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Malo de Lange, fils de voleur
"Il n'y a pas que les colliers de perles qui font plaisir aux dames, comme disait Salomé en recevant la tête de saint Jean-Baptiste sur un plateau."
Qui est vraiment Malo ? Il ne nous faudra pas moins de 272 pages riches en événements dramatiques pour connaître l'identité de cet enfant qui se sent tiraillé entre le bien et le Mal car il est "marqué" dans tous les sens du terme par son passé.
Tantôt honnête, tantôt "pégriot" (voleur minable), il ira de Tours à Paris, rencontrant le pire et le meilleur, connaissant le froid et la faim, mais arrivant toujours à se tirer d'affaires par son intelligence et son art de la manipulation, sachant "ouvrir le robinet à larmes " aussi bien pour gagner du temps que pour émouvoir.
Il endossera bien des identités, allant même jusqu'à se travestir en fille et fréquentera le monde des chauffeurs* (de sinistre mémoire), des venterniers**ou des frimousseurs***, jaspinant-pardon-parlant argot afin de mieux se fondre dans la masse des arnaqueurs de tout poil.
Enfants abandonnés, enfants volés, amours contrariées, monde haut en couleur des grinches (voleurs), coups de théâtres, moments d'émotion, Marie-Aude Murail reprend avec un enthousiasme contagieux tous ces motifs des romans d'aventures du XIXème siècle , et l'on trouve dans Malo De Lange, fils de voleur aussi bien des échos de Dickens ou d'Hector Malot("sans famille") que des aventures de Vidocq,aventures que je suivais jadis avec ravissement à la télévision.
Je craignais un peu que l'utilisation de l'argot (pas systématique d'ailleurs et toujours traduit) n'alourdisse le récit mais au contraire il le rend plus savoureux, tout comme d'ailleurs les comparaisons pince-sans rire et teintées d'humour noir de Malo qui ponctuent un récit qui n'a rien de mièvre. On se coule avec bonheur dans un texte qui réussit le pari de nous surprendre tout en nous conduisant sur des chemins connus. A dévorer sans plus attendre !
*bandit qui brûle les pieds des gens pour leur faire dire où sont leurs économies.
**voleur qui s'introduit dans les maisons par les fenêtres ouvertes.
***tricheur aux cartes.
Malo de Lange, fils de voleur, Marie-Aude Murail, École des Loisirs 2009, 272 pages qui fleurent bon l'aventure.
L'avis de Clarabel.
Un coup de coeur pour Lucien, chez Marie !
01/12/2009 | Lien permanent | Commentaires (15)
Quand le diable sortit de la salle de bain
"Il y avait bien entendu la question du crédit, ces satanées charges, mais je ne m'enlèverai pas entièrement du crâne que le travail, c'est aussi de la came, du chasse-conscience, c'est l'évacuation de soi par un moyen extérieur."
Sophie, trentenaire au chômage,connaît "la dèche" et en analyse avec précision les conséquences, l'une d’elle étant "de vous claquemurer dans vos soucis".à cet enfermement, à cette raréfaction des relations humaines aussi, s'oppose la grande liberté d'expression de la narratrice qui ne s'interdit rien ni les fantaisies typographiques, ni les remarques de sa mère qui commentent ses actions ( un peu comme une voix off), ni les longues énumérations foutraques (je n'aime pas les hommes qui... ), les listes de synonymes, l'intervention d'un diable lubrique, sans oublier celles un ami tout aussi désargenté qu’elle qui connaitra un entretien surréaliste et hilarant chez Pôle Emploi. Quant au plaidoyer du grille-pain qui ne veut pas être vendu, en vers raciniens, s'il vous plaît, c'est un petit chef d’œuvre d'émotion, si si !
Les ruptures de tons et la fantaisie débridée ne doivent pour autant pas faire oublier les descriptions très justes du monde de la restauration, la réflexion sur la manière dont ceux qui travaillent envisagent les chômeurs et l'impossibilité de partager avec sa famille, pourtant bienveillante, ses soucis.
Sophie Divry réussit un pari a priori fou: évoquer la pauvreté de manière extrêmement précise sans jamais tomber dans le pathos et en faisant tout à la fois sourire et réfléchir son lecteur.Jubilatoire.
Quand le diable sortit de la salle de bain, Sophie Divry, Notabilia 2015, 306 pages bourrées d'inventivité et d'énergie.
Cuné a aussi beaucoup aimé.
Yv, aussi !
31/08/2015 | Lien permanent | Commentaires (18)
Chroniques de la débrouille / La théorie de la tartine
"Je sais que chafouin signifie sournois, mais mon cerveau a arbitrairement décidé qu'il était en fait l'équivalent de "petite tête de marmotte un peu triste, déçue, contrariée et fatiguée". je vais notifier cette modification du dictionnaire à l'Académie française par un courrier avec accusé de réception et hop, le tour sera joué."
Mon parcours avec Titiou Lecoq, romancière , chroniqueuse et blogueuse médiatique a é quelque peu chaotique. D'abord, un échec de lecture, les Morues, rien que le titre m'était resté en travers de la gorge, la demoiselle ne faisant pas dans la dentelle, mais la grossièreté c'est parfois roboratif et ici toujours pleinement assumé , ce qui n'est déjà pas mal.
Puis, cédant aux appel de sirènes, Cuné et Antigone en tête, et d'une offre promotionnelle sur liseuse, je me suis procuré La théorie de la tartine, que je n'ai pas lâché.
Paradoxalement, ce n'est pas tellement l'histoire de cette jeune femme qui voit ses ébats amoureux livrés en pâture sur internet en 2006 par un ex vengeur et accumule ensuite les ennuis (d'où le titre) qui m'a le plus intéressée.
J'ai , en effet, plutôt lu ce roman comme un panorama de l'évolution nos relations à internet, et le point de départ comme un prétexte.
Ce qui remonte à peine à dix ans apparaît déjà presque comme de la préhistoire !
J'ai enchaîné enfin avec Chroniques de la débrouille, , paru aux éditions Fayard sous le titre Sans télé, on ressent davantage le froid et là je me suis vraiment régalée ! Le talent de Titiou Lecoq donne sa pleine mesure dans le format court ! Son humour, parfois trash, parfois plus littéraire fait un bien fou ! Ces tranches de vie (parfois sanguinolentes comme une tranche de foie crue, les lectrices ayant vécu un retour de la maternité apocalyptique comprendront), sonnent juste et ce portrait d'une génération est tout à la fois enlevé et plein de vie !
13/05/2015 | Lien permanent | Commentaires (12)
Pattes de velours, oeil de lynx
"Mes enfants sont beaux et gras, les yeux ronds comme ceux d'un chat.Les voisins sont maigres et laids, les yeux fins comme ceux d'un chien." (proverbe suédois)
Sara et Björn, un jeune couple, sont ravis d'avoir quitté la vie citadine et l'immeuble, empli de voisins psychorigides et racistes ,où ils habitaient.
Ils emménagent à la campagne, un espace de liberté dont ils vont pouvoir aussi faire profiter leur chatte, Michka.
Las, leurs seuls voisins, au demeurant de prime abord fort sympathiques, ont un chat dominant qui entend bien rester le maître absolu de son territoire.Très vite, Sara et sa voisine, Agneta, vont entamer une guerre larvée où vont réapparaître les blessures du passé.
Partant d'une situation vécue, expliquée dans la postface, Maria Ernestam instille en une centaine de pages une atmosphère qui vire très vite à l'aigre et affirme le pouvoir de la nature sur toutes les entreprises humaines.
Un petit délice à ne pas manquer !
Chez Gaïa Éditions 2015, traduit du suédois par Esther Sermage. 9 euros
15/10/2015 | Lien permanent | Commentaires (15)
De tout, un peu...
Mai a filé à toute allure avec ses changements brusques de températures (nous avons déjeuné deux fois dans le jardin)et ses jeudimanches en cascades...
J'ai terminé deux saisons d' une seule série, The News Room avec bien peu d’enthousiasme d'ailleurs, car si les coulisses du journal de télévision américaine sont intéressantes, les intrigues amoureuses annexes sont prévisibles au possible.
Coup de cœur pour un seul film : Dans la cour, une comédie dramatique de Pierre Salvadori, avec des répliques au cordeau qui m'ont faire rire (sous cape, nous n’étions que trois dans la salle !). Catherine Deneuve, retraitée active , préoccupée par une fissure grandissant à la fois dans son mur et dans sa vie, va trouver de la compréhension et du soutien auprès d'un auto-proclamé "spécialiste de l'accablement", interprété par Gustave Kervern.
Les ruptures de ton surprennent et on ne comprend parfois certaines situations qu'à retardement, ce qui les rend encore plus savoureuses. Peinture d'un microcosme parfois croquignolet, parfois émouvant, on oscille entre rires et émotions avec pour seul viatique un poème de Raymond Carver, "Sleeping" ("Dormir"), qui figure dans le recueil La vitesse foudroyante du passé, en poche.
Il a dormi sur les mains.
Sur un rocher.
Sur ses pieds.
Sur les pieds de quelqu'un d'autre.
Il a dormi dans des bus, des trains, des avions.
Dormi pendant le service.
Dormi au bord de la route.
Dormi sur un sac de pommes.
Il a dormi dans une sanisette.
Dans un grenier à foin.
Au Super Dôme.
Dormi dans une Jaguar et sur la plate-forme d'un pick-up.
Dormi au théâtre.
En prison.
Sur des bateaux.
Il a dormi dans des baraquements et, une fois, dans un château.
Dormi sous la pluie.
Sous un soleil ardent il a dormi.
A cheval.
Il a dormi sur des chaises, dans des églises, des hôtels de luxe.
Il a dormi sous des toits étrangers toute sa vie.
Maintenant il dort sous la terre.
Il n'en finit pas de dormir.
Comme un vieux roi.
Raymond CARVER
31/05/2014 | Lien permanent | Commentaires (9)
Une putain de catastrophe
"Les Wilson sont dans une impasse linguistique.Vous, Jeremy, investirez leur mariage. Vous allez, pour ainsi dire, bivouaquer sur leur champ de bataille conjugal.
-Seigneur ! s'exclama Cook. je préfèrerais conduire un camion charge de nitroglycérine."
Au chômage, le linguiste Jeremy Cook est embauché par L'Agence Pillow, cabinet de conseil conjugal,dont la particularité est d'envoyer à demeure un spécialiste du langage pour régler les conflits entre époux.
Au bord de la rupture, les Wilson voient donc débarquer celui qui, à première vue, paraît à mille lieues de comprendre la situation, étant lui-même un célibataire endurci .
Malentendus sur des pronoms, attentes totalement opposées, Jeremy observe, interroge et, tout en suivant la plus bizarre des méthodes, met à jour les mines anti-mariages susceptibles d'exploser à la plus petite occasion. C'est drôle, acéré, souvent pertinent et chacun se reconnaîtra dans l'un des motifs de dispute ou d’insatisfaction évoqués dans ce roman.
Une putain de catastrophe, David Carkeet, traduit de l'anglais (E-U) par Marie Chabin. Éditions Monsieur Toussaint Louverture 2014, 310 pages qui donnent le sourire.
Du même auteur, j'avais aussi aimé: clic et reclic .
Le billet de Papillon.
19/05/2014 | Lien permanent | Commentaires (13)
En cas de forte chaleur
"Il a beau se reposer sur elle, éprouver pour elle un attachement jamais démenti, elle n'a aucune idée de ce qui se passe derrière ces lunettes, ignore quelles pensées couvent sous ces cheveux gris épais."
En cet été caniculaire de 1976, un événement vient chambouler la routine d'un coupe de retraités: Robert part acheter son journal et ne revient pas. Gretta ,sa femme, donne l'alerte et les trois enfants adultes se rassemblent pour faire front malgré leurs dissensions et leurs secrets.
"Comment se fait-il qu'au bout de vingt-quatre heures passées en famille, on se retrouve adolescente ? Est-ce que cette régression va perdurer ? ", se demande la benjamine rebelle ,Aoife.
Maggie O'Farrell scrute avec bienveillance la manière dont se remettent aussitôt en place les vieilles rivalités , mais aussi les anciens rôles ,quand la fratrie se réunit. à cette situation s'ajoutent les crises personnelles que Aoife , son frère Michael Francis et sa sœur Monica traversent, de manière bien différente.
La vie n'est jamais tranquille dans cette famille irlandaise exilée à Londres et cette constellation familiale , pleine de contradictions, réserve bien des surprises. Mais plus qu'à ces rebondissements, c'est à l'intimité de chacun que s'attache l'auteure, à la relation que chacun tisse avec les autres, par delà les mots et le temps, de manière infinitésimale. Un style imagé et limpide, des personnages plus qu'attachants et une narration fluide qui ne vous lâche pas en route. Un gros coup de cœur , malgré une fin un peu convenue, constellé de marque-pages.
Du même auteur: clic ( L'étrange disparition d'Esme Lennox, Cette main qui a pris la mienne)
En cas de forte chaleur, Maggie O'Farrell, traduit de l'anglais (Irlande) par Michèle Valencia, Belfond 2013, 378 pages sensibles.
15/01/2014 | Lien permanent | Commentaires (10)
Bilan de janvier
Rien de transcendant apparemmment ce mois-ci, plutôt des coups de griffes contre
*Le(s)? scénariste(s) qui, à force de vouloir profiter du filon des personnages de Kate Atkinson (en particulier Jackson Brodie, le si craquant) ont versé dans le grand n'importe quoi dans cette saison 2. Un seul épisode correct , basé sur roman , Parti tôt , pris mon chien et les deux autres ...exaspérants au possible. à fuir.
* The Americans, série américaine mettant en scène un couple d'espions soviétiques installé aux Etats-Unis dans les années 80. Aux magouillages d'espions viennent s'ajouter les tensions entre les deux héros , appariés par leur état-major, qui ont eu deux enfants , symbolisant ainsi la famille typique américaine. Pour pimenter le tout, évidemment les enfants ne sont pas au courant de la vraie profession de leurs parents et un membre du FBI vient s'installer avec sa propre famille juste en face des espions soviétiques !
La réalisation est mollassonne et comment croire qu'un homme affublé d'une perruque atroce , lui donnant l'air d'un psychopathe, puisse séduire une secrétaire , même en manque affectif ?
*Les programmateurs de DCI Banks, série classique mais efficace, qui n'ont rien trouvé de mieux que de programmer l'épisode pilote le 30 janvier. Du coup, nous connaissons d'avance le coupable car un épisode programmé précédemment y faisait référence. De l'art de se tirer une balle dans le pied.
* Heureusement, heureusement, nous sommes allés au théâtre voir Instants critiques, une adaptation de François Morel et Olivier Broche d’après les échanges entre Jean-Louis Bory et Georges Charensol lors de l’émission Le Masque et La Plume sur France-Inter.
La mise en scène François Morel, pleine de rythme d'inventivité et de tendresse donne leur pleine mesure à ces échanges parfois musclés, mais toujours pleins d'humour entre les deux critiques de cinéma en apparence si opposés. D'un côté Jean-Louis Bory, plein de sensibilité , qui s'approprie les films "intellos" de Pasolini ou Godard. De l'autre, Charensol qui affecte aimer un cinéma plus commercial. Mais tous deux se rejoignent pour conspuer Alain Delon ou communier en chanson avec "Les parapluies de Cherbourg". Une magnifique complicité donc et de l'émotion tout à la fin du spectacle pour évoquer avec délicatesse la disparition de Jean-Louis Bory.
Je craignais un peu l'aspect statique de ces échanges mais Olivier Broche, Olivier Saladin et Lucrèce Sassella au piano, (car oui, autrefois un pianiste accompagnait les échanges de l'émission de France Inter) ,chantent, dansent,et font revivre avec sensibilité ces échanges quasi mythiques ! à ne pas rater !
31/01/2014 | Lien permanent | Commentaires (23)
Tous les chiens de ma vie
"Peut être les maris ne m'ont-ils jamais bien réussi."
Même si Elizabeth von Arnim l'affirme péremptoirement "Il fut évident que je suis faite pour les chiens, comme les chiens paraissaient faits pour moi", la manière désinvolte dont elle traite ses premiers compagnons peuvent nous en laisser sérieusement douter.
Ce n'est qu'au fil du temps, devenue veuve et ses enfants (sa "portée" (sic) )ayant quitté la demeure maternelle, que va pouvoir s'approfondir la relation qu'elle tisse avec Tous les chiens de [sa] vie. La place qu'elle leur accorde devient au fil des pages plus importante et émouvante. En effet, même si elle s'en défend à plusieurs reprises, ce récit censé être consacré aux canidés s'égare souvent en digressions savoureuses où l'auteure croque ses contemporains et elle -même avec beaucoup d'humour et de piquant : " Si ce livre n'était pas entièrement consacré aux chiens, je ferais ici une digression à propos d'un grand-oncle et d'une grand-tante, qui moururent exactement comme lui,* après un dîner exquis. Dans leur cas, on n’avait pas eu besoin de vétérinaire."Tout en légèreté, sans jamais s’appesantir sur les aléas de sa vie , cette anglaise, exilée par son premier mariage en Poméranie, mène sa barque avec une modernité remarquable. Dotée d'autant d'énergie que les chevaux ou les chiens qu'elle entraine dans de grandes balades, elle eut une vie plus agitée encore qu'elle nous le laisse entendre (merci aux notes en bas de page qui permettent de contextualiser).
Une écriture sans rien d'empesé, pleine de vivacité, fait de ces 247 pages un petit délice !
Merci à Libfly et aux éditions Omnia poche !
* son chien Pincher.
20/01/2014 | Lien permanent | Commentaires (12)
Le bruit de la gifle
"Personnellement, j'ai toujours été très famille.Malheureusement, en fait de parents proches, je n'ai plus que mon père, et sans doute pas pour très longtemps: je songe en effet à m'en débarrasser."
Un peu de paix, une parenthèse de silence, de solitude, brève ou définitive, voilà ce à quoi aspire la plupart des personnages des nouvelles d'Emmanuelle Urien dans Le bruit de la gifle.
En quelques pages, la nouvelliste crée ainsi des univers très différents mais toujours au plus près des sensations et des sentiments de ses personnages. Nous sommes au bord d'une plage du Nord où un homme vient effectuer un étrange pèlerinage , savourant immuablement un goûter d'enfance: "Pain, beurre, chocolat" "en savourant la moindre miette, lentement grimaçant chaque fois que ses dents crissaient sur les grains de sable qui s'immisçaient à l'intérieur du sandwich, quelques soient les précautions prises pour l'envelopper.", à bord d'"un bateau sur l'eau" avec un homme perdu qui joue à l'aventurier, dans un drame rural où l’héroïne mettra "Les pieds dans le plat", conciliant Éros et Thanatos, gourmandise et amour. Entre autres.
Souvent d'ailleurs, l'auteure glisse une petite phrase qui, mine de rien, nous annonce ce qui se joue en sous-main: " Violette saisit l'inspecteur par le bras, comme si elle voulait l'emmener en promenade. Le balader pour ainsi dire."
Entre humour noir et tendresse, Emmanuelle Urien scrute le cœur de ses personnages avec bienveillance, nous gratifiant au passage de superbes phrases témoignant de son sens de l'observation et de sa finesse psychologique : "Quelquefois le promeneur espère malgré tout qu'elle changera, d'elle même; qu'elle se fatiguera de sa propre douleur à vivre, et découvrira l'autre versant des choses, celui où on peut se réjouir. De ce qui est, de ce que l'on a . Il se dit qu'elle chemine pour atteindre le sommet. Qu'il faut du temps. Qu'elle a de petites jambes."
Le bruit de la gifle, Emmanuelle Urien, Éditions Quadrature 2014, 101 pages qui ne nous laissent jamais sur notre faim.
04/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (13)