11/02/2025
Et nos yeux doivent accueillir l'aurore...en poche
« Nous n'étions pas de ces familles où on se pardonne les uns aux autres, où on se demande pardon, où on essaie d'enterrer la hache de guerre ou de discuter. Chez nous, c'était soit le silence, soit la violence... »
Celle qui s'exprime ainsi, sans faux-fuyants, est la narratrice du roman, Georgette, dite George, issue d'une famille dysfonctionnelle et très pauvre. Grâce à l'obstination d'une enseignante , elle a réussi à intégrer l'université . C'est là, en 1968, à New-York, qu'elle fera la connaissance d'Ann, issue d'un milieu extrêmement privilégié qu'elle rejette avec violence. Les relations sont d'abord tendues mais George se laissera ensuite séduire par le charisme et les convictions de sa colocataire.
Mais une telle intensité ne peut que déboucher sur une rupture et, ce n'est que des années plus tard que George entendra parler d'Ann qui vient de tuer un policier.
Jouant avec la temporalité, multipliant les points de vue sur Ann, Sigrid Nunez s'écarte avec brio des attendus du roman d'amitié féminine et brosse les portraits nuancés de femmes qui se révèlent surprenantes à bien des égards, sans pour autant user de pathos. Un grand coup de cœur.
De La même autrice: clic.
Elle est aussi l'autrice du roman Quel est donc ton tourment?, (beaucoup aimé, mais pas de billet) , roman adapté récemment au cinéma par Almodovar sous le titre La chambre d'à côté.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sigrid nunez
07/04/2021
L'ami...en poche
"C'est que j'ai dit au psy: qu'il ne me manque plus ne me rendrait pas heureuse, pas du tout."
Rien en apparence ne pouvait lier le destin de la narratrice, écrivaine et professeure à l’université, et celui d'Apollon, grand danois vieillissant et bien trop encombrant pour son minuscule appartement new-yorkais, où d'ailleurs les chiens sont interdits.
Et pourtant, quand l’épouse numéro trois de son meilleur ami récemment décédé lui demande instamment de recueillir le chien de la taille d'un poney, la narratrice accepte.
Commence alors une cohabitation d'abord chaotique, où on se demande si le chien ne va pas prendre le dessus sur sa bienfaitrice, puis plus harmonieuse. Relation durant laquelle l'écrivaine revient en profondeur sur les liens compliqués avec celui qui fut son mentor, fugitivement son amant , et sur la douleur qu'elle ressent à la suite de ce deuil.
L'ami c'est à la fois celui qui est décédé ,mais aussi l'animal qui va lui permettre de poser des mots sur sa douleur et avec lequel va s'établir une amitié profonde.
La narratrice réfléchit aussi sur les fonctions de l'écriture et sur les modifications profondes qu'entraîne cette relation entre Apollon et elle, qui l'aide à accepter le manque car "Ce qui nous manque-ce que nous avons perdu, ce que nous pleurons-, n'est-ce pas au fond ce qui nous fait tels que nous sommes vraiment ?".
La fin est déchirante et , toute en retenue , m'a fait venir les lames aux yeux.
Un récit bouleversant qui analyse ,sans sensiblerie, mais avec beaucoup de justesse, les liens qui nous unissent aux animaux, aux autres humains et permet aussi de réfléchir aux renoncements nécessaires quand le bout du chemin approche. Un grand coup de cœur.
Et zou sur l’étagère des indispensables.
Stock 2019,Traduit de l’anglais (États-Unis) par Mathilde Bach.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : sigrid nunez
21/08/2019
#L'Ami #NetGalleyFrance
"C'est que j'ai dit au psy: qu'il ne me manque plus ne me rendrait pas heureuse, pas du tout."
Rien en apparence ne pouvait lier le destin de la narratrice, écrivaine et professeure à l’université, et celui d'Apollon, grand danois vieillissant et bien trop encombrant pour son minuscule appartement new-yorkais, où d'ailleurs les chiens sont interdits.
Et pourtant, quand l’épouse numéro trois de son meilleur ami récemment décédé lui demande instamment de recueillir le chien de la taille d'un poney, la narratrice accepte.
Commence alors une cohabitation d'abord chaotique, où on se demande si le chien ne va pas prendre le dessus sur sa bienfaitrice, puis plus harmonieuse. Relation durant laquelle l'écrivaine revient en profondeur sur les liens compliqués avec celui qui fut son mentor, fugitivement son amant , et sur la douleur qu'elle ressent à la suite de ce deuil.
L'ami c'est à la fois celui qui est décédé ,mais aussi l'animal qui va lui permettre de poser des mots sur sa douleur et avec lequel va s'établir une amitié profonde.
La narratrice réfléchit aussi sur les fonctions de l'écriture et sur les modifications profondes qu'entraîne cette relation entre Apollon et elle, qui l'aide à accepter le manque car "Ce qui nous manque-ce que nous avons perdu, ce que nous pleurons-, n'est-ce pas au fond ce qui nous fait tels que nous sommes vraiment ?".
La fin est déchirante et , toute en retenue , m'a fait venir les lames aux yeux.
Un récit bouleversant qui analyse ,sans sensiblerie, mais avec beaucoup de justesse, les liens qui nous unissent aux animaux, aux autres humains et permet aussi de réfléchir aux renoncements nécessaires quand le bout du chemin approche. Un grand coup de cœur.
Et zou sur l’étagère des indispensables.
Stock 2019,Traduit de l’anglais (États-Unis) par Mathilde Bach.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée 2019, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : sigrid nunez