AA240_.jpg
On ne trouvera pas ici de nouvelles à chute comme souvent chez les français , mais bel et bien un écho des textes si insaisissables de Lorrie Moorre (d'ailleurs créditée dans les remerciements).
On se laisse envoûter. Ou pas. Seul le dernier texte , qui m'a trop fait penser à "Boule de Suif " de Maupassant m'a vraiment déçue,le reste du temps je me suis laissée bousculer d'un univers à un autre, le sourire aux lèvres.

Fugues, Lauren Graff, éditions Plon,  264 pages .

* Déjà évoquée dans son premier roman, billet ici. (sortie au format poche en mars)

Cuné a été déçue.

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Blanche étincelle

"Vivre va prendre tout mon temps."

En 2009, dans La patience de Mauricette nous avions fait la connaissance de cette femme extra-ordinaire, marquée par la souffrance ,mais qui avait trouvé refuge dans les mots et la poésie.
Blanche étincelle nous propose ici son journal ,sans dates, d'une année de reconstruction. Mauricette a déménagé et, à la faveur d'une rencontre un peu magique dans une librairie va ,petit à petit, se lier d'amitié avec Blanche.lucien suel
Blanche, qui va lui offrir en partage la musique, des expositions artistiques, mais aussi sa famille et ses propres liens avec la mort. De crêpes partagées en balades à travers la région, "Nous avançons dans l'hiver, chacune avec le ballot de ses souvenirs, de ses soucis, de ses rêves. Mon bagage est lourd. J'ai commencé à le partager." Et ce partage, Mauricette va le pratiquer aussi bien avec Blanche qu'avec les enfants de celle-ci. Étonnants , émouvants échanges culturels et affectifs entre cette femme qui pourrait être leur grand-mère (elle qui n a jamais eu d'enfants)et ces jeunes ouverts sur le monde.
L'art est en effet peut être encore plus présent et j'ai hérissé mon exemplaire de multiples marque-pages pour les références littéraires , musicales ou picturales qui émaillent ce texte et le font vibrer d'enthousiasme.
L'écriture est toujours aussi belle mais la tonalité est plus optimiste, ce qui ne gâche rien ! On sent ici Mauricette plus posée, apaisée presque, mais toujours aussi attentive aux mots, à la nature, moins exaltée , et ses épisodes de logorrhée sont plus rares. Allez, vite, embarquez dans le monde poétique et surprenant de Mauricette !

Blanche étincelle, Lucien Suel, La Table Ronde 2012, 232 pages fluides et toute bruissantes de marque-pages !

Pour écouter Lucien Suel c'est ici !

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Fugues

"Ma vie était soudain traduite, plus facile à comprendre."

Tout le charme (au sens fort du terme) de ces neuf histoires composant le recueil Fugues repose sur l'atmosphère particulière qu'excelle à créer Lauren Groff.lauren groff
Qu'elle situe son action en 1918 à New-York, de nos jours dans la petite ville de Templeton* ou durant la seconde guerre mondiale en France, qu'elle évoque une vie entière ou un instant fort, Lauren Groff fascine toujours le lecteur par sa capacité à le troubler.Peut être est-ce dû à son style imagé , alternant poésie et rudesse mais aussi à sa capacité à souligner à la fois la force et la vulnérabilité de ces héroïnes. Ces dernières assument leur sensualité tant bien que mal dans une société où la découverte d'un bordel va jeter le discrédit sur toute la population masculine d'une petite ville provinciale...
On ne trouvera pas ici de nouvelles à chute comme souvent chez les français , mais bel et bien un écho des textes si insaisissables de Lorrie Moorre (d'ailleurs créditée dans les remerciements).
On se laisse envoûter. Ou pas. Seul le dernier texte , qui m'a trop fait penser à "Boule de Suif " de Maupassant m'a vraiment déçue,le reste du temps je me suis laissée bousculer d'un univers à un autre, le sourire aux lèvres.

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Les reflets d'argent

 "Tu crois vraiment que c'est l'Homme-poisson? Sincèrement ?
   J'adore l'idée qu'il le soit. C'est la réponse que je veux."

Une île où "la tristesse recouvrait tout et s'accrochait comme le sel.", une île qui ne se remet pas d'un deuil depuis quatre ans, une île où il ne peut y avoir de secret- trop petite, trop peu de monde. Mais la découverte d'un homme échoué sur une plage de galets va remettre toutes ces convictions en question.
Qui est-il cet amnésique? Certains veulent y reconnaître l'Homme-poisson d'une vieille légende. Celui qui apporte Espoir et enchantement.susan fletcher,mer,deuil,perte
Les lames d'argent est un roman qui évoque le deuil et la perte , le monde en perpétuel changement, rien a à quoi on puisse s'accrocher- mais aussi les multiples formes que peut prendre l'amour. C'est un roman, qui, à l'instar de l'homme -poisson enchante le monde et redonne l'espérance. Ce microcosme prend vie sous le regard panoramique de Susan Fletcher qui s'attarde aussi bien sur les insulaires que sur les formes de vie marine , terrestre (ah les campagnols dans leur carré d'orties !) ou aérienne. La bienveillance est toujours présente car chacun trouve le réconfort à sa façon, si maldroite ou ténue soit-elle. Il faut savoir prendre son temps pour savourer ce texte plein de poésie, qui verse parfois un peu trop à mon gré dans le sentimentalisme, mais qui confirme avec brio le talent de Susan Fletcher. (clic, clic et reclic)

 Les reflets d'argent, Susan Fletcher, traduit de l'anglais par Stépahne Roques, Plon 2013, 450 pages qui affirment le pouvoir d'une bonne histoire et sont , bien évidemment, constellées de marque-pages !

Le billet, encore plus enthousiaste, de Clara !

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L'écume des jours


J'ai découvert avec exaltation tout récemment l'univers de Michel Gondry, ayant eu un coup de foudre pour son film Eternal Sunshine of the spotless mind.* Et pourtant ce n'était pas gagné d'avance ! Je n'avais en effet aucune affinité ni avec Kate Winslet (les films en corset, pas mon truc) pas plus qu'avec Jim Carrey, le grimacier. Et là, la poésie, le côté foutraque et le contre-emploi des acteurs , l'humour, l'histoire d'amour, sans compter les sublimes images de plage enneigée, les piroeuttes du scénario,  m 'avaient emportée !
C'est donc avec un a prirori positif que je suis allée voir L'écume des jours, adaptation du roman de Boris Vian que j'avais lu à l'adolescence (et dont il ne me restait que l'histoire d'amour tragique dans un univers loufoque et poétique). J'avais oublié le côté grand guignol et iconoclaste de Vian qui s'en prend de manière un peu brute à la religion par exemple, dans la seconde partie du roman, beaucoup plus sombre.
Gondry, avec son inventivité habituelle, sans effets spéciaux à l'américaine, se coule avec bonheur dans l'univers de Vian, aussi bien le côté enjoué et lumineux, plein d'inventivité (mention particulière à la souris, si émouvante), que dans son côté pessimiste et tragique. L'espace se raréfie, les couleurs disparaissent et le spectateur retrouve la lumière un peu sonné. Les acteurs sont très justes, Romain Duris a un petit côté Bébel jeune des plus plaisants et certaiens scènes fonctionnent un peu en écho visuellement de Eternal Sunshine, mais la tonalité finale est beaucoup plus sombre, ce qui risque de dérouter le spectateur au vu de la promo du film qui insiste surtout sur le côté enjoué.

 

 

 

 

 

 

* ne pas rater dans le DVD le commentaire de Michel Gondry et du scénariste Charli Kaufman qui nous font découvrir plein de détails que nous avions loupés!

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Still the water

N'ayant lu en diagonale qu'une critique, c'est surtout l'occasion voir un film japonais en VO près de chez moi ( à ne pas rater) et le désir de voir l'océan qui m'ont décidée à aller voir Still the Water.
Un film que j'ai laissé décanter quelques jours, pour mieux en apprécier la beauté et essayé d'éclaircir quelques points non élucidés (j'aime quand l'auteure, en l'occurrence Naomi Kawase, ne se sent pas obligée d'éclaircir tous les mystères, faisant confiance à son spectateur).
Sur une île subtropicale japonaise une adolescente, Kyoko, se confronte simultanément à la mort annoncée de sa mère et à son éveil amoureux pour un lycéen de son âge, Kaito. Éros et Thanatos donc.
Still the water repose sur de nombreuses oppositions et sur les ponts que vont établir différents personnages pour les abolir.Les pères et grands-pères préparent ainsi les adolescents de manière apaisée aux changements auxquels ils sont confrontés.007118.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg
Quant à la nature, elle joue un rôle primordial, La mère de l'héroïne étant une chamane qui apprécie particulièrement un très vieux banian, arbre tortueux constituant à lui seul une véritable jungle. Quant à l’héroïne, c'est elle qui initiera Kaito simultanément à l'amour et à la mer.
Beaucoup de poésie, d'harmonie dans les images somptueuses qui ne font pourtant pas l'impasse sur la cruauté. Deux sacrifices d'animaux particulièrement pénibles sont ainsi filmés, remplaçant les deux morts venues troubler la sérénité insulaire. Quant au massacre d'arbres, broyés par une grue, sorte de dinosaure mécanique implacable, elle est tout aussi cruelle.
Beaucoup de fluidité, d’émotion dans des scènes familiales particulièrement réussies, une approche tout en harmonie de la mort, bref, une réussite !


 

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L'ange de l'oubli

"Entre l'histoire officielle de l'Autriche telle qu'elle est proclamée et l'histoire effective s'étend un no man's land où il y a de quoi se perdre. Je me vois aller et venir entre une petite cave sombre et oubliée de la maison d'Autriche et ses vastes espaces clairs et richement décorés."

Dans les montagnes de Carinthie, à la frontière entre la Slovénie et l'Autriche, la minorité Slovène subit toujours le poids de la Seconde guerre mondiale qui a vu déporter les membres de cette minorité dans les camps nazis.
Entre une grand-mère survivante du camp de Ravensbrück et un père marqué par son engagement chez les Partisans (comprendre les résistants) la narratrice grandit et atteint l’âge adulte, comblant petit à petit les silences.maja haderlap
La forêt, les déplacements occupent une place cruciale dans ce récit de formation où la langue est elle aussi un marqueur essentiel. Se tournant vers le théâtre, la poésie, la narratrice s'affranchit peu à peu de ce passé de cet "enfermement dans son propre corps dont le métabolisme enferme le passé comme un microbe de la mémoire, un microbe vivant qui en certaines occasions prend possession de la personne, l'envahit et la scinde de tout le présent." pour trouver sa propre voie.

Un roman à la langue poétique et sensible qui m'a fait découvrir tout un pan de l'Histoire que j'ignorais totalement. Une lecture parfois exigeante, de nombreuses ellipses (on découvre au détour d'une phrase que l'héroïne a des frères et sœurs) mais très émouvante, sans jamais tomber dans le pathos.

L'ange de l'oubli, Maja Haderlap, traduit de l'allemand (Autriche) par Bernard Banoun,Métaillier 2015.

L'avis d'Hélène.

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Muette

"Il y a des histoires qui ne peuvent pas se dire. Parce que les mots n'existent pas pour les raconter.Les mots ne feraient que les affaiblir ou les banaliser. Les mots ne feraient qu'effleurer la surface de l'histoire, sans rien pouvoir atteindre de ses strates innombrables."

Une très jeune fille fugue dans la nature, emportant avec elle quelques affaires de première nécessité et "le fouillis désordonné de ses pensées."
Elle fuit un univers empesé, figé, où l'on nie sa parole depuis des années. Voilà pourquoi, bien que sachant parler, elle se revendique Muette.eric pessan
L'héroïne va prendre possession de son corps en pleine mutation, au sein d'un vaste espace que l'auteur décrit avec une poésie intense, s'opposant avec l'univers familial étriqué et mortifère. L'écriture vibre, nous fait ressentir les plus petits bruits nocturnes ou diurnes de la nature sauvage,les odeurs, les lumières et l'on suit, émerveillé, Muette dans sa quête de liberté absolue.Une fin en forme de pirouette (et de clin d’œil), juste parfaite !

Lu dans le cadre du prix Confidentielles.

L'avis de Brize.

Un grand coup de cœur !

Muette, Eric Pessan, Albin Michel 2014.

Clara a aussi aimé !

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