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28/10/2016

Le monde est mon langage

"J'ai longtemps cru que le français était une langue de l'emportement, de l'irascibilité et surtout celle de ceux qui voulaient à tout prix avoir raison."

Dans ce recueil, Alain Mabanckou revient sur les rencontres d'écrivains ou d'inconnus qui ont jalonné sa vie. Écrivain de langue française né au Congo, il revient ainsi dans un exercice d'admiration et de bienveillance sur tous ceux qui ont contribué à lui faire aimer la langue française. On le suit au fil de ses pérégrinations, un petit carnet à la main, histoire de noter au passage tous ceux qu'il nous revient de découvrir tant les écrivains(e)s francophone sont divers et plutôt méconnus en France.

alain mabanckou


Une balade très agréable , riche en découvertes.

Le monde est mon langage, Alain Mabanckou, grasset 2016.alain mabanckou

17/10/2016

Rester en vie

"Vous êtes sur une autre planète. Personne ne comprend ce que vous traversez. Mais en fait, si."

Récit a posteriori d'une dépression et de crises d'angoisse ayant frappé l'auteur quatorze ans plus tôt, Rester en vie se compose de chapitre courts, de listes diverses (personnes célèbres ayant souffert de dépression, raisons pour rester en vie etc).

matt haig,dépression,angoisse


On ne peut nier la grande sensibilité de ce texte, mais son aspect trop fractionné, ses conseils souvent trop banals, ses approximations et l'aspect trop léger de l'analyse de la dépression d'un point de vue scientifique (personne, en gros ne sait pourquoi on devient dépressif), ont fait que je suis restée totalement extérieure.
Un seul point m'a vraiment touchée : l'amour d'Andrea, la compagne de l'auteur qui jamais ne l'a laissé tomber.
Dans un autre genre, j'avais nettement préféré le roman de Styron sur le même thème: Face aux ténèbres.

Le billet d'Antigone qui m'avait donné envie.

Rester en vie, Matt Haig ,Éditions Philippe Rey 2016.

 

13/10/2016

L'éternel rival

"Il est vrai, se dit-elle, que personne ne connaît vraiment le passé d'autrui.Pourquoi devrions-nous le connaitre ? Dès la sortie de la matrice, nous habitons des mondes différents."

 

 Avec L'éternel rival se clôt  brillamment la trilogie dite "Des enfants du Raj". Personnage le plus mystérieux, le plus romanesque donc, dont la vie engendre de nombreuses "légendes", Terence Veneering est peut être celui qui reste le plus surprenant. jane gardam
Rival tant dans le travail qu'en amour du juge Filth, ce héros aux origines controversées, nous est dépeint au soir de sa vie . S'il se remémore le passé, il ne l’idéalise pourtant pas, ce qui nous vaut un portrait sans fard de son amante, Betty.
Personnages excentriques et toujours vaillants en dépit de leur grand âge, tous sont dépeints avec bienveillance et nous entraîne dans un récit qui évite toutes redites et ne lésine pas sur les révélations. Un final parfaitement réussi !

L'éternel rival, Jane Gardam, Traduit de l’anglais par Françoise Adelstain,Lattès 2016.jane gardam

 

De la même autrice: clic et reclic.

06/10/2016

Tu vas rire !

"Désormais, tout le monde était horriblement gentil et patient avec elle, et ça lui fichait une peur bleue."

Trop souvent, les recueils de nouvelles sont inégaux. Ce n'est pas le cas du formidable Tu vas rire ! qui remporte un triple défi: évoquer tout à la fois le monde de l'hôpital,de l'enfance et des clowns, nous enthousiasmer et faire une bonne action car pour chaque livre acheté un euro est reversé à l'association Le Rire Médecin.le rire médecin,nebameur,colin,davrichewy,nimier
En effet, "le rire, outre le simple moment de plaisir et d'oubli qu'il procure, dégage dans le corps des endorphines  [...][qui ]permettent  entre autres, d'augmenter la tolérance à la douleur.", comme le rappelle la nouvelle Mort de rire de Mikaël Olivier.
Pour autant, aucun de ces textes ne sombre dans le pathos. Chaque auteur,à sa manière, traite le thème imposé. Bouleversante, comme le texte de Fabrice Colin, qui envisage la maladie sous la forme d'un gros monstre qui s'invite sans façons dans la vie du jeune Thomas. Tout en délicatesse et demi-teinte pour Jeanne Benameur qui envisage le ressenti des soignants et des clowns. Hilarante pour Christophe Léon, qui imagine un  Granpréma, plein de verve rivalisant d'inventivité pour attirer l'attention du clown qui vient lui rendre visite. Bébé haut en couleurs qui a la malchance d'avoir des parents BCBG dont il se gausse et à qui il fait la tête, aussi petit soit-il ! Un grand prématuré qu'on n'oubliera pas de sitôt !
Les ados mis en scène dans ces nouvelles, même malades, peut être encore plus parce que malades, restent critiques, agressifs,  pensent à l'amour et n'en peuvent plus de la sollicitude qu'on leur accorde !
On ne peut que souligner le talent de ces auteurs qui se sont risqués sur un thème "casse-gueule" et remportent leur pari haut la main !

Éditions Thierry Magnier 2016, 153 pages piquetées de marque-pages et riches en émotions.

 Seul bémol: j'aurais apprécié une mini présentation des auteurs dont je ne connaissais que quelques-uns, histoire de prolonger le plaisir par d'autres lectures...

Préface signée par Anny Duperey,

Jeanne Benameur, Hélène Gaudy, Hervé Giraud, Christophe Léo, Mikaël Ollivier , Fabrice Colin, Kéthévane Davrichewy, Thierry Illouz, Rouja Lazarova et Marie Nimier.

 

 

 

04/10/2016

Maman est en haut

"Elle qui laissait tomber une tasse, qui tâchait un vêtement de manière irréversible...Elle ne les méritait pas !"

Cerise, séparée du père de ses enfants, a bien du mal à concilier les exigences de ces derniers, de son travail et de sa mère . Aussi est-ce avec une attention plus que flottante qu'elle écoute l'appel téléphonique de cette dernière. Dommage ! La quadragénaire aurait pourtant compris pourquoi sa mère va se retrouver en garde à vue !caroline sers
Si la première partie du roman nous offre le point de vue de la fille, la seconde nous propose aussi celui de la mère, histoire de donner sa chance à chacune et de laisser le choix au lecteur.
Parti sur les chapeaux de roues avec une héroïne sympathique en diable, le rythme ralentit sérieusement ensuite et oublie un peu le côté vachard qui faisait tout son sel. Bilan en demi-teintes donc.

 

Maman est en haut, Caroline Sers, Buchet- Chastel 2016.

 

03/10/2016

Les séances

"Ils se tiennent loin de ceux qui connaissent seulement un pays, voire un canton, le leur. Ils ne savent pas qu'on fait parfois plus d'expériences dans son petit village qu'à l'autre bout du monde. Et le sauraient-ils qu(ils le réfuteraient aussitôt en trois points."

Pressée par un appel de sa sœur, Liv, Eva prend l'autoroute pour revenir dans son village natal de la frontière franco-allemande.fabienne jacob
En chemin, les souvenirs et les pensées de la photographe de mode pour enfants peignent un portrait impressionniste de cette famille de femmes hors-normes.
Si Eva semble se tenir plus à distance des gens ,exploitant leurs désirs  avec cynisme,  Liv, elle les écoute attentivement avant de leur délivrer "ses phrases uniques et sibyllines, des énigmes que les gens ruminaient, tournaient et retournaient dans tous les sens jusqu'à ce qu'ils trouvent l'issue à leurs problèmes par eux-mêmes à la manière d'un Rubik's Cube.".
Mais tout n'est pas aussi tranché et si Eva apparaît plus être du côté de la culture, de l'intelligence policée, et Liv, plus du côté de la nature ,de l'instinct et du corps , progressivement nous prendrons conscience que les frontières sont plus floues: "Un jour, Liv lui a demandé T'en as pas marre d'être toujours intelligente ?  Si Liv savait à quel point parfois elle ne l'est pas et surtout à quel point ça lui plaît de ne pas l'être !".
Construit sous la forme de séquences, le roman de Fabienne Jacob évoque par petite touches qui s'agencent les unes par rapport aux autres les thèmes favoris de l'autrice: le corps des femmes, le vieillissement, mais aussi le rapport aux enfants , la rencontre avec un sanglier où le destin tragique de ces villes en "ange" de l'Est de la France.
On  retrouve avec un bonheur ineffable la langue goûtue de la romancière qui sait aussi se faire plus âpre pour dépeindre notre société. 142 pages essentielles.

Les séances, Fabienne Jacob, Gallimard 2016.

La forme, non linéaire, pourra dérouter mais hop sur l'étagère des indispensables !

De Fabienne Jacob :clic ,clic

fabienne jacob

27/09/2016

Les règles d'usage

"L’héroïne, c'est une survivante ,comme toi."

Le matin du 11 septembre 2001, Wendy 13 ans s'est disputée avec sa mère. Rien de grave, les remous de l'adolescence.
Mais sa mère ne reviendra pas: elle travaillait dans une des tours du World Trade Center. Commence alors une période troublée pour l'adolescente, dans un premier temps en compagnie de son petit frère Louie et de son beau-père, un homme responsable et profondément amoureux de la disparue.
Elle rejoindra ensuite en Californie son père biologique, qu'elle ne connaît quasiment pas et qui s'est très peu investi jusqu'à présent dans son éducation.joyce mainard,11 septembre 2001
Passant d'un univers très cadré à une façon de vivre beaucoup plus détendue, Wendy cherche son chemin et, au fil des rencontres (un libraire, une mère adolescente, une jeune skater à la recherche de son père), elle finira par trouver ce qui lui convient vraiment.
On pouvait craindre le pire avec un tel thème mais l'héroïne adolescente de Joyce Maynard avance sans pathos, guidée par quelques lectures conseillées par son ami libraire et aussi aidée par la musique. La bienveillance domine même si la situation de la mère adolescente n’est en rien édulcorée.
L'avenir dira si le roman de Joyce Maynard restera dans les mémoires aux côtés des autres romans de formation évoqués dans Les règles d'usage mais en tout cas, pour moi, il le mériterait largement. Un roman apaisant et apaisé.

Les règles d'usage, Joyce Maynard, traduit de l’anglais (E-U) par Isabelle D. Philippe, Editions Picquier 2016, 472 pages qui se tournent toutes seules.

l'avis de Sylire, celui de Séverine

 

25/09/2016

à la place du coeur (saison 1)

"En tout cas, moi je vois clair dans son regard et son regard, il dit: Je suis désolée, voilà le monde qui vous attend."

Caumes, dix-sept ans, en ce mardi 6 janvier 2015 ne sait pas encore que cette semaine va bouleverser sa vie et celle de tous les Français. Il va au Lycée, prépare une option théâtre, a des copains Théo et Hakim et la belle Esther ne le laisse pas indifférent.La routine , quoi.arnaud cathrine,attentats janvier 2015
Les événements tragiques de janvier 2015 vont s'insérer dans son quotidien, en direct via les réseaux sociaux , internet et les chaînes d'information en continu. Ils vont avoir des répercussions inattendues,parfois dramatiques et Arnaud Cathrine parvient parfaitement à saisir la manière exacerbée dont cet adolescent intelligent et sensible réagit à ce qui l'entoure.
La langue sonne juste, l’utilisation ponctuelle des SMS accroît l'effet de réalité et les personnages, aussi bien les adultes que les ados ,sont croqués de manière vivante.On se dit parfois qu'on  va frôler le voyeurisme, mais l'auteur fait preuve de suffisamment de pudeur pour que les lecteurs adultes comme les ados ne se sentent pas gênés. Rapport au corps, aux sentiments, à l'actualité, tout cela se mélange en un maelstrom qui emporte le lecteur et le fait déjà attendre avec impatience la saison 2 annoncée .
Pour patienter , je vais essayer de dénicher la pièce de théâtre évoquée :L'éveil du printemps.

à la place du cœur, Arnaud Cathrine, Robert Laffont 2016,243 pages addictives.

19/09/2016

Une famille passagère

"Je l'avais emmené avec moi pour donner quelque chose à aimer à l’amour qui était en moi."

Profitant d'un moment d'inattention des parents, une femme, la narratrice, enlève un bébé dans la station balnéaire de Margate en septembre 1938. L'acte ,qui paraît d'abord impulsif, s'avère en fait clairement préparé.
De la voleuse d'enfants, nous ne connaîtrons jamais l'identité, tout au plus glanerons-nous au fil du texte quelques informations , très lacunaires, sur son passé.gerard donovan
Visiblement perturbée, alternant périodes de lucidité, réflexions pragmatiques et obsession délirante, cette femme nous entraîne dans une vison très dérangeante de la famille et de la maternité. On frémit de la voir observer calmement la mère de l'enfant, éplorée, on a le cœur qui bat quand elle abandonne le petit qui l'encombre pour aller au cinéma, son seul plaisir apparemment.
Dans une prose à la fois poétique et précise, Gerard Donovan nous emporte dans un univers troublé et fascinant. Du grand art.

Une famille passagère, Gerard Donovan, traduit de l'anglais  par Georges-Michel Sarotte, seuil 20156, 191 pages troublantes.

Du même auteur : Julius Winsome, clic.

16/09/2016

L'éveil

Une jeune femme , Juliet, fille de l’ambassadeur d'Australie tombe amoureuse d'un Français, qui a une autre femme en tête. Le tout se déroule dans la chaleur moite d’Hanoï, au Vietnam.
 Récit d'un Éveil à l'amour physique et aux souffrances d'un sentiment non réciproque, le premier roman de Line Papin lorgne un peu trop du côté de Duras pour que je me sois laissée embarquée dans ce texte où on a parfois l'impression que l'autrice se regarde écrire.
Line Papin ayant été récemment adoubée par Annie Ernaux, je partais pourtant avec un a priori favorable mais rien n'y a fait, je suis toujours restée extérieure au récit.line papin

line papin