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23/08/2011

Ru

"Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu'ils n'auront pas d'argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu'ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d'une grappe de glycine, la fragilité d'un mot, la forme de l'émerveillement. Plus encore ils nous ont offerts des pieds pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini. C'est peut être suffisant comme bagage pour continuer notre voyage par nous-mêmes. Sinon, nous  encombrerions inutilement notre trajet avec des biens à transporter, à assurer, à entretenir. (...)
Alors, j'essaie le plus possible de n'acquérir que des choses qui ne dépassent pas les limites de mon corps."

Une forme éclatée - des textes courts- pour dire l'exil forcé dans le ventre dun bateau ,l'internement dans un camp de réfugiés en Malaisie,  les souvenirs du Viet-Nam mais aussi l'arrivée au Québec et la vie actuelle de la narratrice, autant de fragments ténus mais d'une force incroyable pour dire la volonté de survivre, de cueillir quelques fragments de bonheur dans les situations les plus difficiles.kim thùy,exil,sud-vietnam
Pas de continuité narrative ou temporelle possibles dans un monde qui n'est jamais vécu comme sûr et/ou stable mais une vie marquée par cette volonté de rêve auquel se fier pour avancer. L'adaptation tragi-comique aux coutumes québécoises, l'attachement à l'odeur d'un assouplissant, autant de manières sensibles de se maintenir en équilibre et d'aller de l'avant, vers l'épure.
Un texte qui évite tout pathos -ce que je craignais le plus-et qui en 143 petites pages nous dit tout à la fois "l'écoulement de larmes , de sang, d'argent" et la berceuse que signifie son titre en vietnamien. Un petit ruisseau qui a coulé dans de nombreux blogs et qui vient de sortir en poche.

Ru, Kim Thùy, Liana Levi Piccolo.