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Glory...en poche

"Les flics, les avocats, les professeurs, les hommes d'église, le juge et les jurés, les gens qui ont élevé ce garçon avant de l'envoyer dans le mode - ils sont"tous coupables."

Gloria Ramirez, quatorze ans, arrive à se traîner jusqu'à la véranda d'une ferme paumée du Texas. Elle vient d'être violée et furieusement tabassée par un beau gosse de vingt ans, fils de pasteur. Il faudra tout le sang-froid et la détermination de Mary Rose Whitehead pour que cette enfant échappe à son poursuivant.
Dans cette région pétrolifère, en 1976,  l'or noir tue indifféremment les hommes et la nature. Les femmes, elles, sont majoritairement assassinées par des hommes. Programmées pour faire des enfants, elles doivent materner aussi leurs maris, être là pour leur bien-être et bien peu d'entre elles ont la chance de faire des études, enceintes dès la fin du lycée et mariées dans la foulée. Les différents groupes religieux se chargent de les maintenir dans le droit chemin. Quant au racisme, il est froidement assumé. La violence est présente, aussi bien dans le climat que dans les mœurs, en témoigne l’équipement d'une patronne de restaurant: "Derrière le comptoir, elle garde un antique pistolet à bétail paralysant, pour les problèmes courants, et un fusil à pompe pour les situations incontrôlables."Mais, heureusement, toutes les femmes ne s'accommodent pas de cet état de faits et nombre d'entre elles mettent en place des stratégies pour échapper à leur condition.elizabeth wetmore
Roman choral qui nous propose un bien belle galerie de portraits de femmes, Glory possède tout à la fois une structure efficace et des personnages aux caractères bien trempés, chacune à leur manière. Pas de bons sentiments, mais un vent de révolte qui emporte le lecteur et ne lui fera pas oublier de sitôt Corrine, Marie Rose et les autres. Un grand coup de cœur.

Glory, Elizabeth Wetmore, traduit de l'anglais (E-U) par Emmanuelle ARONSON

Éditions Les escales 2020

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De Iron man...

à Two days in New-York en passant par La vie est belle !

Seul le mauvais temps et un ado enthousiaste peuvent expliquer que je me suis retrouvée dans une salle de ciné dont les spectateurs étaient aux trois quarts des adulescents,mâles,venus en bandes , ruminant ou picorant des maïs.iron-man-3-13h.jpg
Le pitch ? Parce qu'il a préféré une aventure d'un soir avec une botaniste qui a réussi à mettre au point des plantes qui se régénèrent toutes seules comme des grandes (je veux les mêmes) à un entretien sur le toit (?!) avec un blondinet binoclard fadasse au catogan étique, Iron man va devoir réintégrer sa carapace pour affronter un terroriste à chignon. Mine de rien, le budget coiffeur a dû atteindre celui des explosifs . Commence alors deux heures d'explosions, de rougeoiements en tous genres, pimenté par quelques ruses éculées et blagues lourdaudes, voire scatologiques.Iron man va même jusqu'à confier un objet permettant d'infliger une décharge électrique à un gamin bien peigné de douze ans pour qu'il se débarrasse de son harceleur (que fait le CSA ?).Le bruit et les images assemblées par un épileptique m'ont empêchée de dormir et je suis restée de marbre, regrettant juste au passage l'Homme de fer, feuilleton plus tranquillou des années 70.L'ado a aimé , bien sûr.

Pour me remettre de mon absence d'émotions, je me suis préparé un thé Rose, c'est la vie , ai visionné LE film cité dans toutes les listes remonte-moral ( accessoirement aussi dans celle du BTS de l'an prochain, thème: le rêve ) : La vie est belle de F. Capra. Là, système inverse, un ange (sans ailes, le pôvre) montre à James Stewart ayant pété les plombs et qui, ruiné, plutôt que de se tirer en train comme il en rêve depuis toujours coincé qu'il est dans sa petite ville et dans sa petite vie, envisage de se suicider, ce qui se serait passé si James Stewart n'était pas né. Un vrai cauchemar, bien sûr ! Du coup, il se rend compte que , malgré tout ,La vie est belle et comme ses enfants ont prié, l'ange est venu l'aider et comme sa femme est maline, elle a ameuté tous les amis de Stewart qui viennent lui apporter des sous, mieux que les rois mages. Argh, trop de guimauve tue les bons sentiments (il ya même un tumblr_loz4zkZo801qjhsvyo1_500.gifécureuil qui vient consoler le tonton qui a paumé les 8000 dollars, on se croirait dans Blanche-neige ou Bambi !) et les sous-titres , tapés par un analphabète qui n'a jamais trouvé la touche ù , ont fini de m'exaspérer. Mais au moins les flocons  restent sur les vêtements de Stewart alors que le tee-shirt d'Iron man reste vierge en pleine tempête de neige. Le réchauffement climatique est passé par là.

Le soir, c'est donc un peu par hasard que j'ai regardé Two days in New-york, de et avec Julie Delpy et je me suis ré-ga-lée ! Plus de héros corseté dans leur amure et leur patriotisme, plus de grand dadais empêtré dans un Oedipe mal réglé (James Stewart embrasse sa mère sur la bouche !), qui réfrène ses envies pour mieux se trouver coincé dans ce que lui dicte son devoir ! Ici les personnages , parce qu'is parlent une autre langue ?, parce qu'ils sont à l'étranger ? ,se déboutonnent, se lâchent, disent tout ce qui leur passe par la tête et quand les mots ne sont plus suffisants, ils en viennent aux mains ! Plus de Surmoi ! On est dans la jubilation car tout ceci n'est pas grave: l'amour et l'affection circulent quand même ! Un film rafraîchissant !25618.jpg

Un cheminement pour le moins étrange, n'est-ce pas ?

Ps :la prochaine fois  qu'on me demandera d'épeler mon nom au téléphone je ne sais pour quelle version j'opterai :celle façon obsédée sexuelle, à l'instar de Julie Delpy ou l' angélique à laquelle le puritanisme américain la contraint ensuite...

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Petites galettes

Ayant lâchement succombé à la voix de sirène de Cuné (j'imagine,évidemment, mais ses mots ont la force  des sirènes, ça c'estsûr!) j'ai évidemment craqué et dévoré séance tenante
A ma bouche  de Martin Winckler.9782841113576
Lecorps est très présent dans ces textes mais aussi évidemment les sériestélé, péché mignon de l'auteur. Moins cuisinier (une bonne recettepourtant d'omelette),  qu'excellent dégustateur, Winckler  serémémore les recettes maternelles et évoque, lâche tentateurqu'il  est (! ) une recette de galettes dont il a déjà donné letexte dans Plumes d'anges. Il demande même que chaque lectricequi confectionnera les dites galettes lui en envoie une boîte pourqu'il ne soit pas en manque Nous savons ce qu'il nous reste à faire...

Je vous livre la recette remaniée par la compagne de Winkler, telle qu'elle est donnée.

2 jus d'oranges pressées
mesurer et mettre la même  quantité
d'huile
de sucre en poudre
deux jaunes d'oeufs
1 paquet de levure chinmique
1 paquet de sucre vanillé

Faire dissoudre la levure dans le jus d'orange, puis ajouter lesucre, le sucre vanillé et l'huile. Bien mélanger.Incorporer la farine en quantité suffisante pour obtenir la consistance d'une pâte àtarte.  Laisser reposer de 20 à 30 minutes au réfrigérateur, puisl'étaler sur 3 à 4 millimètres en farinant la table ou la  planche.
Découper des galettes avec un emporte-pièce, ou simplement en carrés ou rectangles avec la roulette.
Poserles galettes sur la plaque à pâtisserie saupoudrée de  farine enayant soin de ne pas les coller les  unes aux autres car la pâtegonfle un peu à la cuisson.Piquer la pâte à la fourchette pourqu'elle  ne gonfle pas trop, dorer les galettes avec le jaune d'untroisième et éventuellement d'un quatrième oeuf dilué avec une cuillerà café de lait et faire cuire à four chaud (pas plus de 180 °) pendant10 à 15 minutes maximum, jusqu'à ce que le dessus des galettes aitbruni et que ça sente bon.

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Une sorte de boîte à souvenirs en mots et en phrases

Stuart Terence  Oliver, dit Stol ou Stolly ,collectionne les accidents à une cadence impressionnante.Mais là il a dépassé la mesure  et se retrouve à l'hôpital avec pas mal d'abbattis cassés.  Sonné mais vivant. Son meilleur ami, Ian, décide de rédiger la biographie de Stol pour lui prouver que "c'est important que tu existes."41AKAZF5HYL._SL500_AA240_.jpg
Stol  est un personnage follement attachant, plein d'invention ,"spécialiste des histoires abracadabrantes",que les profs estiment "juste un  peu fantasque"et dont tous disaient"qu"il avait de l'avenir,  à condition  de rester en vie et qu'il apprenne un jour à lacer ses chaussures." Vous l'aurez compris  le ton est plein d'humour , le mot "suicide"  ne sera  jamais prononcé , pour ne pas dramatiser et aussi pour échapper à tout cette menace de prise en charge socio-psychologique dont Ian se méfie au plus haut point. Les parents de  Stol,  trop pris par leur travail ne sont jamais stigmatisés. D'ailleurs Stol  s'est quasiment  fait adopter par les  parents de  son "ange-gardien" autoproclamé. Au passage, remarquons aussi que Ian est un enfant trouvé dans une boîte à chaussures et que "pour l'instant, j'avoue que  ça m'est complètement égal. Parfois, je me sens coupable : je me dis  que  c'est dommage que quelqu'un comme moi ait bénéficié d'une adoption.  Il auarit mieux valu que ça tombe sur un enfant comme Stolly, quelqu'un qui  a assez d'imagination pour en profiter  pleinement."
Même s'il évoque  des  thèmes graves,La tête à l'envers  in'est jamais "plombant". Tout est traité de manière intelligent et optimiste, sans  jamais verser dans la mièvrerie. Anne Fine fait confiance à ses  personnages-aux ados parfois pluq qu'aux adultes  !- pour faire  face avec efficacité et humour aux problèmes qui les touchent parfois de plein fouet. Un roman revigorant !

A partir de 13 ans

 

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L'âme soeur

"-Maman, est-ce que tu m'aimerais encore si je travaillais dans un pressing ? "

Fille unique, Angèle, qui n'a rien d'un ange, comme le dit avec tendresse De Gaulle le cuisinier  de la maison, vit en Afrique en compagnie de ses parents. Son père est écrivain et sa mère vaccine à tour de bras pour le compte  de la Croix Rouge.
La solitude ne pèse pas à la fillette car elle est dotée d'une imagination fertile et d'une précocité qui alarme un peu ses parents. Mais tout son petit monde va s'effondrer quand ses parents décident d'adopter une petite africaine, Gloria." C'est sûr, je ne comblais pas mes parents. A dix ans, j'étais déjà une fieffée ratée et ma vie promettait d'être un bel échec, si prévisible que mes parents avaient jugé bon de prendre une fille de rechange, au cas où. Une police d'assurance en cas de descendance défaillante."51x4CaC4d4L._BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA240_SH20_OU08_.jpg
Quand Gloria arrive, le duel commence car l'ex-orpheline  ne correspond pas du tout aux idée toutes faites d'Angèle  et va se montrer tout aussi retorse qu'elle. Un texte piégé comme ces bonbons qui pétillent soudain dans la bouche...
Un livre sur la magie de l'enfance et le pouvoir des mots, ces mots que le père ne trouve plus, ces mots qu'Angèle  utilise comme des projectiles pour contrer les questions paternelles: " BLANC ! criais-je à tous les coups".
Humour, tendresse sont au rendez-vous dans ces 159 pages  jubilatoires et pleines d'invention qui se dévorent d'une seule traite !

Emprunté à la médiathèque, sur la seule foi de la couverture !

L'âme soeur, Anne Lenner, Le Dilettante.

L'avis de Pagesàpages.

 

PS:Dans la foulée, j'ai lu le premier, autour duquel j'avais tourné sans me décider, la faute à une couv' peu engageante ,et paf! voir le blogit-express! Billet à venir!

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-Poésie du gérondif

Je n'en suis qu'à la moitié de livre à la fois instructif et hautement réjouissant , à plus d'un titre, mais je tenais à recenser toutes les adresses, en forme d'intercessions , plus ou moins religieuses, adressées à la maison d'édition, chérie en entre toutes par Jean-Pierre Minaudier; la preuve: elle est la seule à apparaître en majuscules d'imprimerie (et en gras )dans les notes de bas de page (dont il use et abuse pour mon plus grand bonheur) et, emporté par son enthousiasme et sa reconnaissance, l'auteur n'hésite pas à écrire concernant les "infiniment vénérables" éditions berlinoises DE GRUYTTER-MOUTON , spécialisées en linguistique (clic):

-(elles sont le sel de la terre !)jean-pierre minaudier

-(qu'elles vivent longtemps pour faire le bonheur du monde)

- (que le Tout-Puissant les ait en sa très sainte garde)

-(que tous les saints du paradis intercèdent en leur faveur au jour du jugement)

-(que la bénédiction des cieux plane éternellement sur elles et toute leur race)

-(que des fleuve de miel, des lacs de salidou* et des océans de Nutell* les récompensent de leurs bienfaits)

-(tous les prophètes ont annoncé leur épiphanie dans des transports de joie)

-(puissant les anges descendre chaque jour à la Maison Fréquentée pour réciter leur nom et leurs mérites !)

-(que le règne, la puissance et la gloire leur appartiennent pour les siècles des siècles)

-(que le tout-Puissant leur accorde une belle part dans ce monde ainsi qu'une belle part dans l'au-delà, et les protège contre le châtiment du feu)

-(que leur nom, qui est comme le nectar, l’ambroisie et le gloubiboulga, soit sur la bouche du seigneur à l'heure où les Justes recevront leur récompense, et qu'il y ait pour elles un jardin ceint de murs au septième ciel)

-(que leur nom, qui est comme l'odeur de la terre après la pluie, sorte de ma bouche avec mon dernier souffle, et qu'il brise à jamais le silence éternel des espaces infinis)

 

seul petit bémol : "Une autre description du Trio par Sergio Meira, censée paraître en 2010 aux ed. DE GRUYTTER-MOUTON [...] et attendue dans l'extase par des foules hystériques , n'est finalement jamais sortie: depuis , je porte le deuil."

On espère que la maison d'édition en question est au courant d'une telle dévotion...

 

 

*pâte à tartiner composée de caramel au beurre salé (c'est malin, j'ai faim ! )

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Les séances

"Ils se tiennent loin de ceux qui connaissent seulement un pays, voire un canton, le leur. Ils ne savent pas qu'on fait parfois plus d'expériences dans son petit village qu'à l'autre bout du monde. Et le sauraient-ils qu(ils le réfuteraient aussitôt en trois points."

Pressée par un appel de sa sœur, Liv, Eva prend l'autoroute pour revenir dans son village natal de la frontière franco-allemande.fabienne jacob
En chemin, les souvenirs et les pensées de la photographe de mode pour enfants peignent un portrait impressionniste de cette famille de femmes hors-normes.
Si Eva semble se tenir plus à distance des gens ,exploitant leurs désirs  avec cynisme,  Liv, elle les écoute attentivement avant de leur délivrer "ses phrases uniques et sibyllines, des énigmes que les gens ruminaient, tournaient et retournaient dans tous les sens jusqu'à ce qu'ils trouvent l'issue à leurs problèmes par eux-mêmes à la manière d'un Rubik's Cube.".
Mais tout n'est pas aussi tranché et si Eva apparaît plus être du côté de la culture, de l'intelligence policée, et Liv, plus du côté de la nature ,de l'instinct et du corps , progressivement nous prendrons conscience que les frontières sont plus floues: "Un jour, Liv lui a demandé T'en as pas marre d'être toujours intelligente ?  Si Liv savait à quel point parfois elle ne l'est pas et surtout à quel point ça lui plaît de ne pas l'être !".
Construit sous la forme de séquences, le roman de Fabienne Jacob évoque par petite touches qui s'agencent les unes par rapport aux autres les thèmes favoris de l'autrice: le corps des femmes, le vieillissement, mais aussi le rapport aux enfants , la rencontre avec un sanglier où le destin tragique de ces villes en "ange" de l'Est de la France.
On  retrouve avec un bonheur ineffable la langue goûtue de la romancière qui sait aussi se faire plus âpre pour dépeindre notre société. 142 pages essentielles.

Les séances, Fabienne Jacob, Gallimard 2016.

La forme, non linéaire, pourra dérouter mais hop sur l'étagère des indispensables !

De Fabienne Jacob :clic ,clic

fabienne jacob

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Le bestiaire fantastique de Mme Freedman

 "Je suis prête à réduire les inégalités scolaires, à démanteler les systèmes d'oppression structurelle et de racisme qui gangrènent notre société, à équiper les leaders de demain des outils universitaires qui leur permettront de révéler pleinement leur potentiel.
D'après mon père, les idées progressistes m'ont lavé le cerveau."

Que penser d'une jeune prof qui donne à ses élèves le sujet suivant : "Écrivez une histoire d'une page dans laquelle votre créature fantastique préférée résout le plus grand problème sociopolitique de notre époque" ? Qu'elle sollicite l'imagination de ses élèves, certes, mais qu'elle est aussi légèrement fêlée . Fêlure qui va aller s'agrandissant car les élèves de Mme Freedman, même s’ils se situent dans la Bible Belt (territoire fondamentaliste chrétien) et plus précisément au Texas, ne sont en rien des anges. Et ce qu'ils révèlent soit avec naïveté, soit avec rouerie , est un quotidien fort agité.kathleen founds
Il n'empêche que deux d'entre eux,Janice Gibbs , rebelle à toute forme d'autorité, et Cody Splunk, futur grand écrivain, vont maintenir un lien avec leur ancienne Prof quand celle-ci sera internée .Ils décideront même de l'aider à s'évader de l'institution où elle est enfermée, institution qui pratique un "modèle  capitaliste de thérapie comportementale et cognitive" pour le moins bizarre.
Commencé le sourire aux lèvres, ce roman évolue très rapidement dans des zones plus troubles. Les émotions sont au rendez-vous,douces-amères ou plus violentes et les extraits de journaux des différents protagonistes, les courriels échangés, leurs narrations scolaires ou thérapeutiques, sans oublier l'intrusion de la téléréalité dans leurs vies forment un kaléidoscope nous permettant une vison à la fois plus approfondie et plus éclatée. Se construit ainsi le portrait d'une femme trop idéaliste,trop sensible aussi, trop fragile aussi.
Un grand coup de cœur !

 Le bestiaire de Mme Freedman, Kathleen Founds traduit de l'anglais (E-U) par Caroline Bouet, Plon 2016

kathleen founds

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#RosieUneEnfanceAnglaise#NetGalley

"Voilà le monde où nous venions d'entrer, un monde où rien ne se produisait en apparence, mais où, sous la surface, d'énormes plaques tectoniques d'émotions dérivaient."

La découverte en 1994 du Royaume interdit avait été pour moi, comme pour beaucoup d'autres un choc émotionnel. Là, sous des dehors très policés, une auteure envisageait un thème ,quasi inédit en littérature : le fait qu'une petite fille voulait devenir un garçon.
J'ai suivi ensuite, de loin en loin, les romans de Rose Tremain, qui s'était ensuite beaucoup tournée vers des romans historiques, ce qui n'est pas du tout ma tasse de thé.
Quel plaisir de renouer avec son écriture dans ce récit de son enfance au sein d'une famille bourgeoise aisée, où l'argent circulait plus facilement que les sentiments.rose tremain
Sans autoapitoiement, Rose Tremain, née en 1943,  revient sur ses relations avec sa mère, analysant avec précision les parcours de cette femme malaimée par ses propres parents,  incapable d'aimer ses deux filles, posant un couvercle sur ses sentiments et aussi, il faut bien l'avouer, furieusement égoïste et futile, même si ces mots ne sont jamais écrits.
Pas de règlements de compte donc, mais une prise de conscience tardive, lors d'une rencontre avec une autre écrivaine, Carolyn Slaughter, que celle qui a offert généreusement un socle affectif, qui a été "un ange gardien", "la personne à qui [elle] devait [sa] santé mentale- et sans doute celle de [sa] fille unique Eleanor" était sa gouvernante adorée, Nan.
Grâce à elle, Rosie et sa sœur ont pu affronter la séparation de leurs parents et l'attention en pointillés qu'ils accordaient à leurs enfants.
Mais, c'est vers l'art et plus précisément vers la fiction littéraire que Rosie se tournera quand, envoyée dans différents pensionnats, plus ou moins confortables,  elle ne pourra réaliser son rêve: aller à Oxford; destin   refusé par sa mère, qui refuse d'en faire "un bas bleu" difficilement mariable.
La dernière partie relate, un peu trop rapidement à mon goût, l'émancipation de Rosie, qui deviendra Rose, mais il n'en reste pas moins que j'ai pris beaucoup de plaisir au récit de cette vie, marquée par la capacité de résilience d'une auteure que j’ai envie de redécouvrir.rose tremain

JC Lattès 2019, 212 pages, traduction de Françoise Du Sorbier

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Le bestiaire fantastique de Mme Freedman ... en poche

 "Je suis prête à réduire les inégalités scolaires, à démanteler les systèmes d'oppression structurelle et de racisme qui gangrènent notre société, à équiper les leaders de demain des outils universitaires qui leur permettront de révéler pleinement leur potentiel.
D'après mon père, les idées progressistes m'ont lavé le cerveau."

Que penser d'une jeune prof qui donne à ses élèves le sujet suivant : "Écrivez une histoire d'une page dans laquelle votre créature fantastique préférée résout le plus grand problème sociopolitique de notre époque" ? Qu'elle sollicite l'imagination de ses élèves, certes, mais qu'elle est aussi légèrement fêlée . Fêlure qui va aller s'agrandissant car les élèves de Mme Freedman, même s’ils se situent dans la Bible Belt (territoire fondamentaliste chrétien) et plus précisément au Texas, ne sont en rien des anges. Et ce qu'ils révèlent soit avec naïveté, soit avec rouerie , est un quotidien fort agité.kathleen founds
Il n'empêche que deux d'entre eux,Janice Gibbs , rebelle à toute forme d'autorité, et Cody Splunk, futur grand écrivain, vont maintenir un lien avec leur ancienne Prof quand celle-ci sera internée .Ils décideront même de l'aider à s'évader de l'institution où elle est enfermée, institution qui pratique un "modèle  capitaliste de thérapie comportementale et cognitive" pour le moins bizarre.
Commencé le sourire aux lèvres, ce roman évolue très rapidement dans des zones plus troubles. Les émotions sont au rendez-vous,douces-amères ou plus violentes et les extraits de journaux des différents protagonistes, les courriels échangés, leurs narrations scolaires ou thérapeutiques, sans oublier l'intrusion de la téléréalité dans leurs vies forment un kaléidoscope nous permettant une vison à la fois plus approfondie et plus éclatée. Se construit ainsi le portrait d'une femme trop idéaliste,trop sensible aussi, trop fragile aussi.
Un grand coup de cœur !

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