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18/01/2016

Le train d'Alger

"Certificat de vie...j'aimerais en avoir un parfois pour m'assurer de ma propre existence."

La narratrice est emplie d'obsessions morbides, auxquelles s'est plutôt habituée car "Cette anxiété perpétuelle, je l'enfile tous les matins à la manière d'une paire de chaussettes."L'origine en est peut être son premier souvenir : elle a trois ans et se trouve à bord d'un train que le FLN a fait sauter en Algérie en 1959. Se confiant à un personnage invisible qu'on devine être un soignant, elle revient sur son enfance en Algérie , sur le retour de ses parents en France, événement dont elle ne garde aucun souvenir ,et se basant sur des essais ou des témoignages recueillis par des chercheurs, brosse le portrait d'un pays qui l'a marquée à jamais.béatrice fontanel,guerre d'algérie
Il aura fallu attendre 1999 pour que "les événements d'Algérie" acquièrent officiellement le statut de guerre pour les Français. De ce conflit , nous ne savons pas grand chose et le roman de Béatrice Fontanel est tout à fait passionnant car il nous en présente une vision en mosaïque, presque prosaïque, la narratrice se demandant par exemple comment les maisons des français ont été attribuées ou occupées par les Algériens, mais aussi poignante quand elle souligne par exemple que certains français ont conservé jusqu'à leur mort la clé de leurs maison abandonnée.
La violence s'insère là-bas dans la vie quotidienne, vie qui continue malgré tout, et le récit du départ des Français est décrit de manière tout à fait poignante, mais sans pathos.
Ce n'est pourtant pas un roman historique au sens classique du terme mais une recherche identitaire où l'on croise régulièrement des fleurs poussant dans le ballast , le long des voies ferrées, herbes folles dont la narratrice égraine avec un plaisir évident les noms et qui prospèrent dans des milieux pour le moins hostiles, des fleurs qui s'agrippent et représentent "l'espoir et la fertilité". De plus, "Les plantes recouvrent les ruines , colmatent les brèches , molletonnent les cassures de toutes sortes.
C'est aussi l'occasion pour la narratrice d'interroger ses parents âgés, qui commencent à perdre la mémoire mais qui ont un relation à la fois intense et pacifiée avec leur passé.
En ces temps de migrations et de terrorisme, le roman de Béatrice Fontanel acquiert un résonance toute particulière.
J'ai été totalement séduite par ce roman que j'ai lu sur la seule foi du nom de l 'auteure, qui allie peinture du quotidien et poésie et recherche identitaire. Et zou, sur l'étagère des indispensables !

Le train d'Alger, Béatrice Fontanel Stock 2015.

De Béatrice Fontanel : clic, reclic

béatrice fontanel,guerre d'algérie

 

01/04/2011

TENTACULES et manivelles

"Les voyelles, c'est toujours plus sucré."

béatrice fontanel,pêché au salon du livre,il s'imposait en ce premier avril mais ce n'est pas un poisson c

Les mots, Béatrice Fontanel les écoute, elle les goûte, elle se les met en bouche, les faisant rouler, les faisant crisser. Elle les scrute aussi, se laisse envahir par eux de manière obsédante , véritable "pythie à palabres", jouant de la typographie et de l'espace pour mieux les mettre en scène.
Citation rimbaldienne  tournant en boucle comme un mantra, ("le frais cresson bleu") et qui s'épuisera , portraits de mots en quelques vers, distiques , poèmes en prose courts ou longs , Béatrice Fontanel s'approprie de multiples formes pour célébrer les mots .
Ils partent en vrillent ou sont tenus serrés;  de registre courant ou soutenu , tous ont droit de cité pourvu qu'ils suscitent une sensation de soudaine étrangeté. On redécouvre ainsi ces

"Mots, têtards sonores, qui frétillent
dans le cartilage des oreilles
Bulles d'écume, borborgygmes
minuscules."

Assonances et allitérations claquent au vent , Ecoutez..., Ecoutez..., nous conseille l'auteure .On renonce aussi à corner les pages,( autant tout corner, on ira plus vite ), et on savoure à toute allure ces 168 pages avant que d'y repiocher au hasard de nouvelles saveurs, mais aussi de prendre le temps de regarder plus en détails ces illustrations échappées de vieux dictionnaires qui donnent un charme fou à l'ensemble.
Un énorme coup de coeur, zou sur l'étagère des indispensables et dans la foulée, commande d'un autre recueil, plus ancien de l'auteure !*

Tentacules et manivelles, Béatrice Fontanel  La petite vermillon 2011.

* moins convaincue par celui-ci, d'une toute autre tonalité : La ménagère carnivore.

01/06/2009

L'homme barbelé

Ferdinand? Saligaud pour sa famille, homme jovial pour les vieux camarades de  la Première guerre mondiale, guerre dont il est rentré indemne mais  avec du "mépris pour tout"."Toute sa vie  d'ailleurs n'est qu'un dialogue aigre avec lui même, l'homme barbelé."
C'est cette énigme d'hommeà double visage que va tenter de résoudre la narratrice que l'on devine apparentée à ce Ferdinand, "champion de l'évitement" mort au camp de Mathausen durant la  2nde guerre mondiale.31B4IWRpG0L._SL500_AA240_.jpg

Mêlant au plus intime archives, témoignages des membre de sa famille mais aussi  ressenti  de la narratrice-ce que j'ai beaucoup apprécié-L'homme barbelé est un roman qui brasse les époques, malaxe les mots pour dire au plus près la vérité de la Guerre dans laquelle ce personnage insaisissable se sent si à l'aise.

Dans un premier temps séduite par le style à la fois ample, visionnaire de Béatrice  Fontanel, style qui  sait aussi  être attentif  au plus petit détail, le bruit infime d'un escargot écrasé, le  chant d'un oiseau dans la tourment, j'ai  cependant bientôt retrouvé mes ciseaux virtuels. En effet,  les descriptions exhaustives du parcours de Ferdinand durant la Grande guerre avait fini par me lasser.Néanmoins un premier roman original et puissant.39256779_p.png

 

Béatrice  Fontanel, L'homme barbelé, Grasset, 294 pages prometteuses.

L'avis de Clarabel.

Celui de Papillon

Celui de Caroline, qui n'a pas dépassé la  page 150 ...