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29/07/2019

Dos au soleil

"Je glane dans leurs douleurs. Je comble leurs silences. Je ne porte pas la parole des survivants. Je prends la parole, la mienne, unique. Je désobéis au silence imposé tacitement."

Dos au soleil commence abruptement par nous plonger dans une période peu évoquée de l’histoire française: le retour en France des réfugiés en provenance d'Algérie en 1962. Parmi eux, les grands parents, la mère et l'oncle de Frédérique Germanaud.
Violence de l’accueil. Désorganisation, prise en charge lacunaire , voie absente, s'ajoutent au traumatisme du départ. Tout cela sera mis volontairement sous le boisseau mais " Ils portent la marque inaltérable de la perte."frédérique germanaud
Le projet de l'auteure ? "Partir , comme dans la sculpture d'un gros bloc de matériau informe. Tailler, évider, donner sens." Commence alors un travail nourri des découvertes, mais aussi des évitements, privilégiant "...les petits événements, ceux qui font la trame du quotidien" et choisissant résolument de tourner le Dos au soleil, c'est à dire de refuser "les figures de bonheur" que peut proposer l’Algérie.
Simultanément, Frédérique Germanaud entremêle son travail du récit de histoire d'amour, ce qui permet un regard extérieur éclairant son œuvre toute entière.
Un texte qui permet de s'émanciper du passé pour aller de l'avant. Une réussite tant par l'écriture, à l fois précise et poétique, infiniment sensible, que par la démarche qui sort des sentiers battus. Un livre prenant et constellé de marque-pages.

162 pages. Le Réalgar 2019.

Merci à Babelio et aux Éditions Le Réalgar.frédérique germanaud

 

18/06/2019

Journal pauvre

"Se rendre compte à quel point la vie est fragmentaire, mouvante et jamais complète. Chaque action demeure inachevée. Chaque action n'est que la partie d'un tout lui même inachevé."

Abandonnant la fiction, et aussi pour une année sabbatique un travail qu'on devine pesant, l'auteure fait aussi  un choix radical : "Expérimenter le dénuement, être attentive à ceux qui vivent de très  maigres subsides, à ceux qui ont choisi de ne donner qu'un minimum de leur temps contre salaire, ou de ne se consacrer qu'à une activité peu rémunératrice."frédérique germanaud
Un cheminement qui la mènera au final à quitter définitivement le monde du travail salarié et à s’affirmer enfin "écrivain".
Journal pauvre car selon, l'auteure, "Il n'attrape qu'une infime portion de la richesse du monde.", ce texte dit aussi la solidarité, les rencontres, réelles, ou littéraires, et l'attention aux autres et au monde, dans ses plus infimes manifestations. J'ai été séduite par ce journal pudique, plus littéraire que psychologique, ainsi que par l'écriture de Frédérique Germanaud.

152 pages bruissantes de marque-pages où glaner aussi plein d'idées de lectures.

Et zou, sur l'étagère des indispensables.

Éditions de La clé à molette (j'adore ce nom !)2019.

Le billet tentateur de Sabine: clic.