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Rechercher : Bernadette a disparu

Nouvelles Le Un (ailleurs)

"Ailleurs est réjouissant parce qu'il n'est pas exil, ilM7857H_cache_s212017.jpg est une épopée choisie, la possibilité de retour existe." (Valentine Goby)

"Ailleurs" est un mot protéiforme, un "mot blanc" pour Valentine Goby, c'est à dire un de ces termes"émotionnellement neutres, qui ne s'animent, ne deviennent signifiants, qu'habités par une histoire singulière". Et des histoires singulières, autobiographiques ou fictives ce recueil de nouvelles n'en est pas avare.Jugez un peu. C'est d'abord Lydie Salvayre  qui nous prend à partie, s'emportant contre cet ailleurs qu'on veut nous vendre à tout prix, refusant de "s'illusionner à bon compte", avant de terminer par une pirouette. En cela, elle rejoint d'une certaine manière  Véronique Ovaldé, plus ambiguë dans sa relation à l'ailleurs.
Quant à Valentine Goby,elle tisse deux conceptions opposées mais se rejoignant dans la tendresse que distille ce texte, le plus riche sans doute de ce recueil.
Très émouvante aussi la nouvelle de Karine Tuil, évoquant cet ailleurs définitif vers lequel son père est parti, revisitant sa relation avec le disparu à l'aune du film "Toni Erdmann".
Melin Arditi se penche quant à lui sur d'autres liens familiaux plus douloureux, ceux unissant Van Gogh à son père.
Traverser la frontière est aussi un thème qui revient dans ces textes, que ce soit par le biais de ces enfants rats qui , via les égouts passent du Mexique aux États-Unis, découverts grâce à J.M.G Le Clézio,ou la rêverie de l'héroïne de Catherine Poulain. Rêver, les héros de Nathacha Appanah, le font aussi sur la jetée où se fracassent leur existences.

Un recueil riche et varié à découvrir en librairie ou chez son marchand de journaux.

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Monologues de la boue

"Pour toi le but est de faire chemin, d’être en chemin, d'être chemin."

Des récits de marche, les  premiers, de frontière à frontière (de Boulogne-sur mer à la Belgique, du Nord de la France au Jura, des Ardennes à la Suisse), le dernier au delà de St Jacques de Compostelle. Une femme marche seule, pour se réapproprier un territoire, amalgamant  monologue intérieur, bribes de dialogues, impressions, sensations pour mieux "Devenir boue, s'enfoncer par les ongles, fouir, fouine, ronflement des fossés, pleurs des marcassins, des hérissons. Les bêtes qui ne parlent pas. "colette mazabrard
Elle capte le "travail de la forêt",ses "frémissements", tout comme elle engrange les émotions de ceux qu'elle croise, et tout nous devient intensément présent, sensible et fort , en quelques notations.
Deux préoccupations, aux antipodes l'une de l'autre, ponctuent  ces textes : pour les uns , la "Petite chanson de la peur: "Pardonnez-moi, je vais être indiscrète, mais vous n'avez pas peur toute seule la nuit ? ". à laquelle répond en écho celle de la narratrice : "éviter d'écraser les escargots".
Le dernier texte ajoute à ce flux de sensations et de dialogues, intérieurs ou non, celui adressé à une femme disparue, dont il faut apprendre à se séparer.
Une écriture  fluide et poétique qui épouse les contours du chemin, pour mieux nous le montrer sous un nouveau jour,plus riche, plus dense. Une révélation !

Merci à Clara de m'avoir donné envie !

 

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La fille du train

"Pour la première fois depuis bien longtemps, je m'intéresse à autre chose qu' à mon propre malheur. J'ai un but.Ou, en tout cas, une distraction."

Par la fenêtre de son train de banlieue du matin, ou du soir, Rachel observe les habitants d'une maison située en bord de voie. Un couple idéal à ses yeux, une vie parfaite qui s'offre comme un contrepoint à celle qu'elle connaît.paula hawkins
Mais un jour, une scène vient troubler la belle harmonie et Rachel apprend quelques jours plus tard que la si jolie jeune femme de la maison a disparu. Elle décide alors de s'immiscer dans cet univers qui fut naguère le sien...
C'est sur la foi d'une critique de Telerama  (qui en disait beaucoup moins  que la quatrième de couv') que j'ai commencé la lecture de ce thriller psychologique. J'ai aussitôt été happée et par les personnages (trois femmes prennent la parole ) et par le récit  qui opère un virage à 180° dans le dernier tiers. Les informations sur la narratrice principale sont distillées au compte-gouttes , estompant ainsi le côté pathétique de sa situation.
Ce voyeurisme banal, qui n'a pas saisi au vol des scènes de vie  au cours d'un voyage en train ?, est exploitée pleinement par Paula Hawkins qui ferre d'emblée son lecteur et ne le lâche plus ! Voilà longtemps que je n'avais dévoré un thriller avec autant d'appétit !

La fille du train, Paula Hawkins, traduit de l'anglais par Corinne Daniellot, Sonatine 2015, 379 pages à dévorer, par forcément dans les transports en commun, de crainte de louper son arrêt !

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Les règles d'usage

"L’héroïne, c'est une survivante ,comme toi."

Le matin du 11 septembre 2001, Wendy 13 ans s'est disputée avec sa mère. Rien de grave, les remous de l'adolescence.
Mais sa mère ne reviendra pas: elle travaillait dans une des tours du World Trade Center. Commence alors une période troublée pour l'adolescente, dans un premier temps en compagnie de son petit frère Louie et de son beau-père, un homme responsable et profondément amoureux de la disparue.
Elle rejoindra ensuite en Californie son père biologique, qu'elle ne connaît quasiment pas et qui s'est très peu investi jusqu'à présent dans son éducation.joyce mainard,11 septembre 2001
Passant d'un univers très cadré à une façon de vivre beaucoup plus détendue, Wendy cherche son chemin et, au fil des rencontres (un libraire, une mère adolescente, une jeune skater à la recherche de son père), elle finira par trouver ce qui lui convient vraiment.
On pouvait craindre le pire avec un tel thème mais l'héroïne adolescente de Joyce Maynard avance sans pathos, guidée par quelques lectures conseillées par son ami libraire et aussi aidée par la musique. La bienveillance domine même si la situation de la mère adolescente n’est en rien édulcorée.
L'avenir dira si le roman de Joyce Maynard restera dans les mémoires aux côtés des autres romans de formation évoqués dans Les règles d'usage mais en tout cas, pour moi, il le mériterait largement. Un roman apaisant et apaisé.

Les règles d'usage, Joyce Maynard, traduit de l’anglais (E-U) par Isabelle D. Philippe, Editions Picquier 2016, 472 pages qui se tournent toutes seules.

l'avis de Sylire, celui de Séverine

 

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Devance tous les adieux

"La patience, c'est l'angoisse qui sait enfin respirer."

"Trente ans après les faits, un fils raconte le suicide de son père". Une phrase laconique et factuelle qui risque de faire fuir si l'on en reste là. Mais ce serait dommage, vraiment dommage de laisser de côté ce texte, sorti directement en poche dans la collection "Points vivre", tant il est lumineux et apaisant.
Déniché par hasard sur une étagère de ma librairie , c'est la préface, rédigée par Christian Bobin, qui m'a décidée à l'emporter. L'auteur de L'épuisement parle d'écriture à la hache et c'est vrai qu'Ivy Edelstein va à l'essentiel mais son épure est poétique et tout sauf violente.ivy edelstein
Par petites touches, se compose le portrait d'un homme fragilisé, aimant  et aimé par son fils : "Parfois, je m'installais près de lui comme on s'assoit près d'une cheminée pour entendre ces craquements du bois dans le feu qui nous disent de ne pas nous inquiéter."
Émaillé de réflexions qu'il faut laisser le temps d'infuser en soi, "Ce petit livre est [son] recueil", c'est aussi une magnifique lettre d'amour à un père disparu.

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Histoires

"Il n'avait pas peur; il se contentait d'être, dans la coulée des jours, entre la maison, la cour, et le jardin."

Les nouvelles qui composent ce livre-Marie-Hélène Lafon préfère ce terme à recueil car"livre bien plus que recueil, rassemble et ramasse, embrasse et noue d'un seul geste textuel, d'un seul élan, les pièces et morceaux qui le constituent."- nous disent un monde fluide et dense, organique.
Un monde où la maison est un lieu essentiel, avec lequel se fonde quasiment la viande des humains. Elle leur survivra, leur assure même parfois la garantie d'une mort rapide, comme dans "La maison Santoire."
Les humains, eux, sont avares de mots et leurs gestes traduisent davantage leurs émotions. Tout est contenu, parfois jusqu'à l'implosion.marie-hélène lafon
Marie-Hélène Lafon nous dit le temps qui passe, un monde quasi disparu , où des rituels infimes, le choix d'un type de tasse est plus révélateur qu'un long monologue. On se laisse captiver par ces textes qui font parfois écho à des romans, l'autrice nous en éclaire la genèse dans un dernier texte où elle nous révèle aussi sa volonté: "En trois pages, en dix ou en trente, il faut, il faudrait tout donner à voir, à voir et à entendre, à entendre et à attendre, à deviner, humer, sentir, flairer, supposer, espérer, redouter. Il faut, il faudrait tout ramasser, tout et tout cracher; il faut que ça fasse monde, ni plus ni moins qu'un roman de 1 332 pages, que les corps y soient, que al douleur y soit, la couleur, et le temps qui passe, ou ne passe pas, et la joie, et les saisons et les gestes, le travail, les silences, les cris, la mort, l'amour, et la jubilation d'être, et tous les vertiges, et les arbres, le ciel et le vent. Il faudrait."

On peut la rassurer: tout y est.

Un grand coup de cœur !

Merci à Clara pour la découverte ! (nos marque-pages sont totalement placés à des endroits différents!)

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A mains nues

"Mes amies et moi n'élevons pas nos enfants de la même façon selon qu'ils ont une forme de fille ou de garçon. Conscientes de ce qui se joue ici et maintenant pour les hommes et les femmes, on veut rebattre les cartes."

La narratrice d’À mains nues utilise le "Je", mais c'est une 3je" englobant dans lequel chacune pourra se reconnaitre, s'identifier à des degrés divers. Avec une belle énergie, Amandine Dhée revisite les différentes facettes de ce qui nous constitue en tant que femmes.
Le désir irrigue ce texte de la jeunesse à la vieillesse, cette étape qui pour elle est encore lointaine, et le rend optimiste et riche de possibilités.amandine dhée
La langue est précise, fluide et aborde avec franchise, mais sans jamais tomber dans la vulgarité, tous les aspects de la vie féminine.
Il est intéressant pour celles qui, comme moi, ont connu les années 70 et le choc qu'ont été par exemple Les mots pour le dire de Marie cardinal ou les textes de Benoîte Groult de constater l'évolution des thèmes évoqués, ce qui a disparu ou presque et ce qui apparaît (la notion de genre, par exemple).
Un texte à (s') offrir de toute urgence.

 

La contre Allée 2020, 136 pages et un malicieux calligramme final...

 

De la même autrice: clic

Je souris moins aujourd'hui. Non que j'aie perdu en gaieté mais parce que je ne cherche plus d'emblée à avoir l'air charmante et inoffensive. Et je m'excuse moins. Avant, je m'excusais à tout bout de champ, en souriant donc, désolée par-ci désolée par-là, au cas où, pour lustrer. S'excuser, la maladie des femmes.

 

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La mère morte

"J'ai maintenant compris que mon chagrin était une maladie chronique, avec laquelle je dois apprendre à vivre.Il y a des périodes de rémission et des rechutes."

 En 2016, "J'ai perdu le 1er avril ma fille unique et le 20 juin, m mère unique. maman est un mot qui a disparu de ma vie. je ne le dirai plus et ne l'entendrai plus." Ainsi s'exprime l'une des filles de Benoîte Groult, qui s'autorise à prendre la plume avec franchise, sans dolorisme ni pathos.
Au fil des pages, elle relate la maladie d’Alzheimer dont souffrait sa mère, la dégradation tant mentale que physique auxquelles il a fallu se résigner et le déni dont faisait preuve la principale intéressée. ça pourrait être sordide, mais dans la famille Groult les journaux intimes avaient vocation à être lus dans la sphère familiale et le corps n'avait jamais été un sujet tabou entre Benoîte et ses filles.blandine de caunes
Si la mort de la mère était prévisible, bien plus inattendue, injuste et ravageuse a été celle de la fille de Blandine qui laisse un veuf , une petite orpheline de 9 ans et une mère dont le désarroi est total. A quelques semaines de distance, il faudra néanmoins organiser le départ de Benoîte qui avait milité pour le droit de mourir dans la dignité, ce qui lui sera accordé.
Ce qui frappe dans l'écriture de Blandine de Caunes, c'est qu'elle ne se pose jamais en modèle et quoi qu'il en coûte assume une forme d’égoïsme nécessaire qui lui avait été enseigné par sa mère. Un récit profondément émouvant, qui m'a parfois mis les larmes aux yeux,  mais qui demeure lumineux et parfois éclairé par la malice de son auguste mère. Une écriture fluide et sensible qui fait que l'on dévore ce livre d'une seule traite.

 

Stock 2020, 294 pages qui filent sur l’étagère des indispensables.

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#LaDeuxièmeFemme #NetGalleyFrance

"Leurs mains se touchent et encore une fois ce contact ouvre des portes quelque part dans Sandrine, un quelque part d'autre où elle peut toucher des gens sans que ça veuille rien dire, que des mains qui se posent, gentiment, parce que les humains parfois se touchent pour avoir chaud ou trouver leur chemin."

"Grosse, grosse moche, tête de conne, tête de conne", Sandrine se le répète à l'envi, ayant parfaitement intégré ce qu'elle a entendu depuis l'enfance. Aussi quand elle tombe amoureuse de celui qu’elle appelle l'homme qui pleure et que ces sentiments s'avèrent réciproques, la jeune femme croit avoir trouvé sa place au sein d'une maison, avec un fils déjà tout fait, celui d'une femme qui a disparu, probablement morte.
Pourtant, cette femme réapparaît. Amnésique, il lui faut retrouver son passé, sa famille. Que va devenir Sandrine la trop gentille , la trop peu sûre d'elle?louise mey
Tout le talent de Louise Mey est d'opérer à partir de ce moment un virage qui va entraîner son héroïne dans une spirale de violence dont elle ne peut s'extraire, car elle est sous emprise de celui qu'elle doit se résoudre à appeler M. Langlois.
Avec talent, l'autrice se glisse dans la peau de Sandrine, tout en ménageant un suspense parfois insoutenable. Alors oui, elle est exaspérante Sandrine pour ceux qui sont extérieurs à ce qu'elle subit mais Louise Mey prend soin d'elle en plaçant sur son chemin des femmes bienveillantes qui , peut être, pourront l'aider à s'extraire du processus.
Un roman nécessaire qui parle  aussi avec précision  du corps des femmes et de la manière dont certains hommes le traitent quand il ne correspond pas aux critères fixés par la société.
Et zou sur l'étagère des indispensables.

Le masque 2020louise mey

De la même autrice : clic.

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Farallon Islands...en poche

"J'ai été cette personne constituée de sensibilité artistique et de chagrin. J'ai cru que mon esprit était primordial et mon corps secondaire."

 "Photographe, nomade, orpheline de mère. Une épistolière, laissant derrière elle une traînée de papier et de mots partout dans le monde, comme celle d'un avion. une artiste avec un appareil photo en guise de cerveau: froid, précis, calculateur. Une femme en noir." Ainsi se définit a posteriori Miranda, la narratrice qui va passer une année sur les  Farallon slands. Des îles tout sauf hospitalières où ne vivent que des biologistes chargés d’étudier la faune locale.9782330120436.jpg
Rebaptisée Melissa, voire Souricette, la narratrice va peu à peu prendre ses marques et se laisser fasciner par cet environnement violent et meurtrier, peu accessible,où "tout est dangereux, même la peau des requins",  ce qui nous donne un étonnant huis-clos en plein air.
Roman initiatique, se déroulant dans un environnement oppressant, où les distinctions entre humains et animaux ont disparu aux yeux des biologistes qui semblent détachés et sans empathie, Farallon Islands distille une sourde fascination qu'il faut prendre le temps de laisser agir. Un roman riche aussi en informations étonnantes sur les animaux qui la peuplent, avec un mention spéciale pour le poulpe "domestique", Oliver. Abby Geni, par son écriture précise, nous fait ressentir l'odeur du guano, sentir les poux d'oiseaux ou les attaques des  goélands furieux avec une acuité sans pareille.  Un roman puissant qui file sur l'étagère des indispensables.

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