Rechercher : J'ai toujours ton coeur avec moi
”Le mot est venu à mon secours ,comme l'ont toujours fait les mots.'
Abigail et Dorcas sont jumelles mais ne se ressemblent en rien, tant au physique qu'au moral. Dorcas, la plus intello des deux, affirme qu'elles se sont partagé le monde : "Sacré et profane. Spirituel et physique. Esprit et corps." Abigail, la plus charnelle des deux ,est accusée d'avoir assassiné son second mari et, tout en se préparant à affronter le cyclone Pandora (!), Dorcas commence la lecture du livre consacré à sa soeur, se chargeant de rectifier au passage ,de manière sarcastique mais lucide, les erreurs qu'il contient...
Dorcas, bibliothécaire de son état, fustige au passage les pratiques du tout petit cercle littéraire dans lequel elle a été amenée à évoluer malgré elle.
Malgré sa raideur apparente, Dorcas, par son humour inflexible, nous devient vite sympathique et le personnage d'Abigail se révèle à l'usage beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.Ellen'est en aucun cas la Belle Idiote que l'on pourrait croire : "Ma soeur n'est qu'une je -m'en-foutiste paresseuse. mais one la lui fait pas." Même si au début du texte Dorcas affirme "J'ai une meilleure compréhension des chats, des moteurs à explosion et des Iraniens que d'Abigail, ma soeur jumelle.", remonter le temps, revenir aux origines du drame, va lui permettre de se rendre compte qu'elle est beaucoup plus proche de sa jumelle qu'elle ne le croyait.
Dominé par la figure du cercle, truffé de références mythologiques, Gloire, honneur et mauvais temps, de Jincy Willett est un petit chef d'oeuvre d'humour souvent noir (le récit en deux phrases de l'assassinat du mari m'a fait hurler de rire !), même si le comportement autodestructeur d'Abigail(heureusement passager !) est assez pénible à supporter, non pas qu'il soit décrit de manière complaisante mais voir une femme s'abaisser ainsi est assez perturbant. Tissant des liens entre fiction et "réalité", Dorcas qui entretient avec les mots, sous toutes leurs formes, y compris les graffitis, des relations étroites ne peut que plaire à toutes les lectrices compulsives !
Quelques longueurs, contrebalancées par l'humour constant.
Gloire, honneur et mauvais temps. Jincy Willet. 10/18 . 412 pages
08/12/2008 | Lien permanent | Commentaires (13)
On peut toujours rêver !:)
"On y sème 65 kilos de graines tous les ans en mars." Glups ! Le temps d'avaler sa salive et nous poursuivons la visite de ces vingt-trois jardins d'exception, ouverts au public et dont les âmes sont toutes des femmes.
Ces domaines , elles en ont souvent hérité et souvent sont venues au jardinage un peu par hasard. Mais à les voir toutes, quel que soit leur âge , cela semble leur réussir ! Ainsi Rosamée Henrion,"Infatigable, (...) trouve l'énergie chaque matin pour supprimer toutes les fleurs fanées, désherber et tailler la moindre petite pousse vagabonde!" du Jardin de Plessis Sasnière (3,5 hectares quand même,situés en Touraine).
Sans façons, elles nous avouent leurs échecs, visiblement créer une mare n'est pas une bonne idée, et nous confient leurs astuces. certes, nous ne disposons pas toutes (et heureusement !) de jardins de plusieurs hectares mais nous pouvons déjà rêver en admirant les très belles photos, utiliser les astuces à notre échelle et ,pourquoi pas , programmer les prochaines vacances en fonction de ces jardins situés en Touraine, Picardie, Normandie, Bretagne , Auvergne Orléanais, Bourgogne,Dordogne, Ile-de-France, Maine ou Provence ...
Un grand merci à Cath pour ce voyage immobile !
Ps: Je vous livre une astuce de Louise Courteix, de l'arboretum de Balaine, sa désinvolture apparente m'a rappelé un personnage de Jane Gardam dont je vous parlerai demain, si tout va bien : " Ma technique de planation est simple. Je lance les bulbes [de cyclamens] à la volée et je les plante là où ils tombent. Le dessus du bulbe doit affleurer le sol. J'ajoute au-dessus à peine 5 mn de terreau et j'évite surtout de piétiner ensuite les zones plantées. Ces cyclamens se naturalisent très bien et j'en replante chaque année seulement une centaine car je n'ai pratiquement pas de dégäts avec les mulots. ces derniers ont tellement à manger dans le parc qu'ils ne touchent pratiquement pas aux bulbes! C'est le secret de la biodiversité : plus on a d'espèces (de fruits, de plantes à graines...) moins on a de dégâts avec la petite faune."
Leurs secrets. B. Boudassou (textes), B. Pichon (photos). Larousse
03/01/2009 | Lien permanent | Commentaires (6)
Comme si tu étais toujours là
"Tu me manques tellement, mais il y a quinze ans que tu me manques tellement ! " , m'avoues-tu . Nous nous sommes toujours manqué terriblement."
Sur un coup de tête, par jalousie, la chanteuse Marie Paule Belle quitte sa compagne, Françoise Mallet-Joris, romancière et auteure des paroles de ses chansons. Les deux femmes vivaient alors en toute liberté une relation au vu et su de tous, même si dans les médias, on n'évoquait, je m'en souviens, qu'une belle amitié entre les deux femmes. Nous étions dans les années 70.
Même si ,après leur séparation, les deux femmes ont continué à se voir, à s'écrire, elles n'ont plus jamais revécu ensemble et c'est après la disparition de la romancière en 2016 que Marie Paule belle a vraiment pris conscience de la puissance de l'amour qui les unissait.
Dans un monde où, selon l'autrice, l'homophobie est de plus en plus décomplexée, la parution de ce livre est un souffle d'espérance et d’amour.
Publiant les lettres, les petits billets envoyés avec un belle fréquence par Françoise Mallet Joris, la chanteuse étant souvent en tournée, on voit transparaître à la fois son inquiétude (les risques d'accident, la carrière de son amour) mais aussi sa constante sollicitude et son amour indéfectible. Une telle générosité méritait bien d'être célébrée.
Un texte pudique, tout en retenue, les amateurs d'anecdotes croustillantes en seront pour leurs frais et une magnifique préface de Serge Lama qui a bien connu les deux femmes.
Plon 2020
02/03/2020 | Lien permanent | Commentaires (1)
Dis-moi comment tu donnes , je te dirai qui tu es...
"Tout don engendre une dette, et toute dette doit être apurée." telle est la conclusion de Gabrielle Rubin dans
Pourquoi on en veut aux gens qui nous font du bien.
Lapsychanalyste s'intéresse aux problèmes qu'entraînent aussi bienles dons personnels, qu'ils soient matériels ou psychiquessi le principe énoncé plus haut n'est pas respecté.
S'appuyant aussibien sur des cas cliniques que sur des personnages de la littérature ,ce que j'ai particulièrement apprécié, Gabrielle Rubin décortique lesmécanismes des dettes intarissables, des dettes niées et desdettes négatives , illustrant ce dernier propos par l'exemple du tueuren série Guy Georges.
Son analyse du Voyage de M. Perrichon, pièce de Labiche m'a donné envie de découvrir cette oeuvre. Je suis néanmoins restée plus sceptique sur celle de Marsde Fritz Zorn (il est vrai que j'ai lu ce roman il y a plus de 20 anset que le souvenir que j'en ai gardé a dû fortement s'altérer).
Lechapitre d'introduction et celui de conclusion m'ont semblé un peurépétitifs, l'écriture est classique et parfois un peu tropmoralisatrice à mon goût. Ce texte se lit cependant sans déplaisir etavec intérêt.
15/02/2008 | Lien permanent | Commentaires (12)
Tiens, y a une tranchée devant chez moi...
Je devrais être habituée, depuis le début de l'extension,régulièrement, en rentrant chez moi, j'avais des surprises: tiens, j'aiplus de grange, tiens, j'ai plus de muret ni de portail d'ailleurs...En plus, comme les travaux ont commencé l'hiver dernier, quand jerentrais , je ne voyais pas grand chose, il me fallait attendre jeudimatin pour voir l'évolution.
Aujourd'hui, je rentrais de Lille où jesuis allée inscrire mon bachelier , je suis passée par la Belgique oùj'ai trouvé mes sabots roses kitchissimes (repérés au printempsdernier) soldés (bonne journée donc) et at home -surprise,cette tranchée, destinée à amener l'électricité jusqu'à la nouvellecuisine, qui filait au ras de mes rosiers anciens...
Promis juré, ily aura une photo de mes trop beaux sabots mais la tranchée sera-j'espère- rebouchée quand ma photographe attitrée et habilleuse deblog préférée sera rentrée de vacances.
Edition: La photo tant attendue !
12/07/2006 | Lien permanent | Commentaires (2)
”Son image s'est pyrogravée en moi.”
Un roman sur l'enfance, quoi de plus banal? Et pourtant Dominique Resch, avec Les poules, réussit le tour de force de nous embarquer dans le récit de ses vertes années avec une fraîcheur et une drôlerie revigorantes.
On commence le roman et immédiatement on est embarqué dans cette description drôle et poétique du monde familial SANS les lunettes de l'enfant et nous voilà accrochés à l'hameçon de Dominique Resch! On se laisse balader avec bonheur dans ces années soixante où la télé commence juste à faire irruption dans les foyers : Alors, le soir, ma mère hésitait à se déshabiller devant l'écran et quand ma grand-mère venait chez nous, elle s'habillait en dimanche pour se présenter devant Catherine Langeais et l'armée française. C'était comme ça. Il fallait le temps de s'habituer à ces choses nouvelles : les vedettes de la chanson, les speakerines et les chars d'assaut dans le salon." Vous l'aurez compris, il y a un ton Dominique Resch et parfois en le lisant ce premier roman, j'ai pensé aux premiers textes de Jaenada (les parenthèses en moins !), la tendresse en plus car c'est bien aussi de cela qu'il s'agit, la tendresse envers ses deux grands-mères si différentes et la tendresse pour le petit garçon qu'il était ... Un vrai bon moment et une bonne nouvelle: ce roman n'était plus donné comme disponible mais l'est de nouveau et c'est ici !
Les poules, Dominqiue Resch, éditions Anota.
Et plein de surpises en rapport avec le livre : ICI
15/04/2009 | Lien permanent | Commentaires (6)
Comment concilier érudition et gourmandise, goûtez-moi ça !
Au menu, 16 recettes (2 de plus que dans l'édition originale,veinardes que nous sommes!) écrites chacune à la manière d'un(e)grand(e) écrivain'e) de la littérature mondiale.
Nous pourrons ainsi déguster la soupe de Kafka quidonne son titre au recueil, enchaîner avec l'agneau à la sauce àl'aneth de Raymond Chandler et terminer par le clafoutis grand-mère àla Virginia Woolf.
Chacunde ses pastiches se tient à la limite de l'exercice d'admiration mais netourne jamais au jeu de massacre. L'auteur, Marck Crick, avec un humourtout britannique, a su se glisser dans la peau de chacun de cesécrivains et nous en donne ainsi un aperçu plus apéritif qu'indigeste.
Pointn'est besoin de connaître chacun des auteurs présentés, au contraire,comme dans un mezze, libre à nous d'aller ensuite découvrir plus à fondl'auteur "picoré".
Il faut noter que chacun des texte a été traduiten français par des spécialistes français des auteurs imités (Genevièvebrisac a ainsi traduit le texte "de" Jane Austen), ce qui garantit lafidélité à l'esprit et au style.
J'ai eu le sourire au lèvres enpiochant dans ce recueil par ailleurs illustré par Marck Crick, auteurmultitalentueux quui n'hésite pas à citer les auteurs imités donnantsur leur avis en 4 ème de couv' sur La soupe de Kafka : "Qu'il pourrisse en enfer !" Graham Greene.
Nousavons même droit à la photo d'un Marck Crick, qui sans doute pouraccentuer la ressemblance avec les tops modéles dont il a le physique,fait la tronche.
Dernière précision, les recettes sont tout à faitréalisables, si l'on se donne la peine de les "dégraisser" de leurlittérature...
13/11/2006 | Lien permanent | Commentaires (8)
L'ombre de moi-même
"...il y a quelque chose chez toi, Mona Gray , qui fait déborder mon coeur."
Depuis dix ans, le père de Mona est atteint d'une terrible maladie, dont personne ne parle en famille. La petite fille ( pour se préparer à la perte de son père ?) est devenue "amoureuse de l'abandon". Elle conserve pourtant une relation compulsive avec les chiffres.Exilée de chez ses parents, un univers qui semble déserté par les couleurs, Mona, à l'âge de vingt ans, va enseigner, un peu par hasard, les mathématiques dans une école primaire, une expérience diont les conséquences seront imprévisibles...
Il me restait de ma première lecture en 2001 de L'ombre de moi-même quelques images fortes: celle de cette quincaillerie abandonnée à son sort, celle d'une classe primaire avec des méthode d'enseignement fort singulières et surtout l'atmosphère si particulière aux romans d'Aimee Bender. Nous sommes en effet à la fois ancrés dans la réalité mais une réalité qui glisse souvent de côté, où les personnages dévoilent peu à peu des comportements légèrement anormaux dont chacun semble s'accommoder. J'avais pourtant oublié cette alliance dérangeante de l'enfance et de la morbidité, dont en fait les enfants s'arrangent bien plus facilement que les adultes. Un roman moins abouti que La singulière tristesse du gâteau au citron (clic) mais une bien belle introduction au style d'Aimee Bender.
L'ombre de moi-même, Aimee Bender,Traduit de l'anglais par Agnès Desarthe, points seuil 2013, 305 pages lumineuses.
15/04/2013 | Lien permanent | Commentaires (6)
”On est ni plus ni moins qu'à l'hôtel des coeurs brisés et je suis logée à la suite Lacrymale”
"Nom d'un crabier chinois à ventilation intégrée. J'ai le battant qui fait des huit."On la comprend Georgia : ces vacances s'annoncent pour le moins mouvementées. Jugez-en : son amoureux le sublimo Massimo est parti au pays Au-pays-de-la-mozarella-et-tomates-à-là et les parents de notre héroïne refusent de lui octroyer les 500 misérables livres qui lui permettraient de rejoindre El sublimo !Il est vrai que Muti et Vati sont plutôt à couteaux tirés...Pour parachever le tout , Angus le chat terreur des facteurs, le chat qui chasse l'automobile plus hardiment que la souris, vient de se faire écraser ! On comprend que Georgia en ait "le cervelet qui dépose l'arrêt de travail" !
Ayant lu au fur et à mesure de leur sortie les sept premiers tomes de l'hilarante série des Georgia Nicolson, il m'a cependant fallu un petit temps de réadaptation au sabir si particulier de la bougresse.Mais ensuite quel bonheur ! Mêlant petits mots de français , d'allemand et d'italien disséminés de -ci de- là, néologismes qui fleurent bon leur Ségolénitude, mots anciens ,argot, expressions toutes faites mais revisitées à la sauce synonymes, images perso particulièrement percutantes, jurons utilisant au sens propre des noms d'oiseaux, cette créativité est tout simplement réjouissante ! Saluons au passage le talent de la traductrice, Catherine Gibert , qui sait garder le nord face à cette déferlante purement Georgiesque !
Retrouver les personnages a été aussi un vrai plaisir et mon petit coeur a palpité plus fort quand je me suis inquiétée du sort de mon chat de roman préféré...*
Bref, un vrai bonheur de lecture et comme Georgia, grâce à ce livre je peux dire : "J'ai la jauge à joyeuseté qui remonte sensiblement."
Le coup passa si près que le félidé fit un écart. Louise Rennison, Gallimard. 254 pages top marrades.
08/05/2009 | Lien permanent | Commentaires (24)
Coup au coeur/coup de coeur
Pour peu qu'il ait lu ait lu ce livre
(et pourquoi pas celui-ci),
lelecteur sera intrigué par le titre du roman d'Alice de Ponchevielle :Calamity Jane avait deux filles. Mais il faudra la fin du livre pour qu'il prenne toute sa dimension.
Eneffet, pas d'effet de manche ou de roulement de tambour dans ce romanqui avance à petits pas, pour mieux nous laisser le loisir de faireconnaissance avec les deux soeurs , Elise et Rose, deux très jeunesfilles aux prises avec une réalité qui les dépasse souvent , quasilaissées à elle mêmes,dans un monde violent où "manquait des valeursféminines" .
Mais plus que les révoltes de banlieues ,qui serventde toile de fond et ne les concernent qu'indirectement, par ricochet,c'est la fragilité des êtres que nous montre l'auteure.Ces êtres qu'unetrop grande douleur ou une accumulation d'accidents de la vie peutfaire sombrer...
Adultes ouadolescents,ils prennent le monde à bras le corps ou se laissentparfois couler, oscillant au bord du vide, les plus courageuxn'étant pas forcément ceux dont on pourrait légitimement attendre lesoutien.
Deux très beaux portraits de jeunes filles que l'ondécouvre progressivement,adhérant totalement au rythme de l'auteure,tout en délicatesse.
Alice de Poncheville n'édulcore pas laréalité,tout en évitant tout apitoiement sur ses personnages. Ona parfois le coeur serré mais elle refuse toute solution de facilitéaux deux soeurs car "Il y a des choses que l'on ne doit faire que lorsqu'on a épuisé toutes les autrespossibilités".
Etcomme le dit Elise,la plus jeune, " Je peux faire face àbeaucoup de choses. je suis petite mais peut être que jecomprends les gens mieux que toi".
Un très beau livre sur les liens entre soeurs et un portrait en creux des liens mère/fille qui sort vraiment de l'ordinaire.
Jene révèle volontairement rien de précis sur l'histoire pour mieux vouslaisser le plaisir d'avancer de découverte en découverte.
Unlivre comme j'en ai rarement lu, tout en émotion retenue et ensensibilité. Des personnages qui resteront longtemps dans mon coeur.Un livre que toute bibliothèque se doit de contenir et uneauteure dont je vais essayer de trouver vite d'autres ouvrages.
15/11/2007 | Lien permanent | Commentaires (22)