04/02/2009
Une enfance enchantée
"Je me pris d'amitié pour ces scorpions.C'étaient, somme toute, des animaux plaisants, sans prétention et qui avaient des moeurs charmantes.", ainsi parle le jeune Gerry Durell, 10 ans, qui est prêt à se lier d'amitié avec tout ce que la nature compte d'habitants à poils ou à plumes , chiens , pies, hiboux, albatros, insectes et autres reptiles qu'il observe avec passion dans la nature édénique de Corfou, mais aussi qu'il rapporte à la maison, occasionnant quelques catastrophes mémorables."-Cette maison est un enfer, je vous assure. il n'est pas un coin qui ne fourmille de bêtes malintentionnées prêtes à se jeter sur vous. Un geste aussi simple, aussi inoffensif que celui d'allumer une cigarette est plein de risques. D'abord, j'ai été attaqué par un scorpion, une bête hideuse qui a répandu du venin et des petits partout. Puis ma chambre a été saccagée par des pies. Maintenant il y a des serpents dans la baignoire et des bandes d'albatros volent autour de la maison avec des bruits pareils à ceux d'une tuyauterie défectueuse.
-Larry, mon chéri, tu exagères, dit Mère souriant vaguement aux invités."
Voilà résumée en quelques lignes la tonalité de ce récit si délicieusement anglais, où une famille d'excentriques s'installe à Corfou pour fuir la grisaille britannique et ne cesse de déménager pour loger les invités trop nombreux du fils aîné ou au contraire fuir l'arrivée d'une parente envahissante ! Évidemment, sur place ils vont se lier d'amitié avec des personnages tout aussi pittoresques et sympathiques qu'eux, amis que le jeune Gerry va observer avec autant de zèle que ses insectes favoris. On ne sait quel animal ou quel humain préférer , tant ils nous font rire (attention livre à ne pas lire en public, sous peine de passer pour une folle dingue !) et jamais des bébés perce-oreilles n'auront été aussi attendrissants que présentés par Gerald Durrell : "Mais c'était une belle couvée de jeunes perce-oreilles, , tout petits, fragiles, comme sculptés dans l'ivoire.(...) C'était un spectacle qui réchauffait le coeur (...) Ma famille merveilleuse s'était dispersée à travers le jardin.Plus tard, je revis un des bébés. il était naturellement plus gros, plus brun et plus fort mais je le reconnus tout de suite. Il était roulé en boule dans un labyrinthe de pétales de roses , en train de faire un somme, et, quand je le dérangeai,il leva ses pinces avec irritation. J'eusse aimé croire que c'était un salut, un joyeux accueil, mais j'étais honnêtement obligé d'admettre que ce n'était que l'avertissement d'un perce-oreilles à un ennemi en puissance. Je l'excusai pourtant. Il était très jeune, après tout, la dernière fois que je l'avais vu." Autant de bonne volonté ne pouvait que me plaire et je suis tombée follement amoureuse de ce livre, l'emmenant partout avec moi, grappillant quelques lignes chaque fois que c'était possible, le cornant éhonteusement quasiment à chaque page, me régalant des descriptions sensuelles de la nature de Corfou et me réchauffant le coeur !
Un livre à conseiller aux dépressifs !
Ma famille et autres animaux. Gerald Durrell. Gallmeister qui pour une fois a troqué la sobriété de ses couvertures pour un orange pétant !