Rechercher : une famille délicieuse
Dans la famille Mitford, je demande Nancy !
"Le jour de leur mariage, les jeunes couples chics se retirent dans leur propriété à la campagne et on ne les revoit plus à Paris avant qu'ils aient eu six enfants. Les Françaises sont très robustes et cela leur prend rarement plus de six ans-Moins si naissent des jumeaux." Le ton est donné !
Celui qui utiliserait les chroniques Une anglaise à Paris dans un but documentaire ne serait pas au bout de ses surprises.Nancy Mitford ne prétend d'ailleurs pas faire oeuvre de journaliste mais affirme que les Anglais ( à qui ces textes étaient destinés) "me considèrent comme leur fournisseuse principale en contes de fées."
Mai 68, raconté par elle devient une sorte de tragi-comédie, Nancy déclarant par exemple "j'ai des tas de bouteilles de champagne et plus d'eau minérale , alors si l'eau du robinet vient à manquer Marie et moi serons ivres du matin au soir. quel tableau !".
"En présence de Nancy, personne n'osait partir avant elle de peur d'être la victime de son humour caustique et souvent cruel" a confié sa soeur Déborah au traducteur et préfacier Jean-Noël Liaut qui nous présente d'autres facettes de la chroniqueuse et romancière: amoureuse d'un homme politique français volage,Nancy jouait un peu les Schéhérazade pour conserver son intérêt.
Un recueil parfois inégal mais dont on sort le sourire aux lèvres.
Je lui ai néanmoins préféré ceci !
23/05/2008 | Lien permanent | Commentaires (6)
”Pour survivre en famille, le rire est une nécessité, sinon une politesse!”
"Un enfant silencieux, drôle, gentil et qui demande tout seul à aller se coucher, c'est comme le lundi au soleil: c'est une chose qu'on n'aura jamais!"
En 138 pages, Maïtena Biraben nous délivre conseils et aphorismes qui égratignent gentiment la famille car Les enfants c'est bien, la pilule aussi...
Alors en ce jour de fêtes des mères ,n'oubliez pas : "Vous aimeriez être jeune , svelte, disponible, calme et séduisante...Soyez raisonnable, vous êtes mère de famille."
Bonne fête à toutes les mamans et je pense fort à celles qui voudraient l'être...Bises à toutes !
25/05/2008 | Lien permanent | Commentaires (12)
Un membre permanent de la famille
"Ils ne sont pas inquiets pour Ventana: maintenant qu'on l'a filmée pour la télé, elle a accédé à un autre niveau de réalité et de pouvoir, un niveau plus élevé que le leur."
De la permanence, voilà bien ce qui manque , entre autres, aux personnages des douze nouvelles de ce recueil de Russell Banks.
Saisis à des moments où leur vie vacille de façon ténue ou plus dramatique,l'auteur sait capter,toujours avec bienveillance, mais avec une lucidité extrême, les moindres oscillations de leurs sentiments.
Qu'il dépeigne les non-dits qui se révèlent dans une réunion d'artistes et d'intellos , l'effritement d'une famille entériné par un deuil imprévu,les espoirs d'une femme noire modeste ou les glissements de personnalité d’une femme rencontrée par hasard, il règne toujours dans ces textes une grande tension qui tient le lecteur en haleine, l’entraînant même parfois ( ce fut mon cas, en tout cas) à différer la lecture d'un texte, en l'occurrence, "Blue".
Un style magistral ,des récits d'une grande intensité dramatique font de ce recueil une totale réussite !
Et zou,sur l'étagère des indispensables !
Le billet de Clara, la tentatrice !
Un membre permanent de la famille, nouvelles traduite de l 'américain par Pierre Furlan, Actes Sud 2015, 239 pages denses.
28/01/2015 | Lien permanent | Commentaires (9)
Un membre permament de la famille
"Ils ne sont pas inquiets pour Ventana: maintenant qu'on l'a filmée pour la télé, elle a accédé à un autre niveau de réalité et de pouvoir, un niveau plus élevé que le leur."
De la permanence, voilà bien ce qui manque , entre autres, aux personnages des douze nouvelles de ce recueil de Russell Banks.
Saisis à des moments où leur vie vacille de façon ténue ou plus dramatique,l'auteur sait capter,toujours avec bienveillance, mais avec une lucidité extrême, les moindres oscillations de leurs sentiments.
Qu'il dépeigne les non-dits qui se révèlent dans une réunion d'artistes et d'intellos , l'effritement d'une famille entériné par un deuil imprévu,les espoirs d'une femme noire modeste ou les glissements de personnalité d’une femme rencontrée par hasard, il règne toujours dans ces textes une grande tension qui tient le lecteur en haleine, l’entraînant même parfois ( ce fut mon cas, en tout cas) à différer la lecture d'un texte, en l'occurrence, "Blue".
Un style magistral ,des récits d'une grande intensité dramatique font de ce recueil une totale réussite !
Et zou,sur l'étagère des indispensables !
Un membre permanent de la famille, Russell Banks,nouvelles traduites de l 'américain par Pierre Furlan Babel 2016.
01/11/2016 | Lien permanent | Commentaires (6)
Un week-end en famille
"Une civilisation nouvelle se faisait jour. Elle aurait pour mot d'ordre une médiocrité de tous les instants. La seule solution serait de construire un barrage et d'engloutir la région."
"Je venais de me marier avec Aurélie à Las Vegas, dans la foulée d'une perte monumentale au poker, en me disant qu'il valait mieux rassembler toutes les conneries possibles sur un seul jour." Excessif le narrateur ? Croyez-vous ! Et ce n'est que le début d'un Week-end en famille où il fera la connaissance de sa belle-famille et de la peu riante région de Samouse. Le vendredi, , il est pourtant plein de bonne volonté , mais que voulez-vous, son beau-père et lui vivent sur deux planètes différentes et rapidement ce que les autres considèrent comme du cynisme et le héros comme "quelques saillies de moraliste modéré" va se donner libre cours ! Il aura beau gober des Zolpidem pour calmer le jeu, la situation va très rapidement partir en vrille et prendre des proportions cataclysmiques , avec un zeste de mysticisme dominical pour couronner le tout !
Accrochez vos ceintures et dévorez illico ce roman, à la croisée de Fantasia chez les ploucs et de Delivrance ,qui brise "les idoles les plus sacrées" à savoir la maison et la voiture, et de manière générale s'en prend à "tout ce qui fait de l 'homme moderne un esclave aux mains des usuriers."Un jeu de massacre totalement politiquement incorrct (et donc jubilatoire), le tout en baguenaudant à Andouillé, Carbonnat-les-Cayrouses ou Barais-Bussoles, des noms de localité plus vrais que nature !
De plus, le décalage entre le récit imposé au lecteur par le narrateur et les fragments de réalité qui parviennent à surnager est totalement hilarant et l'on ne peut lâcher ce roman qui dézingue à tout va !
François Marchand confirme ici son talent de manière magistrale !
Du même auteur : clic !
Un week-end en famille, François Marchand, Le Cherche-Midi 2012, 112 pages qui dépotent ! ....,
24/08/2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
Famille modèle...en poche
"-Si tu fais vraiment partie de la famille, il va falloir que tu apprennes à merder."
Warren Ziller, a décidé de transplanter sa famille du Wisconsin où tous profitaient d'un bonheur paisible, pour leur faire partager son rêve américain de richesse et de confort en Californie . Las ! les ennuis vont commencer et s'aggraver d'autant plus vite que Warren ne peut avouer à sa parfaite petite famille que toutes leurs économies ont disparu dans le sable du désert...
Eric Puchner brosse un portrait caustique de la société américaine,et de cette famille qui semble dans un premier temps échappée d'une publicité : la mère , toujours vêtue de pastel, surnommée par ses enfants "Pyrex, déesse des gratins" qui réalise des films éducatifs benêts, les enfants, tous très beaux mais qui, mine de rien, peinent à s'adapter à ce nouvel environnement qui ne leur semble pas forcément idyllique et le père , incarnation vivante de l'esprit d'entreprise.
Tout ce joli petit monde va se trouver sévèrement secoué dans le shaker du destin et les véritables personnalités vont se découvrir peu à peu,tandis que s'effilochent les rêves paternels. C'est à la fois cruel et drôle , on contemple tout à la fois effaré et troublé cette chute de la maison Ziller en croisant les doigts, juste au cas où...
01/06/2013 | Lien permanent | Commentaires (7)
Dans la famille Fournier, je demande Jean-Louis !
"C'était un angoissé pour qui tout allait bien, jusqu'au jour où ilest né."Impossible d eme souvenir si cette phrase est de Jean-LouisFournier et qu'elle concerne Pierre Desproges ou l'inverse, tant lesdeux complices sont liés dans mon esprit.
Fournier réalisa "Laminute nécessaire de Monsieur Cyclopède" dont l'introduction, labouille de Desproges sur un balancier d'horloge me faisait rired'avance mais c'est aussi le "papa" d'Antivol, loiseau qui ne vole pasmais fait la sieste sur les aiguilles d'une horloge (encore !), lemeilleur moment d ela journée étant 9H 15 ...Celui de la Noiraude, lavache qui a des états d'âme et téléphone (très) régulièrement à sonvétérinaire.
Jean-Louis Fournier s'est également souvenu de sescours de grammaire (qui vont revenir à la mode...) et nous a livré il ya quelques années une facétieuse Grammaire française et impertinenteoù l'on discutait des mérites comparés des véhicules "Ma voiture estplus pratique que la tienne. En abaissant le siège arrière, je peux yloger un cercueil ", où l'on apprenait à conjuguer le verbe "péter"plus usité malheureusement que le verbe "aimer". Il récidiva avec les maths, la science , le savoir-vivre et certains deces livres furent transposés sur le petit écran. jean-Frnaçois Balmernous fit résoudre des problèmes avec des patineuse et Catherine Frotapprit la politesse à un p'tit con affectueux !
Voilà pour le côté rose (même si Fournier ne dédaigne pas l'humour noir...) , il y a aussi un côté plus sombre chez Le petit Meaulnes, des romans très proches de son histoire, pudiques et mélancoliques oùil retrace une enfance pas variment triste mais pas follichonne quandmême .
A son crédit également, Les mots des riches les mots des pauvres où il épingle de manière plus acide cette fracture sociale qui se révèle dans le vocabulaire des gens ...
Vousaurez compris que Jean-Louis Fournier est tendre et drole et que sivous ne le connaissez pas encore , il faut vous précipiter chez votrelibraire !
05/12/2006 | Lien permanent | Commentaires (7)
”...la famille, c'est si bon.”
"Ressasser le passé, c'est ternir ce qui fut, présumer de l'avenir, c'est compromettre ce qui sera." Apppliquant cette formule, Solange , dont le père n'est pas revenu de déportation, refusera toujours le secours de l'écriture pour "dissoudre l'indicible dans le papier"et cela même si les mots chantent en elle. Plus que des mots, elle veut des actes et pour cela, patiemment, elle mettra à jour le secret de Max, compagnon des derniers instants du père disparu, n'hésitant pas à aller "De Lunéville à la Lune, par-delà la mer".
L'ordre des jours , quête de vérité et de justice, est aussi une superbe histoire d'amour, marquée par le destin, entre Solange et Simon, lui aussi enfant de déportés. Ils ne pouvaient que s'accorder car "Il n'y a qu'elle pour comprendre, il n'y a que lui, car les mots manquent, des mots tout simples, attends-moi, je reviens, je pense à toi, au-revoir." . Simon empruntera des chemins différents de sa compagne car "Il y a dans cet homme, un homme caché qui n'a jamais osé chercher sa place au soleil.", et qui croira la trouver jusque dans la guerre d'Indochine.
Finalement, le Destin se montrera à la fois cruel et clément...
Gérald Tenenbaum fait revivre ici l'immédiat après-guerre dans l'Est de la France, peignant avec une délicatesse extrême la vie de familles juives qui tentent de se (re)construire, de faire face malgré le silence, malgré l'antisémitisme qui rôde encore. J'appréhende souvent l'évocation de la Seconde Guerre mondiale et de ses conséquences et de moi même je ne serais pas allée vers ce roman. J'aurais eu tort car j'aurais raté tout à la fois une écriture rare, qui joue parfois avec les mots ,mais jamais de manière gratuite, qui se tient en équilibre entre émotion et pudeur (et pourtant à un moment particulièrement émouvant je me suis écriée : "Oh,non !") et un récit plein de péripéties qui éclaire au passage les actes de résistance des Juifs durant et après ce conflit. Un roman tout à la fois chaleureux et poignant à découvrir de toute urgence.
L'ordre des jours. Gérald Tenenbaum. Editions Héloïse d'Ormesson. 212 pages
24/10/2008 | Lien permanent | Commentaires (21)
Une enfance enchantée
"Je me pris d'amitié pour ces scorpions.C'étaient, somme toute, des animaux plaisants, sans prétention et qui avaient des moeurs charmantes.", ainsi parle le jeune Gerry Durell, 10 ans, qui est prêt à se lier d'amitié avec tout ce que la nature compte d'habitants à poils ou à plumes , chiens , pies, hiboux, albatros, insectes et autres reptiles qu'il observe avec passion dans la nature édénique de Corfou, mais aussi qu'il rapporte à la maison, occasionnant quelques catastrophes mémorables."-Cette maison est un enfer, je vous assure. il n'est pas un coin qui ne fourmille de bêtes malintentionnées prêtes à se jeter sur vous. Un geste aussi simple, aussi inoffensif que celui d'allumer une cigarette est plein de risques. D'abord, j'ai été attaqué par un scorpion, une bête hideuse qui a répandu du venin et des petits partout. Puis ma chambre a été saccagée par des pies. Maintenant il y a des serpents dans la baignoire et des bandes d'albatros volent autour de la maison avec des bruits pareils à ceux d'une tuyauterie défectueuse.
-Larry, mon chéri, tu exagères, dit Mère souriant vaguement aux invités."
Voilà résumée en quelques lignes la tonalité de ce récit si délicieusement anglais, où une famille d'excentriques s'installe à Corfou pour fuir la grisaille britannique et ne cesse de déménager pour loger les invités trop nombreux du fils aîné ou au contraire fuir l'arrivée d'une parente envahissante ! Évidemment, sur place ils vont se lier d'amitié avec des personnages tout aussi pittoresques et sympathiques qu'eux, amis que le jeune Gerry va observer avec autant de zèle que ses insectes favoris. On ne sait quel animal ou quel humain préférer , tant ils nous font rire (attention livre à ne pas lire en public, sous peine de passer pour une folle dingue !) et jamais des bébés perce-oreilles n'auront été aussi attendrissants que présentés par Gerald Durrell : "Mais c'était une belle couvée de jeunes perce-oreilles, , tout petits, fragiles, comme sculptés dans l'ivoire.(...) C'était un spectacle qui réchauffait le coeur (...) Ma famille merveilleuse s'était dispersée à travers le jardin.Plus tard, je revis un des bébés. il était naturellement plus gros, plus brun et plus fort mais je le reconnus tout de suite. Il était roulé en boule dans un labyrinthe de pétales de roses , en train de faire un somme, et, quand je le dérangeai,il leva ses pinces avec irritation. J'eusse aimé croire que c'était un salut, un joyeux accueil, mais j'étais honnêtement obligé d'admettre que ce n'était que l'avertissement d'un perce-oreilles à un ennemi en puissance. Je l'excusai pourtant. Il était très jeune, après tout, la dernière fois que je l'avais vu." Autant de bonne volonté ne pouvait que me plaire et je suis tombée follement amoureuse de ce livre, l'emmenant partout avec moi, grappillant quelques lignes chaque fois que c'était possible, le cornant éhonteusement quasiment à chaque page, me régalant des descriptions sensuelles de la nature de Corfou et me réchauffant le coeur !
Un livre à conseiller aux dépressifs !
Ma famille et autres animaux. Gerald Durrell. Gallmeister qui pour une fois a troqué la sobriété de ses couvertures pour un orange pétant !
04/02/2009 | Lien permanent | Commentaires (17)
L'écrivain de la famille...en poche
"Quand on est très petit , la longueur des bras permet juste d'atteindre le coeur de ceux qui nous embrassent.Quand on est grand, de les maintenir à distance."
Parce qu'il a écrit des vers de mirliton à sept ans, Edouard est aussitôt assigné au rôle d'Ecrivain de la famille. Les mots vont alors revêtir une importance toute particulière pour ce fils aîné d'une famille de commerçants aisés du Nord où les failles commencent à se creuser.
Mais s'il est assez facile d'adopter la séduisante posture de l'Ecrivain, les mots vont se montrer plus rebelles que prévus et se laisser plus aisément dompter sous forme de slogans publicitaires que sous forme romanesque.
Des années 70 , placées sous le signe de Sautet, aux années quatre-vingt dix ,plus sombres, nous suivrons, de décennie en décennie, le parcours de cet Edouard si doué pour décrire les femmes et si maladroit pour les aimer. Itinéraire d'un ex- enfant gâté, itinéraire d'une famille tout à la fois ordinaire et si singulière, à la fois drôle et émouvant, ce roman ,qu'on devine inspiré par le parcours de l'auteur, même si on y sent parfois la patte du publicitaire qui plie les mots à sa guise, réussit à transmettre une vraie émotion, subtile et chaleureuse. Un très joli voyage dans le temps et les sentiments d'une famille. Un livre qu'on ne lâche pas.
Par l'auteur de La liste de mes envies (clic)
08/09/2012 | Lien permanent