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30/11/2015

Eux, c'est nous

"Et ce sont eux, tous ces réfugiés  du vingtième siècle daniel pennca,sege bloch,jessie maagana,carole saturno, jugés chaque fois trop nombreux, , qui font, avec nous, la France d'aujourd'hui."

Daniel Pennac(chioni), dans un très court texte intitulé "l’instinct, le cœur et la raison" illustré par Serge Bloch, analyse d'abord l'effet que les médias produisent en nous présentant des images de foules de réfugiés, images renforcées par des mots insistant sur le déferlement et partant, la menace. L'individu souffrant est donc nié, noyé dans la masse.
Daniel Pennac qui s'étonne (et nous étonne par la même occasion, on ne voit pas le temps passer) en constatant qu'il est devenu septuagénaire, en profite pour égrener tous les réfugiés qui, depuis le début du vingtième siècle sont venus enrichir la population française.
Population qui, comme le rappellent Jessie Magana et Carole Saturno en  huit notions, à partir des huit lettres du mot "réfugié" , a tout à gagner à cet apport représentant depuis 2004, 200 000 personnes , soit 0,3 % de la population française.
Didactique, clair et pas que pour les enfants, Eux, c'est nous, est édité par une pléthore d'éditeurs jeunesse et tous les revenus issus de la vente de cet ouvrage seront entièrement reversés à la Cimade, association de solidarité active avec les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile.

 

3 euros bien employés donc.

Novembre...en vrac

Parmi les livres, aimés mais non chroniqués:

* Une étonnante retraite, Ted Thompson, un premier roman dont le tout jeune auteur parvient à se glisser parfaitement dans la peau d'un quasi sexagénaire, mais dont la narrationest un peu trop sage à mon goût pour emporter totalement l'adhésion. 416HXcGsbuL._AA160_.jpg
Merci, Cuné !

 

 

 

 

 

*Relire, Laure Murat. comme Cuné et Clara (merci !), plein de marque-pages, mais je suis souvent restée extérieure (trop de références à Proust ? Un auteur auquel je reste indifférente (pas taper :), pas assez de relectures d'écrivaines mentionnées ). Par contre, j'ai bien aimé que Tiphaine Samoyault, professeure d'université et écrivaine assume maintenant pleinement sa relecture deux fois par an des neuf tomes (!) de La petite maison dans la prairie"dans les mêmes volumes qui tombent en miettes. Toute une part de [son] savoir matériel vient de ce livre: comment fabriquer une lampe à huile, certaines recettes de cuisine,etc." car "C'est un des rares effets de continuité avec moi-même. En le relisant, je crée du lien avec moi-même."
Moins chic que Proust mais sincère.

à part ça, j’aurais aimé apprécier le film "A la vie", librement adapté de la vie de la mère du réalisateur mais, comme le souligne la critique de Télérama, les dernières images, extraites d'un document mettant en scène les vraies héroïne de l 'histoire-trois rescapées d'Auschwitz qui se retrouvent à Berck en 1962- sont celles du film qu'on aurait aimé voir.

Les premières images du film, mettant en scène les derniers moments du cap d’extermination, sont sans émotion et tout à fait inutiles car relatées plus tard par les héroïnes. Bien plus efficaces sont ces images d'un appartement mis sous scellés et resté intact, où les vestiges d'un repas non terminé en disent bien plus sur la violence et le rôle de la police française.

J'ai entamé la deuxième saison de "The Affair", série américaine, où les mêmes faits sont présentés successivement par les différents personnages, sans pour autant tomber dans les redites. Saison plus riche car , cette fois, le point de vue de la femme trompée nous est proposé. Elle  gagne ainsi  en profondeur et en nuances. Quant à celle qui était la maîtresse , devenue la fiancée, elle expérimente les "joies" d'être la compagne d'un écrivain à succès, ayant relaté sa vie dans ses aspects les plus intimes...

Sinon, , j'ai testé pour vous "les chaussettes les plus chaudes du monde" vendues chez nature et D. par temps de novembre (pluie, froid et vent). Seul le bout de mes orteils est resté froid. Prévoir des chaussures suffisamment larges (type chaussures de marche ) pour arriver à les caser. à porter telles quelles chez soi, sans rien d'autre aux pieds.

Ma fixette chaussette s'est poursuivie toujours chez le même fournisseur avec les chaussettes de yoga. Prévoir cinq minutes par pied pour les enfiler  (tous les orteils doivent être casés dans leur petit logement).
Très efficace sur le sol de ma salle de bains (effet ventouse), nettement moins lors des posture d'équilibre durant le cours. Succès comique garanti (le prof a trouvé qu'elles ressemblaient à des pis de vache). No comment..

27/11/2015

Victoria et les Staveney/Mon amie Victoria ...en poche

"-Et tu peux compter sur le père ?

- C'est un Blanc.

- Seigneur s'exclama Phyllis.

Sa consternation provenait moins du poids de l'histoire, évoquée par ces trois syllabes, que de la perspective d'ennuis beaucoup plus immédiats."

Le film,"Mon amie Victoria" librement inspiré du roman très court (150 pages) de Doris Lessing m'a donné envie de me replonger dans le texte de départ.
Victoria, petite fille noire de 9 ans, passe une nuit dans une riche maison blanche, un souvenir enchanté qu'elle n'oubliera pas. Des années plus tard, elle renouera avec le plus jeune fils de cette famille, dont elle aura un enfant, sans pour autant vouloir lui révéler immédiatement cette paternité.
Orpheline, Victoria a grandi sans véritables repères, le futur se dérobe  sous ses pas et elle ne peut qu'être ballotée par les événements. La seule véritable décision qu'elle prendra concernera sa fille et aura des conséquences qu'elle n'avait sans doute pas prévues.doris lessing
Il est rare qu'un roman (ou un film) ait comme personnage principal une jeune femme noire et l'envisage dans ses relations avec des Blancs libéraux, persuadés d'être ouverts d'esprit et non racistes.
Doris Lessing traque ici l'hypocrisie, les non dits (le garçon venu chercher Victoria à la sortie de l 'école ne la "voit" pas car il ne peut envisager qu'elle soit noire) et dépeint le fossé qui sépare les personnages dans leur intimité la plus banale (tout ce qui paraît normal aux Staveney, comme demander à un enfant ce qu'il veut manger,  est  hors-normes pour Victoria).
Court, efficace et pessimiste (lucide?).

le film transpose l'action chez des bobos parisiens (avec la trop rare Catherine Mouchet dans le rôle de la mère de famille) et c'est tout aussi pertinent.

Déniché à la médiathèque.

 

26/11/2015

La citation du jeudi (ça fait un bail !)

"L'auteure Marie-Ange Guillaume* ayant allumé une cigarette en promenant son chien le matin d'un le 31 mai, fut apostrophée par une dame qui lui fit aigrement remarquer que c'était la Journée sans Tabac.
"Ah bon ! répondit-elle ...Et la Journée sans Casse-couilles, c'est demain ? "

Cité par Jacques A. Bertrand in Brève histoire des choses, Julliard 2015, Prix Alexandre-Vialatte 2015.

* Clic ! clic ! et reclic !

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06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (4)

24/11/2015

Etta et Otto (et Russell et James)

"Quelques mois auparavant, elle avait commencé à se sentir entraînée dans les rêves d'Otto à la place de siens, la nuit."

Etta, quatre-vingt-trois n'a jamais vu l'océan et décide un beau jour de parcourir les milliers de kilomètres qui l'en séparent depuis sa ferme du Saskatchewan. Elle laisse derrière elle son mari, Otto et leur ami, Russell.emma hooper
Au fur et à mesure de ce périple, le passé affleure et
, au fil des rencontres et des souvenirs, se tisse un texte à la fois poétique, simple et plein de fraîcheur qui éclaire, tout en délicatesse, les rapports qui unissent ces personnages, bien plus complexes et riches qu'il n'y paraît de prime abord.
Les drames, petits ou grands , se laissent deviner, rien n'est jamais clairement nommé, tout est dans l'implicite, les paroles parfois échangées par la seule force de la pensée et c'est beaucoup plus efficace.
Quant à James, mon personnage préféré, je vous laisse le soin de faire sa connaissance.
Etta, Otto, des prénoms presque semblables pour des personnages qui se fondent l'un en l'autre par le biais de leurs rêves, un récit en forme de boucle, qui se joue du temps et de l'espace. Un roman magnifique et dont les personnages m'accompagneront longtemps !

Les Escales 2015.

23/11/2015

Les lumières de Central Park

"Chacun connaît parfaitement les blessures, les défauts et les faux-semblants de l'autre, si bien qu'en couchant ensemble ils ont l'impression de coucher avec une partie d'eux-mêmes qui a échoué, comme un film pornographique aux dialogues familiers."

Commencé par le récit d'une mère intrusive qui s'immisce dans la vie amoureuse de son fils, le recueil de nouvelles de Tom Barbash se clôt par celui d'un fils qui ne supporte pas de voir son père, veuf depuis peu, devenir l'enjeu de rivalités féminines. Renversement de situations, comme pour nous dire que les rôles sont interchangeables et que, quelque soit leur âge, les héros de ces textes connaissent tous l'ultra-moderne solitude chantée par Souchon.tom barbash
Pourtant, le mot n'est jamais écrit, jamais prononcé et Timkin, quitté par sa femme en novembre, n'annule pas la soirée traditionnelle lors de la parade des ballons géants, affirmant que son épouse est en déplacement professionnel.
De la même façon, un apprenti agent immobilier véreux, paumé au milieu de la cambrousse, se lie d'amitié avec un couple de vieillards isolés pour mieux les gruger. Mais le dénouement, pour attendu qu'il soit, n'en sera que plus poignant par la réaction à la fois pleine de bienveillance et de lucidité des personnes apparemment lésées.
Vies qui se frôlent, vies fêlées ou fracassées,  la fragilité est partout présente.L'émotion est aussi palpable mais toute en retenue et ,même quand le drame surgit, le pathos est toujours absent. Tom Barbash est un nom à retenir !

 

Les lumières de Central Park, Tom Barbash, traduit ,avec beaucoup d'élégance, de l’américain par Hélène Fournier, Albin Michel 2015, 255 pages.

20/11/2015

Literary life...en poche

"Reste , Charlotte ! ...Tu ne peux pas me laisser tomber maintenant, je n'ai pas terminé mon roman-j'ai besoin de ton malheur !"

Parues chaque samedi dans The Guardian rewiew, Literary Life (mais pourquoi diable avoir gardé le titre en VO ?), ces chroniques ont comme sujet imposé la vie des lettres. Sujet que connaît bien Posy Simmonds puisqu’elle l'avait déjà abordée, sous des angles différents avec Gemma Bovery (bientôt au cinéma avec Gemma Arterton et Fabrice Luchini) et Tamara Drewe (porté à l'écran par Stephen Frears).posy simmonds
Petites librairies indépendantes, supermarchés du livre, rivalités entre auteurs, ateliers de creative writing, autant de figures imposées dont Posy Simmonds se tire avec brio. On appréciera aussi son art de la satire avec le duo Dr Derek/ Nurse Tozer, graphisme tout droit sorti des sixties, qui soigne avec abnégation les affres des créateurs (le syndrome du deuxième roman) ou débusquent sans pitié les cas de plagiat"Hoquetmingway" ou "toux rgueniev"!
Traquant les petitesses et les faiblesses des écrivains sans méchanceté, Posy Simmonds souligne aussi les a priori concernant les auteurs jeunesse ou montre  la "torture" que peuvent être les interventions dans les classes ou les séances de dédicaces sans lecteurs... C'est dessiné avec tendresse et empathie, et ça se lit tout seul ! Une BD à savourer à petites gorgées pour mieux l'apprécier.

19/11/2015

Désaccords mineurs...en poche

"Les attentes des autres, il y a de quoi vous donner mal à la tête."

Chrissie, mère de trois filles dont la benjamine a dix-huit ans, appartient à "...cette espèce de femmes exaspérantes qui, quand on les interviewait dans leur maison impeccable sur leur aptitude à ne pas devenir folle alors qu'elles géraient l'existence de quatre ou cinq personnes  en plus de la leur et en plus d'un boulot, souriaient avec sérénité et répondaient qu'en réalité, il suffisait de faire des pense-bêtes." Ou plutôt appartenait car le décès de celui qui ne l'a jamais épousée, Richie,  la laisse dans un désarroi total. D'autant plus que, les dispositions de l'héritage font revenir à la surface la première famille de son compagnon, famille qu'elle aurait préféré continuer à ignorer.joanna trollope
Alors que Chrissie et ses deux premières filles restent bloquées sur le drame qui a bouleversé émotionnellement et économiquement leurs vies, Amy , la plus jeune, faisant fi des accusations de déloyauté ,va de l'avant et établit même un lien avec son demi-frère.
Les univers brossés par Joanna Trollope, que ce soit le Londres coquet ou le Newcastle plus rustique, sont tous empreints de ce confort douillet qu'elle sait si bien décrire. On s'y réconforte à grands coups de mugs de thé, on y croise un chat lourd comme "un hippopotame à fourrure", on déjeune dans un restaurant compassé et on se régale de la finesse des notations psychologiques. Seul bémol, les choses s'arrangent un peu trop bien mais c'est la loi de ces bons gros romans réconfortants, n'est-ce pas ?

17/11/2015

L'héritière

"-Vous êtes en train de me dire que personne n'aime les femmes au pouvoir ?

-Non, elles agacent.

-Alors une femme ne peut pas devenir Premier Ministre ?

-Bien sûr que si !

-Je ne comprends pas ...?

-Elle ne sera pas aimée, c'est tout."

 Charlotte,jeune mère de famille,est sur le point d’accompagner son mari, humanitaire en Afrique quand le Premier ministre danois lui propose un poste qu'on  peut difficilement refuser quand on en a des convictions: ministre de l'écologie. L'ancienne militante,  sincère, intègre et sans langue de bois, saura-t-elle s'intégrer sans douleurs dans un monde cruel où les ministres doivent savoir ménager les susceptibilités tout en manœuvrant habilement pour faire avancer leur carrière ? hanne-virbeke holst
à cela s'ajouteront d'autres défis: réussir à préserver sa vie familiale et endurcir son cuir quant aux attaques d'une certaine presse.
Découvrir les coulisses du monde politique, en l'occurrence danois, mais de nombreuses situations (à l'exception des barrages d'agriculteurs considérés comme typiquement français...) sont internationales, est toujours plaisant. Charlotte est  parfois un peu naïve mais pleine de ressources et sa fraîcheur-elle a un côté "Belle des champs"- détonne dans ce "monde de vieux babouins et de jeunes loups" qui taclent les femmes pour les dégager du terrain.
Moins sophistiqué que la série House of cards, mais tout aussi plaisant, L'héritière est un bon gros roman de 607 pages , premier volume d'une trilogie, dont je vais dès demain chercher le deuxième volume.

 PS:Apparemment, cette trilogie aurait été adaptée à la télévision danoise bien avant la série Borgen qui s'en serait inspiré...

L'héritière, Hanne-Verke Holst, traduit du danois par Caroline Berg, pocket 2015.

16/11/2015

Blood family

"Même si vos soucis sont différents, les livres vous montrent au moins que vous n'êtes pas seuls à vous en faire. Vous n'avez plus besoin d'avoir peur que ce soit anormal."

 

Jusqu'à l’âge de sept ans, Edward a vécu avec sa mère sous l'emprise d'un tyran domestique, malfaisant et violent. Blood family relate sous forme de récit choral, l'évolution jusqu'à l'adolescence de cet enfant,  qui a su trouver des repères grâce à des cassettes vidéo éducatives et, plus tard , grâce aux livres("J'avais l'impression que chacun d'eux me donnait des clés pour devenir normal ").anne fine
Adopté, Edward connaîtra pourtant bien des vicissitudes  tant pour comprendre l’attitude passive de sa mère que pour se défaire d'encombrants liens du sang qui semblent l'entraîner inexorablement du mauvais côté.
Anne Fine, avec beaucoup d'empathie et de pédagogie, nous fait entrer dans l'intimité de cet enfant blessé psychiquement et trouve un parfait équilibre entre la volonté de ne rien éluder: les sentiments parfois ambivalents des parents adoptifs, les pensées perturbées de son héros,ses échecs ,ses addictions, sans pour autant tomber dans le misérabilisme ou la guimauve.
Une expérience passionnante et un roman de 341 pages qui se dévore d'une traite.

Blood Family, Anne Fine, traduit de l'anglais par Dominique Kugler, école des loisirs 2015, medium (à partir de 12 ans)

06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : anne fine