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28/09/2010

Plan social

"Il faut jouer le jeu."Lorsque cette phrase est prononcée, la meilleure attitude c'est de s'enfuir en courant."

Ironiquement, Swift proposait comme solution radicale pour éradiquer la famine que les pauvres mangent leurs enfants. Ici, un bon patron à l'ancienne, en vient à projeter, pour sauver son entreprise, de se débarrasser du quart de ses salariés par le biais d'un système de climatisation 41cgPEEwb0L._SL500_AA300_.jpgdéfectueux...Paradoxalement, le délégué syndical CGT, moyennant quelques petits arrangements idéologiques ,en viendra à l'aider. Tous deux en effet se rejoignent dans leur volonté de contrer la bêtise crasse des consultants, qui à grands coups de discours creux, feignent -de manière fort onéreuse au demeurant- de gérer les crises d'un monde où le bon sens semble avoir disparu.
ça dézingue à tout va, tout le monde en prend pour son grade et l'intrigue cavale à toute allure, l'auteur balançant au passage sur tous ceux qui voudraient faire de ce monde un univers aseptisé où on nous réapprendrait à respirer pour 3000 000 euros , où prévaudrait le principe de précaution et où la seule échappatoire serait l'humour. Noir bien sûr et bien frappé .

Plan social, François Marchand, Le cherche midi, 120 pages à déguster d'une traite.

Cuné et Amanda ont apprécié elles aussi !

29/10/2009

Feu à volonté

Vivons heureux en attendant la mort, conseillait le regretté Pierre Desproges.Philippe Héraclès lui, nous propose de rire de façon noire,  très noire même , quand nous serons passés dans l'au-delà en adressant un dernier message au monde cruel que nous aurons laissé.Dans le recueil Feu à volonté il nous offre une floppée d'épitaphes inédites qui m'ont fait souvent éclater de rire et valu une série de regards torves de la part de l'Homme. Mais bon, il devrait avoir l'habitude depuis le temps!:)9782749115825R1.GIF
Même si ces épitaphes ne sont pas classées, nous laissant ainsi le plaisir de la surprise, je vous en livre quelques unes façon  Cyrano de Bergerac:

Pessimiste: C'était déjà invivable avant mais alors, maintenant...

Athée : prières interdites.

Poétique: Rêve partie perpétuelle.

Ecolo: Je contribue au refroidissement de la planète.

Egocentrique: Ma disparition est une immense tragédie personnelle.

Mégalo: Dieu ne pouvait plus se passer de moi.

Un recueil où piocher sans modération si l'on est sensible à ce type d'humour. ce qui est mon cas !:)

 

Feu à volonté, Philippe Héraclès, Le cherche-midi éditeur, 4.90 euros.

 

 

12/09/2009

Je viens de tuer ma femme

"Je vais quand même acheter des timbres, ça peut toujours servir."

Pas de suspense a priori , le titre parle de lui même :  Je viens de tuer ma  femme. Commence alors pour le narrateur une semaine d'un long monologue intérieur d'abord rageur puis apaisé et de rencontres qui vont le faire déraper encore un peu plus...
On sourit d'abord puis on se prend à s'émouvoir devant cet homme qui perd de plus en plus pied et dont la logique folle s'emballe à qui  mieux mieux.510NQ+ICYsL._SL500_AA240_.jpg
Une analyse sans complaisance des rapports humains, rapports de couple bien sûrs , mais aussi amicaux ou prétendus tels : "Laurent et moi, c'est une relation étrange qui dure depuis dix ans: je  l'appelle,  je me déplace, je pense à ses anniversaires  quand il oublie les miens, je lui  souhaite sa fête, il ignore la  mienne,je l'invite à Noël, il vient les mains vides,  je pose les questions, il  a les réponses. Je ne suis pas son ami.C'est le  mien." le tout sur fond de Michel Fugain ou de  Françoise Hardy mais attention :  "Françoise Hardy et la  scie  circulaire,  ça  se marie mal.",vous voilà prévenus ! Emmanuel Pons jongle avec l'absurde mais l 'émotion n'est jamais absente.  Du grand art ,dans un tout petit  livre par le nombre de pages: 167 , qu'on ne prêtera pas à son mari...

Je viens de tuer ma femme, Emmanuel Pons, Arléa.

Merci à Cuné et à  Amanda !

L'avis de Laure

09/09/2009

meurtres entre soeurs

"Elle ne sait pas qu'il s'agit d'une prophétie."

Une famille recomposée des années 50:  Mo et Pa, Olivia  et Emily, deux demi -soeurs qui après quelques ajustements parviennent  à bien s'entendre . Tout ce bel équilibre va être remis en question à la naissance de Rosie, petite princesse, chouchou de Ma et Po. Sans se concerter, les  fillettes vont tenter d'assassiner celle qui  empoisonne l'existence de toute la  famille. Est-ce  pour cela que , même  adulte, Rosie  n'aura de cesse de ruiner leur existence ?41m07PFEKzL._SL500_AA240_.jpg
Manipulations à gogo, vengeances,  machinations tortueuses sont au rendez-vous dans ce qui commence comme un comédie , scandée  par les  répliques  pince-sans rire de Pa :
"-Je  me fais  beaucoup  de soucis pour les filles,  confie Mo  à Pa  dans la  soirée
-Peut être que tu  aurais dû épouser un médecin."
ou les leitmotives:

"Elles  sont à un âge délicat
Tous les  âges sont délicats, soupire  Pa."

et va peu à peu prendre une tonalité plus sombre mais non dénué d' un humour , acide et réjouissant. On ne s'ennuie pas une minute et on ne lâche pas ce  roman aux allures d'arsenic et vieilles dentelles contemporain.

Une réussite !

Meurtres entre  soeurs (Sisters under the skin) , Willa Marsh (alias  Marcia Willett), traduit de l'anglais parDaniel  Wargny,  editions Autrement, 206 pages réjouissantes.

 

Merci à Clarabel pour le prêt.

 

 

 

01/12/2008

"Il n'a plus de main ! Il est moignon tout plein !" F. Dard

Le meilleur de l'humour noir nous promet Sébastien Bailly aux Editions Mille -et -une -nuits. Dans une préface fort intéressante, il définit cette forme pariculière d'humour comme "un contraste entre entre le tragique de ce dont il est question et la façon d'en parler  avec froideur et cynisme. Une affaire de contraste donc , qui, bien menée, produit l'éblouissement."
Friande de cet humour si particulier je dois avouer que j'ai été fort peu éblouie par les citations de ce tout petit livre qui regroupe des auteurs "classiques" mais aussi inattendus (Ricet Barriet Pierre Perret, Bernard Blier...). sans doute n'étais-je dans l'humeur  adéquate ou  peut être  aurais-je dû picorer et non  engloutir.  A vous  de voir !51-rjAHVeoL._SL500_AA240_.jpg

11/11/2008

Enfants cabossés

Jean-Louis Fournier, j'ai d'abord fait sa connaissance  par personnages interposés : ceux que je guettais dans l'émission "L'île  aux  enfants" (voilà qui  ne me rajeunit pas), à  savoir  Antivol, l'oiseau au sol (il a le vertige) et La  Noiraude, la vache qui rêve d'être une biche et téléphone à son vétérinaire pour lui exposer ses runinations ou ses  rêves...images.jpeg
Toujours sans savoir qu'il était aux manettes (en tant que réalisateur) , je n'aurais manqué pour rien au monde "La  minute nécessaire de  Monsieur Cyclopède", où dès l'apparition de la  bouille souriante du regretté Pierre Desproges oscillant au rythme du balancier d'une horloge comtoise,en un réflexe quasi pavlovien,  j'avais déjà le sourire aux lèvres...
J'ai enfin pu faire le lien entre tous ces éléments quand je me  suis jetée comme la vérole  sur le bas clergé sur ses manuels à la  fois drôles et impertinents où je piochais sans vergogne des exemples pour mes exercices de français,  provoquant ainsi soit l'icrédulité de mes élèves, soit leur hilarité...
Jean-Louis Fournier et moi c'est donc une longue histoire car je suis  une fan absolue de  son humour à la fois tendre, absurde  et noircissime, de sa grosse baronne et de ses voitures ,pratiques car on peut y loger un cercueil,  en abaissant le siège arrière , bien sûr .

Alors, quand Jean-Louis Fournier dans Où on va papa? prend le risque d'évoquer un thème " casse-gueule",au possible, nous présentant  dans de courtes vignettes des instantanés de sa vie avec ses deux enfants pas comme les autres, on le suit en confiance, certains d'échapper au récit convenu, à la guimauve des bons  sentiments.  Il ne se donne pas  le beau rôle , Jean-Louis, loin s'en faut, et il préfère rappeler que grâce à ses enfants il a  pu être  exempté de vignette automobile  et ainsi rouler dans  de  somptueuses voitures étrangères où il promenait ses petits princes cabossés...Qui d'autre que lui pouvait nous faire rire avec un Noël dans un institut où les parents doivent  se mettre à l'abri sous les  tables pour éviter les boules de pétanque, cadeau qu'un père a eu la " bonne" idée d'offrir  à son fils ? Qui d'autre que lui pouvait écrire41dtawSUt4L._SL500_AA240_.jpg
"Si vous aviez  été comme les autres , j'aurais peut être  eu moins peur de l'avenir.
Mais si vous aviez été comme les autres, vous auriez été comme tout le monde.
Peut être que vous n'auriez rien foutu en classe.
Vous seriez devenus délinquants.
Vous auriez bricolé le pot  d'échappement de votre scooter pour faire plus de bruit.
Vous auriez été chômeurs.
Vous auriez aimé Jean-Michel Jarre.
Vous vous seriez marié avec une conne.
Vous auriez divorcé.
Et peut être quevous auriez eu des enfants handicapés.
On l'a échappé belle."

Carapace de l'humour pour affronter la loterie génétique.

 

Où on va, papa? Jean-Louis Fournier . Stock. 155 pages bourrées de  tendresse et d'humour souvent  très noir.

Le billet de Solenn qui vous emmènera vers  plein de liens.

Celui de Joëlle.