12/02/2025
Histoire de la femme sauvage
"Et une gamine retient que c'est en arrachant ses racines que l'on est de bonne souche, le contraire de la nature. "
L'histoire commence en 1954 en Algérie, appelée "Alchérie" par l'une des héroïnes, Made, appellation révélatrice du lien fort qu'elle entretient avec ce pays où elle a vu le jour .Adolescente, Made scrute avec acuité tout ce qui l'entoure, et cela irrite beaucoup son entourage et en particulier sa mère, Léa.
Cinquante ans plus tard, Laure, née en France, reviendra sur les traces de sa mère, Made, dans l'oliveraie familiale, où ce qu'il en reste , pour retrouver ses racines et découvrir le secret de sa lignée.
L'attrait puissant du pays natal irrigue ce texte tout en nuances où les femmes ont la part belle , même si elles se contraignent au secret. Ce roman met aussi au jour une réalité trop souvent ignorée des livres d'histoire, réalité que l'écriture poétique d'Isabelle Desesquelles traite avec beaucoup de délicatesse. Un roman où la nature, et les oliviers en particulier, jouent un rôle important, un roman qui résonne encore en nous une fois les pages refermées.
Editions JC Lattès 2025.
Merci à l'éditeur et à Babelio.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : isabelle desesquelles
25/01/2025
Là où je nous entraîne...en poche
"Je n'écris pas dans un carnet, sur un écran ou des Post-it, j'écris sur notre mère. "
Ouvrir un roman d'Isabelle Desesquelles c'est partager une brassée d'émotions fortes mais qui ne flirtent jamais avec le pathos. L'autrice parvient en effet toujours à maintenir un équilibre entre ce qu'elle raconte et ce qu'elle suscite chez la lectrice ou le lecteur.
Avec Là où je nous entraîne, d'emblée on devine que cette fois nous allons la suivre au plus près de ce qui fonde son écriture, l'événement traumatique qui a marqué son enfance et l'a menée à l'écriture : "Il y a quarante-six ans une petite fille a commencé à écrire dans sa tête où l'on est deux , l'enfantôme et moi. Elle est l'enfance abolie qui vous hante. Une mère se tue, elle tue l'enfant en vous. L'enfantôme, elle, a refusé de mourir . [...] L'écrire, c'est aller à la source. "
Interrogeant les liens entre réalité et fiction, faisant dialoguer deux textes, l'un consacré à cette petite fille devenue écrivaine qui interroge ses proches sur le suicide maternel, l'autre à une tragédie en route au sein d'une famille marquée par l'écriture et l'intensité des sentiments, Isabelle Desesquelles nous coupe parfois le souffle et nous montre la puissance de l'écriture . Une autrice à son meilleur.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : isabelle desesquelles
23/08/2019
UnPur
"Comment on continue quand il y a eu à ce point un avant ? "
Depuis Je voudrais que la nuit me prenne, c'est avec un peu d'appréhension que j'ouvre un roman d’Isabelle Desesquelles. En effet, encore ici, elle prend à bras le corps les thèmes les plus angoissants pour des parents, sans pour autant tomber dans les pièges inhérents à ce type d'ouvrage, tant elle y met de sensibilité.
La preuve ? UnPur où d’emblée la victime se retrouve sur le banc des accusés. Nous revenons ensuite sur le parcours de Benjaminquejaime, brutalement de son jumeau Julienquejaime, comme les appelle leur mère, célibataire volontaire et fantasque. L'enfant a été kidnappé par un prédateur sexuel.
Isabelle Desesquelles mène avec une maîtrise totale son lecteur par le bout du cœur, ne ménageant ni les rebondissements ni les ambiguïtés.A plusieurs reprises, je l'avoue, j'ai survolé certaines pages, tant la tension était insoutenable.
Riche en émotions et en subtilité, ce roman est une nouvelle fois un tour de force, tant par sa structure que par son écriture, à al fois frontale et poétique. Il file donc nécessairement sur l'étagère des indispensables.
Belfond 2019, 221 pages angoissantes.
De la même autrice: clic, clic (qui vient de sortir en poche), clic.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée 2019, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : isabelle desesquelles
12/08/2019
Je voudrais que la nuit me prenne...en poche
"Et je suis là encore. je suis quoi, je suis qui ? Une ébullition du passé. Sa grande fille qu'il ressasse et convoque, qu'il a devinée et s'injecte en une perfusion poétique."
Un couple de jeunes gens extrêmement amoureux, leur petite fille de bientôt huit ans, une famille donc, vit dans une sorte de bulle de bonheur et de fantaisie, bulle où la poésie, les chansons, les mots en général participent de la fête. La sensualité est elle aussi très présente, que ce soit dans l'exploration des corps ou le rapport à la nature, ce dont rend très bien compte l'écriture très charnelle d'Isabelle Desesquelles.
Ce n'est qu'à la page 81 qu'est clairement énoncé ce qui fonde le thème de ce roman et qui se laissait deviner auparavant par de légers indices disséminés dans le texte. Il ne s'agit évidemment pas ici d'un roman à suspense , mais je me garderais bien pour autant d'en révéler trop. Disons juste que la tonalité change , que la nuit s'invite et que le souvenir trop ressassé se révèle plus nocif que bénéfique.
Un roman qui déchire le cœur (je n'ai pas pu le lire d'une seule traite pour laisser place à l’émotion) mais qui dégage néanmoins une formidable lumière. Un grand coup de cœur.
Parution le 14 août.
Et le 22 août , de la même autrice UnPur !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : isabelle desesquelles
17/08/2018
Je voudrais que la nuit me prenne
"Et je suis là encore. je suis quoi, je suis qui ? Une ébullition du passé. Sa grande fille qu'il ressasse et convoque, qu'il a devinée et s'injecte en une perfusion poétique."
Un couple de jeunes gens extrêmement amoureux, leur petite fille de bientôt huit ans, une famille donc, vit dans une sorte de bulle de bonheur et de fantaisie, bulle où la poésie, les chansons, les mots en général participent de la fête. La sensualité est elle aussi très présente, que ce soit dans l'exploration des corps ou le rapport à la nature, ce dont rend très bien compte l'écriture très charnelle d'Isabelle Desesquelles.
Ce n'est qu'à la page 81 qu'est clairement énoncé ce qui fonde le thème de ce roman et qui se laissait deviner auparavant par de légers indices disséminés dans le texte. Il ne s'agit évidemment pas ici d'un roman à suspense , mais je me garderais bien pour autant d'en révéler trop. Disons juste que la tonalité change , que la nuit s'invite et que le souvenir trop ressassé se révèle plus nocif que bénéfique.
Un roman qui déchire le cœur (je n'ai pas pu le lire d'une seule traite pour laisser place à l’émotion) mais qui dégage néanmoins une formidable lumière. Un grand coup de cœur.
Je voudrais que la nuit me prenne, Isabelle Desesquelles, Belfond 2018, 204 pages poignantes.
06:00 Publié dans rentrée 2018, romans français | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : isabelle desesquelles
23/02/2017
Les hommes meurent, les femmes vieillissent...en poche
"On a vidé des centaines de pots, persuadés qu'elle serait toujours là.Après, c'était trop tard pour lui demander ses recettes, on n'a pas osé. Pas question d'envisager de prendre la suite, d'accepter de se passer d'elle."
Voici un roman choral donnant la parole successivement aux dix femmes d'une famille qui fréquentent le même institut de beauté où officie Alice.Alice, qui tient des fiches sur ses clientes, présentation décalée et pleine de piquant qui introduit chaque chapitre.
L'autre lien qui les unit en filigrane est le suicide d'Eve, l'une d'entre elles, ainsi que la lettre qu'elle a laissée à son fils ,mais qu'il n'a jamais lue.
Évoqués tout au long du roman, ils introduisent une tension dramatique qui ne sera résolue qu'à la toute fin, quand Alice prendra la parole.
Si je n'ai pas retrouvé la qualité d'écriture du roman de Fabienne Jacob Corps (clic) qui explorait elle aussi ce territoire de l'intime ,mais sans le lier à un contexte familial, j'ai néanmoins apprécié ces portraits de femmes, en particulier celui de l’aïeule, plein d'émotions et de retenue. Un bon moment de lecture.
De la même autrice: clic.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : isabelle desesquelles