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Sur les ossements des morts...en poche

Une petite piqûre de rappel !

"Après tout, pourquoi devrions-nous être utiles ?"

 Ni émotive, ni sentimentale- c'est-elle qui le dit- Janina Doucheyko, ingénieure en retraite férue d'astrologie,passionnée par l’œuvre de William Blake, s'occupe des résidences secondaires d'un hameau niché dans les bois polonais. L'hiver, ils ne sont que trois à vivre dans ce lieu difficilement accessible, à un jet de pierre de la Tchéquie. Un soir, Matoga , l'un de ses voisins , vient donner l'alerte : le braconnier Grand Pied est mort. Pour Janina cela ne fait aucun doute: les animaux se sont vengés. La série de meurtres qui survient ensuite semble lui donner raison , mais qui va croire cette vieille toquée de Janina dans un microcosme où les chasseurs font la loi ? D'autant que les lettres qu'elle envoie aux autorités font état d'une théorie abracadabrantesque, mêlant influence des astres et vieilles légendes. L'amour inconditionnel de Janina pour la nature, sa forte index.jpgpersonnalité qui se découvre au fur et à mesure, son humour iconoclaste ( Il fut un temps, en effet, où j'ai couché avec un catholique, mais le résultat n'a pas été fameux.) , son excentricité, ses certitudes farfelues ont tout de suite entraîne mon adhésion. Le récit est bien tenu, brosse de manière convaincante le portrait de cette petite communauté polonaise et le style fluide et élégant (bravo à la traductrice) ne fait qu'ajouter au plaisir de la lecture. Un roman dévoré d'une seule traite et un énorme coup de cœur ! Vite faites la connaissance de Janina !

Sur les ossements des morts, Olga Tokarczuk, traduit brillamment du polonais par Margot Carlier

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18/12/2019 | Lien permanent

L'écart...en poche

" Je suis en quête de sensations pures,comme une pieuvre munie de capteurs sensoriels sur toute la longueur de ses tentacules. Seule et heureuse de l'être, je poursuis ma route."

Ayant grandi dans l'archipel des Orcades, la narratrice a troqué son existence rude et sauvage  contre une vie nocturne et riche en sensations à Londres. Las, elle a perdu ses amis, son amour ,ses emplois à cause d'une vie nocturne débridée qui a vite viré à l'aigre ,à cause de l'alcool.
Elle choisit donc de rentrer dans son île natale où elle mènera des "essais semi-scientifiques" sur elle-même afin de se libérer de l’alcool. L'entreprise lui prendra deux ans, qu'elle résume ainsi:"Au cours des deux années écoulées, je me suis employée à guetter l'apparition d'un oiseau fuyant et insaisissable, à chasser les aurores boréales et les nuages noctulescents; j'ai nagé dans l'eau glacée de la mer du Nord, couru nue autour d'un cercle de pierres levées, vogué vers des îles abandonnées, volé dans de minuscules avions à hélices, et choisi de rentrer au pays natal."amy liptrot
L'alcoolisme au féminin est encore un tabou ,mais il ne s'agit pas ici du énième récit du "long et laborieux processus de reconstruction" ,mais bien d'une œuvre puissante et littéraire où une voix se fait entendre, une voix qui donne à sentir toute la sauvagerie et la rudesse des univers qui entourent la narratrice.

Traduit de l'anglais par Karine Reignier-Guerr

Parution le 14 août

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13/08/2019 | Lien permanent

L'invention des corps

"L'Histoire et la société ont brutalisé leurs corps, comme ceux des autres. Ce sont des siècles de force exercée contre leurs squelettes qui ont modelé leurs silhouettes. Des générations de coercition, de pliage, de froissement, de dilatation, d'expansion, de démolition. L'espace du dehors et du dedans sans cesse en opposition."

D'un massacre d’étudiants mexicains à une bande de hackers se réunissant dans la campagne canadienne, le roman de Pierre Ducrozet est une magnifique trajectoire de réappropriation de corps et de lutte contre les menaces du transhumanisme.pierre du crozet
C'est l'élan d'un jeune professeur mexicain, rescapé de ce massacre, qui va se jeter dans les bras d'un apprenti sorcier de la Silicon Valley voulant se débarrasser de la mort. Rien que ça.
Un roman haletant qui , tout en nous retraçant de manière extrêmement vivante, l'histoire du Net, tire la sonnette d'alarme sur des dérives dont nous sommes très proches . Une ironie féroce, mais aussi beaucoup de tendresse pour des personnages atypiques avec qui nous entrons très vite en résonance, garantissent un immense plaisir de lecture. à découvrir dans plus attendre !

Et zou, sur l'étagère des indispensables !

 

Un grand merci à Clara qui m'a donné envie de dévorer ce roman.

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La femme murée

"Disons qu'elle fait un avec sa construction. Qu'elle a autant le bâti dans le corps que le bâti est elle. Une double carapace. Elle n'a jamais fait la différence entre sa constitution et sa construction. C'est peut être une maladie..."

Marginale, "méconnue, méprisée, incomprise.[...] Orpheline tout court", telle est Jeanne Devidal (1908-2008).
Surnommée la folle de Saint Lunaire, elle bâtit inlassablement une maison faite de bric et de broc qui débordait sur la route et abritait un tilleul en ses murs.fabienne juhel
Si cette passion bâtisseuse n'est pas sans évoquer celle d'un facteur Cheval, Fabienne Juhel nous immerge dans la pensée de cette femme qui n'a pas du tout les mêmes motivations que le créateur du palais idéal.
L'auteure édifie, chapitre après chapitre, les différents éléments de cette construction atypique. Elle est pleine d'empathie pour cette femme qui se dit en contact avec ceux qu'elle appelle "les Invisibles" , ce qui lui vaudra plusieurs séjours en hôpital psychiatrique , électrochocs à la clé. Ce qui nous apparaît d'autant plus intolérable quand on apprend le passé de celle qui fut une résistante torturée par les Allemands durant laSeconde guerre mondiale.
C'est  par une série de coïncidences que Fabienne Juhel a eu connaissance de cette"Sisyphe femelle des temps modernes" qui ne possédait même pas une pierre tombale à son nom. Mais nul doute que cette rencontre par-delà le temps était inévitable tant l'auteure de La femme murée , avec son style sensible et poétique ,a su nous rendre proche et inoubliable Jeanne Devidal.  Un texte dont on pourrait corner toutes les pages  tant l'écriture est belle et poignant le personnage de Jeanne dont le destin est emblématique de tant de femmes courageuses, marginales que la société s'employa à faire céder.

 Un texte qui file, bien évidemment, sur l'étagère des indispensables.

 

le Rouergue 2018

 

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L'écart

" Je suis en quête de sensations pures,comme une pieuvre munie de capteurs sensoriels sur toute la longueur de ses tentacules. Seule et heureuse de l'être, je poursuis ma route."

Ayant grandi dans l'archipel des Orcades, la narratrice a troqué son existence rude et sauvage  contre une vie nocturne et riche en sensations à Londres. Las, elle a perdu ses amis, son amour ,ses emplois à cause d'une vie nocturne débridée qui a vite viré à l'aigre ,à cause de l'alcool. amy liptrot
Elle choisit donc de rentrer dans son île natale où elle mènera des "essais semi-scientifiques" sur elle-même afin de se libérer de l’alcool. L'entreprise lui prendra deux ans, qu'elle résume ainsi:"Au cours des deux années écoulées, je me suis employée à guetter l'apparition d'un oiseau fuyant et insaisissable, à chasser les aurores boréales et les nuages noctulescents; j'ai nagé dans l'eau glacée de la mer du Nord, couru nue autour d'un cercle de pierres levées, vogué vers des îles abandonnées, volé dans de minuscules avions à hélices, et choisi de rentrer au pays natal."
L'alcoolisme au féminin est encore un tabou ,mais il ne s'agit pas ici du énième récit du "long et laborieux processus de reconstruction" ,mais bien d'une œuvre puissante et littéraire où une voix se fait entendre, une voix qui donne à sentir toute la sauvagerie et la rudesse des univers qui entourent la narratrice.

Traduit de l'anglais par Karine Reignier-Guerre  Éditions du Globe 2018, 330 pages battues par les flots.

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ça fait longtemps qu'on s'est jamais connu

"Souvent, je me paie le soupir-massue, celui qui me caresse le plexus, qui m'aide à me sentir en vie. Quand y a plus de beurre, quand le recyclage déborde. Raaaaa. Je jette mon grand vent froid dans la cuisine et ses habitants. Ma femme, ça la révolte. Elle me demande si je viens d'apprendre que j'ai le cancer. Elle veut me faire mal, la bitch. Elle trouve ça laid. Elle a pas tort. faut tenir debout, question de culture. Avec leur "Bon matin", c'est radical, t'as l'impression de mettre le pied dans une comédie musicale. Tout devient rose et vert pastel et les décors se mettent à bouger."

Par amour, Pierre Terzian, écrivain français, vit au Quebec et intègre une brigade de remplacement dans des garderies  montréalaises . Un boulot alimentaire qui va lui permettre de découvrir un univers structuré par des horaires, des pédagogies plaçant l'enfant,ses particularités ,ses besoins spécifiques,au centre, quitte à dérouter l'apprenti éducateur qui improvise souvent, mais se tire plutôt d'affaire.pierre terzian
Éternel nouveau, il conserve la fraîcheur de son regard et brosse une galerie de portraits d'enfants souvent survoltés et d'éducateurs guettés par le burn-out et les mesures d'austérité du Ministre Couillard.
Mais tout ce petit monde fait face , bricole des solutions pour ces enfants fragiles, portant des prénoms improbables (De Niro !), meltingpot pot joyeux et foutraque, dont on sent qu'il plaît beaucoup à l'auteur.
C'est drôle, dépaysant, chaleureux et magnifiquement écrit. Un grand coup de cœur qui redonne foi en l'humanité.


Éditions Quidam 2020, 232 pages hautes en couleurs.

 

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15/06/2020 | Lien permanent

#MaggieOFarrell #NetGalleyFrance

Comment auraient-elles pu savoir qu'Hamnet était la pierre angulaire ? Que sans lui , tout se fragmenterait , se briserait comme une tasse tombée par terre ? "

De William Shakespeare il ne sera jamais nommément question. Il n'est d'abord envisagé ici que comme le fils du gantier , un fils "sur lequel personne n'aurait parié, qui depuis toujours était passé pour un bon à rien", celui qui, contre l'avis de tous a épousé une campagnarde, un peu sauvage et férue d'herbes, Agnes, à qui il a donné trois enfants. Une femme qui, voyant que son mari ne pouvait s’épanouir dans l'ombre d'un père  trop violent, l'a mené sans qu'il s'en rende compte à sa vocation : les mots, le théâtre, Londres. et tant pis si cela l'éloignait du reste de sa famille.maggie o'farrell
Maggie O'Farrell s'empare donc ici de la biographie de l'auteur d’Hamlet par le biais de sa famille et du drame qui, on le sait d'emblée , va frapper son fils, Hamnet, deux orthographes pour le même prénom. Pourtant l'autrice maintient une tension extrême et l'émotion est à son comble quand le petit garçon meurt . A son habitude Maggie O'Farrell dépeint avec sensualité et empathie des destins de ses personnages, car il est bien question de destin ici et la tragédie ne pourra être évitée .Alors que j'ai beaucoup de mal avec les romans historiques, j'ai été emportée par le récit et par les émotions souvent puissantes qu'il génère chez le lecteur.maggie o'farrell

 

Fayard 2021, traduit par Sarah TARDY

Il faut tout lire de cette autrice : clic !

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#Sadapter #NetGalleyFrance !

"Il sentait bien que ce n'aurait pas dû être son rôle. Mais il sentait aussi que le sort aime défaire les rôles et qu'il fallait s'adapter.

L'arrivée d'une enfant inadapté dans une famille concentre généralement l'attention sur lui, et ce , souvent , au détriment des autres membres de la fratrie. Dans ce roman, qu'on devine teinté d'autobiographie, Clara Dupont-Monod, délaissant les romans historiques, choisit de nous raconter, du point de vue des pierres de la maison familiale, l'histoire d'une fratrie hétéroclite mais où la bonté et l'affection circulent, empruntant cependant des chemins différents.clara dupont-monod
Il y a d'abord l'aîné qui va endosser pleinement son rôle d'Aîné, chérissant ce petit frère aveugle, qui ne peut qu'entendre et dont le corps reste mou comme une poupée de chiffon, sans aucune préhension possible. La cadette, quant à elle, opte pour la révolte , mais saura œuvrer pour restaurer la vie dans cette famille au décès du petit frère. Enfin, il y a le dernier, qui n'aura jamais connu cet enfant inadapté mais qui"avait spontanément accepté l'étrange famille dans laquelle il était né, une famille blessée mais courageuse qu'il aimait plus que tout."
Avec une extrême délicatesse et une écriture qui avance comme sur la pointe des pieds ,mais néanmoins avec vigueur, Clara Dupont-Monod ne rédige pas un tombeau pour cet enfant mais se situe au contraire du côté de la vie, montrant comment ces trois enfants "formaient un cocon, tissaient des jours en forme de cicatrice."
On ne s'étonnera pas que ce roman ait déjà engrangé deux prix.clara dupont-monod

Stock 2021.

 

Et zou sur l'étagère des indispensables

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#Jewishcock #NetGalleyFrance !

" Dévoilant au grand jour ce qu'on fait toujours semblant d'ignorer, à savoir qu'en vérité il est rare que les gens s'apprécient les uns les autres et que la plupart de nos constructions sociales ne reposent que sur des rapports de force ou d'intérêt."

La narratrice, Allemande qui vit à Londres, monologue tandis que le Dr Seligman ausculte ses organes génitaux. La situation est pour le moins incongrue mais le discours qu'elle tient l'est encore plus car elle attaque d'emblée sur le thème du nazisme, dézinguant avec un humour féroce de prétendues obsessions hitlériennes. katharina volkmer
Tout y passe : la langue allemande  ("- D'ailleurs ce n'est pas un hasard si le mot "plaisir" n'existe pas en allemand; nous ne connaissons que la concupiscence et la joie"), sa famille , les religions, les injonctions faites aux femmes par la société...
Elle se livre aussi sur son amant, ses préférences sexuelles et sa volonté de changer de genre, d'obtenir un Jewish Cock. Finalement, le Dr Seligman en saura plus sur elle que Jason, le pauvre thérapeute chargé de soigner celle qui a  menacé "d’agrafer l’oreille d’un collègue à son bureau " et remarque : "C’était plutôt moi qui risquais de perdre un œil à cause d’une agrafe perdue, mais ça, bien sûr, ils s’en fichent éperdument."
Une quête éperdue et obstinée d'identité qui fait fi des bons sentiments, se dévore d'une traite et vous laisse un peu groggy. C'est caustique et hautement réjouissant.
Vous l'aurez compris, une voix est née, et on a déjà hâte de lire à nouveau cette autrice qui a choisi de s'exprimer en anglais, qui n'est pas sa langue maternelle, afin d'y trouver plus de liberté. Le pari est plus que réussi.

Traduit de l’anglais par Pierre Demarty. Grasset 2021.katharina volkmer

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#Oliveenfin #NetGalleyFrance !

"C'était à elle-même, comprit-elle,  qu'elle ne plaisait pas. Elle se tortilla dans son fauteuil. mais elle le comprenait trop tard."

Professeure de mathématiques bien connue de la petite ville de Crosby dans le Maine, Olive Kitteridge est aujourd’hui veuve et retraitée. Au fil des chapitres nous la suivrons au fil du temps jusqu'à ses quatre-vingts ans passés, soit en tant que personnage principal, soit entant que simple figurante, voire juste mentionnée, ce qui permet de varier les angles et de découvrir beaucoup de facettes de cette femme haute en couleurs qui ne plaît pas à tout le monde, loin s'en faut.
Et pourtant, elle est diablement attachante Olive, toute maladroite qu'elle est . La preuve, elle va même se remarier, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Au fil du temps , elle croise des gens de tous milieux et de tous âges, ce qui nous vaut par exemple une description hilarante d'une fête prénatale qui se terminera d'une manière bien particulière...elizabeth strout
C'est aussi l'occasion pour l'autrice de brosser de magnifiques portraits de femmes très âgées , ce qui n'est pas monnaie courante, il faut bien l'avouer. Portraits tout en délicatesse, qui ne masquent rien de leurs fragilités psychologiques, sans pour autant occulter les trahisons  du corps. Un grand coup de cœur.

Un roman qui peut se lire de manière indépendante mais qui permet aussi de retrouver celle dont nous avions fait la connaissance dans Olive Kitteridge.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Brévignon

Fayard 2021

 

elizabeth strout

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