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Rechercher : Bernadette a disparu

Assez de bleu dans le ciel ...en poche

"Selon toute vraisemblance, je suis un mari, un père, un citoyen, un enseignant, mais à la lumière je suis un déserteur, un imposteur, un voleur, un tueur. Je possède une certaine apparence en surface, mais je suis sillonné de trous et de galeries en dedans, comme une falaise de calcaire."

Dès la première scène, on est ferrés.Nous sommes dans un coin paumé d'Irlande en 2010. Un homme, Daniel, jauge du regard un intrus potentiel porteur de jumelles et d'un appareil photo. Son épouse sera plus expéditive (et plus efficace): elle tire deux coups en l'air. Exit l'intrus.maggie o'farrell
Qui est cette  recluse  entendant bien garder sa tranquillité ? Cette femme, subtilement folle, aux dires de son époux, nous le découvrirons progressivement est Claudette,  une ancienne star du cinéma , mystérieusement disparue avec son fils des années auparavant. Elle a refait sa vie avec Daniel et tout va pour le mieux mais, son père étant au plus mal, Daniel doit rentrer aux États-Unis. L'occasion pour lui de renouer avec  un passé douloureux qui l'entraînera en grande-Bretagne sur les traces de son premier amour Nicola. Mais l'intransigeante Claudette supportera-t-elle  les omissions de Daniel ?
Assez de bleu dans le ciel bénéficie d'une construction virtuose, alternant les points de vue et les époques, pour mieux brosser par petites touches le portrait de ces personnages qui nous deviennent très vite proches et attachants. Une manière supplémentaire d’entretenir la tension , ou plutôt les tensions, qui font que jusqu'à la dernière ligne nous avons le cœur qui bat , nous demandant si le roman va se terminer comme nous l'espérons. Une analyse subtile des sentiments et une écriture élégante font de ce roman une pure réussite !

Et zou sur l'étagère des indispensables !

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14/04/2018 | Lien permanent

Asymétrie

"Dites-moi, monsieur, vous voulez bien ralentir un peu ? J'aimerais attendre d'être à l’hôpital pour mourir."

Roman composé de trois parties, Asymétrie commence par le récit d'une relation en apparence improbable entre Alice, trentenaire qui travaille dans le milieu de l'édition et un très vieux monsieur qu'elle reconnaît rapidement. Il s'agit d’Ezra  Blazer, écrivain célèbre et nobélisable. lisa halliday, Philip Roth
Après le badinage commence une relation surprenante, tant dans sa forme que dans sa narration, tout en ellipses, élégance et ponctuée de remarques pleines d'humour.
Le récit central n'a en apparence rien à voir avec les deux autres parties car il y est question d'un jeune irakien, retenu dans un aéroport londonien qui se remémore son enfance.
Il faudra attendre la troisième partie, où l'on retrouve l'écrivain en pleine interview à la radio, pour avoir l'explication de cette apparente incongruité.
Le récit est fluide, souvent surprenant dans sa manière de relater les événements et prend encore plus de sel quand on pose le nom de Philip Roth, récemment disparu à la place d'Ezra Blazer.

Gallimard 2018

 

Déniché à la médiathèque.

 

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les chants du large#netgalley

Finn, sa sœur aînée Cora et leurs parents vivent sur une île de terre-Neuve. Las, les morues  et autres poissons ont disparu , l’île se dépeuple.
Finn  et sa sœur dans un premier temps, puis Finn seul, sans jamais se plaindre, mais avec aisance et harmonie vont faire face à cette situation  à leur manière.
Seul le nom de l'auteure, dont j'avais adoré le premier roman, m'a décidée à lire ce texte dont le thème n'avait rien d'emballant.emma hooper
Bien m'en a pris car j'ai retrouvé l'écriture, toujours un ton au-dessous de ce à quoi on pourrait s'attendre, les ellipses tant narratives que stylistiques  qui  freinent juste avant de tomber dans le pathos ou le convenu.
Avec poésie, avec candeur, mais aussi détermination, les personnages d'Emma Hooper luttent contre la solitude, le chômage, sans jamais perdre de vue leurs sentiments.
Ces gens sont faillibles, mais les chansons de Terre-Neuve qu 'ils entonnent drainent à la fois le passé, irriguent le présent  et ouvrent, si ce n'est vers un avenir, du moins vers une solidarité, une union à la fois poétique et fraternelle. Une atmosphère de fable et un grand coup de cœur.

Les Escales 2018.  Poétiquement traduit par Carole Hanna.

emma hooper

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#Migrations #NetGalleyFrance

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La mère morte...en poche

"J'ai maintenant compris que mon chagrin était une maladie chronique, avec laquelle je dois apprendre à vivre.Il y a des périodes de rémission et des rechutes."

 En 2016, "J'ai perdu le 1er avril ma fille unique et le 20 juin, ma mère unique. Maman est un mot qui a disparu de ma vie. je ne le dirai plus et ne l'entendrai plus." Ainsi s'exprime l'une des filles de Benoîte Groult, qui s'autorise à prendre la plume avec franchise, sans dolorisme ni pathos.
Au fil des pages, elle relate la maladie d’Alzheimer dont souffrait sa mère, la dégradation tant mentale que physique auxquelles il a fallu se résigner et le déni dont faisait preuve la principale intéressée. ça pourrait être sordide, mais dans la famille Groult les journaux intimes avaient vocation à être lus dans la sphère familiale et le corps n'avait jamais été un sujet tabou entre Benoîte et ses filles.
Si la mort de la mère était prévisible, bien plus inattendue, injuste et ravageuse a été celle de la fille de Blandine qui laisse un veuf , une petite orpheline de 9 ans et une mère dont le désarroi est total. A quelques semaines de distance, il faudra néanmoins organiser le départ de Benoîte qui avait milité pour le droit de mourir dans la dignité, ce qui lui sera accordé.9782253077565-001-T.jpeg
Ce qui frappe dans l'écriture de Blandine de Caunes, c'est qu'elle ne se pose jamais en modèle et quoi qu'il en coûte assume une forme d’égoïsme nécessaire qui lui avait été enseigné par sa mère. Un récit profondément émouvant, qui m'a parfois mis les larmes aux yeux,  mais qui demeure lumineux et parfois éclairé par la malice de son auguste mère. Une écriture fluide et sensible qui fait que l'on dévore ce livre d'une seule traite

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à mains nues

"Mes amies et moi n'élevons pas nos enfants de la même façon selon qu'ils ont une forme de fille ou de garçon. Conscientes de ce qui se joue ici et maintenant pour les hommes et les femmes, on veut rebattre les cartes."

La narratrice d’À mains nues utilise le "Je", mais c'est une 3je" englobant dans lequel chacune pourra se reconnaitre, s'identifier à des degrés divers. Avec une belle énergie, Amandine Dhée revisite les différentes facettes de ce qui nous constitue en tant que femmes. 61CP8XMwAeL._AC_UY218_.jpg
Le désir irrigue ce texte de la jeunesse à la vieillesse, cette étape qui pour elle est encore lointaine, et le rend optimiste et riche de possibilitéamandine dhéeLa langue est précise, fluide et aborde avec franchise, mais sans jamais tomber dans la vulgarité, tous les aspects de la vie féminine.
Il est intéressant pour celles qui, comme moi, ont connu les années 70 et le choc qu'ont été par exemple Les mots pour le dire de Marie cardinal ou les textes de Benoîte Groult de constater l'évolution des thèmes évoqués, ce qui a disparu ou presque et ce qui apparaît (la notion de genre, par exemple).
Un texte à (s') offrir de toute urgence.

POINTS SEUIL 2021

"Je souris moins aujourd'hui. Non que j'aie perdu en gaieté mais parce que je ne cherche plus d'emblée à avoir l'air charmante et inoffensive. Et je m'excuse moins. Avant, je m'excusais à tout bout de champ, en souriant donc, désolée par-ci désolée par-là, au cas où, pour lustrer. S'excuser, la maladie des femmes."

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22/10/2021 | Lien permanent

à cinq ans, je suis devenue terre à terre

"à l'horizon rectiligne d'une conversation sans but, il arrive parfois qu'un mot fasse éclater la bulle policée du phatique."

Quelle bonne idée de demander à la chanteuse, autrice, compositrice, pianiste Jeanne Cherhal que d'écrire à propos des mots !
Reine des métaphores, elle les personnifie aussi et les célèbre parfois de manière synesthésique,  associant un goût à leur sonorité, ce qui nous vaut ainsi un petit délice  à l'entrée "Yoga", mot fort usité en ce moment: "Lacté, légèrement sucré, frais sans être glacé, mélange subtil et doux de confiture de rose et de colle Cléopâtre, yoga a le goût du zen. Non seulement, il n'agresse pas, mais mieux, il repose. Il recouvre le palais d'un édredon léger et invite à la contemplation." L’article se termine néanmoins sur une note plus malicieuse et prosaïque !jeanne cherhal
Car oui, de l'humour il y en a et de sacrés personnages aussi car Jeanne Cherhal nous dévoile un peu de sa famille, de son enfance, de sa jeunesse au fil des entrées. La tonalité se fait parfois plus sombre pour évoquer de manière délicate son père disparu ou  le récit d'une amitié toxique illustrant le mot "Vampiriser".
"Sexy", "Féministe", "Sorcière" l’artiste multifacettes nous glisse aussi quelques conseils littéraires et une astuce pour se débarrasser de la lettre W au Scrabble. Ses textes sont de purs délices et certains confinent à la perfection, tel "Procrastiner ou "Cercle". Vite ,précipitez-vous sur ce recueil !

Points seuil 2020

 

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Au-Delà

"Existe-t-il une date d'expiration des filaments de gratitude secondaires, une fois que la racine principale a lâché ?"

La solitude est devenue le quotidien d'Antonia, écrivaine, professeure de Lettres fraichement retraitée et veuve depuis peu. Originaire de la République dominicaine, elle a été ,par le passé ,sollicitée pour aider les migrants hispanophones et l'un des clandestins qui travaille chez son voisin lui demande de l'aider à faire venir une fiancée qui se révèlera enceinte...d'un autre. julia alvarez
Doit-elle accepter d'héberger cette clandestine dans sa maison devenue trop grande ? Antonia doit remettre à plus tard la réponse car l'une de ses sœurs , la plus fantasque (ou la plus instable psychologiquement ? ) a disparu.
Julia Alvarez dans ce roman analyse avec finesse les liens qui unissent les sœurs, mais aussi tout ce qui peut les séparer. Elle brosse aussi le portrait d'une femme qui hésite à endosser la part de vraie gentillesse qui était l'apanage de son mari: "Est-ce donc à cela que se réduira l'au-delà, la vie après la mort ? Des actes inspirés par Sam, de la part de ceux qui l'aimaient ? ".
Pas de bons sentiments dans ce roman plein d'humanité qui peint avec justesse des personnages attachants et crédibles. Un bon roman comme on les aime.

 

 

 

 

 

 

Traduit de l’anglais (États-Unis) par David Fauquemberg, Éditions La Croisée 2022. 237 pages qui font du bien.

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Le Grand Incident

" La place de la femme dans notre société, la sexualisation du corps féminin (dans les œuvres d'art ancien comme dans la vie de tus les jours) , le harcèlement de rue et le traumatisme des confinement avec la fermeture des lieux culturels constituent les motifs principaux du Grand Incident. "

Qu'est ce qui a mené les visiteurs mâles à devoir se dévêtir totalement pour visiter le musée du Louvre  ? La révolte des nus féminins , qui par le truchement d'une femme de ménage qui communique avec elles, ont exprimé leur ras-le bol de devoir subir encore et toujours le harcèlement masculin.Elles ont donc disparu des œuvres , créant ainsi Le Grand Incident et semant la panique dans l'administration du musée. 91ZWM67STSL._SL1500_.jpg
 C'est donc  à"Paris un jour comme aujourd’hui", que se déroule la fable à la fois didactique et très drôle imaginée par Zelba. On y apprend, entre autres que "Contrairement au corps masculin dont la nudité est, la plupart du temps, un signe de courage et de force virile, le nu féminin est fréquemment abonné aux poses de soumission ou d'humiliation. ", de quoi "émoustiller " les commanditaires des œuvres...
 J'ai particulièrement apprécié les "cabines de redescente émotionnelle" dont je vous laisse découvrir l'utilité ainsi que le clin d’œil final. Une BD  pour s’immerger dans le Louvre d'une manière à la fois ludique et féministe.  Un pur régal.

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#Western #NetGalleyFrance !

"Si le western est un genre, c'est le féminin. Il articule en un seul trajet l'idée du destin, l'idée du tragique de la condition humaine à celle de la plus fascinante liberté.C'est quoi, tout ça en une seule forme, sinon une femme."

 

Alexis Zagner, comédien en vogue,  alerté d'un vague danger qui le menace, a disparu à quelques jours de la première de Dom Juan, dont il incarnait le rôle titre.
Nous découvrirons peu à peu les raisons de sa cavale, qui ont beaucoup à voir avec son attitude avec les femmes.
Quelques mois plus tôt, Aurore qui élève seule son fils Cosma , a appris le décès de sa mère, et ,bombardée "coordinatrice chargée des paramètres humains détachée à l'adaptation aux ressources digitales à cent pour cent de télétravail" (sic), a décidé de déménager à l'ouest, dans la maison maternelle, située sur  un causse.
Évidemment, nos deux héros ne pourront que se rencontrer, mais pas forcément dans les circonstances que nous pourrions imaginer. maria pourchet
Faire cohabiter dans un roman le personnage de Dom Juan de Molière et le genre du western voilà qui paraît quelque peu iconoclaste. Mais cela fonctionne très bien et permet de dézinguer au passage le fonctionnement de notre société  avec un humour acide.
Maria Pourchet analyse aussi avec férocité ,par le biais des Fragments d'un Discours Amoureux de Roland Barthes, l'avalanche de messages dont Alexis avait accablé une apprentie comédienne dont il croyait être tombé amoureux.
Alternant les temporalités, Maria Pourchet imprime à son récit un rythme vif et multiplie les rebondissements mais néglige peut être au passage ses personnages qui manquent un peu d'épaisseur. Je suis restée parfois perplexe devant certaines de leurs réactions mais il n'en reste pas moins que Western marquera sans doute cette rentrée 2023.

 

Merci à l’éditeur et à Netgalley.

 

Stock 2023.

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