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Et devant moi, le monde

"à ses yeux, je suis quelqu'un à qui on a montré le chemin et qui s'en est délibérément détourné."

A dix-huit ans, Joyce Mainard écrit un long article qui fait d'elle la porte-parole de la jeunesse des années 70 aux Etats-Unis. Ce texte, et la photo qui l'accompagne, lui vaudront une lettre d'un certain  J.D. Salinger. S'engage alors une correspondance qui débouchera bien évidemment sur une histoire de fascination et d'emprise entre la très jeune fille et cet écrivain charismatique de trente -cinq ans son aîné.51kYcIRvGpL._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA300_SH20_OU08_.jpg
Quoi qu'en dise le bandeau accrocheur de l'éditeur "Dans l'intimité de Salinger", ce récit ne tourne pas seulement autour de cet épisode de la vie de Joyce Mainard.
C'est bien plutôt le récit d'une très jeune femme qui mettra énormément de temps à accorder sa vie (marquée par la honte et l'imperfection ) avec le récit édulcoré qu'elle en fait, en brave petit soldat désireux de plaire non seulement à ses parents mais aussi à tous ceux qui la liront. Mainard le reconnaît avec franchise, oui elle a été avide de reconnaissance et de succès, toutes choses qui ne pouvaient que déplaire à l'ascétique Salinger qu'elle a connu. S'il a été le premier à reconnaître en elle un écrivain, la leçon a été plutôt âpre à digérer car, placée sur un piédestal dans un premier temps, la chute n'en a été que plus rude pour Joyce.
Récit pudique mais sincère, Et devant moi, le monde, fait entendre la voix de celle qui s'est échinée pendant des années à écrire comme si quelqu'un regardait par dessus son épaule mais a enfin trouvé le courage d'admettre que non sa vie n'était pas parfaite et que oui elle avait le droit de mettre à mal le mythe Salinger. On pourra la trouver parfois naïve cette très jeune femme , mais jamais elle ne nous agacera et son histoire trouvera forcément de nombreux échos en nous.

Du même auteur , un roman, ici.

Et devant moi, le monde, Joyce Mainard, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pascale Haas, Philippe Rey 2011, 463 pages.

Merci à Babelio et aux éditions Philippe Rey.ico_critique.jpg

 

 

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Stakhanov, la limonade et moi ...

Taguée par Ma tasse de thé... et ?1288703078.jpg

Signes particuliers : Parfois, en regardant la quantité affolante de mes billets, je me fais l'effet d'être Stakhanov ! Seule différence : je ne triche pas, pour le plus grand malheur de, dans l'ordre: mon Homme, mon banquier, mon facteur. Pire, je ne chronique pas -par manque d'envie , par flemme- tous les livres que j'engloutis.

Mauvais souvenir: La disparition durant plusieurs jours de mon blog...

Défaut : empileuse impénitente de livres.

Film bonne-mine: "Annie Hall" de Woody Hall qui me fait rire même toute seule au milieu de la nuit.annie-hall-1-1024.jpg

Souvenir d'enfance: Les "trésors" que j'ai enterrés et ...jamais retrouvés. Ils feront peut être les délices d'archéologues ...

La limonade est-elle éventée? En tout cas, je trinque avec tous ceux qui le désirent !

 

 

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”Je voulais vivre, moi.”

Après La mère horizontale où s'exprimait la  fille mourante, c'est au tour  d'Emma la "mauvaise mère" assumée de prendre la parole aux derniers jours de sa vie.5f27012912a01f716104f110.L._AA240_.png.jpeg
S'adressant à sa  fille disparue,Emma déclare: "Je fouille, je brasse et je déterre les éléments pour le procès que tu ne m'as pas fait." Et d'expliquer pourquoi, prise d'une frénésie de plaisir,"mon désir  dévorant de  jouir hors des consignes" elle a abandonné ses premiers enfants pour se livrer aux plaisirs de la chair , en bonne baby-boomer qu'elle était.
Evidemment, ce  personnage ne peut que paraître antipathique de prime  abord mais  sa franchise  sans fard finit non pas  par emporter l'adhésion du lecteur mais du moins par lui inspirer un certain  "respect" pour cette femme qui affirme:  "En fouillant, en te racontant ce que j'exhume, je viens à ta rencontre, je te tends la main."
Et qu'on m'emporte s'exclame la mourante,  qui, même battue par la maladie, fait preuve de sursauts de son énergie indomptable.
Un roman où l'on retrouve avec plaisir l'écriture à la fois fine et puissante de Carole Zalberg.

 

Et qu'on m'emporte, Carole Zalberg, Albin Michel, 131 pages frémissantes.

Le blog de l'auteure

l'avis de Clarabel..

 

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Epouse-moi ou je meurs !

"Si je racontais mes soucis à des  milliers de filles, ça remonterait le moral  de milliers de filles. Y a pas  unefondation où on raconte ses  problèmes ?  Vous pensezqu'ils  me donneraient  une bourse  ? "
Hé oui l' héroïne de Gail Parent a des problèmes car Sheila  Levine est morte et vit à  New-York.
Dèsle  titre, parodiant celui d'une comédie  musicaleconsacrée à Jacques Brel, le ton est donné: l'autodérision ,sport préféré des juifs new-yorkais, s'y déploie à  toutesberzingues.9782743616458
Pas le temps de souffler:Sheila  se moque de son poids, de sa naïveté,de son incapacité à trouver unmari;  mais  comme elle vit dans les années 70, elle  profite cependant de la révolutionsexuelle,enchaînant les déceptions amoureuses et les orgasmes .
FinalementSheila en vient à envisager le suicide,mais l'organisation minutieusede l'événement tourne à la comédie .Vous ne pouvez pas  imaginertous les  avantages qu'il  y a à  se suicider...
Sheilan'a pas suivi pour rien des  études de théâtre, elle cabotine àtour de  bras ,se ridiculise sans vergogne et on la suit, tout enpouffant, dans sa quête éperdue du bonheur (si possible conjugal).
Une cavalcade éperdue dans le  New-York des années 70. Un vrai bonheurde lecture qui fait passer Bridget Jones et ses clones pour de placides nunuches.

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Moi, Eugénie Grandet

Du 3 novembre 2010 au 6 février 2011, s'est tenue à la maison de Balzac une exposition de "seize petit panneaux en hommage à la pâle héroïne de Balzac", ultime projet de Louise Bourgeois. L'artiste y renouait avec l'art de la broderie et du tissage, qu'elle avait pratiqué dans sa jeunesse, aidant ainsi ses parents qui rénovaient des tapisseries.louise bourgeois,jean frémon
La reproduction des oeuvres est précédée d'un texte de l'artiste, "Ode to Eugénie Grandet (suivi de sa traduction) et surtout d'une très pertinent essai de Jean Frémont, le premier à avoir présenté , en 1958, l'oeuvre de celle qui était encore une inconnue en Europe.
Ce dernier souligne d'abord les points communs entre les thèmes fondateurs entre Balzac et Bourgeois, tout particulièrement la maison ,mais aussi ,et de manière plus surprenante, ceux entre l'héroïne du premier vrai grand succès du romancier et l'excentrique artiste. à première vue en effet, tout sépare Louise qui quitta la France et l"ignorante fille sans cesse occupée à rapetasser des bas, à ravauder la garde-robe de son père, et dont la vie s'était écoulée sous ces crasseux lambris." Mais pour Jean Frémon "Victimes de la manipulation et de l'arrogance d'un père, Eugénie et Louise le furent toutes deux." Et d'établir des passerelles entre la biographie de Bourgeois et le roman de Balzac. Je le suis davantage quand il évoque "la lenteur et la résignation qui sont transformées en exercice spirituel, ces petits tableaux sont des mandalas, des prières [...] ces tableaux ne sont pas seulement des objets, ce sont des supports d'émotion, des reposoirs." Il souligne également que "Les torchons , les mouchoirs souvent usés, qui sont les supports de la plupart des oeuvres réunies ici sont ceux de son enfance, rapportés de France et entassés dans des armoires pendant toutes ces années en attendant le bonheur d'être recyclés en oeuvres d'art." Si Jean Frémont les envisage dans leur rapport au temps, "Quadrillages, symétries rassurantes, sentiment des heures qui passent.",j'y vois aussi la réappropiation des linges domestiques et la récupération/transformation d'éléments hétérogènes.
Des extraits d'Eugénie Grandet viennent illustrer cette brillante présentation , présentation qui donne envie d'approfondir la découverte de celle dont le" travail fut considéré comme implicitement mineur parce qu'il était celui d'une femme."

 Moi, Eugénie Grandet, Louise Bourgeois, précédé d'un essai de Jean Frémon, Editions Le Promeneur, 2010

 Cette exposition, Je ne suis pas Eugénie Grandet l'avait évoquée et je ne pouvais que craquer sur le catalogue de l'exposition. Celui-ci patientait sur mon bureau en attente d'un billet jusqu'à ce qu'un nouveau ricochet, en l'occurence un autre roman, le remette en lumière. Mais c'est une autre histoire...

PS: vu ta réaction enthousiaste, Angélique, je croyais que l'exposition avait été prolongée !!

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Ma mère, le crabe et moi

"Depuis la maladie de maman, je n'avais plus peur de me faire mal."

La mère tient un blog où elle dépeint une vie quasi idyllique, remplie de lectures et de petits plats,mitonnés avec amour pour une famille parfaite. La réalité est toute autre: elle est divorcée et vit seule avec sa fille, Tania, quatorze ans ,férue de "trucs un peu glauques, un peu sombres, voire carrément gothiques", Tania qui rue un peu dans les brancards face à cet enjolivement maternel de la réalité. Rien que de très normal donc.anne percin,cancer du sein
La  découverte du cancer du sein de la mère va changer la donne et transformer radicalement les deux femmes et les relations qu’elles entretiennent.
Tania, adolescente pleine d'humour, parfois vachard,n'hésite pas à tarabuster sa "mammouthe" et par là même à lui insuffler de l'énergie pour se battre contre la maladie. La solidarité qui s'instaure entre mère et fille e n'est pas dépeinte dans un but d'édification des masses ou de vidages de boîtes de mouchoirs en papier. Tania ne devient pas une adulte en miniature mais demeure bien une adolescente avec les réactions parfois excessives et les soucis de son âge: échapper au cours de sports, aux regards inquisiteurs des autres, mais aussi à cette fichue habitude de rougir quand Zlatan "le balourd des Balkans, alias le Yéti soviétique, alias La Patate qui venait du froid" lui adresse la parole...Et c'est ce qui fait toute la force de ce roman plein de vie, d'énergie et d'humour mais, qui ne nous voilons pas la face, m'a parfois mis les larmes aux yeux. Une description sensible et pleine de justesse .

Le joli marque-pages accompagnant ce roman rappelle qu'il est partenaire de la campagne officielle de sensibilisation de l'association " le cancer du sein Parlons en ! "dont acte.

Ma mère, le crabe et moi, Anne Percin, le Rouergue 2015, 127 pages juste parfaites.

Et zou, sur l'étagère des indispensables !

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Ma fugue chez moi

"La distance et le silence permettent d'oublier plus facilement, de ne pas se soucier de ceux qu'on laisse derrière nous."

Trahie par celle qu'elle croyait être sa meilleure amie, se sentant incomprise par son père qui croit qu'elle est assez forte pour affronter cette situation, Anouk , 14 ans, décide de fuguer.
Mais, ayant le sens des réalités,  l'action se déroule quelques jours avant Noël, elle se réfugie dans le grenier au dessus de sa chambre,  tandis que sa famille s'inquiète et la recherche partout.
Une situation inédite, la fugue chez soi, en apparence plus confortable, va se révéler en fait plus perturbante pour Anouk et simultanément plus enrichissante.coline pierré
En effet, elle investit, sur le modèle de Robinson Crusoé (un des romans qu'elle a emportés )- mais de manière plus écolo !- un lieu en devenir, voué à la transformation en chambre d'amis mais rassemblant aussi les témoignages du passé. Un lieu hybride  qui "sent la peinture fraîche et le moisi, le neuf et le vieux. Drôle d'impression." Un lieu d'une certaine façon à l’image de l'adolescence.  Un endroit qui occupe aussi une position stratégique car les tuyaux du chauffage, "comme un immense système sanguin " ,conduisent le son et permettent à l'adolescente d'entendre les paroles de son père, de sa sœur cadette. Elle est ainsi témoin de leur souffrance et entend,lors d'une réunion collégiale, le portrait à 360° que trace "ceux qui se soucient" d'elle. Pas toujours confortable mais c'est aussi l'occasion de réaliser qu'ils la connaissent mieux qu'elle ne le pensait.
Anouk constatera donc à la fin du texte : "J'ai l'impression d'avoir fugué à l'intérieur de moi.", un voyage intérieur ,enrichissant tant au point de vue personnel que familial.
En 116 pages sensibles et poétiques, Coline Pierré brosse le portrait d'une adolescente attachante dont le mal être traduit celui d'une famille au fonctionnement pour le moins particulier. Sans manichéisme, mais avec beaucoup de tendresse, elle laisse entendre la voix de chacun pour que l’harmonie soit rétablie à la toute fin du roman. Un gros coup de cœur !
La découverte d'une auteure que j'ai bien l'intention de suivre !

Ma fugue chez moi, Coline Pierré, Éditions du Rouergue 2016.

 Le billet du petit carré jaune qui m'a donné une furieuse envie de lire ce roman !

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La vie devant moi

"Trop tard ne fait pas partie de mon vocabulaire."

Appartenant à une longue lignée de femmes de caractère n'ayant jamais abdiqué face au temps qui passe et  restées féminines jusqu'au bout des ongles, (fille de Flora Groult, nièce de Benoîte Groult, entre autres), Colombe Pringle a hérité aussi  d'une grande pudeur du côté de son anglais de père.
Ce qui nous vaut de grands écarts entre les moments où elle nous explique par le détail comment se teindre la chatte (sic) mais se montre très pudique en évoquant la mort de son mari.colombe pringle
Évoluant dans un univers privilégié, elle reste néanmoins accessible par les thèmes abordés et l'humour dont elle fait preuve. On a l'impression de partager un bon moment avec une copine charmante avec qui papoter du vieillissement devient non pas un pensum mais une occasion de se réjouir !
Une vision pleine d énergie et d'optimisme et ça fait du bien !

Cuné m'avait donné envie !

La vie devant moi, Colombe Pringle, Editions JC Lattès 2015.colombe pringle

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Oublie-moi un peu , papa !

Quand ses parents lui annoncent leur séparation, Naomi va constater , au début, un peu cruellement: "Les parents devraient se séparer plus souvent, on les connaîtrait mieux."
En effet, d'un peu lunaire et très occupé, son père va se rendre disponible le mercredi et le consacrer uniquement à sa fille. Réjouie d'abord, Noémie va très vite étouffer dans cette bulle où elle évolue seule avec son père.brigitte smadja,relations pèrefille
Comment trouver son autonomie, son espace de liberté, faire admettre à son père que l'on a grandi, sans pour autant le blesser, voilà le défi que devra relever Naomi, dix ans.
Avec humour et délicatesse, Brigitte Smadja traite ce problème des réajustements nécessaires entre un papa poule frais éclos et sa fille qui rêve de prendre un peu son envol. Un livre réussi , à laisser traîner pour que les papas y jettent un oeil?

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Moi, Ambrose,roi du scrabble

Looser absolu, allergique aux cacahuètes,  surprotégé par sa mère qui ira jusqu'à le retirer de son énième collège , Ambrose arbore un pantalon violet et un bonnet à pompon, ce qui , évidemment, n'arrange pas les choses.susin nielsen
En plus il a le chic pour agacer les gens , ce qui le rend plutôt solitaire. Mais tout va changer dans sa vie quand il va se mettre en tête de faire d'un ex-taulard, Cosmo, la figure paternelle dont il manque tant. Ambrose ira jusqu'à traîner Cosmo dans un club de scrabble où l'adolescent apprendra à devenir plus modeste et plus tolérant.
Premier roman écrit par Susin Nielsen, Moi Ambrose, roi du scrabble, ne possède pas le charme de Dear George Clooney mais on y sent la patte d'une bonne scénariste et on ne s'ennuie pas une seconde.

 

Merci à Clara pour le prêt !

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29/05/2012 | Lien permanent

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