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Rechercher : Le pouvoir

Le reste de sa vie

"On dirait que le destin tient à un accroc, un bouton décousu, un fil mal noué, des minutes perdues, des drames qui mèneraient à la porte close de l'école, au train manqué, le monde à sa perte sous une pluie de désastres."

Une femme, laminée par le travail, ses petites filles qu'elle adore, enfermée dans une relation toxique avec  un mari-tyran familial ; une femme qui se vide de son énergie à trop vouloir donner ce qu'on lui refuse: de l'attention, de la considération;  une femme qui "s'enferme le cœur" , qui a trop souvent les larmes aux yeux, maladroite, oublieuse,  mais qui va bientôt pouvoir se poser, "toucher terre" : elle  quitte provisoirement son emploi de commerciale.isabelle marrier,isabelle pestre
C'est sa dernière journée de travail : "Aujourd’hui, tout ira bien." Le récit minutieux laisse bientôt sourdre une tension littéralement insupportable quand le lecteur prend la mesure de tous ces petits riens qui auraient pu faire basculer les événements du bon côté. L'engrenage, basé un fait divers réel qui m'avait marquée à l'époque, est implacable et prend vraiment aux tripes. Avec une grande économie de moyens, Isabelle Marrier dissèque les racines profondes de ce drame, mène son héroïne aux confins de la douleur et transforme ce qui s'annonçait comme une belle journée en un chemin de croix quasi insoutenable. Éprouvant, bouleversant, très réussi !

Le reste de sa vie, Isabelle Marrier, Flammarion 2014, 142 pages piquetées de marque-pages.

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Mes meilleures amies : séance de rattrapage

Imaginez un peu : votre pâtisserie a fait faillite, votre petit ami en a profité pour prendre la clé des champs et votre nouveau boy friend est juste un goujat ! Heureusement, votre meilleure amie depuis l'enfance se marie et vous allez pouvoir lui organiser une méga fête ! paul feig,feel good movie
Las , nouveau problème à l'horizon: vous découvrez que vous possédez une rivale qui tente de vous ravir le titre de meilleure amie et celui d'organisatrice de l'enterrement de vie de jeune fille. En plus cette ennemie en puissance est riche, sublime, juste parfaite ! Jetterez-vous l'éponge ?
La préparation d'un mariage, concentré de tensions , est ici utilisée, non pour régler des problèmes familiaux ,mais amicaux et donner l'occasion à une belle brochette d'actrices de montrer l'étendue de leur talent comique.
Kristen Wiig ,sur qui s'abat cette avalanche de calamités, a une énergie folle et, dans le rôle de la soeur du marié, Melissa McCarthy n'a rien à lui envier. La romance est assurée par un nounours craquant, Cris O' Dowd,  ange gardien de la route devant qui l'héroïne va se livrer à un hilarant festival de délits routiers  pour le forcer à réagir ! Attention, ces demoiselles ne font pas toujours dans la dentelle et c'est parfois un peu trash mais bon, le filles ont bien le droit aussi de se lâcher ! Un film bourré d'énergie que j'ai revu avec plaisir à plusieurs reprises ! à voir absolument en V O !

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pourquoi être heureux quand on peut être normal ?...en poche

"La fiction et la poésie sont des médicaments, des remèdes. Elles guérissent l'entaille pratiquée par la réalité sur l'imagination."

En 2003 paraissait en France  la fiction Les oranges ne sont pas les seuls fruits* , roman dans lequel Jeanette Winterson revenait sur une enfance bien particulière: celle d'une enfant adoptée par un couple marqué par une religion sévère et exigeante.jeanette winterson
Presque dix ans plus tard vient de paraître cet ouvrage qui n'emprunte plus les voies romanesques mais nous livre , avec beaucoup de pudeur et de recul, une autobiographie marquante à bien des égards. Madame Winterson, la mère adoptive , avait tout pour devenir une nouvelle Folcoche, n'hésitant pas , par exemple, à partir en vacances laissant Jeannette à l'extérieur d'un domicile complètement fermé. Mais tout l'art de l'écrivaine est dans la nuance. On sent qu'avec le temps, elle en arrive à jeter un regard presque apaisé sur cette mère si imparfaite.
C'est aussi le récit de la conquête d'une liberté, liberté qui passe par les études et par l'écriture, mais qui ne fera évidemment pas l'économie de la douleur, surtout quand Jeanette essaiera de retrouver sa véritable mère .
L'écriture est tout sauf fluide et linéaire, et l'auteure s'en explique, mais on ne peut qu'être touché à l'extrême par cette femme  et par le pouvoir de l'émotion générée. En témoignent les nombreux marque-pages !

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Petit éloge des vacances /Dimanche chez les Minton

"L'écrivain est un dompteur de silence; le vacancier prend le risque du vide."

*Avec cet opuscule de 116 pages , parfois teinté de nostalgie,  je découvre le style poétique, élégant et précis de Frédéric Martinez. Un thème accrocheur et des pages souvent cornées, voilà qui atteste d'un bon moment passé en compagnie de cet écrivain.frédéric martinez,sylvia plath
Si je n'ai pas toujours été convaincue par les portraits que lui inspirent des passantes estivales, j'ai été tout à fait séduite par des passages évoquant à la fois l'écriture et les vacances. Un extrait juste pour vous mettre l'eau à la bouche :

" J'aimerais pouvoir chaque jour me réjouir que le soleil se lève, scruter la nuit cousue d'étoiles et, pétri de gratitude, prendre place parmi les vivants; passer ma vie comme en vacances. Il m'arrive d'y parvenir. Je m'entiche alors du moindre détail. Je suis des yeux la course d'un nuage; regarde pendant de longues minutes les branches d'un arbre qu'éploie le vent, les motifs que trace au sol l'ombre de la feuillée. Je fais des festins de lumière. Quand adviennent ces jours fastes, je demeure sans impatience. Des heures durant, je frotte au silence un adjectif, le remonte doucement des limbes jusqu'à ce qu'il affleure la trame du papier où se fige l'encre de mes phrases."

* Dans la même collection Folio à deux euros, Dimanche chez les Minton .Cinq nouvelles pour retrouver l'univers de Sylvia Plath, tout en subtilité , disséquant tantôt avec une frédéric martinez,sylvia plathférocité réjouissante tantôt avec ce sourd désespoir inéluctable les relations de couple , les conventions sociales. Et toujours ce sentiment de malaise des personnages féminins d'inadéquation au monde, et ce parfois, dès l'enfance : "Je restai allongée, seule dans mon lit, avec le sentiment que l'ombre noire rampait sous le monde comme une marée. Rien ne tenait, rien n'y échappait."

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Trop de bonheur

"A croire qu'il existe en apparence on ne sait quel savoir-faire fortuit et bien sûr injuste dans l"économie du monde puisque le grand bonheur -aussi provisoire, aussi fragile soit-il -d'une personne peut sortir du grand malheur d'une autre."

Les femmes et leur quête de bonheur, dérisoire et courageuse à la fois sont au centre des nouvelles d'Alice Munro. Cruauté, résilience qui ne dit pas son nom, soumission au désir des hommes, voilà à quoi ces très jeunes filles, mères ou femmes plus âgées doivent composer.alice munro
Tout l'art d'Alice Munro est de ne pas porter de jugement, de décrire en une phrase tranchante et/ou férocement drôle, l'attitude, le comportement d'un personnage et vous le livrer en entier résumé : "Certaines suggestions, certaines idées, avaient le  pouvoir faire tressaillir  les muscles de son maigre visage tavelé, et alors son regard devenait noir et aigu, et sa bouche semblait remâcher un goût répugnant. Elle pouvait vous bloquer net dans votre élan, comme un féroce buisson de ronces."
Des textes qui possèdent juste le bon tempo et la bonne durée et ne nous laissent jamais sur notre faim. Des univers denses et intemporels. 316 pages piquetées de marque-pages.


Trop de bonheur, Alice Monro, Editions de l'Olivier 2013, traduit de l'anglais (Canada ) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso

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La nostalgie heureuse

"Je suis une aspirine effervescente qui se dissout dans Tokyo."

Chaque rentrée littéraire nous apporte un nouvel opus de notre Belge préférée: Amélie Nothomb. S'en suit une avalanche de reportages, critiques, billets, interventions de la dame dans des émissions les plus improbables et la sensation pour le lecteur, même aficionado, de ne pouvoir échapper à la folie Amélie Nothomb.amélie nothomb
J'ai donc laissé reposer un peu tout cela avant de dévorer d'une traite La nostalgie heureuse. Je n'aime jamais autant cette auteure que quand elle se raconte sans fard, avec une lucidité qui force l'admiration et un humour toujours présent. J'avais vu le reportage sur France 5,  qui avait entrainé son retour au Japon, son pays de prédilection, et j'ai découvert ici ce qui se cachait derrière les images: la rencontre avec l'ancien fiancé, Rinri et le maelström de sentiments que ce voyage a occasionné. Une plongée dans l'intimité de ce personnage hors du commun qu'est Amélie Nothomb.
J'aime quand elle va au cinéma avec son bonzaï moribond, Swfit , et que la projection d'Hugo Cabret ressuscite la plante  : "Martin Scorcese l'a libéré de son envoûtement de petitesse."  ou quand les Carabosses tokyoïtes se moquent d'elles  : "Les mémés se régalent de ma déconfiture. Elles calculent qu'à mon âge, j'en ai encore pour une trentaine d'années à être polie.Après, je pourrais péter les plombs comme elles."Voilà une auteure qui assume tous les aspects de sa riche personnalité  ! Un coup de cœur !

Déniché à la médiathèque.

 

 Plein d'avis sur babelio !

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Le chapeau de Mitterrand

"Il avait triomphé de tous les obstacles, à la manière des héros de contes , qui traversent  royaumes, rivières, forêts et montagnes à la recherche d'une pomme d'or ou d'une pierre magique qui leur apportera la puissance et la gloire, ou tout simplement le sentiment du défi relevé."

Daniel Mercier, comptable,  s'approprie le chapeau du Président de la République que ce dernier a oublié dans un restaurant où leurs tables étaient voisines. Dès lors, hasard ou puissance de la projection qu'il fait sur cet emblème de pouvoir, la vie de ce français modeste va être transformée. Mais comme dans tout conte qui se respecte, l'objet magique va passer de propriétaire en propriétaire, influant sur leurs existences et permettant de brosser au passage une réjouissante rétrospective des années 80. à noter d'ailleurs que seul le premier "utilisateur" du couvre-chef est au courant de l'identité du propriétaire réel, ce qui donne encore plus de saveur à la projection qu'ils vont faire sur cet objet, l'utilisant comme un déclencheur, un levier providentiel qui vient donner une nouvelle impulsion à leurs vies.antoine laurain,années 80
Ah on peut dire que j'ai pris mon temps pour me décider à lire  ce roman ! J'ai traîné des pieds mais, une fois commencé, je n'ai plus lâché ce Chapeau de Mitterrand ! Une vraie fontaine de jouvence qui m'a ramenée trente ans en arrière , m'a fait sourire jusqu'à la pirouette finale qui remet en perspective tout le roman !  Une fable réjouissante et un style enlevé, que demander de plus? !

Merci Sylvie !

Le chapeau de Mitterrand, Antoine Laurain, Flammarion 2011.

Ce roman vient d'obtenir le prix relay SNCF.

L'avis d'Ys

Liliba qui vous envoie vers plein d'autres billets

Mango

Le blog de l'auteur

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11/07/2012 | Lien permanent

à travers les champs bleus

"La plupart du temps, chacun, esprit sensé ou esprit fêlé, trébuchait dans le noir, tendait ses mains vers quelque chose qu'il voulait sans même le soupçonner."

Entrer dans l'univers de Claire Keegan, c'est pénétrer dans un monde où les failles, les blessures se devinent à demi-mots, où les ellipses surprennent le lecteur, où la tendresse est souvent absente, voire dévoyée, où l'amour se fraye difficilement un chemin.claire keegan,irlande
La vie de ses personnages est souvent aussi rude que le climat irlandais et même quand l'auteure situe l'action d'une nouvelle sous le soleil texan, dans un milieu privilégié , les relations familiales n'en sont pas pour autant apaisées.
Tout tient à peu de choses, un changement de vie auquel on ne peut se résoudre, le poids des traditions qui fait qu'une femme va gâcher sa vie  à cause d'un mauvais choix: "Puis elle est montée et a passé le reste de son existence avec un homme qui serait rentré sans elle." . Tout est dit avec une grande économie de moyens.
Parfois pourtant les secrets sont révélés et même s'ils mènent apparemment à la destruction, le soulagement et la renaissance sont à portée de mains. L'humour, trouve aussi sa place, à travers le pouvoir des mots ,que souligne malicieusement la première nouvelle , La mort lente et douloureuse. Il faut prendre le temps de savourer les descriptions de Claire Keegan , de s'imprégner de l'atmosphère créée dans chaque texte et l'on y trouvera un plaisir sans pareil, un peu mélancolique et doux.
Et zou, à côté des autres livres de l 'auteure,clic, reclic, sur l'étagère des indispensables !

Le billet tentateur de Clara

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Ils désertent

"Tout a été alors très différent, les livres avaient ouvert une brèche , laissé les portes ouvertes."

Elle vient enfin d'être embauchée à un poste auquel la destinait son diplôme de commerce , diplôme acquis à force de travail. Elle va donc pouvoir acquérir à crédit ce qui aurait fait la fierté de son père: un appartement, en l'occurence trop grand pour elle et désespéremment vide. Très vite, elle va comprendre la vraie raison de son embauche: licencier un vieil employé surnommé l'ancêtre, ou l'Ours, en raison de son caractère.thierry beinstingel,rimbaud voyageur de commerce
Mais les relations entre celui qui vit "dans une sorte d'entre-deux permanent " et celle qui doit le débarquer vont prendre un tournant auquel la direction de l'entreprise ne s'attendait guère. En effet, les mots,entre autres ceux d'un voyageur de commerce nommé Rimbaud dont les lettres accompagnent l'ancêtre, vont changer la donne  et injecter de la poésie et de l'humanité dans des existences qui en semblaient tragiquement dépourvues.
Thierry Beinstingel fait évoluer ses personages, jamais nommés, mais désignés uniquement par des pronoms, Vous pour l'ancêtre, Tu pour la jeune femme dans un univers singulièrement désincarné et peu décrit : celui des grandes zones commerciales,  celui des aires de repos où surnagent quelques îlots de rencontres éphémères. Ce qui pourrait être une succession de clichés devient ici une évocation surprenante de la vie d'un commercial atypique qui transforme une vente de papiers peints en expérience  quasi artistique et fascinante !
Si j'ai été un peu heurtée  au début par la désignation des personnages , je suis pleinement entrée dans cet univers méconnu de ceux qu'on appelait autrefois les voyageurs de commerce. Une évocation réussie même si un tout petit peu moins puissante que dans Retour aux mots sauvages  (clic) car un peu prévisible.

Isa a été conquise,

tout comme Jean-Marc !

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Glacé

"Servaz fut aussitôt sur ses gardes: il se méfiait instinctivement des gens élégants au sourire trop facile."

Dans une vallée encaissée des Pyrénées, en plein hiver, des ouvriers d'une centrale hydroélectrique découvrent le corps sans tête d'un cheval accroché à la falaise. Vision d'horreur qui n'est pas sans correspondre à l'atmosphère pesante que la jeune psychologue  Diane Berg va découvrir dans le centre psychiatrique de haute sécurité à quelques kilomètres de là.bernard minier,thriller
Commence alors pour le commandant Servaz, une enquête qui le mettra à rude épreuves (il est sujet au vertige et phobique des chevaux) et lui permettra de mettre au jour de vieilles histoires de contes de fées bien sinistres.
à la croisée des Rivières pourpres pour l'ambiance  (très bien rendue) et du Silence des agneaux, Glacé réussit à tirer son épingle du jeu en croisant, sans jamais en perdre le fil (ni son lecteur en route) plusieurs intrigues parfaitement agencées. Les personnages sont bien campés et  facilement identifiables. On regrettera pourtant l'aspect "increvable" du héros qui bien que , ultra fatigué, blessé, drogué, se lance sans broncher ou presque dans une course poursuite endiablée après s'être passé juste un peu d'eau sur le visage*, mais bon cela semble être la loi du genre aussi bien dans les romans que dans les films.
Ceci étant, Glacé est un thriller qu'on ne peut pas lâcher avant la fin et dont j'attends la suite avec impatience (c'est prévu pour octobre !).

* Ah les pouvoirs de l'eau de la Comminges ! (une région que j'aime beaucoup et que l'auteur a réinventée avec brio)bernard minier,thriller

 

Merci Cathy !:))

Glacé, Bernard Minier, Pocket 2012, 725 pages qui filent à toute allure !

Et un de plus pour le challenge de Liliba !

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04/09/2012 | Lien permanent

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