17/08/2019
La chance de leur vie...en poche
Quelle drôle de femme que cette Sylvie ! Elle ne réagit jamais comme on s'y attendrait et n'aspire qu'à une chose aux États-Unis où , avec leur fils, Lester, elle a accompagné son mari, Hector: redevenir invisible.
Expatriée dans des conditions confortables, Hector a été nommé professeur dans une université de Caroline du Nord où il va enchaîner les conquêtes sans que cela trouble le moins du monde son épouse, elle pourrait accéder à une petite notoriété artistique mais ne le désire pas vraiment.
C'est finalement par Lester que, d'une manière étonnante, le trouble se répandra.
Agnès Desarthe brosse ici le portrait d'une famille expatriée qui vivra, de loin, les attentats meurtriers de novembre 2015, mais aussi celui du corps d'une femme vieillissante et surprenante.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : agnes desarthe
06/09/2018
La chance de leur vie
"Le sac de ses jeunes femmes exsangues la fait rêver. Elle a renoncé au sien depuis si longtemps. Disparu le réservoir de vie, d'inventivité, cette cavité contenant la solution à tous les problèmes, un poids, certes, mais qui atteste d'un engagement , d'un héroïsme dont son existence aujourd'hui est dépourvue."
Quelle drôle de femme que cette Sylvie ! Elle ne réagit jamais comme on s'y attendrait et n'aspire qu'à une chose aux États-Unis où , avec leur fils, Lester, elle a accompagné son mari, Hector: redevenir invisible.
Expatriée dans des conditions confortables, Hector a été nommé professeur dans une université de Caroline du Nord où il va enchaîner les conquêtes sans que cela trouble le moins du monde son épouse, elle pourrait accéder à une petite notoriété artistique mais ne le désire pas vraiment.
C'est finalement par Lester que, d'une manière étonnante, le trouble se répandra.
Agnès Desarthe brosse ici le portrait d'une famille expatriée qui vivra, de loin, les attentats meurtriers de novembre 2015, mais aussi celui du corps d'une femme vieillissante et surprenante.
Éditions de l'Olivier 2018.
Cuné est plus enthousiaste que moi.
06:00 Publié dans rentrée 2018, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : agnès desarthe
22/05/2015
Ce qui est arrivé aux Kempinski...en poche
"Une des particularités comiques de l'enfance est que l'on traverse une gamme infinie de sentiments dont on ignore les noms. Tant que le mot n'a pas épinglé la sensation, comme une aiguille perçant les thorax d'un insecte, les impressions papillonnent en liberté autour de nous et en nous, éblouissantes, féériques, mais aussi parfois menaçantes car nous n'avons aucune idée de leur trajectoire, de leur taille, de leur venimosité."
Dans les quatorze nouvelles composant Ce qui est arrivé aux Kempinski, la réalité fait un pas de côté et les rêves deviennent plus réels que la réalité. Le titre d'un roman apparaît différemment à sa lectrice, les identités sont faussées, fluctuantes. Usurpations, impostures, trahisons sont au rendez-vous et même le diable sera dupé par une femme.
Le familier révèle ses double-fonds, les sentiments inavouables (que faut-il faire des cadeaux rapportés de l'école, ces "offrandes [...]la plupart du temps ratées et mystifiantes de laideur" ?, se demande une mère de famille éprise de perfection). On sourit, on admire aussi l'écriture éblouissante d'Agnès Desarthe qui traque au plus près le réel qui se dérobe sous nos pas.
« Mon âme, dit-elle. Mon âme, que vaut-elle ? Mon âme est une liste de courses. Mon âme est une déclaration d’impôts, un bulletin de notes au bas duquel ne figurent pas d’encouragements. Mon âme est le mode d’emploi du lave-vaisselle remplacé depuis huit ans, un bordereau de la poste datant de trois mois (le paquet est reparti, mais où, et que contenait-il ? Une rivière de diamants, sans doute). Mon âme est pleine de “Bonjour, madame”, “Au revoir, madame”, elle est salie par les corvées, corrompue par la fatigue de jours sans héroïsme, sans passion, sans péril. »
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
06:01 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : agnes desarthe
12/05/2014
Ce qui est arrivé aux Kempinski
"Une des particularités comiques de l'enfance est que l'on traverse une gamme infinie de sentiments dont on ignore les noms. Tant que le mot n'a pas épinglé la sensation, comme une aiguille perçant les thorax d'un insecte, les impressions papillonnent en liberté autour de nous et en nous, éblouissantes, féériques, mais aussi parfois menaçantes car nous n'avons aucune idée de leur trajectoire, de leur taille, de leur venimosité."
Dans les quatorze nouvelles composant Ce qui est arrivé aux Kempinski, la réalité fait un pas de côté et les rêves deviennent plus réels que la réalité. Le titre d'un roman apparaît différemment à sa lectrice, les identités sont faussées, fluctuantes. Usurpations, impostures, trahisons sont au rendez-vous et même le diable sera dupé par une femme.
Le familier révèle ses double-fonds, les sentiments inavouables (que faut-il faire des cadeaux rapportés de l'école, ces "offrandes [...]la plupart du temps ratées et mystifiantes de laideur" ?, se demande une mère de famille éprise de perfection). On sourit, on admire aussi l'écriture éblouissante d'Agnès Desarthe qui traque au plus près le réel qui se dérobe sous nos pas.
« Mon âme, dit-elle. Mon âme, que vaut-elle ? Mon âme est une liste de courses. Mon âme est une déclaration d’impôts, un bulletin de notes au bas duquel ne figurent pas d’encouragements. Mon âme est le mode d’emploi du lave-vaisselle remplacé depuis huit ans, un bordereau de la poste datant de trois mois (le paquet est reparti, mais où, et que contenait-il ? Une rivière de diamants, sans doute). Mon âme est pleine de “Bonjour, madame”, “Au revoir, madame”, elle est salie par les corvées, corrompue par la fatigue de jours sans héroïsme, sans passion, sans péril. »
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
Qu'est-il arrivé aux Kempinski, Agnès Desarthe, éditions de l'olivier 2014, 191 pages constellées d emarque-pages !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : agnes desarthe