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25/11/2008

"Tous avaient triomphé à leur façon. Simplement en vivant, en parvenant à leur âge."

Les  héroïnes de Mary Gordon craignent souvent de se  faire rattraper par un passé qu'elles considèrent comme peu  glorieux, vaguement humiliant. Par conséquent , elles ne mentionnent même pas la présence , pourtant évidente,de celles qui  incarnent "Celle que nous craignons de devenir quand nous aurons perdu notre prospérité.
Celle  que nous sommes réellement."
Ce sentiment d'imposture les taraude  , tout comme les erreurs d'interprétation qu'elles commettent ou qu'on commet à leur encontre, même si cela leur serait favorable.51iA2K60hnL._SL500_AA240_.jpg
Elles  cherchent à se "créer un monde exempt de perturbations" mais  évidemment  se prennent la réalité en pleine figure. Il ne leur reste donc plus qu'à  se préserver un semblant de dignité pour continuer à avancer...
Les petites filles  des nouvelles de Mary Gordon débusquent  les intentions  cachées  derrière la bonté apparente des  adultes et ne se veulent  redevables de rien. Elles  observent le monde avec acuité , et leur vision parcellaire n'en est pas moins dérangeante pour  leur entourage.
Tout ceci  pourrait être  sinistre,il n'en est rien car la plume de Mary Gordon est alerte , pleine d'humour  et d'empathie pour  ses personnages.
Kathleen, Nettie,  et tous les autres, sans oublier Le mari  de la Traductrice, apprécient la douceur d'une pluie , s'entendent  comme larrons en foire et savent faire souffrir sans remords ou presque.
Fil rouge entre  tous ces récits,  une narratrice écrivaine , situation qui ne la préserve pas  du sentiment d'imposture  ,  qui donne à voir en action le travail de création littéraire.
Vingt et une nouvelles aux tonalités très différentes mais qui réchauffent le coeur.  Une écrivaine à  découvrir sans tarder, foi  de livre corné !

 

Mary Gordon.  Le  mari  de la  traductrice.  Quai Voltaire.408 pages