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Le livre des choses perdues
"-Donc tu as quitté une guerre pour en retrouver une autre, commenta-t-elle."
En Grande-Bretagne, durant la seconde guerre mondiale, David vient de perdre sa mère. Ne pouvant accepter la nouvelle femme de son père et son demi-frère, il se réfugie dans le lecture dans une drôle de chambre où les livres lui parlent et où parfois il aperçoit rôder un bonhomme bizarre, vaguement effrayant...
Un soir, entendant des appels de sa mère, il se rend dans le jardin et découvre un passage vers un monde parallèle , peuplé de créatures cauchemardesques qu'il devra affronter avant de pouvoir trouver Le livre des choses perdues, unique clé pour regagner le monde réel.
Roman initiatique, ,Le livre des choses perdues revisite -avec irrévérence parfois (voir le portrait-charge de Blanche-Neige !) - l'univers des contes et légendes. Le héros, aidé d'auxiliaires qui ne veulent parfois le sauver que pour mieux le duper, va devoir affronter des créatures répugnantes et d'une férocité extrême (certaines descriptions sont d'une cruauté rare), résoudre des énigmes(ses souvenirs de lecture lui seront llors bien utiles!) et surtout se rendre compte que la limite entre le Bien et le Mal est parfois floue. Il devra accepter aussi la perte et le renoncement , quittant ainsi le monde de l'enfance.
Tout cela apparaît à première vue bien classique mais d'emblée, John Connolly excelle à créer une ambiance très particulière , où la menace rôde, où la végétation elle même apparaît menaçante, très cinématographique en fait. Quant au récit, il est impossible de le lâcher car même si on a l'impression d'avancer en terrain connu, l'auteur se joue de nous, multipliant les référencs pour mieux les détourner. Quant aux personnages, à l'image de ces créatures hybrides qui hantent le récit, ils ne sont pas monolithiques et savent à la fois nous émouvoir et nous faire sourire. Car de l'humour il y en a aussi, histoire de relâcher un peu la tension ! Bref, j'ai été captivée par ce récit que je n'ai pas pu lâcher alors que je ne suis jamais venue à bout du deuxième tome d'Harry Potter...
Le livre des choses perdues,John Connolly, traduit de l 'anglais (Irlande) par Pierre Brévignon, Editions de l'Archipel (éditions que je remercie au passage pour cette découverte).346 pages envoûtantes.
Deux couvertures pour ce roman qui sort le 14 octobre, une pour l'édition adulte, une autre pour l'édition jeunesse.
Dans le billet de Fashion (qui l'avait lu en V.O), j'apprends que dans l'édition anglaise il y a une annexe très intéressante qui n'existe pas en Vf dans l'édition jeunesse du moins...
L'avis de Karine, la vile tentatrice initiale ! qui vous conduira aussi sur le site du livre (en VO)
13/10/2009 | Lien permanent | Commentaires (26)
Petit bréviaire amoureux
Attention, "...ce bouquin n'est pas à mettre dans toutes les mains",prévient l'auteure."Il sent la vache". Il contient" Unehistoire par jour, pour célébrer la vache. Une histoired'amour.",deshistoires recueillies auprès de gens très différents,parleur milieu social, leur âge mais qui sont tous Fous de vaches.
Mary-GérardVaude a su les écouter et retranscrire avec beaucoup de charmeces témoignages illustrés par de sublimes photos de JérômeChabanne, Frédéric Decante, Philippe Deschamps,Jean-Baptiste Laissard,Jean-Marie Lecomte, Yves Régaldi, Pierre Soissons, MauriceSubervie, Frantisek Zvardon. Je les cite tous car c'estvraiment la première fois que je trouve un livre où TOUTESles photos de mes amies les vaches sont drôles, poétiques, insolites (on y voit un taureau prendre une posture de yoga, si, si ,je vous assure) et où l'on sent vraiment une réelle empathie avec l'animal photographié. Vous avez la chance que jene puisse pas vous enquiquiner en vous tirant par la manche pour vousmontrer celle-ci et puis celle-là et puis regarde celle-ci avec le grosplan sur les poils et le givre ...A force ça lasse, je comprends etj'essaie de me réfréner ou de trouver de nouvelles victimes...
Quantaux textes , savoureux et pas du tout dégoulinants de mièvrerie, ils mettent autant en valeur les animaux que ceux qui en parlent. On ycroise Monique, bibiothécaire, tout droit échappée d'un roman deKatarina Mazetti, qui a rencontré son amoureux au salon del'Agriculture et qui a reçu Jolie, croisée Blonde D'Aquitaine-charolaisen cadeau d'anniversaire ( Non, non,sans façon, merci, en ce quime concerne, j'ai pas la place), Laurent Avon, chargé de la conservation des races et qui est l'auteur , bien involontaire,de la devinette, posée samedi, Marion, lycéenne, qui constate :"Les vaches , c'est comme les filles, ça se promène avecune copine."...et tant d'autres qui tentent de faire survivre ladiversité des races qui tend à disparaître à cause de la Holstein noireet blanche pour qui je n'ai guère de sympathie,je l'avoue, même me s'ilelle n'y est pour rien, la pauvre.
Bref, de quoi faire réapparaître le sourire les jours de morosité pour les amoureux des vaches ...et les autres !
Un livre qui vous fera regarder les vaches d'une autre façon quand vous les croiserez !
14/01/2008 | Lien permanent | Commentaires (16)
Les malheurs de Sophie ou pourquoi je ne suis pas une bonne lectrice de Thriller
Avertissement :ce billet comporte des scènes qui risquent de choquer la sensibilité de certains lecteurs. Ne venez pas vous plaindre.
D'abord la couverture, un trèstrès gros plan sur un oeil féminin exorbité par la peur. Sur la pupille une silhouette masculine.En très gros également le nom de l'auteur, Pierre LEMAITRE et passant quasiment inaperçu le titre , pourtant original: robe de marié. Il m'a d'ailleurs fallu un petit moment , agacée que j'étais par les excès de la photo pour remarquer l'absence de "e" à la fin de "marié"...
La quatrième de couv' ensuite. Le narrateur est visiblement un voyeur- manipulateur de première qui jouit de la souffrance de ses victimes, un couple apparemment.
Comme souvent dans le thriller, la première scène est destinée à jouer le rôle d"hameçon", voire quasiment de harpon:le lecteur doit être intrigué et embarqué dans l'histoire. Nous n'y coupons pas. Originalité, cette séquence initiale n'attendra pas deux cents pages pour être expliquée, nous remontons immédiatement le temps pour expliciter cette scène de piétà et là je dis "stop" . Stop car le personnage féminin, prénommé Sophie,réminiscence involontaire de mes lectures enfantines ? , a le don de m'énerver au plus haut point. Je n'éprouve aucune compassion pour la situation dans laquelle elle se trouve et , juste par curiosité,je vais directement à la fin du texte pour lire le dénouement.Pratique choquante, je sais.
Finalement, je reprends ma lecture à la deuxième partie, celle consacrée à Frantz le manipulateur et enchaîne avec la dernière ,"Frantz et Sophie", qui verra une lutte à mort entre les deux personnages.
D'accord, je n'ai pas joué le jeu, mais l'auteur non plus : à plusieurs reprises, il se contente de nous fournir des indications évasives pour se justifier de situations problématiques, alors que les curieuses dans mon genre sont friandes ce genre de précisions*. En outre le personnage féminin m'est apparu comme une sorte de bécassine,( faut pas être fûtée pour laisser son sac à main sur le siège passager d'un véhicule dont les vitres sont ouvertes !),et je suis restée totalement à l'extérieur d'une narration qui aurait pu être efficace si elle avait été plus crédible.Dommage. A la décharge de ce roman: j'ai laissé tomber dès le début , ou presque , quatre autres romans noirs....
*ça peut toujours servir , héhéh !:)
L'avis, nettement plus enthousiaste de Cuné , que je remercie néanmoins pour l'envoi : un coup de sang de temps en temps, ça fait du bien ! :)
08/01/2009 | Lien permanent | Commentaires (24)
Camille Claudel, la vie jeune
"Ce que j'aime, c'est le silence des musées, leur halo rassurant, et les œuvres des anciens, qui semblent veiller sur nous, comme nous veillons sur elles."
Une œuvre d'art peut-elle influencer nos vies ? Carole Fives avec Camille Claudel, la vie jeune, nous montre en tout cas ,dans ses nouvelles ,que le buste de la Petite Châtelaine, exposée à La Piscine de Roubaix peut jouer le rôle de révélateur auprès des multiples visiteurs, attentifs ou pas , qui croisent son regard .
En quelques pages, très denses, ce sont des destins qui se jouent et des tonalités très différentes qui s'offrent à nous: tour à tendres, irrévérencieuses, voire iconoclastes (au sens propre du terme !), ou pleines d'humour (la visite du musée par une classe agitée est particulièrement bien croquée)* ,les pages se dévorent à belle allure!
L'art est bien évidemment au cœur des réflexions que suscite La petite Châtelaine , regrets d'avoir sacrifié ses ambitions artistiques, coups de griffes contre ceux qui utilisent le musée comme un décor à des manifestations vides de sens.
Mais aussi l'enfance. Car c'est bien d'une petite fille qu'il s'agit et à travers elle s'établit ,par delà les années ,un dialogue fort et émouvant entre la narratrice du dernier texte et Camille Claudel."Aide-moi Camille. Tu es passée par là toi aussi. Ils disent fausse couche ou avortement, on ne sait pas. Ils disent que tu es allée là-bas pour te reposer, au château d'Islette. Est-ce Grodin qui t'a forcée ? Ou étais-ce toi qui avais peur, peur comme j'ai peur aujourd’hui ? Comme cette peur que tu as insufflée dans le visage de cette fillette ? Je peux comprendre ça. Se contenter d'enfants de pierre. De papier en ce qui me concerne. Ne pas s'embarrasser de la chair, des langes, de la bave, de la merde . Et je peux comprendre aussi l'envie de le garder.Une autre forme de création. Comparer les deux est ridicule. Est-ce qu'on demande à un homme si la naissance d'un enfant l'empêchera de créer ? "
La voix de Carole Fives s'affirme de livre en livre, s'autorise à la fois à être plus tendre et plus acérée, et bouder ces textes sous prétexte qu'il ne s’agit pas d'un roman serait une grosse erreur !
Un coup de cœur!
Camille Claudel, la vie jeune, Carole Fives, Éditions Invenit 2015, 65 pages pleines de vie et d'émotions.
* Les enfants y décrivent , entre autres, les anglaises de la fillette comme étant des dreadlocks et cette semaine ,sur France Inter, j'ai pouffé en entendant la rediffusion d'une archive où une journaliste au ton pincé décrivait la chevelure de Bob Marley comme "des anglaises frisées" (sic) ! La boucle est bouclée !
13/02/2015 | Lien permanent | Commentaires (3)
Sauveur & Fils
"-C'est la famille, bonhomme. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer."
Psychologue clinicien, Sauveur Saint-Yves, au prénom prédestiné, officie chez lui et reçoit des patients aux problèmes variés (phobie scolaire, scarifications, enfants qui ne supportent pas que leur mère se mettent en ménage avec une femme, énurésie...).
Mais, s'il doute parfois d'être vraiment utile à ses patients auprès desquels pourtant il s'investit beaucoup, il "oublie" de parler de son histoire familiale à son fils de huit ans, Lazare qui ignore presque tout de sa maman, décédée dans un accident de voiture.Mais le passé va les rattraper et Sauveur ne pourra plus faire l'impasse sur ses origines et celles de son fils.
Qui ne s'est pas demandé ce qui se passait dans la tête d'un psy lors de ses séances de travail ?Marie-Aude Murail nous permet de le découvrir avec humour et empathie avec cette première saison de Sauveur & Fils.
C'est tout un petit monde qui se donne à voir et qui nous devient très vite familier car l'autrice a le chic pour peindre le quotidien de ses personnages, se moquer-gentiment- d'eux (ah le personnage de Gabin, plus vrai que nature ! ("Gabin ne décida pas de le prendre en filature, puis qu’aucun centre décisionnel n'avait encore été officiellement repéré dans son cerveau, mais il lui emboîta le pas." ))tout en leur laissant la possibilité de montrer ultérieurement leurs qualités.
Ce n'est pas un univers édulcoré qui nous est proposé ici, les prédateurs sont présents, le racisme et la souffrance aussi mais, si les adultes sont parfois défaillants et les enfants cruels, il y a toujours une possibilité de régler les problèmes.
On prend beaucoup de plaisir à dévorer ce roman qui peut se lire à plusieurs niveaux, où l'on glane aussi bien des citations de la Bible que de Pierre Desproges et quelques conseils fort utiles sur l'élevage des hamsters, ce qui peut toujours s'avérer utile !
Comme Cuné qui m'avait donné envie, j'attends déjà la deuxième saison avec impatience !
Sauveur & Fils, Marie-Aude Murail, École des Loisirs 2016, 329 pages passionnantes de bout en bout !
Attention citation "rabat-joie" (spoiler en mauvais français) ,mais que j'adore ,éloge funèbre d'un animal familier trop tôt décédé:
"-On te regrettera Bounty. Bien sûr, tu étais fou. Mais tu avais aussi des qualités, même si on n'a pas eu le temps de savoir lesquelles."
12/07/2016 | Lien permanent | Commentaires (6)
Après la fin
"Nous dépendons donc en partie de la gentillesse de parfaits inconnus, nous faisons confiance au monde. C'est comme ça que ça marche."
Rien de ce que nous croyons normal, permanent, acquis, ne l'est. Et le malaise durant lequel le cœur et les poumons de Miriam , 15 ans, cessent de fonctionner, vont le rappeler cruellement à sa famille.
Réanimée et confinée à l’hôpital le temps de faire des examens et de la surveiller , c'est toute la constellation familiale qui va devoir se réorganiser et apprendre à vivre avec le risque et l' impermanence.
Racontée du point de vue d'un père au foyer, historien universitaire éternellement en CDD, l’histoire est à la fois chaleureuse et angoissante.
Chaleureuse car c'est toute la vie quotidienne avec ses microfailles entre les membres du couple atypique (elle, médecin qui bosse 60 h par semaine auprès de patients défavorisés , soupçonnée par son mari d'étirer volontairement ses journées de travail, mais tiraillée par la culpabilité de ne pas s'occuper suffisamment de ses filles, lui qui assure le quotidien en ayant la sensation de s'éloigner de son épouse ), sans oublier la cadette qui veut à tout prix attirer l'attention, qui est brossée avec empathie.
Angoissante car rien ne sera plus jamais comme avant, mais qu'il faut faire avec.
Un roman commandé immédiatement après avoir lu Dans la lande immobile (clic) de la même autrice et dont de nombreuses phrases ont résonné particulièrement en accord avec notre situation actuelle.
Cuné l'a beaucoup aimé également: clic.
"Les livres importants étaient trop exigeants et les livres insignifiants semblaient trop futiles pour la nouvelle réalité, dans laquelle la mort se tenait en embuscade dans tous les recoins et venait respirer au-dessus de mon épaule dès que j'en détournais les yeux."
"Pourvu qu’on oublie. Quel gâchis de voir que les choses qu’on apprend en temps de crise sont déjà écrites en toutes lettres sur des aimants à frigo et des cartes de vœux : profitez de l’instant présent, savourez chaque moment, exprimez votre amour – pourvu qu’on vive assez longtemps pour mépriser à nouveau ces clichés, pourvu qu’on guérisse suffisamment pour considérer le ciel, l’eau et la lumière comme acquis, parce qu’être aveuglément reconnaissant d’avoir des poumons et un coeur qui fonctionnent ne met pas notre intelligence à contribution."
"...c'est simplement le fait de sortir de la maison qui semble, de façon inexplicable, plus compliqué que de planifier l'invasion d'un petit pays."
"Après quarante-huit heures de confinement, l'odeur du vent et l'idée de conduire une voiture ont quelque chose d'exotique."
"La patience, ai-je eu envie de lui dire, comme les autres vertus, est principalement une question d'habitude."
"Tout ne va pas bien, mais il y a de la beauté. Nous avons à notre disposition des outils pour dire que ça ne va pas, qu'il y a la mort, la souffrance, le mal et ces outils sont les mêmes depuis des centaines d'années. La pierre de construction. Le verre. Le fil qu'on tisse.
Les mots."
14/04/2020 | Lien permanent | Commentaires (2)
Soulfood équatoriale
Ne comptez pas sur Léonora Miano pour vous indiquer les proportions exactes des ingrédients d'une recette: "les proportions s'évaluent, comme pour toutes les préparations, de façon extrêmement simple: à l'oeil et au toucher. Si on sait cuisiner , on se passe de verre doseur et de tout ce qui peut y ressembler. On regarde, on sent, on sait" Tenez-vous le pour dit.
Pas question non plus pour les gourmands du Cameroun de révéler leurs secrets: "Pour la bonne cause. Ils veulent qu'on revienne à leur table. Ils retiennent l'information pour préserver la joie d'offrir.
Notion de partage que l'on retrouve dans la polysémie du titre Soulfood équatoriale, la Soul food étant à la fois "La nourriture qui touche et remplit l'âme" mais surtout d'après l'auteure la cuisine afro-américiane "Une alimentation mêlant des éléments venus d'Afrique et d'autres, trouvés sur place ou importés d'Europe". C'est aussi le nom d'une gargote quasi mythique où se côtoyait "des personnes issues de tous les milieux. Une certaine douceur de vivre, en dépit des tracas. Un esprit de famille."
Parfois catégorique-et pourquoi pas ? -Léonra Miano sait aussi se montrer pleine d'humour quand elle conseille quelques tricheries aux femmes désireuses de séduire un homme par la confection -très longue- d'un plat traditionnel. En effet"On ne va pas se faire manucurer pour, la minute d'après se métamorphoser en mama africaine des âges féroces. Notre conseil est d'avoir chez soi une pierre à écraser, de la laisser bien en évidence dans la cuisine , et de trouver une cachette sûre pur le mixer."La conclusion d ecechapitre, que je vous laisse le plasir de découvrir est par ailleurs tout à fait malicieuse...
Friande , Léonara Miano l'est tout autant de mots , nous rappelant au passage que la morue est" baptisée mukandjo par nos bouches , qui ne sauraient manger ce qu'elles n'ont pas elles-mêmes nommé.", détaillant la composition des sandwichs saxophones , fourrés au jazz et dévorés par des gamins vêtus de leur "je m'assieds avant toi", comprendre "leur culotte trop grande car héritée d'un aîné, et dont le fond se pose sur les chaises avant le postérieur de l'enfant."
Cette inventivité joyeuse de la langue ne fait pourtant pas oublier, qu'un avocat, même petit , même trop mûr ,peut devenir l'objet de la convoitise d'un gamin tenaillé par la faim...
Odeurs, saveurs épicées se mêlent ici à la poussière des rues de Douala dans un mélange unissant aussi légendes et modernité.
Découvrir ainsi l'écriture de léonora Miano, pleine de vigueur , fièrement campée sur ses racines africaines, -on devine aisément son caractère bien trempé- mais aussi pleine de malice, ne me donne qu'une envie: aborder son oeuvre romanesque !
Un grand merci à Guillaume de Babelio et aux Editions du Seuil !
Soulfood équatoriale, Léonora Miano, Collection exquis d'écrivains, Nil éditions, 101 pages denses.
L'avis de Pagesapages
04/06/2009 | Lien permanent | Commentaires (13)
tag ada tsoin tsoin
Le tag de la mort qui tue est arrivé chez moi. Lancé par Thom, reçu par Cuné, So, puis Alinéa , Fashion, et Amanda qui me l'a renvoyé...
Lepremier taggué pose un question et l'envoie à un autre bloggueur, quirépond à la première question, pose à son tour une autre question etl'envoie à son ennemi préféré. Lequel doit répondre aux deux questions,en poser une autre et refourguer le tout à une troisième victime. Etainsi de suite.
Vous pouvez d'ailleurs suivre les déambulations hasardeuses de ce Tagathom sur la carte créée par Mr. Kiki. Kikimundo y trace la carte des deux tags lancés par Thom (parce que le fripon a lancé deux tags du même principe).
C'est parti, mon kiki !
Question 1, lancée par Cuné : Ona tous un sosie quelque part. Quelqu'un qui nous ressemble un peu, toutau moins. Ou alors quelqu'un qui a fait penser quelqu'un d'autre à nouslorsqu'il l'a vu(e). Parfois, ça peut entraîner de lourdsressentiments. Si on me dit que je ressemble à Nicolas Sarkozy, parexemple, je pleure. Alors, à qui t'a-t-on déjà dit que tu ressemblais ?(Même de loin, ou de profil, ou philosophiquement parlant, ou pourdéconner, rhoo !)
J'ai déjà répondu à cette question avant qu'on me la pose, ici. Je sais même où bosse mon sosie mais bizarrement je n'ai jamais trouvé le temps d'aller la voir...
Question 2, posée par So. : tu dois tuer la personne avec qui tu vis, comment t'y prends-tupour ne pas te faire choper ?
Facile, l'idée je l'ai trouvée dans un recueil de nouvelles, dont j'ai évidemment oublié le titre: un homme se "suicide" en payant une femme pour lui mitonner des petits plats bien gras, bien sucrés...
Il suffit donc de donner à votre moitié de quoi bétonner ses artères...Pourquoi n'est-ce pas moi qui cuisine à la maison ? L'homme aurait-il lu en cachette le texte en question? ...
Question 3, que nous devons à Alinea : Si tu devais être privée de l'un des cinq sens, lequel choisirais-tu ? Pourquoi ?
Là aussi, facile, je préfère perdre l'audition, ça limitera le nombre de bêtises que je suis amenée à entendre à longueur de journée. Ex "Donne-moi un mot de la famille de las *. Réponse triomphale après trituration des ( deux) neurones:" Las-Vegas ! "(je jure que l'humour n'entrait nullement en ligne de compte dans cette réponse)
* Vous remarquerez au passage l'aspect révélateur du mot choisi...
Question 4, posée par Fashion : Quel titre dont tu as (un peu, beaucoup, passionnément) honte se cache dans ta bibliothèque ?
Déjà répondu aussi ,ici ! Je ne désespère pas de faire pire, un super nanar titille ma curiosité en ce moment...
Celle d'Amanda, enfin:
Tu viens de mourir.Saint Pierre était bourré quand tu es arrivé(e) devant les portes duParadis et t'a indiqué la mauvaise porte. Te voilà devant Bouddha quit'informe que tu dois te réincarner. Tu peux choisir ce que tu veux,sauf te réincarner en toi, faut évoluer ma vieille (mon vieux). Alors ?En quoi choisis tu de te réincarner ?
Je copie sur Woody Allen -qui a bien potassé la question- mais pas pour les mêmes raisons: une éponge; lui la choisit parce qu'elle n'a pas de prédateur et mène donc une petite vie peinarde ,sans angoisse, sans psychanalyse à l'horizon; moi pour me retrouver dans des endroits intéressants...
Quelle question ne voudrais-tu surtout pas que l'on te pose ? Hein? Allez, avoue , Anne !
03/05/2008 | Lien permanent | Commentaires (16)
”Tout est bon chez elle, y a rien à jeter...”
Vous y croyez vous au coup de la fille qui n'a pasacheté de disque depuis que Kate Bush a sort son dernier album (jepréfère ne pas regarder la date) et qui, à l'écoute d'uneseule chanson à la radio, achète le Cd de quelqu'un dontelle n'avait jamais entendu parler? Hé bien, c'est moi et franchement,j'ai été é-pa-tée !
Je laisserai à Ch'ti 31 , quand il aura le temps,le soin de décortiquer les influences musicales d'AgnèsBihl,sachez quand même que dans les remerciements, elle cite en vrac,Jacques Brel,Anne Sylvestre qui l'a portée sur les fonds baptismaux dela chanson, Charles Aznavour dont elle a assuré la premièrepartie, Renaud Séchan( Clin d'oeil avec "You are fouting of my gueule")...et vous aurez une idée de la lignée dans laquelle elles'inscrit.
Quantaux paroles, c'est un régal ! Pas étonnant quedans la liste gigantesque de remerciements se niche le nom dePierre Desproges dont elle détourne au passage un aphorisme .Elle maniele zeugma comme une majorette son bâton , "moi qui fais la morale etla grasse matinée", elle oscille entre l'hystérie et la tendresse dans"La Complainte de la mère parfaite",égratigant au passage le père qui dort tranquillement au salon tandisque la mère débutante s'évertue à chanter"Dodo, l'enfant do,crise de nerfs , maman limite", balançant entre injures "espèced'antiféministe"et la menace "sinon je te déshérite",celle qui ne se reconnaîtra pas dans ce portrait est unementeuse ou une chanceuse qui n'entend pas le bébé pleurer ! Onrit mais aussi on pleure (et ce n'est pas une figure de style)avec une chanson sur l'inceste "Touche pas à mon corps" où Agnès Bihlréussit le tour de force de trancrire en quelques minutestous les sentiments éprouvés par l'enfant violée par son père.
Rien de lourd rien de caricatural quand , tout en évoquant le monde del'école avec son prof de maths, sadique (pléonasme, bien sûr),elle traite mine de rien du problème des sans-papiers,"Liberté j'écris ton nom mais sans papiers, c'est pas pratique".Chanteuse engagée oui, mais sans rien de l'aspectcaricatural, l'humour et la virtuosité dans le maiement des mots. sontà pour alléger le tout.
le monde d'agnès Bihl, c'estaussi celui des régimes, des histoires d'amour (souventratées), des femmes qui se font belles, tellement libresque"j'suis libre tous les soirs", énumérant tous les types de garçonsrencontrés, mais aussi débinant avec une perfidie raffinée celledont elle voudrait prendre la place : "Après tout elle est tropmodeste, Elle cache si bien ses qualités...Et puis son âge, comme c'est curieux Vu qu'c'est pourtant ce qu'lle fait d'mieux". Vous l'aurez compris, Agnès vaut mieux êtresa copine ! :) Et ça tombe bien, j' l'adore !
04/02/2008 | Lien permanent | Commentaires (20)
Enfants cabossés
Jean-Louis Fournier, j'ai d'abord fait sa connaissance par personnages interposés : ceux que je guettais dans l'émission "L'île aux enfants" (voilà qui ne me rajeunit pas), à savoir Antivol, l'oiseau au sol (il a le vertige) et La Noiraude, la vache qui rêve d'être une biche et téléphone à son vétérinaire pour lui exposer ses runinations ou ses rêves...
Toujours sans savoir qu'il était aux manettes (en tant que réalisateur) , je n'aurais manqué pour rien au monde "La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède", où dès l'apparition de la bouille souriante du regretté Pierre Desproges oscillant au rythme du balancier d'une horloge comtoise,en un réflexe quasi pavlovien, j'avais déjà le sourire aux lèvres...
J'ai enfin pu faire le lien entre tous ces éléments quand je me suis jetée comme la vérole sur le bas clergé sur ses manuels à la fois drôles et impertinents où je piochais sans vergogne des exemples pour mes exercices de français, provoquant ainsi soit l'icrédulité de mes élèves, soit leur hilarité...
Jean-Louis Fournier et moi c'est donc une longue histoire car je suis une fan absolue de son humour à la fois tendre, absurde et noircissime, de sa grosse baronne et de ses voitures ,pratiques car on peut y loger un cercueil, en abaissant le siège arrière , bien sûr .
Alors, quand Jean-Louis Fournier dans Où on va papa? prend le risque d'évoquer un thème " casse-gueule",au possible, nous présentant dans de courtes vignettes des instantanés de sa vie avec ses deux enfants pas comme les autres, on le suit en confiance, certains d'échapper au récit convenu, à la guimauve des bons sentiments. Il ne se donne pas le beau rôle , Jean-Louis, loin s'en faut, et il préfère rappeler que grâce à ses enfants il a pu être exempté de vignette automobile et ainsi rouler dans de somptueuses voitures étrangères où il promenait ses petits princes cabossés...Qui d'autre que lui pouvait nous faire rire avec un Noël dans un institut où les parents doivent se mettre à l'abri sous les tables pour éviter les boules de pétanque, cadeau qu'un père a eu la " bonne" idée d'offrir à son fils ? Qui d'autre que lui pouvait écrire
"Si vous aviez été comme les autres , j'aurais peut être eu moins peur de l'avenir.
Mais si vous aviez été comme les autres, vous auriez été comme tout le monde.
Peut être que vous n'auriez rien foutu en classe.
Vous seriez devenus délinquants.
Vous auriez bricolé le pot d'échappement de votre scooter pour faire plus de bruit.
Vous auriez été chômeurs.
Vous auriez aimé Jean-Michel Jarre.
Vous vous seriez marié avec une conne.
Vous auriez divorcé.
Et peut être quevous auriez eu des enfants handicapés.
On l'a échappé belle."
Carapace de l'humour pour affronter la loterie génétique.
Où on va, papa? Jean-Louis Fournier . Stock. 155 pages bourrées de tendresse et d'humour souvent très noir.
Le billet de Solenn qui vous emmènera vers plein de liens.
Celui de Joëlle.
11/11/2008 | Lien permanent | Commentaires (20)