13/03/2009
"Que voulez-vous, on s'attache à toute créature vivante au secours de laquelle on s'est portée."
Parfois déroutantes , souvent pleines d'un humour subtil, les nouvelle du recueil de Lydia Davis, Kafka aux fourneaux ,analysent en profondeur des situations du quotidien , apparemment banales. Mais l'oeil exercé que l'auteure porte sur chacune de ces situations est si aiguisé qu'il en donne parfois le tournis. Ainsi le narrateur de la nouvelle qui donne son titre au recueil se torture-t-il mentalement afin de réussir La soirée avec une jeune femme : "Certains homme s se battent à Marathon, d'autres dans leur cuisine."
Des situations embarrassantes sont passées au crible. Ainsi dans "Ces vents qui passent suivons-nous le raisonnement alambiqué d e la narratrice qui se demande qui a lâché un pet et cherche le moyen de dissiper la gêne si gêne il y a, quitte à accuser le chien, qui après tout est peut être le responsable...Beaucoup de narrateurs s'interrogent ainis scrupuleusement à propos de situations dérisoires et donc décalées.
Parfois très courtes, j'y ai alors retrouvé l'esprit d'un Jules Renard, ces nouvelles dissèquent avec enthousiasme nos luttes dérisoires pour trouver un certain équilibre sans cesse remis en question par la vie.Une Vieille dame lutte ainsi contre l'entropie et la destruction progressive de sa maison en un paragraphe magistral.
Flirtant parfois avec la fantastique "ces étrangers dans la maison", ces nouvelles nous montrent ainsi l'envers de nos vies , ce que nous cachons soigneusement sous une apparence sereine. ça carbure à toute allure, ça gamberge , on adhère totalement ou on passe à côté. Je suis entrée avec enthousiasme dans cet univers décapé et décapant !
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : lydia davis, kafka aux fourneaux, humour, et que je me mette la rate au court-bouillon